Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Histoire de rôle...........Aliénor d'Aquitaine, reine de France puis reine d'Angleterre

14 Mai 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

Information : Cet article a été publié le 9 février 2018 et j'en propose une seconde publication, sans le moindre changement, pour qu'il puisse être relu. C'est dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à le préparer et maintenant à le relire. Bonne lecture.....  

 

J'ai déjà proposé  sur ce blog 24 billets dans la rubrique «Histoire de rôle » mais aucun ne concernait une femme. Il était temps que je corrige le tir et de tout évidence il me paraissait raisonnable que cette héroïne soit Aliénor d'Aquitaine  puisque je vis depuis plus de 30 ans en Poitou-Charentes qui depuis deux ans fait partie de la Nouvelle Aquitaine :

 

Vraisemblablement née en 1122, Aliénor d'Aquitaine était la fille aînée de Guillaume X, duc d'Aquitaine, et d'Aliénor de Châtellerault. Le couple eut trois enfants Aliénor, Pétronille et un héritier mâle Guillaume né en1126 mais qui mourut en 1130.

 Il faut aussi mentionner deux personnages qui eurent une influence importante sur la personnalité d’Aliénor, il s’agit de son grand-père paternel Guillaume IX qui est considéré comme le premier poète troubadour occitan et sa muse et maitresse Maubergeonne, dite la dangereuse, qui était aussi la grand-mère maternelle d’Aliénor. Guillaume IX, à la vie dissolue et aux écrits hardis, fut excommunié par le pape en 1115. Si Aliénor était très jeune, tout au plus cinq ans, quand son grand père paternel est mort, elle eut sans doute l’occasion de connaître sa très indépendante grand-mère maternelle Maubergeonne qui vécut jusqu’en 1151.

 

Aliénor reçut l’éducation soignée des femmes nobles de la cour d’Aquitaine l’une des cours les plus raffinées de l'époque, une cour qui vit naître, grâce à Guillaume IX, l’amour courtois. Intelligente, cultivée et héritière du duché d’Aquitaine, Aliénor était un parti particulièrement convoité. En 1137 son père décédait à 35 ans lors d’un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle laissant sa fille orpheline âgée de 15 ans ; elle avait déjà perdu sa mère cinq ans plus tôt. Le duc d’Aquitaine avait assuré sa succession en ayant demandé à tous ses vassaux de jurer fidélité à sa fille à l'occasion de son quatorzième anniversaire. Prudent il l'avait  aussi laissée en tutelle au roi de France et ce, dans la perspective d'un mariage avec le dauphin. Louis VI à l’annonce de la mort du duc d’Aquitaine, s’empressa d’assurer la tutelle féodale de l’orpheline et envoya sans tarder son fils, Louis le Jeune, à Bordeaux, accompagné d’une partie de la cour, pour faire la connaissance de sa fiancée : Louis avait 17 ans, à peine plus âgé qu’Aliénor.

Le roi Louis VI était alors très malade et ses jours étaient comptés ; il chargea donc un proche,  l’abbé Suger de la basilique de Saint-Denis, d’organiser le plus tôt possible le mariage. Ce mariage eut lieu à Bordeaux le 25 juillet 1137. Le roi Louis VI  le Gros décédait huit jours plus tard le 3 août 1137 et son fils, déjà couronné depuis six ans, lui succédait sous le nom de Louis VII. Sur la route du retour à Paris les jeunes époux furent couronnés ducs d'Aquitaine à la cathédrale de Poitiers. Aliénor devint reine de France le jour de Noël 1137, couronnée à Bourges.

Même si le duché n’était pas directement rattaché à la couronne de France -- il ne le serait que pour un éventuel héritier -- il n’empêche que cette union  apportait un appui considérable au jeune roi vis-à-vis des Plantagenet qui possédaient la Normandie, la Bretagne et le Val de Loire.

Mais le couple royal se montra maladroit et notamment la jeune reine qui voulait imposer sa personnalité à un roi falot. D'esprit libre et enjouée elle déplut très rapidement à la cour. Ambitieuse, elle entraina son royal époux dans des aventures dramatiques. Ainsi poussa-t-elle le roi à faire dissoudre le mariage du sénéchal de France pour pouvoir lui faire épouser sa sœur Pétronille ce qui causa en 1138 un conflit avec le comte de Champagne, frère de l’épouse délaissée, plus quelques complications avec le Pape Innocent II ;  un différent qui entraina  une excommunication. Aliénor fut tenue pour responsable de ces problèmes et la confiance du roi envers elle chancelait. Entre 1143 et 1146 Louis VII -- par ailleurs très pieux -- donnait de nombreux signes d’apaisement avec notamment l’annonce, le 25 décembre 1145, de son désir de prendre part à la deuxième croisade prêchée par Bernard de Clairvaux pour porter secours aux États chrétiens de Palestine menacés par les turcs. Il annonça même qu’il serait accompagné de la reine qui, entre temps en bonne épouse, lui avait donné une fille Marie. Le nouveau pape Eugène III finissait par lever l'excommunication et autorisait Louis VII à participer à la  croisade.

 

Cette expédition était différente de la première croisade ; elle était dirigée par des rois, dont les deux des plus importants d’occident, et de nombreux princes ; mais cette organisation avait aussi un gros inconvénient, notamment pour la représentation française qui était encombrée d’un interminable convoi de chariots avec épouses et serviteurs qui  ralentissait considérablement l'avancée des troupes.  Par ailleurs des divergences d’intérêts ne tardèrent pas entre Français et Germains, mais aussi entre Français et Byzantins. Conrad III et Louis VII perdirent tous les deux la majeur partie de leurs effectifs militaires pendant la traversée de l’Anatolie. ils furent décimés par les turcs, les difficultés de ravitaillement et les maladies.  Après leur arrivée à Antioche, les souverains français et germains subirent un revers désastreux à Damas.

Le 8 septembre 1148, Conrad III finit par regagner la Germanie. Louis VII resta en Terre sainte jusqu’au printemps 1149. A ce moment-là, les problèmes avec la reine s’envenimèrent, notamment à cause de sa proximité avec le prince d’Antioche, Raymond de Poitiers, Frère de Guillaume X, et donc oncle d’Aliénor. Des rumeurs d'infidélité et d'immoralité se répandirent.... La nouvelle de la détérioration de leur vie de couple parvint aux oreilles du pape Eugène III qui, par souci de stabilité géopolitique, devait empêcher la séparation du couple.

Le bilan de cette deuxième croisade était calamiteux et il était temps de rentrer, mais le couple royal ne rentra pas ensemble, chacun son bateau, chacun son voyage. Celui d’Aliénor fut pris dans une bataille navale entre byzantins et siciliens  et cela a failli très mal tourner pour  la reine. Elle finit par débarquer en Sicile puis rejoignit le roi qui l’attendait en Calabre. Sur la route de la France ils passèrent par le mont Cassin où ils furent reçus par le pape qui tentait toujours de les réconcilier. Il semble avoir été  un temps écouté. Aliénor donnait naissance à un nouvel enfant l’année suivante mais c’était encore une fille prénommée Aélis, et non l’héritier mâle tant désiré.

Les désaccords revinrent et ce d’autant plus qu’Aliénor était ouvertement courtisée par Henri Plantagenet, fils de Geoffroy, comte d’Anjou, duc de Normandie et époux de Mathilde, héritière du trône d’Angleterre.  Louis VII et Aliénor furent au moins d’accord sur un point : la séparation. Suger l’abbé de la basilique de Saint-Denis entrevoyait les conséquences désastreuses d’un renvoi d’Aliénor aussi  adjurait-il le roi de ne pas la répudier. Louis VII ne l’écoutait plus….. Et puis Suger mourut le 13 janvier 1152 ! Deux mois plus tard le roi se présentait devant une assemblée des prélats les plus importants du Royaume. L’assemblée prononça leur séparation le 21 mars 1152 au nom d’une parenté aux 4ème et 5ème degré. Des chroniqueurs proches du roi disaient « Cette femme ne se conduisait pas comme une reine mais comme un putain » et Aliénor aurait répondu « J’ai cru épouser un roi et non un moine » 

Huit semaines plus tard, le 18 mai 1152,  Aliénor épousait Henri Plantagenet en toute discrétion à Poitiers. Il était d'une dizaine d'années son cadet et avait le même degré de parenté avec elle que Louis VII. Le 17 août 1153 Aliénor mettait au monde leur premier fils, Guillaume.

En cette année 1153, Henri Plantagenet se révéla être un redoutable stratège en obtenant, entre intimidation et négociation, de son cousin Etienne et néanmoins roi d’Angleterre qu'il le choisisse comme successeur. Il faut dire qu’Etienne avait été désigné roi en 1135 au détriment de Mathilde l’héritière naturelle.... et mère d’Henri.  Ce compromis fut ratifié par le traité de Wallingford le 6 novembre 1153. Le roi Etienne décédait 25 octobre 1154 et Henri Plantagenet fut couronné sous le nom d'Henri II à Westminster le 17 décembre 1154 au côté d’Aliénor reine d’Angleterre.

Que pouvait donner cette union? Il semble évident qu'Aliénor était tombée amoureuse du jeune prince, ce qui n'empêchait pas quelques calculs comme de se servir de lui comme elle le fit avec Louis VII pour concrétiser quelques rêves de pouvoir. Il est à craindre qu'Henri ait été plus pragmatique en voyant surtout une belle part de gâteau. Etre à la tête  d’un royaume unissant l’Angleterre et près de la moitié de la France, la dote était belle. Il allait y  avoir forcément un(e) perdant(e)

1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.
1/ Guillaue IX d'Aquitaine   2/ Guillaume X d'Aquitaine  3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine  5 et 6/ Henri VII  7 et 8/ Henri II  9/ Rosemonde  Clifford  10/ Henri le jeune   11/ Richard coeur de Lion  12/ Jean sans terre   13/ Philippe Auguste  14/  Territoires de Henri II   15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.

1/ Guillaue IX d'Aquitaine 2/ Guillaume X d'Aquitaine 3 et 4/ Aliénor d'Aquitaine 5 et 6/ Henri VII 7 et 8/ Henri II 9/ Rosemonde Clifford 10/ Henri le jeune 11/ Richard coeur de Lion 12/ Jean sans terre 13/ Philippe Auguste 14/ Territoires de Henri II 15/ Conquètes territoriales de Philippe Auguste.

Lors du couronnement de Westminster Aliénor était enceinte et c'est le 1er mars 1155 que naissait un second fils prénommé Henri comme son père. L'année suivante elle eut une fille Mathilde mais perdit son premier fils Guillaume.

Le roi et la reine d'Angleterre revenaient souvent sur le continent pour s'occuper de leurs duchés et comtés, des déplacements à peine ralentis par les nombreuses naissances : en septembre 1157 Richard, le futur cœur de lion, en septembre 1158 Geoffroy, en 1161  naissait une  petite Aliénor, puis en 1165 Jeanne et enfin Jean en décembre 1166. la dynastie était assurée, sans compter les nombreux bâtards d'Henri. Aliénor avait 43 ou 44 ans quand est né sont dernier fils Jean, celui qui fut appelé plus tard Jean sans terre. Le roi ne cachait plus ses infidélités et surtout à cette époque sa favorite la jeune Rosemonde Clifford.

 

Vers 1170, Henry II commença à se montrer violent envers Aliénor qui décidait alors de retourner dans sa chère Aquitaine.

Le 29 décembre 1170, l'archevêque Thomas Becket était assassiné dans sa cathédrale de Canterbury pendant qu'il célèbrait les vêpres. C'était l'épilogue d'une amitié entre le prêtre et le roi qui s'est mal terminée quand le prélat refusa d’appliquer la ligne politique voulue par le roi et qui consistait à mettre au pas l’église. Excédé par la résistance de Becket, Henri II aurait déclaré dans un accès de colère « Mais qui donc me débarrassera de ce maudit prêtre » : il fut entendu ! Cet assassinat eut un énorme retentissement dans toute l’Europe y compris chez les familles royales dont la sienne. Becket était révéré comme martyr et Henri II abandonna ses projets politiques et fit pénitence publique en 1172.  

Aliénor s'était installée à Poitiers et c’est Richard, son quatrième enfant et fils préféré, qui gérait la situation en Aquitaine. En 1172 elle l’avait nommé héritier du duché d’Aquitaine sans avoir même consulté son mari.

En mars 1173 Henri le Jeune l’ainé des princes royaux venait d'avoir 18 ans. Il avait une importante suite, mais était bridé par son manque de ressources financières. De nombreux chevaliers lui étaient fidèles, mais il n'avait pas les moyens de les récompenser et était impatient de prendre le contrôle de territoires paternels et de les gouverner par lui-même. L’intention annoncée par le roi de donner les châteaux de Chinon, Loudin, et Mirebeau à Jean, le plus jeune, pour un projet de mariage avec la fille du comte de Savoie, rendit l'ainé furieux et allait le conduire à se rebeller contre son père. Henri dit le jeune fut encouragé par Aliénor et de nombreux aristocrates qui ne soutenaient plus Henri II depuis qu'il avait fait assassiner l'archevêque Thomas Becket.

Pour préparer l’attaque, Henri le jeune s’allia avec son beau-père le roi de France Louis VII. Il  fut bientôt rejoint par ses frères Richard et Geoffroy. Les hostilités commencèrent en Normandie en avril 1173. Aliénor qui cherchait à rejoindre ses fils fut arrêtée et retenue captive. Pendant ce temps là Henri II était aussi attaqué au nord par Guillaume 1er d’Écosse dit le Lion.

Henri II qui se battait sur deux fronts s'occupa d'abord de Guillaume d’Écosse, le capturant avec ses lieutenants. Puis retournant en Normandie, il délivrait Rouen assiégé par le roi de France. Le 30 septembre à Montlouis, Henri le jeune et ses frères se réconciliaient avec leur père. De nombreuses villes et châteaux avaient été détruits, et il y eut nombre de morts. La responsabilité en revint aux conseillers du jeune Henri, et aux barons rebelles qui manipulèrent le jeune prince irréfléchi et inexpérimenté. En décembre 1174 Guillaume le Lion reconnaissait la suzeraineté du royaume d'Angleterre sur le royaume d’Écosse. La seule perdante en restant captive était Aliénor, d'abord à Chinon puis dans divers châteaux d'Angleterre. Elle allait rester prisonnière durant 16 ans.

La mort subite de Rosamonde Clifford la maîtresse du roi Henri II lui a permis de conserver son titre de reine, Henri II n'avait plus besoin d'obtenir l'annulation de leur mariage. Mais sa disgrâce s'est trouvé renforcée par le ralliement de ses fils, incapables de résister à leur père.

Mais bientôt les querelles de succession reprirent entre les frères notamment entre Richard et Henri le jeune. La mort brutale de ce dernier en juin 1183 éteignit le conflit. En 1186 c'est Geoffroy qui était tué lors d'un tournoi. Jean sans terre n'avait pas de velléités bellicistes et les derniers  conflits familiaux opposèrent Henri II à Richard allié au roi de France, Philippe II Auguste. Épuisé le roi d'Angleterre acceptait sa reddition totale. Le 6 juillet 1189 le roi Henri II décédait et Richard cœur de Lion, nouveau roi d'Angleterre, libérait enfin sa mère. 

Aliénor avait alors près de 67 ans  mais elle n’avait rien perdu de sa vitalité et de sa soif de combat. Elle parcourut alors l'Angleterre, libéra les prisonniers d'Henri II et leur fit prêter serment de fidélité au nouveau roi. Puis en l’absence de Richard 1er parti en croisade c'est elle qui gouverna en son nom jusqu'en 1191. Comme celui-ci était parti de façon quelque peu impromptue, elle s’élança à sa suite avec Bérangère de Navarre, sa promise. Après avoir traversé en hiver la France et l’Italie elles rejoignaient Richard en Sicile, alors qu’il était sur le point de s’embarquer pour la Terre sainte. La première étape fut Chypre que son armée conquiert en quelques jours et où Richard  épousa Bérengère le 12 mai 1191 en l’église St Georges de Limassol. Bérangère nouvelle reine d’Angleterre.

Aliénor n’est pas allée à Chypre elle est rentrée immédiatement en Angleterre afin d’empêcher son plus jeune fils de trahir son frère dont il contestait le pouvoir. Elle n’y arriva qu’un temps, le temps de la croisade.

Cette troisième croisade ne fut guère pas glorieuse que la précédente. Le roi de France Philippe Auguste avait quitté les champs de bataille dès août 1191 pour rentrer s'occuper de son royaume. Richard 1er continuait à combattre le Sultan Saladin, remportant des victoires qui lui valurent le surnom de cœur de lion jusqu'à la dernière bataille de Jaffa qui permis de conclure un traité de paix honorable avec Saladin. Le 9 octobre 1192 , Richard embarquait pour revenir en l'Europe.

Mais sur le chemin du retour Richard fut capturé par le duc Léopold V de Babenberg qu'il avait publiquement insulté durant la croisade. Il fut ensuite livré à l'empereur Henri VI du Saint Empire. Celui réclama une rançon équivalent à deux années de recettes du royaume d'Angleterre.

Aliénor d'Aquitaine qui avait 70 ans se mit en quête de rassembler cette somme astronomique. Deux ans plus tard elle ne put remettre que les 2/3 de la somme exigée mais Henri VI qui accepta quand même de libérer Richard. Celui-ci ne retourna pas en Angleterre; il consacra tout son temps à repousser les velléités du roi de France à lui prendre ses terres de France. En mars 1199 il fut gravement blessé par une flèche lors du siège du château de Chalus. La blessure se gangrena et il mourut le 6 avril 1199 en Limousin sur la route de Poitiers auprès de sa mère qui s'était portée vers lui dès qu'elle avait appris la nouvelle.

En 1194  dès la libération de Richard et sa réconciliation avec son frère Jean sans terre --  celui-ci gouvernant l'Angleterre tandis que le fils préféré guerroyait pour conserver ses territoires continentaux -- Aliénor considérant  sans doute sa tâche accomplie, se retirait au prieuré Sainte-Marie-Madeleine. Mais elle ne vécut pas là hors du monde. Ame de la résistance des Plantagenêts contre les Capétiens, elle était encore assez souvent obligée d'agir....... en janvier 1200 à 78 ans elle se rendit en Castille où elle alla chercher sa petite fille Blanche promise  au prince Louis de France, le futur Louis VIII.

Début 1202 elle se retirait à L'abbaye de Fontevraud où la mort vint la prendre le 1er avril 1204 à l'âge canonique pour l'époque de 82 ans. Elle avait vécu près ou plus du double d'âge de tous les hommes qu'elle avait, au moins un temps, aimés : père, époux et fils. Incroyable destinée ! 

 

Pour faire ce billet j'ai  cherché des informations sur internet dont Wikipédia bien sûr mais aussi d'autres sites où j'ai abondement pioché. Toutefois pour rester cohérent dans cette grande histoire j'ai surtout suivi la ligne d'un très beau livret de 44 pages dont l'auteur est Elie Durel. Livret publié au 1er semestre 2017 par La Geste.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article