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Philo bath.... Kant et les Lumières.

19 Mai 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #Philo bath

 Emmanuel Kant est né le 22 avril 1724 et a vécu à Königsberg, capitale de la Prusse orientale, où il est mort le 12 février 1804. Sa vie, presque exclusivement vouée à l'étude et à la création d'une œuvre monumentale, est d'une régularité absolue : un lieu commun de toutes les notices biographiques veut qu'il n'ait modifié son emploi du temps qu'à deux reprises, l'une pour se procurer, en 1762, le Contrat social de Rousseau, qu'il admirait profondément, l'autre pour aller acheter le journal après l'annonce de la Révolution française, qui malgré son aversion pour la Terreur de 1793, suscita dans un premier temps son enthousiasme. Sa famille était extrêmement modeste et nombreuse (onze enfants). Sa mère Anna, une femme très pieuse dont il vantera plus tard la grande intelligence, était piétiste. L'amitié qui la liait au pasteur Albert Schulz permet au jeune Emmanuel d'entrer, en 1732, au Collegium Fredericianum que dirige Schulz . Dans son enseignement passait sans cesse l'idée luthérienne selon laquelle la rectitude du cœur est qualité plus importante que l'intelligence. Kant fréquente le Collegium pendant sept années, mais, en dépit de sa reconnaissance pour la solide culture latine qu'on lui a transmise, il allait en gardera un souvenir « de terreur et d’angoisse » qui le rendra définitivement opposé à toute manifestation extérieure de la religion.
 En 1740, il entre à l'université de Königsberg pour suivre des études de théologie, de philosophie et de sciences. Kant deviendra assez bon assez bon mathématicien et excellent géographe -- ce qui peut faire sourire quand on songe qu'il n'a jamais quitté sa ville natale. Il a cependant voyagé beaucoup, mais seulement en pensée. La mort de son père Johann, en 1746, l'obligea à interrompre ses études et, pendant neuf ans, il devient précepteur dans des familles aisées de la région. Chez la comtesse de Keyserling, il prend même un certain goût à la vie mondaine et aux conversations spirituelles. Toute sa vie, il invitera des convives, amis ou voyageurs de passage choisis dans les milieux très divers, à partager sa table -- plusieurs témoignages rapportent que Kant était un hôte charmant et attentifs.

 En 1755, il débutait une carrière d'enseignant à l'université de Königsberg une carrière qui se poursuivit durant les décennies qui suivront. Il inventa ce qu'on nommera plus tard « la liberté académique » : il enseigna parfois les mathématiques, la physique (Newton ne cessera de nourrir sa réflexion), la logique, la morale, l'anthropologie ou la géographie, mais au lieu de se contenter d'exposer les idées des autres, son enseignement était étroitement lié à ses recherches personnelles. Ses cours rencontrèrent un succès extraordinaire. Sa carrière n'en était pas moins tardive, puisqu'il ne devient professeur titulaire qu'au bout de quinze ans, à l'âge de quarante-six ans. Cette promotion lui donne enfin une aisance financière jusqu'alors inconnue de lui. A partir de 1770 et de la publication de sa fameuse Dissertation de 70, qui esquissait déjà quelques thèmes essentiels de son œuvre majeure, la Critique de la raison pure (1781) sa pensée prend un tournant. Il élabore une philosophie qui lui est propre, c'est le début de la période « critique ». Kant a donc attendu fort longtemps avant de construire une œuvre personnelle, qui se détache de son temps comme un diamant dans une mine. Il a, en effet, près de soixante ans, un âge canonique pour l'époque, lorsqu'il publie La Critique de la raison pure. En 1788 vient sa deuxième œuvre majeure, la Critique de la raison pratique, puis la troisième, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Kant publiera encore, jusqu'à la fin de sa vie, d'autres ouvrages importants, sur l'histoire et sur le droit notamment.

 Critique de la raison pure (1781) : Dans cet ouvrage d'une très grande portée, mais dont le vocabulaire peut rebuter le lecteur peu habitué, Kant s'interroge sur la raison pure, donc théorique ou spéculative, car ne provenant pas de l'expérience. Il analyse ce qu'elle peut faire et ce qu'elle est incapable de faire. Car la connaissance sensible ne nous présente les choses que comme elles nous apparaissent, alors qu'il faudrait parvenir à une connaissance objective. Les mathématiques et la physique sont devenues des sciences le jour où elles ont reconnu la primauté de la raison : la métaphysique doit faire de même.
 Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique : (1784) : C'est peut-être le texte de Kant le plus facile à lire. Dans un exposé court  Kant se demande si l'espèce humaine a une histoire déterminée par la nature. Il arrive à la conclusion que l'espèce humaine doit se constituer en société civile fondée sur le droit, impliquant une Société des Nations garantissant un état de paix. Cette constitution politique parfaite correspond selon lui au plan caché de la nature.
 Fondement de la métaphysique des mœurs (1785) Kant y établit les principes d'une morale. Il ramène l'idée du devoir à celle d'un impératif catégorique et de l'autonomie de la volonté.  La loi morale doit nous déterminer sans aucun autre mobile qu'elle même. 
 Critique de la raison pratique (1788) La raison est pratique lorsqu'elle intègre la loi morale et la liberté dans sa réflexion. Kant exclu donc les dogmatismes des morales fondées sur les principes matériels. Il explique comment la loi morale suppose une foi rationnelle dans l'immortalité de l'âme et dans l'existence de Dieu. 
 Critique de la faculté de juger (1790) : En traitant du sens et de la valeur des idées de beauté et de finalité, l'auteur essaye d'introduire par là des intermédiaires entre le monde de la nature, soumis à la nécessité, et le monde moral, où règne la liberté.
 En résumé : Le philosophe ne doit pas se déterminer par rapport à Dieu mais par rapport à l'homme. Ce n'est pas la foi mais la raison qui peut procurer à l'homme la liberté. La morale doit donc se libérer de toute référence extérieure à la raison humaine. 

Sources (parenthèse) : La première partie (en bleu) est la biographie proposée par Luc Ferry dans son livre « Kant et les Lumières, la science et la morale » (Pages 170 à 172). Je vais poursuivre cette étude avec, en troisième partie, des extraits du chapitre Qu'est ce que les Lumières ? En deuxième partie (en vert) j'ai abordé les principaux thèmes de Kant par l'intermédiaire du catalogue Philo-Facile des éditions Atlas. Enfin pour finir cet article ambitieux, pour un modeste étudiant âgé et retraité, je reviendrai vers Luc Ferry en empruntant quelques extraits d'un article intitulé Le crépuscule d'un génie que j'ai trouvé dans le magazine Le Point Hors série. Les maîtres-penseurs. Emmanuel Kant La liberté par la morale. Je pourrais même ajouter à cette liste Le grand livre de la philosophie (Edition ESI), le premier livre que j'ai ouvert pour m'instruire sur Kant, même si je n'en ai pas emprunté le moindre extrait. 

Qu'est ce que les Lumières ? A cette question Kant répond qu'elle consiste, pour l'essentiel, à nous faire sortir de l'obscurantisme et des fausses sciences qui asservissent les humains et les maintiennent dans une espèce d'infantilisme. Par-delà cette première approche, les Lumières représentent un projet de civilisation et un immense dessein politique : derrière la lutte contre l'animisme du Moyen Âge, la superstition, l'alchimie, le combat contre l'obscurantisme auquel renvoie la métaphore des Lumières, il y a l'audace de l'adulte qui, enfin libéré, « ose savoir » ! Saper aude ! Les penseurs des Lumières ne prétendent pas simplement apporter un progrès dans l'ordre de la connaissance. L'idéal qui les anime vise aussi à rendre les hommes à la fois plus libres et plus heureux : liberté et bonheur, émancipation et bien-être de l'humanité, voila ce vers quoi tend l'idée de progrès, qui anime en profondeur le XVIIIe siècle..... [....]...Les politiques menées au fil des siècles et ce malgré de très nombreuses guerres en Europe, restèrent animées d'un optimisme de progrès... [???]... Il faudra attendre un événement majeur dans le cours de l'histoire occidentale, le nazisme, pour ouvrir véritablement une brèche dans cette conviction.... [....].... Et à la fin du XXe siècle, dans un monde de plus en plus informé, les peuples commencent à douter que les progrès des sciences et de la technique entraînent systématiquement des progrès de la civilisation... [...]... La philosophie contemporaine sera plus pessimiste, plus tragiques, davantage animée par la problématique de l'absurde  ou de l'angoisse. L'écologie viendra y ajouter sa critique de progrès, de sorte que l'optimisme des Lumières, avec de belles idées pour sympathique qu'il puisse paraître nous semble aujourd'hui un peu lointain.

 Le crépuscule d'un génie (extraits page 93): Il y a près de quarante ans, lorsque j'ai commencé à traduire et commenter les œuvres de Kant dans la Pléiade, j'avais en tête de défendre ce que j'appelle aujourd'hui le « premier humanisme républicain »  hérité des Lumières... [....]... Depuis j'ai évolué. Non que j'ai cessé d'être républicain ni de considérer que Kant était sans nul doute le plus grand philosophe des temps modernes, mais deux questions sont venues enfoncer un coin dans la plus belle construction de l'idée républicaine que l'on pouvait déjà trouver chez lui.
La première est simple à poser, difficile à résoudre : pourquoi ce premier humanisme qui défendait les droits de l'homme les a-t-il suspendus aussi facilement au profit du racisme colonial, à droite comme à gauche, chez Tocqueville, comme chez Jules Ferry par exemple?  Deuxième question: en quoi les révolutions de la vie privée, du mariage d'amour et de la famille moderne, ont-elles -bouleversé l'histoire de l'humanisme, y compris sur le plan politique, voire spirituel et non simplement moral au point d'apparaître un « deuxième humanisme », qui n'est plus seulement celui des Lumières, du droit de la raison, de la République et de la science, mais qui prend chaque jour davantage en compte, hors religion, les questions liées à la problématique du sens de la vie.

 

  

     

  

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