L’Histoire de France en BD de la Gaule à De Gaulle. ( Seconde partie)
Dans ce second billet de l’histoire de France en BD je présente succinctement les 8 derniers volumes de la série créée en 1978 par ‘’Larousse’’ et réédités par ‘’Le Monde’’ fin 2008.
Je rappelle aussi que ces ouvrages présentent quelques défauts dont le plus significatif est une conception romantique et héroïque et donc, aujourd’hui, quelque peu contestée de l’histoire, comme en témoigne la plupart des préfaces plutôt critiques. Ce n’est plus tout à fait l’histoire qu’on enseigne aujourd’hui, mais c’est celle que j’ai apprise et que j’ai aimée, il y a près de soixante ans et qui avait au moins l’avantage d’être attrayante et facilement mémorisable. Ces 16 volumes sont finalement attendus par mes petits-fils, ce qui pourrait les écarter pendant quelques temps de leurs super-héros de consoles Gameboy.
Le neuvième volume traite des XVIIIe et XVIIIe siècle, de Louis XIV au siècle des lumières. La préface si utile est, comme pour le volume précédent, d’Olivier Christin historien et professeur à l’université Lyon II, dont voici quelques extraits:
«Ce n’est sans doute pas chose facile de raconter l’histoire du règne de Louis XIV, tant celui-ci s’est raconté et fait voir dans d’innombrables panégyriques, mémoires, portrait et châteaux. Ce volume y arrive très bien… Il arrive à montrer que ce très long règne fut avant tout une période intense de travail de la monarchie sur elle-même, de transformation des pratiques de gouvernement et de mise en scène calculée de la personne du souverain…… Tout en percevant les enjeux de ces transformations politiques et de l’aménagement de Versailles, les auteurs de ce volume savent également évoquer le coût écrasant de cette politique de gloire ; guerres perpétuelles ou presque, pression fiscale et misère paysanne….
….. Les oppositions paraissent un peu oubliées ou trop discrètes dans ce volume suggérant l’adhésion presque unanime à la monarchie louis-quatorzième…. Or il n’en est rien…. La monarchie absolue ne suit pas un cours tranquille ; elle doit sans cesse s’imposer au dehors et au-dedans.….. »
Le dixième volume se concentre sur l’époque compris entre 1765 et 1794 de Louis XVI à la Révolution La préface est de Sophie Wahnich Historienne et chercheure au CNRS, dont voici quelques extraits
« Ce volume nous parle de la révolution américaine et de la Révolution française. Il associe une historiographie libérale avec la première séquence sur les Etats-Unis et une historiographie socialiste pour les séquences suivantes......
….Les trois séquences narratives proposées ne sont cependant pas identiques ni continues …..Le caractère épique du récit donne son unité à ces épisodes du roman national, depuis les ‘’lauriers’’ que La Fayette souhaite cueillir au ‘’Nouveau Monde’’, jusqu’à la gloire de ‘’nos’’ armées victorieuses et invincibles en 1794. Cette histoire cocardière ne met pas toujours en valeur la complexité des choses….. »
Le onzième volume est intitulé de Bonaparte à Napoléon et couvre une période qui va de 1793 à 1812 ; c’est dire que le premier chapitre revient sur la ‘‘Terreur’’ déjà en partie traitée à la fin du précédent volume. La traditionnelle préface ‘’corrective’’ est de l’historien Emmanuel de Waresquiel dont voici quelques extraits.
« 21 janvier 1793, Louis Capet est guillotiné place la révolution…L’ancien régime est mort. L’histoire retracée dans ce volume commence peu après….. La république est en danger…. Nous sommes en pleine dictature jacobine ….mais on ne saura rien des rouages de la dictature et de la terreur…
L’auteur de ce volume écrit un autre scénario ; celui de l’épopée de la République aux frontières et au-delà. Idéalement, on voit émerger une figure peu à peu dominante, celle du jeune Napoléone Buonaparte. Ce Bonaparte-là est celui de la légende, celui du pont d’Arcole, de Rivoli et des Pyramides…..
… Ce qui suit fait à nouveau la part belle aux batailles : les canons de Marengo, ceux d’Austerlitz, d’Iéna et Friedland….. On ne voit pas l’enfermement du grand homme devenu empereur des Français dans un système de déséquilibre et de domination européenne qui va prendre des allures d’impasse et de fuite en avant… »
Le douzième volume choisit comme fil conducteur l'apprentissage de la liberté et de la démocratie, entre 1812 et 1848, avec pour titre ‘’de la chute de l’aigle à Louis-Philippe. La préface, si importante à lire avant d’aborder la BD, est une nouvelle fois l’œuvre de l’historien Emmanuel de Waresquiel. En voici quelques extraits.
«……On croyait la révolution terminée, et voilà qu’elle recommence. Les années qui conduisent de la fin de l’Empire au début de la deuxième restauration, en passant par les Cent jours, inaugure une sorte de ‘’second cycle’’ de la révolution. Ce fut l’une de ces périodes de divisions et d’instabilité. On l’a pourtant trop souvent présentée comme un retour pur et simple de l’Ancien Régime. L’auteur de ce volume tombe un peu dans ce travers.….
…. Derrière tout cela, l’ombre de Napoléon plane encore, de Waterloo au Retour des cendres …. »
Le treizième volume aborde la période allant de 1848 à 1871, sous le titre ‘’ Du second Empire à la Commune’’. La Préface est rédigée par Alain Corbin historien, professeur à l’université Paris I ; en voici quelques extraits.
Le titre du volume retenu faisait craindre que la IIe soit quelque peu oubliée mais non, « l’essentiel de son histoire figure dans la B.D : l’exigence de libertés nouvelles, l’élan de fraternité, l’instauration du suffrage universelle masculin, la volonté de paix internationale, le souci de résoudre la question sociale….. Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 est posé comme un crime inoubliable qui disqualifie pour toujours le régime impérial……. On ne peut nier ce qui est exclusivement traité dans la B.D : l’intensité de la répression, l’atteinte à des libertés fondamentales, la suppression temporaire du régime parlementaire…. Mais la B.D. oublie d’évoquer quelques avancées et un début de libéralisation en fin de règne…
….. Les auteurs accordent à juste titre une grande importance à la Commune de Paris. Mais la B.D tourne vite à l’hagiographie et au martyrologe…. »
Le quatorzième volume s’intéresse aux années fastes de la IIIe République, avec une approche originale ‘’Du colonialisme à la belle époque’’. Dans une première séquence il évoque les épisodes politiques importants entre 1871 et 1913 avant de développer dans les deux séquences suivantes les évènements qui se rattachent au titre choisi de cette bande dessinée. La Préface est une nouvelle fois faite par Alain Corbin, dont voici quelques extraits.
Pour la première séquence « l’historiographie récente n’a pas renouvelé les connaissances. L’extension des libertés, la politique scolaire, la lutte contre l’emprise cléricale sont bien présentés, tout comme les épisodes menaçants dont la République a su triompher : le boulangisme, les troubles anarchistes l’affaire Dreyfus…..
….Le deuxième volet concerne l’aventure coloniale. Il a le mérite de faire revivre les épopées d’Ahmadou, Samory, de Béhanzin et de figurer les exploits et les souffrances des explorateurs….
……Enfin c’est avec bonheur que les auteurs de la BD évoquent la période qui s’étend de la fin du siècle à la déclaration de la première guerre mondiale, années essentielles en bien des domaines techniques et artistiques…»
Le quinzième volume fait une très large plage à la première guerre mondiale et prolonge la rétrospectives sur les deux décennies suivantes pour arriver à la déclaration de guerre de la seconde. Pour la préface, qu’il est toujours indispensable de lire dans la mesure où ces bandes dessinées réapparaissent en 2008 près de trente ans après leur réalisation nous retrouvons l’historien Nicolas Offenstadt, déjà rencontré sur les 6ème et 7ème volumes ; une préface dont voici quelques extraits.
«…. Notre BD véhicule bien des images d’Epinal de la Grande Guerre : la mort héroïque de Charles Péguy en 1914, le dernier pigeon voyageur du fort de Vaux à Verdun en 1916, le chemin des Dames reconquis par Pétain en 1917, la figure de Joffre…..
La rupture est nette, dans la structure du récit, entre la Grande Guerre et la seconde. Les auteurs procèdent alors à partir de flashes qui évoquent autant l’histoire de France, proprement dite que les grands événements mondiaux. Outre les faits politiques majeurs quelques thèmes reviennent à plusieurs reprises : l’aviation, le cinéma, les faits divers……»
Le seizième et dernier volume couvre la période allant de la seconde guerre mondiale à mai 68, de façon inégale d’ailleurs puisque les années de guerre accaparent les deux tiers du volume. La préface est rédigée par Pierre Laborie, directeur de l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris ; une préface au titre significatif ‘’Quand la France se rassurait sur son passé’’ dont voici quelques extraits.
«….l’Histoire dit qu’elle relate le passé des hommes dans leur temps, mais chacun sait que ceux qui l’écrivent parlent aussi de leur propre époque…. Cette bande dessinée vient le confirmer et il n’y a pas de paradoxe à écrire que ce qu’il faut juger comme une histoire édifiante, oublieuse, restituée par collage de morceaux éclatés, peut-être lu aussi comme une superbe leçon d’histoire…..
…. Dans cet épisode de la BD, la construction commence avec le découpage de la chronologie. A peines évoqués, les rebondissements confus de novembre 1942, en Afrique du Nord marque la rupture qui permet à la France de reprendre sa place aux côté des Alliés, en sauvant l’honneur……»
Les différents dessinateurs ayant participé à ces 8 derniers volumes sont : Raphaël, Raymond Poïvet, Gérald Forton, Edouardo Coelho, José Bielsa, Maurillo Manara, Eric Sio, Guido Buzelli, Xavier Musquera, Dino Battaglia et Ferdinando Tacconi.
Et les différents auteurs des textes : Jacques Bastian, Jean Ollivier, Roger Lécureux, Piere Castex, Robert Bielot, André Bérélowitch.
( A suivre)
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