Saga guyanaise …. Travaux forcés au bagne des Annamites …..
Je devrais, peut-être, classer ce billet dans la rubrique « Presse aidant », car pour l’essentiel il s’agit d’un article du journal France Guyane du 6 février dernier. Ceux qui viennent régulièrement sur ce blog savent la passion que nous avons pour la Guyane où nous avons vécu, Pilou et moi, pendant 6 mois en 1969 : Oui nous étions bien jeunes ! Depuis nous y sommes retournés sept fois pour de courtes périodes de quelques semaines dont la dernière en juin 2014. En 1969 dans le cadre de mon travail de prospection géotechnique j’étais tombé, avec mon équipe et tout à fait par hasard, sur ce site dont personne ne parlait beaucoup à l’époque, peut-être par souhait d’oublier que la France avait eu des bagnes politiques. J’avais même été conforté et heureux de trouver trace de ce site dans ‘’Papillon’’ le livre d’Henri Charrière (pages 416 à 438). Bref, je vous parle là, d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître ….etc…etc…Sur ce blog j’ai déjà fait plusieurs billets sur ce bagne dont je fournis un lien plus loin.
Voici d’abord l’article de France Guyane : « La première tranche des travaux de rénovation du bagne des Annamites s'est achevée en début de semaine. France-Guyane vous emmène sur place et vous dévoile les aménagements réalisés par l'association Cham.
Hier matin, rendez-vous était pris avec Thomas Moussu, le chef de chantier de l'association Cham (Chantiers histoire et architectures médiévales) pour une visite du bagne des Annamites. Pendant près de quatre mois, un tailleur de pierre et quatre jeunes de la commune de Montsinéry-Tonnégrande ont travaillé avec lui sur la première tranche de restauration du site. L'équipe a terminé sa mission en début de semaine. Premier changement de taille : l'entrée du sentier a été déplacée et se fait désormais un kilomètre plus loin, en direction de Tonnégrande. Le Conservatoire du littoral, propriétaire des lieux, a lancé des travaux de déboisement en vue de la construction d'un parking qui débutera en juillet prochain. Une vingtaine de places de stationnement, ainsi que deux emplacements de bus, sont prévus.
Equipé de bonnes chaussures qui ne craignent pas la boue, on s'avance ensuite sur le layon qui a été élargi par l'équipe, avant de traverser une première petite crique surmontée désormais d'un passage busé. On rejoint alors le layon principal, emprunté par les visiteurs qui utilisent encore l'ancienne entrée (la signalétique sera déplacée une fois le parking construit). Quelques mètres plus loin, le plus spectaculaire nous attend. L'ancienne voie ferrée, qui menait jusqu'à la crique Anguille, a été dégagée sur environ 200 mètres. Et un ancien wagon trône à l'entrée du layon qui mène au quartier cellulaire. « Maintenant qu'il est à l'air libre, il a fallu lui administrer un stabilisateur de rouille », souligne Thomas Moussu.
La visite se poursuit jusqu'aux fours des tirailleurs sénégalais. Geôliers du bagne, ils vivaient dans un « quartier » séparé et avaient leur propre cuisine. Avant l'intervention de l'association Cham, il ne restait malheureusement plus grand-chose de ce vestige. « On distinguait les bases des fours, le reste était recouvert par la végétation, précise le chef de chantier. On a retrouvé toute une partie de la sole (la partie sur laquelle est d'abord posé le bois de chauffage) et on a reconstitué le reste. La voûte, elle, s'était écroulée. » Les briques utilisées affichent clairement leur fraîcheur mais « d'ici cinq ou six mois, le temps aura patiné l'ensemble, qui se confondra avec le reste des vestiges » , assure Thomas Moussu. Bientôt, une signalétique sera mise en place pour expliquer aux visiteurs la vie sur le site et les différents éléments qu'il peut désormais admirer au cours de sa balade jusqu'à la crique Anguille. »
En complément voici un autre article, trouvé sur internet qui rappelle l’histoire de ce bagne : http://montsinery-tonnegrande.mairies-guyane.org/?sec=44
Dès 1887, le Laos, le Cambodge et l’ensemble Annam-Tonkin, protectorats français, formaient l’union indochinoise. Ce statut qui allait vite évoluer vers une forme coloniale, devait contenir les compétences de la France aux seuls domaines de la défense et des affaires étrangères. Peu à peu, les fonctionnaires français en poste dans ces régions envahissent les différentes instances politiques et économiques, et le pouvoir sur l’Union est de fait conquis par le gouverneur général.
La politique coloniale connaît un durcissement qui mène au soulèvement de Yen-Bay le 10 février 1930. Le gouverneur Pasquier décide alors d’éloigner les "éléments subversifs" en les dirigeants vers des terres lointaines.
La création en Guyane du territoire autonome de l’Inini, par décret du 6 juin 1930, permet à Pasquier de donner acte à sa décision. Les conditions étaient remplies pour l’arrivée en avril 1931 de plus d’une centaine de prisonniers politiques et de plus de 400 condamnés de droit commun : l’installation des camps s’impose alors.
Lorsque les indochinois déportés arrivent en Guyane, après une traversée de 35 jours sur "la Martinière ils sont d’abord placés au pénitencier de la pointe Buzaré. A la suite de troubles violents, les prisonniers sont déportés le 19 septembre 1931 vers les établissements en construction, un peu plus de cent prisonniers sont ainsi envoyés à "la Forestière, les autres (395) rejoignent le camp de la Crique Anguille.
Ce site se trouve à 45 km à l’est de Cayenne, sur le territoire de la commune de Montsinéry-Tonnegrande. La superficie proposée à l’inscription représente environ 414 hectares de forêt secondaire coupée de clairières.
L’intérêt du Bagne des Annamites réside dans son caractère historique : entre 1931 et 1946, il a accueilli 525 prisonniers indochinois venus de Saïgon et d’Hanoï. Dénommé à l’époque « Camp de la Crique-Anguille, car implanté à proximité de cette crique, cet établissement pénitentiaire spécial relevait du territoire autonome de l’Inini.
La végétation recouvre partiellement ces vestiges, certains murets s’écrouleront à terme sous la poussée des racines ; d’autres ruines se trouvent déjà enfouis donc difficilement repérables. Si le site a fait l’objet de quelques aménagements à des fins touristiques réalisées par le Conseil Général (plancher en bois permettant de traverser les zones inondées en saison des pluies, panneaux d’information (détériorés)) les vestiges eux-mêmes ne bénéficient pas d’un entretien régulier. La gestion du site pourrait largement être améliorée à la suite de son inscription.
La procédure relative à l’inscription du Bagne des Annamites a fait l’objet d’une nouvelle consultation de l’ensemble des services de façon à être représentée prochainement en CDSPP sur la base d’un consensus. Le dossier a été transmis en février 2004 au Ministère pour l’inscription.
Voici maintenant les adresses des principaux billets de ce blog dans lesquels j’ai parlé du bagne des Annamites.
http://niduab.com/article-11957284.html
http://niduab.com/article-24590311.html
http://niduab.com/article-breves-de-treve-a-la-croisee-des-mails-et-des-mauls-50898661.html
http://niduab.com/article-saga-guyanaise-2011-autres-balades-en-forets-89083907.html
( A suivre)