Histoire de France en BD de la Gaule à De Gaulle (1ère partie)
Quand je me suis procuré, fin 2008, cette série de B.D. en 16 volumes, consacrée à l'Histoire de France, ce blog existait déjà depuis un peu plus d'un an et je savais que j'en parlerai un jour. J'avais aussi le désir d'en faire profiter, s'ils le veulent bien, mes petits-enfants. Il serait temps que je m'y mette car l'ainé a déjà treize ans et ses deux frères respectivement 11 et 8 ans.
Dans ce billet je ne présente que les 8 premiers volumes, ce qui sera déjà bien assez long. Un second billet complètera, très prochainement, celui-la.
Ces bandes dessinées avec ces magnifiques images ne sont pas exemptes de quelques approximations voire d'erreurs d’où l’intérêt de lire attentivement les préfaces d’historiens reconnus ; des préfaces qui sont pour la plupart de sérieuses et fondamentales critiques de l'ouvrage en question tout en reconnaissant la beauté des tableaux ou images proposés ….
Le premier volume traite du Ier au Ve siècle, de Vercingétorix à Attila. La préface est de Christian Amalvi, historien et professeur d’université, dont voici quelques extraits:
« Relire, longtemps après sa première édition, l’Histoire de France en bandes dessinées parue chez Larousse en 1978, c’est renouer avec une conception romantique, et donc un peu obsolète, du passé. Ce premier volume couvre la période des origines qui comprends deux temps forts : la lutte de ‘’nos ancêtre les Gaulois’’ contre Jules César et la paix romaine, d’une part ; et les grandes invasions barbares jusqu’à la mort d’Attila, d’autre part. Fatalement sur le plan de recherche historique, cette bande parait datée……
…. Mais le plus important est de souligner la vision de l’histoire dont cette bande est porteuse …… Ce qui structure ce récit c’est la volonté d’enraciner la France dans le passé le plus reculé possible, afin d’établir une continuité naturelle entre la Gaule et la France.… au fil des pages, il a pour conséquence de privilégier une histoire biographique et ‘’héroïque’’…..
…. Cependant, ne boudons pas notre plaisir. Sur le plan iconographique, le récit en image est particulièrement soigné….. »
Le deuxième volume nous emmène du VIe au Xe siècle, sur traces de Clovis et Charlemagne jusqu’à l’arrivée des Vikings avec une préface de Laurent Theis, spécialiste du haut Moyen Âge, dont voici quelques extraits
«…..Jules Michelet et Ernest Lavisse, nos deux instituteurs nationaux, auraient aimé cette mise en image des premiers moments de l’histoire de France, tant ils surent construire et imprimer dans la conscience collective les scènes primitives de l’épopée française ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette bande dessinée….
…. La recherche historique à beau montré que les Francs du Ve siècle ne sont en rien de futurs français, impossible d’ébranler cette évidence, entérinée depuis plus de mille ans : Clovis est le premier de nos rois…..
…. Le récit national appelait de toute urgence Charles Martel, le premier des Carolingiens pour faire face à la menace arabo-musulmane……A défaut d’assurer le salut du monde, il assure la pérennité de son clan : voici Pépin, premier roi sacré, puis Charlemagne couronné empereur à Rome par le Pape…. La tradition, ici sans doute trop étroitement suivie veut que les petits-fils de Charlemagne aient entraîné l’empire dans la catastrophe par leurs disputes. De catastrophe, en fait il n’y en eut point, du moins pas dans ces proportions…….Pas de catastrophes non plus avec les agressions vikings, ici presque caricaturées, en particulier dans le siège de Paris en 886…… Les auteurs s’en remettent trop à des descriptions d’hommes d’église geignards, moralisateurs et portés à l’enflure dramatique.....»
Le troisième volume tente une évocation de la période s’étalant entre le Xe et XIIe siècle, des capétiens aux croisades avec une préface de Patrick Boucheron, maître de conférences en histoire du Moyen Âge.
« Que peut-on raconter de la France de l’an mille….. C’est qu’ils ne font guère d’effort pour devenir mémorables, ces souverains du Xe siècle…. Hugues Capet fait rupture non seulement par son ascendance, mais par les conditions même de son accession au pouvoir….. La bonne idée consiste ici à nous donner pour guide Adalbéron, un évêque réactionnaire et bougon, nostalgique de l’ordre carolingien… …. Le souvenir d’Hugues Capet est longtemps resté incertain….. Faut-il d’ailleurs continuer à suivre la ‘’trace des Capets'' ou se résoudre à l’idée qu’ils ne sont que des princes parmi d’autres, se disputant un royaume dont l’émiettement politique décourage tout récit linéaire ?...
… Afin de quitter ce Moyen Âge frustre et étriqué les auteurs de la BD décident de nous faire prendre le large, convaincus du fait qu’il est des moments où l’histoire de France se déroule hors de France. Voici donc la geste de Guillaume le Conquérant en 1066 et une forme d’allégresse dans le récit…. On pourrait dire de même de l’épisode des croisades, qui s’inscrit dans l’élan chevaleresque d’une histoire féodale condamnée à l’expansion…. »
Le quatrième volume est celui qui m’a posé le plus problème. Il concerne le XIIIe et s’intitule de Philippe Auguste à Saint Louis, sauf que dans la première partie il s’intéresse aux deux croisades et à la fin de règne de Saint Louis IX pour finir par le règne de Philippe Auguste, son grand-père. Curieuse chronologie même si on peut comprendre le souhait des auteurs d’en finir d’abord avec les croisades qui avaient été abordées en dernière partie du volume précédent. La préface de ce livre est une nouvelle fois l’œuvre de Patrick Boucheron.
«……. Consciemment ou non, cette chronologie très bousculée créent chez le lecteur un effet de discontinuité qui défrise l’histoire : sous les ciels tourmentés du dessinateur Ribera se déroule le récit chaotique des échecs successives de ‘’Saint Louis outre-mer’’ de 1244 à 1270…… Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? 40 ans après la fin de la 5e croisade, Louis IX reprend la mer et nous voici à nouveau embarqué dans le tableau déprimant des massacres et des désastres….
En 2ème partie de ce volume les auteurs nous offrent avec talent et par l’intermédiaire d’un trouvère, emprisonné pour insolence, qui explique à un jeune voleur de pommes le monde dans lequel il vit.... Une vision plutôt optimiste d’un XIIe siècle de progrès qui consolide et pacifie la société féodale.
La 3ème partie est bien mieux balisée par la mémoire nationale puisqu’elle célèbre le roi Philippe, que l’on dit Auguste, et ses conquêtes territoriales. Un roi qui a inventé Paris, rassemblé la nation et assuré l’Etat : récit limpide, presque naïf… »
Le cinquième volume aborde le XIVe et s’intitule De Philippe le Bel à la guerre de Cent ans, avec cependant un passage obligé par la fin du XIIIe pour le règne de Louis IX et corriger ainsi l’embrouillamini du précédent volume. La préface, si précieuse est rédigée par Nicolas Offenstadt, historien et maître de conférences à l’université Paris 1.
«……De Saint Louis sous son chêne, aux bourgeois de Calais en passant par les Templiers sur le bûcher ou le Grand Ferré résistant aux Anglais, ce nouveau volume évoque bien des scènes fondatrices de l’histoire de France telle qu’elle fut déployée par manuels, de génération en génération.
C'estfait avec le tonus de la bande dessinée et non sans donner des lignes forces. La principale tient dans l’affirmation des souverains depuis Saint Louis jusqu’à la mort de Jean le Bon, en pleine guerre de Cent ans : contre les grands du royaume d’abord, auxquels Louis IX se confronte par les armes ; contre les Anglais, pendant tout le volume ; contre le pape et ses prétentions politique sous Philippe le Bel, enfin…. »
Le sixième volume présente la suite de la guerre de Cent ans, entre XIVe et XVe siècle en faisant une très large part aux héros que furent Du Guesclin et Jeanne d’Arc. La préface, comme pour le volume précédent, est faite par Nicolas Offenstadt.
«……C’est sous le double signe de Du Guesclin et de Jeanne d’Arc que ce volume raconte la poursuite de la guerre entre les Royaume de France et d’Angleterre. Le premier sert de fil rouge pour présenter le règne de Charles V tandis que la geste de la Pucelle d’Orléans occupe l’essentiel de la place dévolue au règne de Charles VII. La période post Jeanne d’Arc qui couvre quand même trente ans de ce règne et se marque notamment par la reconquête du royaume sur les Anglais, tient en une page et demi contre vingt pour l’épopée de Jeanne.
Au roi ‘’sage’’ Charles V succède en 1380 son fils Charles VI, le roi ’’fol’’, qui fut dans l’impossibilité de gouverner à partir de 1392 il ne put empêcher le conflit puis une guerre civile entre les princes du royaume, les Orléans-Armagnacs d’un coté et les Bourguignons de l’autre ….. Le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, fut assassiné en 1419, sans doute à l’instigation du Dauphin, le futur Charles VII et de son entourage. Ce meurtre conduit à une alliance avec les conquérants anglais (vainqueurs à Azincourt en 1415). Le traité de Troyes de 1420 faisait du roi anglais, Henri V, l’héritier du trône de France et instaurait une double monarchie franco-anglaise….. »
Heureusement pour Charles VII, Jeanne la Lorraine est arrivée …..
Le septième volume concerne le XVe et le XVIe siècle de Louis XI à François Ier. La préface, une nouvelle fois est de Nicolas Offenstadt. En voici quelques extraits :
«……Ce volume, comme les autres, est marqué par ce qu’on appelle ‘’l’histoire bataille’’ : les affrontements internes au royaume de France, ou bien avec des puissances étrangères. On y verra défiler les batailles et expéditions de Louis XI et de Charles le Téméraire, celle aussi des campagnes d’Italie, qui couvrent ici les trois règnes suivants (Charles VIII, Louis XII et François Ier…….Ce poids de la bataille dans la BD tient aussi à des questions scénographiques.
Mais il faut aussi signaler les évolutions suivantes : La croissance démographique reprend avec le recul de la peste et des famines, avec l’éloignement des guerres également. Le temps est aussi celui de la découverte de mondes nouveaux et de la Renaissance et s’accompagne de l’éclatement religieux puis de l’intolérance et de la violence des affrontements confessionnels comme des ‘’Grandes Découvertes’’.…»
Le huitième, volume s’intéresse au XVIe et le XVIIe siècle, le temps des troubles des guerres de religion à Louis XIII. La préface est d’Olivier Christin, historien et professeur à l’université de Lyon II. Voici quelques extraits :
«……La période ouverte par ce volume parait défier toute synthèse. Comment rendre en images et en dialogues la complexité de processus religieux, militaires, politiques qui s’entremêlent si étroitement ? Comment faire saisir, sans entrer dans de longs développements ce qui sépare vraiment les frères ennemi du christianisme occidental, les protestants et les catholiques ? Comment expliquer ce que le style d’Henri IV et de Louis XIII ou Richelieu change dans la pratique gouvernementale ?
Les auteurs de ce livre, pourtant, y réussissent, avec des bonheurs variés sans doute mais surtout avec le souci de rendre compte de leurs incertitudes …. Les acteurs hésitent, tâtonnent, cherchent une solution, puis une autre, reviennent en arrière. Catherine de Médicis et Charles IX alternent ainsi politique de répression du protestantisme et tentative de conciliation ; Louis XIII écarte et rappelle Richelieu, s’en sert et s’en méfie…. »
Les différents dessinateurs ayant participé à ces 8 volumes sont : Victor de La Fuente, Raphaël, Raymond Pïvet,, Julio Ribera, Maurillo Manara, Edouardo Coelho, Xavier Musquera, Gérald Forton.
Et les différents auteurs des textes : Victor Mora, Pierre Castex, Roger Lécureux, Christian Godard, Jacques Bastian, Jean Ollivier.
Il me reste à faire le même travail pour les 8 derniers volumes de la série.
( A suivre)