Voyage au Brésil..... Salvador de Bahia
La veille, nous avions quitté Rio de Janeiro en avion vers 16 H, pour rejoindre Sao Paulo, plaque tournante du trafic aérien, et encore une fois nous avons connu le désagrément des retards de correspondances ; ce n'est que vers 21 h 30 que nous avons pu nous envoler pour Salvador de Bahia, la dernière étape de notre parcours brésilien. Une étape mythique qui s'avéra décevante dans la mesure où, entre le départ de Rio le jeudi et l'envol pour Paris le dimanche soir, nous avons passé plus de temps en attentes forcées en aéroport et hôtels qu'à visiter la première capitale du Brésil (sur 1,5 jour). Capitale du Brésil de 1549 à 1763, Salvador de Bahia a été un point de convergence des cultures européennes, africaines et amérindiennes. La colonie fondée en 1549 par Tomé de Sousa est rapidement devenue le centre de la culture de la canne à sucre et plaque tournante de la traite négrière.
Nous sommes donc arrivés, très fatigués, à notre hôtel de Salvador vers minuit. Notre chambre était située au 10ème étage d'un hôtel haut d'au moins 15 étages, d'où quelques problèmes pour rejoindre le matin la salle de restauration où nous avons très copieusement profité du buffet faute de repas la veille au soir. Notre guide, Nicolas, était lui aussi un français expatrié mais depuis moins longtemps que son collègue de Rio (6 ou 7 ans). Notre premier contact, la veille, dans le car qui nous emmenait à l'hôtel, entre faim et sommeil, ne fut pas le plus enrichissant même s'il évoqua les problèmes de corruption au Brésil dans le monde politique....... Le programme de ce 1er jour de visite (et pratiquement le seul) était à priori intéressant car nous allions visiter la ville historique, partagée entre ville basse et ville haute, qui s'est développée au pied et au sommet d'un escarpement qui culmine à environ 70m et qui correspond sensiblement au Salvador de Bahia décrit dans les livres de Jorge Amado dont l'un "Les pâtres de la nuit" m'accompagne pour ce voyage. Salvador de Bahia qui avait environ 350.000 habitants en 1950 et qui aujourd'hui en a 10 fois plus ; c'est dire que la ville a beaucoup changé avec surtout plus de favelas, mais aussi une multitude de très grands buildings modernes à l'image de notre hôtel, ou encore des quartiers huppés avec de très belles maisons : un ensemble disparate que nous apercevons ou plutôt devinons du car.
Notre premier arrêt fut bref, pour cause d'orage, au légendaire phare de Barra à l'extrémité de la pointe du Padräo. Destiné à protéger les navires qui entrent dans la baie de Tous les Saints. Il s’élève au-dessus du fort Santo Antônio da Barra, construit en 1536.
Sous le déluge nous sommes rapidement remontés dans le car qui nous a conduit au centre de la ville haute qui se compose de rues et de monuments de l'époque du Brésil colonial. Le Pelourinho signifie le petit pilori, en référence à l'ancienne place, lieu des punitions infligées aux esclaves ; sur cette place se trouvent le musée de la ville et la maison de Jorge Amado.... Le centre historique est depuis les années 1990, restauré et inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. Il est un peu l’âme de Salvador, le quartier incontournable pour découvrir la diversité de la ville. Sur un chemin de pavés, les bâtiments baroques aux couleurs pastel s’y dressent formant une charmante petite ville coloniale. Au cours de la matinée nous avons déambulé de la praça da sé où se trouve une statue de Zumbi dos Palmares, chef d'esclaves en révolte à la fin du 17ème siècle qui s'étaient constitués en région autonome, puis nous avons rejoint la Casa de Câmara e Cadeia et la statue de Tomé de Sousa qui fut chargé par le roi du Portugal de fonder une ville fortifiée à Bahia et qui débarqua le 27 mars 1549 avec le titre de gouverneur général de la province de Bahia. Salvador de Bahia fut inauguré pour la Toussaint de la même année. Ce bâtiment, qui a beaucoup évolué par la suite, fut le premier lieu de pouvoir à Bahia. Avant de rentrer au Portugal cinq ans plus tard Tomé de Sousa fit aussi construire le palais Rio de Branco qui devait devenir le centre de l'administration portugaise.
Nous avons admiré les nombreuses décorations du quartier puis nous avons rejoint les lieux de culte, la cathédrale basilique, l'église du Tiers-ordre de St François et le couvent de St François.
Après cette sympathique balade et ces quelques excès de religiosité frisant la crise de foi il était temps de se restaurer. Nicolas nous a entrainés dans un restaurant typique où l'on nous a servi la spécialité locale : la Moqueca qui est une sorte de ragout de poisson et de fruits de mer, lié par un lait de coco et accompagné de riz blanc et d'un pirao, sauce à base du jus de cuisson du poisson, épaissie à la farine de manioc..... C'est toujours agréable de découvrir une spécialité notamment à base de poisson ! Une bonne bière blonde locale aida quand même à faire passer le peu de sauce que j'avais goûté.
En quittant le restaurant nous sommes descendus vers la ville basse. En croisant quelques musiciens je me suis rappelé que le grand musicien Gilberto Gil était aussi natif de Salvador de Bahia en plus d'avoir été ministre de la culture sous la présidence de Lula da Silva.... qui ne semble toujours pas être un copain de notre guide....
Ensuite nous sommes allés nous balader vers le port de plaisance avant de prendre le car pour nous rendre dans le quartier où se trouve l'église de "Nosso Sehnor do Bonfim", réputée pour ses miracles. L'église fut érigée au XVIIIe siècle en haut d'une colline. Son architecture et sa décoration sont classiques mais ce qui fait son originalité c'est la sala dos milagres et les rubans multicolores exposés (et à vendre) qui représentent les vœux des croyants.
De retour au port nous avons terminé l'après midi dans le "mercado modelo", un marché pour touristes où nous n'avons pas trop trouvé notre bonheur..... Un lieu qui mérite quand même le détour en souvenir, ou devoir de mémoire, des malheureux esclaves qui arrivant d'Afrique y étaient parqués dans l'attente des ventes aux enchères. Rappelons qu'au Brésil l'abolition de l'esclavage ne date que de 1888.
Le soir nous avons diner à l'hôtel, récupérant le repas que nous n'avions pas pu prendre la veille au soir en arrivant trop tard. Un très beau buffet et j'en fus bien content car je ne voulais pas m'endormir sur le souvenir de la sauce de la Moqueca.
Notre dernière matinée à Salvador de Bahia était une matinée libre ou plus prosaïquement une matinée sans programme hormis la nécessité de préparer les valises pour notre retour en France. Le guide nous avait conseillé de retourné au Pelourinho où il y avait tant de bâtiments et d'églises à visiter et finalement peu distant (1/2 h de marche) de notre hôtel. Finalement nous avons préféré rester à proximité de l'hôtel, avec ses plages, un joli parc, son musée géologique fermé et son église entrouverte. Cette petite balade matinale de proximité plus la préparation des valises suffisaient à occuper la matinée. A midi nous avons pris notre repas libre (à nos frais) au restaurant de l'hôtel où nous avions si bien mangé la veille au soir. Du groupe de 18 nous étions les seuls ; certain(e)s étaient retourné(e)s au centre ville historique et d'autres étaient restés dans leur chambre pour regarder le match de football France / Argentine. Au restaurant nous étions quelque peu éloignés du poste de télévision et je me désintéressais du sujet sauf quand il y avait un but de marqué et que les clients proches du poste applaudissaient. J'ai mis quelques temps à comprendre que c'était des brésiliens qui soutenaient l'équipe de France et qu'un jeune homme un peu à l'écart et qui applaudissait à contre temps était le seul argentin du restaurant.
Vers 15 h Le car et le guide sont venus nous chercher pour nous conduire à l'aéroport. Nous avons fait le vol Salvador de Bahia - Sao Paulo sans problème mais c'est ensuite que ça s'est gâté..... Pour cette dernière partie je vais faire court car j'ai déjà fais un billet sur les tracas de retard et reports de vols durant ce voyage auquel j'invite le lecteur à se reporter. L'avion pour Paris devait décoller pour 21 h 30 et à minuit nous n'avions toujours pas d'information sur une possibilité d'embarquement à cause d'un problème de maintenance et ce dans une ambiance révolutionnaire des passagers brésiliens. A 1h on nous a fait récupérer nos bagages, nous sommes repassés par la douane et tous les passagers furent conduits dans un grand hôtel de Sao Paulo pour un vol reporté au lendemain. Nous n'avons pu avoir la chambre que vers 4 h et il y avait encore beaucoup de monde derrière nous. Nous avons pu, enfin passer une journée ensoleillée à Sao Paulo et pas que des nuits, mais sans nous éloigner de l'hôtel, l'horaire du départ étant resté longtemps incertain. Nous avons bien mangé et même fait quelques sympathiques rencontres. Nous avons envoyé mails ou sms à la famille et annulé note réservation SNCF de ce jour, faisant d'ailleurs, avec notre portable, la même opération pour quelques compagnons de voyage et d’aider une famille brésilienne à confirmer leurs réservation hôtelières de Paris malgré ce retard d’une journée.
A 17 h le car venait nous prendre à l'hôtel pour nous conduire à l'aéroport de Sao Paulo que nous avons quitté sans regret et peu envie d'y revenir pour embarquer à 21h 30 pour un vol sans histoire et une arrivée à Roissy dans les temps pour récupérer un train et rentrer à la maison.