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Histoire de rôles...... Nicolas Baudin, navigateur-explorateur et naturaliste.

22 Juillet 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

Information : En cette période de pandémie où je n'ai guère le goût à voyager hors de France je propose de republier quelques articles que j'ai pris grand plaisir à préparer. Celui qui suit a été publié le 5 janvier 2015. J'ai juste changer la date de publication, sans le moindre modification du texte. Bonne lecture..... Il y aura dans quelques jours, la seconde partie de cet article. 

Un peu comme je m’étais intéressé à l’histoire d’Alphonse Baudin, député de Nantua à l’Assemblée de 1848, mort à Paris sur une barricade le 3 décembre 1851 en voulant s’opposer au coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte, je ne pouvais pas être indifférent à la biographie de Nicolas Baudin, navigateur au long cours-explorateur-aventurier-naturaliste et, qui plus est, charentais-maritimes de naissance et cousin homonyme d’adoption.

« Nicolas Baudin est né le 17 février 1754 à St Martin de Ré. Il grandit, au sein d’une fratrie de sept enfants, dans une famille de négociants et armateurs. Il fit son apprentissage de marin dès l’âge de quinze ans dans la flotte marchande de son oncle Peltier-Dudoyer puis, à vingt ans il s’engageait dans la compagnie des Indes orientales.

Le clan Baudin-Peltier était lié à une loge maçonnique et militait pour l’indépendance de l’Amérique en soutenant l’action des insurgés. Ces notables qui se voulaient éclairés n’étaient pas pour autant désintéressés. Certes ils embrassaient la cause des libertés civiles et économiques mais misaient aussi sur de futurs lucratifs débouchés commerciaux. Ils avaient notamment, par l’intermédiaire de Beaumarchais, de très solides relations avec Benjamin Franklin et Silas Deane. Des contacts dont le jeune Nicolas allait essayer de profiter pour se lancer dans l’aventure américaine.

Au printemps 1777, il débarquait des Indes où il avait servi pendant trois ans comme sous-officier au régiment de Pondichéry. Il espérait alors s’impliquer pleinement dans la guerre d’indépendance américaine mais il n’arriva pas, malgré les relations de son père, à s’engager dans l’armée des insurgés. Cependant une autre voie allait s’ouvrir : la perspective d’hostilités ouvertes avec l’Angleterre imposait au ministère une urgente libéralisation du recrutement des officiers de la marine de guerre et, en novembre 1777, une catégorie d’officiers roturiers, les auxiliaires, fut créée. C’est grâce à cette innovation que Nicolas Baudin put servir pendant deux ans comme officier auxiliaire dans l’armée navale commandée par le comte d’Estaing vice-amiral d’Asie et d’Amérique. En novembre 1779, il avait déjà accompli, à vingt cinq ans, en trois campagnes successives, la plupart des missions relevant de divers types d’opérations maritimes assignées aux bâtiments français. Toutefois, à l’issue du conflit, cette expérience, ne lui ouvrit pas l’accès à la marine royale et Nicolas dut reprendre du service dans la marine marchande. 

Histoire de rôles...... Nicolas Baudin, navigateur-explorateur et naturaliste.Histoire de rôles...... Nicolas Baudin, navigateur-explorateur et naturaliste.
Histoire de rôles...... Nicolas Baudin, navigateur-explorateur et naturaliste.

Il entreprit de nombreux et lointains voyages commerciaux (y compris semble t-il dans le transport d’esclaves ce qui fait tache par rapport aux idéaux familiaux) qui l’amenèrent, notamment au Cap de Bonne-Espérance et dans l’océan indien. C’est au Cap en février 1787 qu’il fit la connaissance de Franz Boos, jardinier à la cour de Vienne. Celui-ci était chargé par l’empereur Joseph II de rechercher, de part le monde, puis de rapporter et d’acclimater des plantes qui auraient un intérêt économique. Boos qui fit en 1786 une campagne fructueuse était début février 1787 à la recherche d’un bateau pour rapatrier ses provisions de graines, plantes, insectes et oiseaux, et c’est là sur le port qu’il fit la connaissance de Nicolas Baudin. Celui-ci conduisit d’abord Franz Boos à l’île de France chez Nicolas Céré, influent agronome et botaniste, avant de le ramener à Trieste avec ses récoltes africaines et insulaires. Ces rencontres jouèrent un rôle déterminant dans la vie de Nicolas Baudin puisqu’elles générèrent sa vocation de naturaliste. Le voyage se fit sans encombre à la très grande satisfaction de l’empereur Joseph II et de son ministre Cobenzl.

Baudin écœuré, par la façon dont il avait été remercié par le ministère français de la marine à la fin de la guerre d’indépendance américaine, n’hésita pas à accepter une offre qui lui était faite et il se mit au service de l’empereur d’Autriche. Il devint capitaine de vaisseau de la marine impériale autrichienne, basée à Trieste, et fut chargé d’une mission d’exploration avec son bateau ‘’La Jardinière’’ qui le conduisit jusqu’en Chine. Pendant une période de cinq à six ans il travailla au service des Habsbourg à la fois comme transporteur d’objets d’histoire naturelle mais aussi et, peut-être surtout, comme négociateur des affaires politico-commerciales. Les choses se passèrent plutôt bien mais il lui devenait ensuite très difficile d’espérer travailler pour la France d'autant plus qu'elle  avait fait la Révolution et que l’Autriche était un pays ennemi.

En 1794 il essaya bien de proposer ses services à la france, mais au ministère on se méfiait de lui et ses demandes furent repoussées. C’est en désespoir de cause qu’il s’adressa à Antoine-Laurent Jussieu, directeur du nouveau Muséum d’histoire naturelle de Paris. Très habilement, Nicolas Baudin sut vanter ses mérites de récolteur-transporteur et fit miroiter le don d’une importante collection qui lui appartenait et qui se trouvait en dépôt chez un de ses amis à la Trinité espagnole. Un accord fut trouvé et c’est le 30 septembre 1796, au départ du Havre, que commença l’aventure de La belle Angélique, du nom du bateau affrété par la République pour le capitaine Baudin qui avait alors 42 ans. Pour cette campagne il était accompagné d’un botaniste André-Pierre Ledru, de deux zoologistes René Maugé et son adjoint Stanislas Le Villain, d’un jardinier Anselm Riedlé, un minéralogiste Alexandre Advenier et un artiste peintre espagnol, Antonio Gonzales. Il y avait aussi sur le bateau un équipage de 108 personnes, cinq officiers et 94 maîtres, matelots et novices.

La feuille de route était simple, rejoindre la Trinité pour embarquer la collection et, s’il restait du temps, pour prospecter l’embouchure de l’Orénoque puis revenir en France : une affaire d’une dizaine de mois tout au plus. Hélas le navire eut à affronter une terrible tempête du 18 au 20 octobre qui contraignit le capitaine Baudin à rallier la terre la plus proche, en l’occurrence l’île de Ténérife. Mais La belle Angélique était dans un tel état qu’elle fut officiellement condamnée. Il fallait trouver une solution alternative. La relâche dura un peu plus de quatre mois ; les scientifiques trouvaient à s’occuper sur l’île, l’équipage grognait d’autant plus que la République n’avait pas réglé la solde d’avant-embarcation et Baudin cherchait, avec l’aide du Consul Clerget, un navire de substitution. Un négociant de l’île accepta d’avancer l’argent pour acheter le Betsy, un brick qui faisait le commerce entre Mogador et l’archipel des Canaries. Le bateau étant plus petit ne reprit la mer, le 15 mars 1797, qu’avec la moitié de l’équipage.

La traversée de l’Atlantique se fit sans encombre et le Betsy arriva en vue des côtes de la Trinité le 11 avril, mais mauvaise surprise depuis deux mois la Trinité n’était plus espagnole mais anglaise. L’équipage eut l’autorisation de débarquer pour une journée, mais les nouvelles autorités interdirent à Baudin de charger la collection botanique qu’il disait avoir laissée trois ans plus tôt. Ce refus ne sembla d’ailleurs pas le troubler outre mesure et lui servit même de prétexte pour faire de nouvelles recherches et acquisitions sûr les îles des alentours. Le Betsy appareilla vers Saint-Thomas et Sainte-Croix que les naturalistes mirent à profit pour récolter à profusion des plantes terrestres et des organismes marins. Ils restèrent plus de trois mois à Saint-Thomas ne serait-ce que pour obtenir l’aval des autorités françaises de Guadeloupe de réquisitionner un bateau anglais, une prise de guerre, mieux adapté à la mission et pour revendre le Betsy. Le bateau anglais fut rebaptisé La Belle Angélique, puis le capitaine soucieux de ne pas prendre la mer à l’automne et arriver en France en plein hiver avec le risque d'endommager sa cargaison, décida d’hiverner en Caraïbe en rejoignant Porto-Rico et d’en profiter pour explorer cette île, terre inconnue des naturalistes. Ils visitèrent encore Saint-Domingue, puis Saint-Jean. C’est le 13 avril avec un bateau qui avait plus l’allure d’un îlot végétal flottant que d’un navire qu’ils prirent la route du retour. La traversée dura cinquante jours, sans arrêt à Ténérife, et le bateau dut débarquer en juin 1798 à Fécamp, le port du Havre étant, alors, sous blocus britannique.

 Les collections d’objets d’histoire naturelle, surtout de plantes vivantes, réunies aux Antilles par le capitaine Nicolas Baudin étaient considérables. Les professeurs du Muséum, subjugués par la diversité et la vigueur des plantes ramenées, ne tarissaient pas d’éloges. Jussieu lui-même déclarait : « Le citoyen Baudin doit être proclamé l’un des voyageurs qui ont le plus mérité de l’histoire naturelle ». L’engouement des savants et du public était tel que l’on construisit en urgence une nouvelle serre chaude, la serre Baudin, pour accueillir au Jardin des Plantes la collection des Antilles. Pendant tout le voyage (de septembre 1796 à juillet 1798), Baudin avait tenu un journal au quotidien. Au retour, il le confia à Jussieu, qui le déposa au Muséum de Paris.

Nicolas Baudin était enfin reconnu capitaine de vaisseau par la République française, le 5 août 1798. Mais la marine du Directoire avait peu de moyens et le nouveau capitaine dut attendre avant de pouvoir se lancer dans une nouvelle aventure, celle des mers australes dont il rêvait tant. En attendant, rançon d'être enfin reconnu par le pouvoir, il devint membre de l’état-major particulier de l’amiral Bruix durant la campagne de Méditerranée entre mai et août 1799.

Cette campagne était une tentative du Directoire pour reprendre la maîtrise de la Méditerranée perdue à la suite de la bataille d’Aboukir. Bonaparte et la meilleure armée française étaient ‘’coincés’’ en Egypte. L’expédition projetée fut confiée à Eustache Bruix le ministre de la Marine qui était promu vice-amiral. Dans un tel contexte il n’est pas étonnant que Bruix se soit attaché les services de Nicolas Baudin puisque celui-ci lui devait son entrée dans le corps des officiers qui ne s’est pas fait sans mal. En lui demandant de l’accompagner Bruix répondait à une nécessité du moment, la pénurie d’officiers, mais aussi à la volonté d’imposer son protégé et de lui donner une légitimité militaire qui lui faisait défaut et qui lui serait très utile quand il aura besoin de monter son projet d’expédition vers les terres australes. Cette campagne méditerranéenne ne dura que quelques mois et se termina peu avant le coup d’état du 18 brumaire et le passage du Directoire au Consulat. Alors que, pendant la campagne et immédiatement après, Baudin se morfondait, se demandant si son projet pourrait se réaliser un jour, tout changea subitement. Le projet de voyage était remis sur les rails mais cette fois le maître d’œuvre était l’Institut de France, qui constitua une «Commission du voyage» présidée par Jussieu ; le ministre de la Marine étant aussi membre de l’Institut, ça semblait bon pour Nicolas. Bonaparte, Premier consul, suivait l’affaire de près en recevant les membres de la commission. Il reçu aussi Nicolas Baudin c’est dire si son rêve était bien sur le point de se réaliser…….. 

Histoire de rôles...... Nicolas Baudin, navigateur-explorateur et naturaliste.

Fin de la première partie de cette histoire. Dans quelques jours un second billet sera consacré au voyage vers les terres australes.

Pour faire ces billets j’ai beaucoup emprunté au livre « Portés par l’air du temps : Les voyages du capitaine Baudin » un volume composé et édité par Michel Jangoux. Publié en 2010 aux éditions de l’université de Bruxelles.

La trame est le texte de Michel Jangoux « En guise d’introduction, Nicolas Baudin en quelques mots. » auquel j’ai ajouté quelques paragraphes de chapitres complémentaires du même livre :

« Nicolas Baudin et la guerre d’Indépendance américaine » de Michèle Rivas.

« Nicolas Baudin au service de l’Autriche » de Jean Béranger.

« L’expédition aux Antilles de la Belle Angélique » de Michel Jangoux.

« Nicolas Baudin Membre de l’état-major particulier de l’amiral Bruix durant la campagne de Méditerranée.» de Michelle Battesti.

Le tout lié à ma sauce et avec quelques modifications et raccourcis des textes initaux pour éviter des répétitions. 

 

( A suivre.) 

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