Croisière sur le Nil ...... Première journée, découverte des temples de Karnak et de Louxor.
C'est un voyage que nous n'avions pas prévu, du moins pour cette année.... Mais voilà, un autre projet, un peu plus lointain, un peu plus fatigant, dut être abandonné.... C'est lors d'une soirée fin janvier que l'hypothèse d'un voyage au pays des pharaons s'est dessinée. Un couple ami nous informait qu'il avait réservé un voyage en Égypte pour début avril. L'idée de les accompagner n'était pas saugrenue ni pour eux ni pour nous et dès le lendemain matin nous étions à l'agence de voyage pour voir si ce n'était pas trop tard : affaire conclue, sauf que nous, nous ne partirions pas de province mais de Roissy.
Deux mois plus tard, après un vol d'un peu moins de cinq heures au cours duquel nous avons pu admirer les alpes enneigés, les côtes de la Croatie, la Méditerranée et l'île de Malte mais pas le Nil, nous sommes arrivés à l'aéroport de Louxor vers 18 h 30 et vers 20 h nous montions à bord du "Marquise", notre bateau de croisière. Au restaurant pour le repas du soir, nous n'étions pas très nombreux ; une grande partie des croisiéristes, ceux en partance d'aéroports de province, n'arriveraient qu'au milieu de la nuit, dont nos amis.
Nous nous sommes retrouvés au petit déjeuner, au cours duquel nous avons appris que nous faisions partie du groupe Horus, du nom d'un "bon" dieu de l'Égypte antique ce qui était déjà un signe positif ; signe qui se confirma quand nous avons fait la connaissance d'Ahmed notre guide qui s'avéra très rapidement être un guide exceptionnel.
Je fais maintenant une pause dans la description de ce début de voyage découverte, pour emprunter aux deux premiers livres de la collection "Histoire et civilisation" du Monde (30 livres), un cadeau que je me suis fait 2014. Pour le lecteur qui a peut-être besoin de quelques repères voici une présentation des deux premiers livres: Livre 1 : Les premiers pharaons. et livre 2 : L'empire égyptien. J'avais un peu révisé avant de partir et je fus content de voir que ça correspondait assez bien aux premières explications d'Ahmed.
« La naissance de l’Égypte pharaonique fut un processus long et complexe. L'apparition d'une royauté unique en constitua la manifestation la plus spectaculaire. Au cours des premiers siècles de son existence, elle créa une architecture monumentale et produisit un art original, témoin d'une civilisation brillante. Ce développement n'avait pourtant rien d'inéluctable. Vers la fin du IVe millénaire, plusieurs royautés précoces apparurent dans la vallée du Nil, entre la Méditerranée et le nord du Soudan. L'intégration de ces espaces très divers et de leurs populations variées, tantôt par la force, tantôt par la négociation, s'étala sur plusieurs siècles. La consolidation du pouvoir pharaonique connut des phases de centralisation et des périodes de division politique. Les inscriptions des protagonistes de ces événements ainsi que les premiers textes littéraires connus en fixent le souvenir. De même, les fouilles archéologiques nous révèlent un monde méconnu jusqu'à une période récente, à commencer par les sites urbains, les ports ou les régions lointaines parcourues par des agents du roi en quête de produits de luxe. Ce premier livre analyse avec clarté la formation de la monarchie pharaonique et son évolution jusqu'à l'avènement des grands conquérants du milieu du IIe. Millénaire. »
« Le début du Nouvel Empire marque une période fastueuse pour l'Égypte. L'architecture monumentale trouve des expressions inédites, comme les temples de Karnak ou Abou Simbel. Le trésor de la tombe de Toutankhamon constitue une icône du pouvoir des pharaons, tandis que la délicatesse des scènes funéraires dans les tombes des grands dignitaires nous livre un aperçu unique de la vie de l'élite. Des découvertes exceptionnelles, comme les lettres d'El Amarna, révèlent la complexité des relations internationales, quand l'Égypte devint un acteur de premier ordre dans la géopolitique du Proche-Orient. Même le domaine religieux n'échappa pas aux exigences révolutionnaires, comme l'atteste le culte d'Aton, promu par Akhénaton et Néfertiti. (Une petite parenthèse dans cette présentation pour mentionner un billet que j'ai fait sur ce sujet en mai 2016: Lutte de pouvoir religieux en Egypte antique: Aton ou Amon ). Le contrôle des richesses devint un enjeu capital pour financer toutes ces réalisations avec des conséquences lourdes pour l'avenir du pays. A l'intérieur, les temples sont devenus de véritables "agences de gestion" contrôlant des ressources énormes. A l'extérieur, d'âpres disputes pour le contrôle du Levant opposèrent les grandes puissances de l'époque. La dissolution de l'empire pharaonique en Nubie et au Levant, les invasions des libyens et des " Peuples de la mer " et l'indépendance grandissante des temples scellèrent le destin du Nouvel Empire.»
Pour cette première matinée nous avons visité le temple de Karnak. Sa construction s'est étalée sur plus de deux millénaires avec des successions de constructions, de modifications, de rajouts, de destructions, de remaniements, etc....., qui en fit le centre religieux le plus étendu de l'Égypte antique. Principal lieu de culte sous le nouvel Empire il était sensé être le lieu de résidence de la triade Thébaine (Thèbes ancien nom de Louxor) dont le dieu Amon-Ré, son épouse la déesse Mout et leur fils Khonsou.
Le temple de Karnak présente l’agencement classique de tous les temples à savoir : un embarcadère près du fleuve, une allée principale, un pylône, une cour à colonnades, une salle hypostyle et un sanctuaire. Il présente aussi la caractéristique d’avoir deux axes architecturaux. Le premier perpendiculaire au fleuve et donc orienté est-ouest et le second s'étendant du nord au sud à partir du troisième pylône.
L'aménagement du site fut décidé au fil du temps par Aménophis II (1427-1400 av J-C) , puis par Aménophis IIII (1390-1352 av J-C) Akhenaton (1352-1336 av J-C), Séthi Ier qui fit édifié la grande salle Hypostyle (1294-1279 av. J-C), et encore quelques modifications sous Ramsès II (1279-1213 av. J-C), puis sous Alexandre le Grand (332-323 av. J-C).
(L'Empire Egyptien pages 111/112)
Le début d'après-midi de cette première journée fut consacré à un moment de repos pour ceux qui étaient arrivées au milieu de la nuit voire même aux premières heures de ce jour. Ensuite et avant d'aller visiter le temple de Louxor il y eut un temps d'organisation et d'explications avec notre guide. Qui ferait la visite d'Abou Simbel ? presque tout le monde sauf un couple avec des enfants (100 euros par personne + départ à 3 h du matin + 8 heures de route aller retour pour 2 heures de visites : ça demande réflexion). Qui ferait les balades en Montgolfière (50 euros par personne) au dessus de Louxor ? Personne ne fut intéressé. Vers 16 h nous avons quitté le bateau pour visiter le temple de Louxor.
Même si l'on suppose qu'un temple s'élevait à cet endroit sous le Moyen Empire, les vestiges les plus anciens datent de la XIIIe dynastie. Comme toujours dans ce type de monument, de nombreux rois contribuèrent à sa construction. Néanmoins, la forme actuelle du temple de Louxor remontera au règne d’Hatchepsout. La cour agrémentée de colonnes qui précède la partie intime du temple fut crée par Aménophis de même que la grande colonnade qui lui fait suite. Mais ce fut le grand Ramsès II qui se chargea de terminer l'agrandissement de l'édifice en ajoutant une autre colonnade ainsi que le pylône de la façade, décoré de scènes de la bataille de Qadesh. Enfin, Alexandre le grand remplaça l'autel de la barque et les Romains construisirent un campement pour y héberger leurs légions.
Amont de Thèbes, le dieu adoré dans ce temple et que les Egyptiens appelait "l'Opet du sud" , avait une importance particulière lors de la fête de l'Opet, célébrée tous les ans le 15e ou 19e jour du deuxième mois de la saison des crues. Sous le règne d'Hatchepsout, les statues d'Amon, de Mout et de Khonsou partaient en direction du temple de Louxor, parcourant l'avenue de sphinx et s'arrêtant sous les kiosques répartis tout au long du chemin ; le retour se faisait par voie fluviale. A l'époque d'Aménophis III, les trois statues faisaient l'aller-retour en barque. Le but de la cérémonie était de régénérer la puissance du pharaon, celui-ci intervenait très probablement de façon active dans la procession. Il s'agissait d'un jour de grande fête dans toute la ville et les habitants participaient à l'allégresse des festivités.
(L'Empire Égyptien pages 115/116)
Avant de retourner au bateau-hôtel-restaurant Ahmed nous a emmené à l'institut du papyrus où nous avons pu admirer quelques magnifiques exemplaires exposés. On nous a fait une démonstration de fabrication. Je n'ai pas trop suivi les explications mais j'ai pris quelques photos. J'avais aussi fait, du car, quelques photos en traversant Louxor.
Pour le deuxième jour nous aurons une matinée assez chargée en visitant la nécropole thébaine. Dans l'après midi notre bateau de croisière lèvera l'ancre pour remonter le Nil. Ca sera au menu du prochain billet.