Moments de vacances …. A la recherche du Bourriol, entre autres curiosités.
Cette année encore, nous devions prendre deux à trois semaines de vacances hors période des congés scolaires qui nous impose quelques agréables contraintes liées à notre statut de grands-parents. Déjà l’an dernier nous avions évité l’été avec un court circuit en mai puis un second, un peu plus ambitieux en novembre qui s’est terminé en ‘’circuit fatum’’. Il fallait que ce nouveau circuit se passe bien, sans soucis, pour que nous retrouvions pleine confiance dans cette voiture que nous venions juste d’acquérir avant le précédent circuit.
Après avoir contacté parents et amis nous avions concocté un planning qui devait nous conduire en Corse après nous être arrêtés, successivement, en Rouergue, à Toulouse, un crochet de quelques jours à Barcelone, puis à Sète avant de rejoindre Nice où habite mon frère et d’où nous pensions embarquer pour Bastia. Cinq ou six jours de balades en Corse du nord jusqu’à Corte, Vénaco et Piana puis retour sur le continent. Nous pensions ensuite rentrer avec quelques haltes familiales à Martigues, Alès et enfin Aurillac où vit ma sœur…. Puis retour au ‘’sweet home’’ après trois semaines de bonheur à revoir ceux qu’on aime et le plaisir de retrouver les belles régions où ils vivent. La tournée annuelle, un classique depuis plus de dix ans, que j'ai aussi appelée la tournée des potes et des popotes (y compris des restaurants pour remercier nos hôtes )
Ḉa a commencé à merder avec la CGT dès la mi-mai. Avec toutes ces grèves et le bordel ambiant pouvait-on prendre le risque de faire des réservations, notamment pour ce qui concerne le ferry. De plus il s’avérait que mon pote ne serait, peut-être, plus sur l’île de beauté, au moment où nous pourrions y être. Il devait suivre pendant tout l’été un parcours de santé en Limousin où je pourrais d’ailleurs lui rendre visite courant aout. Nous même, nous ne pouvions d’ailleurs nous mettre en route avant la mi-juin, ayant aussi, comme tous bons retraités, des rendez-vous pour quelques examens médicaux programmés depuis plusieurs mois. Donc, exit la Corse : ce fut confirmé début juin ! Du coup si nous n’allions plus en Corse, je n’irai plus voir mon frère Serge à Nice qui d'ailleurs envisageait quelques escapades régionales de remise en forme avant de recevoir, lui aussi, ses petits-enfants et ma venue l'aurait, peut-être, un peu géné …. Le projet de voyage se rétrécissait déjà pas mal …. Finalement ce n’était peut-être pas une très bonne idée ces semaines vacances en juin…. Mais quand alors ? En avril et mai j’avais du consacrer beaucoup de temps pour remettre en état notre jardin et sans compter le bordel ambiant....(mais j'en ai déjà parlé !)
Après quelques aménagements de planning nous nous sommes mis en route le lundi 13 juin direction Aurillac pour aller embrasser ma sœur lors d’une courte escale qui n’était pas prévue au programme, du moins à l’aller. Et c’est à Aurillac que nous avons commencé à recevoir de mauvaises nouvelles. Deux étapes du circuit allaient être abandonnées ; les amis qui devaient nous recevoir avaient chacun un sérieux problème de santé. D'ailleurs sensiblement le même annoncé à quelques heures d’écart. Fatum, une nouvelle fois ! J’avais l’impression de porter la poisse à mes amis. Devait-on poursuivre notre route ? Pour laisser un peu le temps de la réflexion nous avons décidé de passer la journée de mardi à Cahors, où pourtant nous ne connaissons personne.
La préfecture du lot est une charmante ville ancrée dans une boucle du Lot. Je ne me rappelle pas m'être un jour arrêter dans cette coquette petite ville de 20.000 habitants qui vit naitre des personnages comme Léon Gambetta, Clément Marot, Fabien Galthié : un grand républicain du début la IIIème République, un poète de la Renaissance, et un international de rugby, comment voulez-vous que je n’aime pas cette ville. Et sans oublier Maurice Faure qui fut maire PRG pendant 25 ans (et d’autres postes prestigieux : plusieurs fois ministre puis membre du Conseil constitutionnel.). Nous avons parcouru la ville de long en large, de la cathédrale au pont Valentré, en évitant quand même le circuit de la CGT qui manifestait l'après-midi. (Une petite centaine de vieux pour montrer qu'ils sont encore là.)
Le soir nous étions chez nos amis Clau et Jipé où nous sommes restés deux à trois jours. Le lendemain nous allions visiter l’impressionnante cathédrale d’Albi construite en briques rouges, matériau traditionnel dans la région. « Lorsqu'en 1277 l'initiative est prise de construire la cathédrale Sainte Cécile, le catharisme est en voie de résorption sous l'effet d'une violente répression. Néanmoins, jugeant la situation encore instable, les catholiques, maîtres de la ville depuis peu de temps, décident d'édifier une cathédrale-forteresse qui doit être une démonstration de leur puissance. Celle-ci est idéalement placée sur un promontoire rocheux qui surplombe la vallée du Tarn d'une trentaine de mètres. La première pierre est posée en 1282 et le chœur est consacré en 1480. A la fin du XVe, on élève les trois derniers étages du clocher, qui ne figuraient pas sur les plans initiaux A cette période, on ajoute également le jubé. Enfin, en 1509, il est fait appel à des peintres italiens pour la décoration intérieure.» Le palais de la Berbie, ancien palais des évêques, et ses jardins forment avec la cathédrale l'ensemble de la cité épiscopale. Dans ce palais a été installé le musée d’honneur de l’enfant du pays Toulouse-Lautrec où sont exposées de très nombreuses œuvres du peintre albigeois ; un musée que nous avons aussi visité. Je dois avouer, pour être franc, que je ne suis pas trop fan…
Le lendemain nous prenions la direction du Pas de la Case en Andorre pour prendre un bol d’air pur et éventuellement faire quelques achats (ou l’inverse selon la priorité de chacun ou chacune : pour moi ce fut une paire de pompes). Il y eut aussi un moment cocasse le midi : nous cherchions un restaurant pour déjeuner et l’un d’eux avait l’air particulièrement sympa et semblait typiquement local. Pas tout à fait pour le local car c’était un restaurant basque légèrement expatrié mais ça ferait parfaitement l’affaire. La serveuse qu’on avait interrogé, nous avait répondu qu’elle même était Cantaloue… « Moi aussi » lui répondit Jipé amusé… et tout au long du service, chaque fois qu’elle s’approchait de notre table il l’interrogeait sur ses origines, dès fois qu’ils seraient vaguement cousins….. Jusqu’au test de certification des vrais cantalous : « Connaissez vous le ‘' Bourriol '’ ? ». La dame ne connaissait pas ce plat soit disant typique. Moi qui ne suis cantalou qu’à 25% (par ma grand-mère maternelle) je ne savais pas ce que c’était mais, bien sûr par solidarité, j’ai dit le contraire. « Tous les cantalous devraient savoir ça » rajoutait Jipé et moi faux-cul et malgré tout galant, j’ai sauvé la situation en disant « Oui, de notre époque mais sans doute moins pour les générations plus jeunes » et Jipé de conclure en donnant la recette des ‘’Bourriols’’ qui sont, si j’ai bien compris, des crêpes faites avec une préparation à base de purée de pommes de terre de farine de blé, du beurre et du lait, sans oublier la levure .... Franchement à ce moment du repas je n'aurais pas échangé les tapas basques que nous dégustions avec ces crèpes cantaloues probablement bourratives.
Vendredi matin nous quittions nos amis de Toulouse pour rejoindre la Méditerranée. Au préalable une infirmière était passée pour me retirer un fil dans la paume de la main suite à une intervention en dermatologie, en fin semaine précédente, pour m’extraire une vilaine verrue… Et pas un poil comme certains avaient cru comprendre ! Enfin libéré, je me mettais au volant et nous prenions la route de l’Espagne via Carcassonne pour une pause-déjeuner et une petite balade dans la cité puis Perpignan pour la soirée avant de rejoindre le lendemain par la route de la côte la station balnéaire catalane, située sur la Costa Brava dans le golfe de Rosas où nous allions passer un week-end ensoleillé et venteux.
Lundi matin nous reprenions la route de la France et après un court arrêt pour un brin de shopping puis pour déjeuner à La Jonquera. Nous mettions ensuite le cap sur Frontignan pour retrouver nos amis Jef et Nicky. Une seule soirée au bord de l’étang de Vic avant de partir le lendemain pour rejoindre la maison de famille de nos amis ''à la montagne''. Durant deux jours nous avons savouré les paysages de Lozère, du Cantal de l’Aveyron : Marvejols, Aumont-Aubrac, Saint-Chély- d’Apcher, Saint-Flour, Chaudes-Aigues, Laguioles, Nasbinals… Quel beau périple et de si bons produits à déguster. Parmi ces plats il n’y eut pas de ‘’Bourriols’’ et pourtant nous les avons cherchés notamment à Saint-Flour : la question fut posée mais les réponses furent du genre. « J’en ai entendu parler mais je ne sais pas trop. Sans doute une pâtisserie ». Je commençais à désespérer de mon ami Jipé. Mais si Saint-Flour nous fut d’aucun secours, quelques heures plus tard c’est Chaudes-Aigues qui sauva la mise. Chaudes-Aigues la ville qui vit naître ma grand-mère maternelle ne pouvait pas me laisser tomber. C’est dans une boutique de souvenirs pour touristes à deux pas de la fontaine d’eau chaude, à cinq pas du musée de la géothermie, la maison où a vécu ma grand-mère il y a plus de cent ans, que j’ai trouvé une carte postale qui proposait la recette des ''Bourriols''. J’en ai acheté deux (de cartes), une pour moi et une pour envoyer à Jipé et Clau. D’ailleurs Jipé conteste la recette, ce n’est pas tout à fait celle que faisait ses grands-parents. Du coup je m’étonne que ma grand-mère Jeanne ne nous ait jamais fait ce plat quand j’étais enfant. Il est vrai aussi qu’en dehors des soupes du soir c’était plus souvent mon grand père Ernest qui faisait la cuisine et lui était charentais
Nous étions rentrés chez nous pour le dernier week-end de Juin. quelques jours plus tard nous avions le plaisir de recevoir mes cousins Mauquette et Loulou. Ils arrivaient de Vendée et se rendaient dans le Cantal notamment à Chaudes-Aigues où Mauquette a encore des cousins du côté de son père. Elle est plus cantaloue que moi ; elle l'est à 75 % (moi à 25% pour ceux qui n'ont pas suivi). Nous avions la même grand-mère maternelle mais elle, ses grands-parents paternels étaient aussi de Chaudes-Aigues. Je donnerais même un bonus aux 75% dans la mesure où sa mère (ma tante Simone) à connu son père (mon oncle André) en 1944 dans les maquis de la Résistance du côté de Chaudes-Aîges. Eh bien malgré cette branche paternelle totalement Cantaloue, ma chère cousine Mau-mau ne connaissait pas les '' Bourriols''. « Je vais me renseigner auprès de ma cousine Françoise quand je serai chez elle, et je t'en ferai la prochaine fois que tu viendra à la maison. » m'a-t-elle promis.
(A suivre)
PS : Quelques infos concernant les amis que nous n'avons pas pu aller voir selon le plannig initial. Nous avons pu les joindre au retour et si pour tous le problème de santé est sérieux, il apparait toutefois, après avoir consulté des médecins spécialistes que le moral de chacun s'est bien amélioré.
Par contre j'eus sur le chemin du retour deux tristes nouvelles, le décès de Danny le basque, un collègue et copain de l'époque camerounaise et celui de Jean-Claude un très agréable camarade de bridge décédé brutalement lors d'un voyage dans le nord de l'Europe.