Presse aidant …. Réactions après les monstrueux et tragiques attentats à Paris, la nuit dernière.
Hier soir il y eut à Paris les plus monstrueux attentats de l'histoire de notre pays. Je n’ai pris connaissance de la tragédie que ce matin, au réveil, vers 6 h 30. Je ne suis pas amateur de football et je ne regardais pas le match sur TF1 ; je n'ai donc pas su ce qui se passait au stade de France. Pilou regardait une série sur une autre chaine, tandis que je travaillais à la rédaction de mon précédent billet, qui du coup ne sera terminé que demain. De 6 h 30 à 10 h 30 j’ai suivi, complètement ébahi et extrémement ému, l'émission spéciale de France 2 dirigée par David Pujadas. Je suivais sidéré, bouleversé ce flot d'informations, ces vagues toujours renouvelées d'images effroyables et de témoignages épouvantables.... Puis il nous fallut faire un saut au marché où nous avons rencontré quelques amis ; l’habituel ‘’bonjour’’ était remplacé par un tragique ‘’t’as vu cette horreur?’’. Quelques emplettes vite faites et nous retournions à la maison pour suivre, encore et encore, l’émission spéciale bientôt managée par Laurent Delahousse. Je fus très sensible à la retenue des participants et de la plupart des intervenants politiques. Je salue plus particulièrement les déclarations d'Alain Juppé et François Fillon. (* ok pour celle de samedi mais lundi matin sur Europe 1, c'est plus discutable)
J’ai été également très touché par les déclarations des très nombreux chefs d’Etat et notamment celle du Président Obama. Je compte en insérer certaines dans ce billet, mais je choisis de commencer en reproduisant ci-après le remarquable éditorial du Journal le Monde de cet après midi pour la version internet et qui sera en kiosques, version papier, demain matin. Cet éditorial qui a pour titre « L’effroi et le sang froid » est signé de Jérôme Fenoglio, le directeur du journal.
« La France est en guerre. En guerre contre le terrorisme totalitaire, aveugle et terriblement meurtrier. On le savait depuis le mois de janvier et les attentats contre Charlie Hebdo et l’hyper Cacher, à Paris. En dépit de la mobilisation exceptionnelle du peuple français, le 11 janvier, en dépit de la solidarité alors exprimée par les dirigeants de toutes les démocraties du monde, le président de la République, le premier ministre et les responsables des services de sécurité n’ont cessé de le rappeler : la menace n’a pas disparu. La question n’était pas de savoir s’il y aurait d’autres attentats en France, mais quand ?
Ce fut lors de la soirée qui vient d’ensanglanter Paris et sa banlieue, vendredi 13 novembre. Et cette tragédie démontre que les terroristes qui ont pris la France pour cible ne mettent aucune limite à leur œuvre de mort.
Le bilan de leur carnage – plus de 128 morts, à cette heure – est odieux, sans précédent dans notre pays. Ils ont déclenché ce que les responsables policiers redoutaient par-dessus tout : plusieurs attaques simultanées dans la capitale et sa banlieue, aux abords du Stade de France, où 80 000 personnes assistaient au match de football France-Allemagne, en présence de François Hollande, devant quatre cafés ou restaurants des 10e et 11e arrondissements, enfin à l'intérieur même du Bataclan, où plus d'un millier de personnes assistaient à un concert et se sont trouvées prises en otage, avant que l'assaut ne soit donné par les forces de l'ordre.
Pour la première fois en France, plusieurs de ces terroristes, bardés de ceintures d'explosifs, n'ont pas hésité à se transformer en bombes humaines. C'est la France qu'ils ont voulu plonger dans la panique et dans l'effroi. C'est la France qu'ils ont voulu briser.
Cette folie n'appelle qu'une seule réponse. Contre la panique, la dignité. Contre les semeurs de mort, la fermeté. Contre l'affolement, la lucidité. Contre l'effroi, le " sang-froid ", comme l'a dit, justement, le président de la République au milieu de la nuit. Et, par-dessus tout, l'unité de la nation dans l'épreuve.
Les interrogations ne manquent pas. Elles sont légitimes, et il faut y répondre. La première et la plus immédiate est celle de la sécurité générale du pays : est-elle menacée, surtout à l'approche, dans trois semaines, de la conférence internationale sur le climat, qui doit réunir, à Paris, plusieurs dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement, et se tiendra au même moment que les élections régionales ? Le gouvernement a décrété l'état d'urgence et renforcé les contrôles aux frontières. Cela s'imposait, pour faire face à cette guerre que les " djihadistes " veulent nous imposer. Comme s'impose, à nos yeux, de maintenir le calendrier de la conférence climatique et des élections. Les différer, les reporter ou y renoncer reviendrait à céder au chantage et au défi des terroristes.
La deuxième question est celle de la politique de lutte contre le terrorisme sur le territoire national. Est-elle à la hauteur de la menace ? Est-elle efficace ? Depuis deux ans, comme toutes les autres démocraties, la France n'a cessé d'accroître les moyens juridiques et policiers mis au service de l'Etat pour lutter contre le terrorisme djihadiste. Toutes les démocraties l'ont fait en s'efforçant de préserver l'équilibre entre la sécurité et la liberté. Nous ne sommes pas sans moyens ni sans volonté. A plusieurs reprises, ces dernières semaines, la police a déjoué des attentats qui visaient le territoire français. La nuit tragique du 13 novembre le démontre, hélas ! Face à ce genre d'agression, il n'existe pas de parade évidente, sauf à se transformer en Etat policier ou à vendre des illusions.
La troisième interrogation porte sur la politique extérieure de la France et ses interventions militaires, en Afrique et au Proche-Orient : sont-elles la cause de cette spirale meurtrière et doivent-elles être reconsidérées ? Naturellement, la France est visée parce qu'elle est en première ligne dans le combat contre le djihadisme.
Elle se bat sur plusieurs fronts. Elle intervient en Afrique subsaharienne, où, avec d'autres, elle cherche à empêcher qu'un immense espace désertique ne tombe totalement aux mains de réseaux criminels. Elle a sans doute sauvé la capitale du Mali, Bamako, d'un assaut islamiste début 2013. Sans l'intervention de l'aviation française, la ville aurait pu devenir ce que Kaboul, la capitale afghane, a été pour Al-Qaida jusqu'en 2001 : un appui logistique clé pour des opérations terroristes à travers le monde.
A la demande du gouvernement de Bagdad, Paris participe, avec une cinquantaine d'autres pays, à la guerre (essentiellement aérienne) menée contre l'’Etat islamique", qui s'est emparé d'une bonne partie du territoire de l'Irak. La seule abomination des pratiques de cette organisation barbare n'explique pas l'intervention de cette coalition internationale. Là encore, c'est la défense des intérêts stratégiques de l'Europe, donc de la France, qui est en cause. Les zones pétrolières que contrôle l'EI lui donnent les moyens de mener des actions contre l'Occident, qu'il ne cesse de désigner à la vindicte de ses cellules terroristes. L'action des Européens en Irak peut être interprétée comme relevant d'une forme d'autodéfense.
Depuis le début de l'automne, la France a aussi mené des interventions aériennes en Syrie. En ciblant des bases d'entraînement de l'Etat islamique, elle a officiellement invoqué l'autodéfense. Elle fait valoir que les commandos islamistes ont, ces derniers mois, cherché à plusieurs reprises à frapper le territoire français, et qu'ils préparent leurs opérations à partir de la Syrie.
Ce combat que mène Paris contre le djihadisme expose la France. Mais il ne faut pas renverser l'ordre des choses. Les autorités françaises sont en guerre contre l'islamisme armé parce que celui-ci a nommément désigné la France comme l'une de ses cibles. Il faut être aveugle ou sourd pour ne pas lire et entendre le discours de l'Etat islamique, d'Al-Qaida et d'autres mouvements islamistes : ce sont des appels à porter la " guerre sainte " en Europe, à tuer les " infidèles ", les " juifs ", les " croisés ". Ce n'est pas de la rhétorique. Il faut prendre au mot le " programme " de cette maladie régressive de l'islam qu'est l'islamisme.
Qui peut dire avec certitude que l'inaction serait la garantie de l'immunité ? On touche là à la nature de l'ennemi à combattre. En ce début de XXIe siècle, le fanatisme religieux, en l'espèce islamiste, a remplacé les grands totalitarismes du XXe siècle. Comme Le Monde l'a souvent expliqué, l'islamisme, par son absolue radicalité, est un totalitarisme – cette promesse folle de régler tous les aspects de la vie des hommes au nom d'une religion érigée en unique source de rédemption. »
Dessins de : 1/ Les Cartons. 2/ Latuff 3/ De Castelbajac 4/ Plantu 5/ Baudry Arnold Schwarzenger
Extraits du Journal Le Monde de cet après midi :
Barack Obama a été le premier chef d'Etat à réagir aux attaques du 13 novembre, avant même François Hollande. Visage fermé, le président américain a pris la parole depuis la Maison Blanche alors que les attaques n'étaient pas encore finies vendredi soir. Ces attentats " ne sont pas seulement une attaque contre Paris ", mais " une attaque contre toute l'humanité et nos valeurs universelles ", a déclaré M. Obama dans une allocution solennelle. En français dans le texte, le chef de l'Etat américain a cité la devise " Liberté, Egalité, Fraternité " pour rappeler qu'elles ne sont " pas seulement des valeurs françaises, mais des valeurs que nous partageons tous ".
A l'unisson du président américain, les réactions de toute la planète ont afflué dans la nuit. Angela Merkel, la chancelière allemande, s'est dite " bouleversée ". " Choqué " également, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui avait lui aussi fait partie de ce cortège. " La France est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. Mais elle n'est pas seule. Ce combat est le combat de tous les Européens, et de tous les peuples du monde libre ", a défendu le président du Conseil européen, Donald Tusk.
David Cameron, le premier ministre britannique, a promis de faire " tout ce - qui est possible - pour venir en aide ".
Et l'Italie est " ensemble avec ses frères français ", après " l'atroce attaque contre Paris et contre l'Europe ", a déclaré le premier ministre, Matteo Renzi, sur Twitter.
En Espagne, Mariano Rajoy a parlé au téléphone avec Manuel Valls et " lui a exprimé sa consternation pour les terribles attentats et la solidarité du peuple espagnol ".
Le Vatican a dénoncé " une violence terroriste folle ". " Nous condamnons - ces attentats - de la manière la plus ferme, ensemble avec le pape et avec tous ceux qui aiment la paix ", a déclaré le porte-parole du Vatican.
A Moscou, le Kremlin a publié un communiqué pour assurer que " la Russie condamne ce massacre inhumain et se tient prête à fournir son entière assistance pour enquêter sur ces crimes terroristes ".
Même message de solidarité depuis la Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan a présenté à la télévision " ses condoléances les plus profondes " en demandant un " consensus de la communauté internationale contre le terrorisme ".
" Israël se tient aux côtés du président François Hollande et du peuple français dans la guerre commune contre le terrorisme ", a déclaré de son côté le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a présenté ses condoléances et a appelé à combattre " le fléau du terrorisme, qui a pour but de déstabiliser la sécurité et la stabilité dans différentes parties du monde, sans distinction ".
Pour le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, il s'agit " d'attaques terroristes méprisables ".
Au Maroc, frappé en 2003 et en 2011 par des attentats, le roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances au président français exprimant ''une vive émotion et une profonde tristesse " face à ces " odieuses attaques ".
En Asie, la présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, a présenté ses " condoléances " à la France. " Le terrorisme est un crime contre l'humanité. Il est injustifiable et intolérable ", a-t-elle expliqué.
" Quelle que soit la raison des attentats, ils restent impardonnables et hautement condamnables ", a, lui, déclaré le ministre japonais des affaires étrangères, Fumio Kishida.
La Chine s'est déclarée " profondément choquée " et a fait savoir qu'elle " condamne vigoureusement ces attaques terroristes " par l'intermédiaire du ministère des affaires étrangères chinois.
Les réactions de solidarité sont également venues du Brésil, de Cuba, de Belgique, des Pays-Bas ou du Canada.
Au-delà des chefs d'Etat et de gouvernement, les attaques ont suscité des réactions de solidarité spontanées un peu partout sur la planète.
Réaction du pape François aux attentats de Paris lors de la prière de l' Angélus, sur la place Saint-Pierre de Rome. "Je veux réaffirmer avec force que la voie de la violence et de la haine ne résout pas les problèmes de l'humanité, et qu'utiliser le nom de Dieu pour justifier cette voix est un blasphème !", a martelé le souverain pontife.