Saga Néo-Calédonienne ..... La côte ouest de Pouembout à Koumac
Forcément en quittant Païta dès le lever du jour et même en roulant en père peinard et en prenant le temps d'un petit déjeuner complémentaire à Bourail puis d'un arrêt curiosité au marché de Poya, nous sommes arrivés très tôt à Pouembout ; bien avant midi, alors que notre hôte, propriétaire d'un gite-ranch, nous attendait en milieu d'après midi. Nous décidâmes donc de poursuivre notre route jusqu'à Voh. Ce village est devenu célèbre grâce à sa mangrove en forme de coeur qui fut immortalisée par la couverture d'un livre de Yann Arthus-Bertrand ''La terre vue du ciel''. Il y avait bien un parcours pédestre, pour ceux qui n'ont pas de 4x4, pour essayer d'atteindre un point de vue pour voir la baie et le coeur de Voh du moins ce qu'il en reste mais cela nécessitait près de 4 heures de marche en parcourant une piste de montagne plus ou moins circulée par des engins ou camions de chantiers d'extraction du nickel. Nous nous sommes contentés d'aller voir la mangrove et la baie de plus près. Sans compter que la météo n'était pas au beau fixe. Nous avons donc rejoint la plage de la Gatope complètement désertée où nous avons fait une pause pique-nique puis une longue et belle marche. Nous avons ensuite pris la direction de Koné où nous nous sommes arrêtés dans un centre commercial pour prendre un café avant de revenir sur Pouembout puis nous mettre à la recherche du Paddock de la Boutana.
La commune de Poembout est née à la fin du XIXe siècle quand l'administration française a choisi ce site pour installer des structures pénitentiaires. Aujourd'hui, tout en demeurant une petite ville, elle tient un rôle essentiel pour le développement économique de la partie nord ouest de l'île. C'est aussi un bassin agricole important ce qui lui a permis d'obtenir l'implantation d'un lycée agricole. Cet établissement était d'ailleurs pour nous une précieuse indication pour trouver la direction du Paddock de la Boutana où nous avions fait une réservation lors de notre préparation de voyage en début d'année. Nous devions alors quitter la route principale pour nous diriger vers le vers le lieu-dit "forêt plate" où il restait encore une bonne douzaine de kilomètres à faire sur une piste sans revêtement. Nous sommes enfin arrivés à un portail, qu'il fallait ouvrir pour entrer et ne pas oublier de refermer, pour que les chevaux ne se sauvent pas. Dans cet espace de savane je ressentais une atmosphère de western. Il fallut parcourir encore deux kilomètres avant d'atteindre la maison et surtout traverser trois "creeks". Je fus assez inquiet pour le passage du premier. Il faut aborder le gué calmement mais sans hésitation et, au milieu poursuivre la traversée de façon déterminée. Le troisième "creek" était juste avant l'habitation. Mon inquiétude fut ensuite différente : je m'interrogeais sur la météo de la nuit à venir et des risques de crues en cas de fortes pluies. Marie-C. nous attendait et nous reçut très cordialement. Ce gite est magnifique. Ce soir-là nous étions les seuls voyageurs, alors que les jours précédents il y avait eu de 6 à 8 visiteurs. Elle nous apprit que son mari avec qui nous avions pris contact par internet était décédé au printemps. Un petit moment de gène puis nous évoquèrent d'autres sujets. Marie C. nous conseilla de nous installer puis d'aller effectuer une randonnée pédestre dans la propriété, entre bords de rivière et les collines s'étendant à l'est. C'est ce que nous avons fait, avec plaisir et curiosité, jusqu'à la tombée de la nuit. Vers 18 h nous eûmes droit à une flambée de bois avec pour moi un verre de l'excellente bière ''number one'' : Dans cet espace loin du monde il y avait une atmosphère du genre ''Danse avec les loups'' mais comme loup il n'y avait qu'un ridicule teckel au demeurant sympathique. Peut être danserons nous plus tard avec des cerfs. Vers 19 h nous nous sommes mis à table. Marie-C est une remarquable cuisinière : de savoureux plats à la table d'hôte : carpaccio de cerf, poulet aux champignons et gâteaux aux poires. Au cours de ce repas nous avons beaucoup appris sur la vie des broussards-caldoches qu'elle était devenue en quittant, jeune, la métropole pour venir en Nouvelle Calédonie et surtout en y rencontrant son mari. Installé depuis plus de deux décennies, le couple avait longtemps élevé du bétail dans des conditions de vie assez rudimentaire (ils n'étaient reliés à l'électricité que depuis quelques années, auparavant ils se servaient de groupes électrogènes). Ils durent aussi abandonner le bétail il y a quelques années, à cause de la multiplication des cerfs et la raréfaction des pâturages pour les bovins. Même les chevaux avaient été rendus à la vie sauvage. Le couple n'a conservé que l'accueil des voyageurs : des touristes mais surtout des citadins de Nouméa, fonctionnaires ou autres, heureux de découvrir pendant les vacances ou les week-ends la vie des broussards. Maintenant Marie-C gérait seule le domaine et cette activité. Cette femme faisait preuve d'un courage remarquable et nous impressionnait. Après le repas nous eûmes droit à la balade nocturne en 4x4. J'étais sur le plateau chargé du projecteur pour essayer de débusquer les cerfs et les biches. Nous en avons aperçu plusieurs, assez loin, on voyait surtout dans la nuit très sombre, leurs yeux éclairés par le projecteur. On aperçut quand même quelques biches d'un peu plus près, traversant la piste. Il faut dire que je n'étais pas très adroit avec ce projecteur le maniant à tort et à travers ce qui a permis à Mari-C de me chambrer quand elle m'a demandé si je pensais que les cerfs pouvaient grimper aux arbres.... Fin de journée. Ensuite nous avons passé une très, très bonne nuit.
Ce jour, 24 septembre est férié en Nouvelle Calédonie, c'est la date anniversaire du rattachement de l'île à à la France en 1853. Je ne fus donc pas trop étonné quand Marie C. nous informa lors du repas que ce week-end se déroulait la grande foire de Koumac. Nous avons décidé avant de nous endormir de nous y rendre dès ce samedi matin; Nous avions plus de 130 km à faire et pas loin de 100 km pour revenir le soir à l'hôtel de Koné où nous avions réservé une chambre pour samedi soir. Nous n'aurions qu'un bref aperçu de Koné mais priorité à la foire typiquement Caldoche et de toute façon la route entre Koné et Roumac est belle et confortable. Avant de partir j'ai refait, dès le lever du jour (5h30), une balade du domaine, le circuit de la veille mais sous un autre éclairage, c'était magnifique ! Nous avons pris le petit déj. avec Marie C. et poursuivi un peu les conversations de la veille, mais il nous fallait prendre la route. Quelques photos avant de quitter cette très sympathique personne et je passais aisément le premier "creek". Je souhaitais avoir une photo de la voiture au milieu du gué suivant. Pilou s'est proposée de traverser à pied comme elle l'avait fait la veille, mais cette fois elle n'était pas pieds nus mais avec des tongs : patatras elle s'est retrouvé assise dans le lit de la rivière. Rien de grave sauf pour l'appareil photo un peu mouillé. Elle s'est relevée, a pu traverser et a pris une photo. Une fois la voiture sur l'autre rive, il a fallu sortir la valise pour qu'elle puisse se changer et après il fallait sauver l'appareil photo mouillé (d'autant que j'en avais déjà perdu un à l'île des pins). Heureusement la clim de la voiture était forte, l'opération sauvetage a bien marché. Nous avons même pu reprendre des photos des magnifiques chevaux semi-sauvages avant de quitter le domaine. En route pour la foire de Koumac où nous sommes arrivés vers 11 h. Pour accéder au parking de la foire il y avait un imposant escadron de gendarmes. Ils fouillaient les voitures, interdisant l'entrée d'armes et d'alcools. J'ai assuré que je n'avais ni arme ni alcool et que nous étions touristes venant de métropole et j'ai pu passer ce poste de contrôle sans fouille de la voiture. C'est quand j'ai ouvert la voiture prendre des sacs que j'ai réalisé que j'avais un pack de bières dans le coffre ..... Nous avons passé plus de 6 heures dans cette foire que j'ai beaucoup aimée. Nous avons d'abord fait un tour des stands puis assisté à diverses attractions équestres, dont un sport, sans doute du polo, (mais je ne suis pas connaisseur) des épreuves de dressage. La foule est majoritairement blanche mais pas uniquement, on croise aussi des mélanésiens et des métis mais presque tous ont une tenue de cow-boy dont le traditionnel chapeau. L'influence est probablement plus australienne (le grand voisin) que texane; encore que cette côte à servi de base arrière américaine dans le Pacifique lors de la seconde guerre mondiale. Il y avait un podium avec des spectacles de danses mélanésiennes. Un peu plus tard il y eut une excellente chanteuse de country qui incluait aussi dans son tour de chant des succès de rythmes & blues revisités façon country. J'ai adoré ! Je n'ai pas retenu son nom : dommage ! Nous avons déjeuné de brochettes et saucisses de cerf et une glace en dessert. Le tout accompagné de coca-cola ..... Et puis ce fut le rodéo dans une super ambiance avec de vrais champions dignes de Junior Bonner, le héros interprété par Steve Mc Queen dans un film de Sam Packinpah des années 70. Vers 16 h nous nous nous sommes mis à la recherche de notre voiture et ce ne fut pas si facile. Enfin soulagés de la retrouver nous avons pris la route de Koné pour rejoindre un hôtel, peut être un peu plus confortable que certains gîtes mais beaucoup moins sympa.