Histoire de rôles ...... La déclaration des Droits de l'homme.

29 Avril 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen fut adoptée par l'Assemblée le 26 août 1789. Les hommes naissent libres et égaux en droits : voilà une idée neuve qui allait radicalement bouleverser les mentalités. Après plus d'un mois et demi d'évènements importants, l'Assemblée venait, après six jours de débats intenses d'en adopter la version définitive. Il s'agissait à la fois de balayer les justifications théoriques des anciens privilèges et de poser les principes du nouveau régime que les constituants ont été chargés de mettre en place. L'ampleur de la tache explique que les députés en aient si longuement débattu. Rappelons que l'Assemblée s'est proclamée Assemblée nationale Constituante le 9 juillet 1789 et dès le 11 juillet, La Fayette, fidèle à son vieux rêve né en Amérique, et qui espérait enfin pouvoir jouer un rôle à sa hauteur, déposait de bonne heure sur le bureau de l'Assemblée son avant projet de Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.... dont ils n'auront pas le temps de débattre avant longtemps. Ils auraient du se méfier, tout cela était trop beau pour être vrai. La nouvelle du renvoi de Necker va les frapper de plein fouet, et s'ils n'y avait que cela ! .... (Source Claude Manceron : Les hommes de la liberté 1787/1789. Page 426.).
La Fayette avait soumis son texte quelques jours auparavant à son ami Thomas Jefferson, alors ambassadeur des États-Unis en France. Une version annoté par le futur président américain se trouve à la Bibliothèque du Congrès. Les discussions entre deux hommes sur le sujet sont même plus anciennes : dès janvier 1789, Jefferson évoque dans une lettre, un premier texte, à son ami. Début Juin, lors de l'opposition de Louis XVI aux États généraux, il propose un canevas sur lequel travailler à La Fayette mais aussi au Pasteur Rabaut Saint Etienne, en précisant : « Je n’ai d’autre excuse que l’amour pour votre nation et ma peur douloureuse du despotisme. » (Source : magazine de juillet 2013.L'Histoire La révolution française, aricle de l'historien Philippe Joutard.) Jefferson ne répondit pas à d'autres députés de la Constituante, n'accordant sa pleine confiance qu'à La Fayette et le texte que celui-ci déposa en urgence le 11 juillet était proche de la déclaration de Virginie voté en 1776 dont Jefferson fut gouverneur entre 1779 et 1785 avant de devenir en 1801 le troisième président pour deux mandats.
Le 12 juillet, la nouvelle du renvoi de Necker provoque la colère du peuple parisien qui se soulève. A Versailles, les députés apprennent avec angoisse la situation d'émeute à Paris et craignant des interventions armées l'Assemblée nationale décide de siéger en permanence. Le lendemain, la Bastille, symbole de l'absolutisme royal est prise par le peuple.
Le 15 juillet le roi, accompagné de ses frères, vient annoncer à l'Assemblée sa décision d'éloigner les troupes de la capitale. Une délégation de députés dirigés par Bailly et La Fayette. se rend à l'hôtel de ville où ils sont accueillit aux cris de « vive la nation et vive les députés.» Les vainqueurs de la Batille réunis en commune de Paris, désignent Bailly comme Maire de Paris et La Fayette fut nommé commandant général de la garde nationale. Effrayé par la colère populaire, la bourgeoisie et une grande parie de la noblesse et le roi comptent sur ces nouvelles institutions pour rétablir le calme. D'ailleurs dès le lendemain Louis XVI rappelait Necker....Puis le 17 juillet Louis XVI reçoit des mains de Bailly la cocarde tricolore..... La révolution devient vraiment nationale, avec l'émigration de la noblesse de cour et les villes de province qui se révoltent à leur tour et puis grande peur qui s'empare des paysans..... Enfin cette folie et brutale évolution politique débouche sur la nuit du 4 août avec l'abolition des privilèges dans l'enthousiasme. L'ancien régime n'est plus !
Le 20 août un semblant de calme conduit les constituants à reprendre les débats sur les Droits de l’homme. Il semble évident que projet de La Fayette-Jefferson ne fut que partiellement retenu d'autant que La Fayette en devenu commandant de la garde nationale n'était plus député (et que Jefferson était sur le point de quitter son poste d'Ambassadeur en France.). Il y avait parmi les constituants des députés importants très modérés : Malouet estimait que les français n'étaient pas assez murs pour entendre ce texte. Et Mirabeau renchérissait :« C'est un voile qu'il serait impudent de lever tout à coup, c'est un secret qu'il faut cacher au peuple.». Quel est ce secret que contient la Déclaration ? « L'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seuls causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements. » dit le préambule. Ce sont des droits naturels et imprescriptibles de l'individu, la liberté, la propriété, la sureté, et la résistance à l'oppression, que l'on proclame ici. La notion de liberté fonde à elle seule une grande partie de la Déclaration. Elle lui confère une finalité pratique évidente puisque ce sont toutes les pratiques de la monarchie et tous les privilèges qui sont condamnés par la même occasion. (Source Chroniques de la révolution. page 121).

Il n'en demeure pas moins que cette déclaration de la révolution française est plus timorée que la déclaration de Virginie et c'est le cas pour la liberté de conscience et de celle de la presse. Rappelons que cette Déclaration de Virginie a directement et clairement inspiré les débuts de la Déclaration d'indépendance américaine, proclamée quelques semaines plus tard le 4 juillet 1776, ce qui lui a donné un rayonnement considérable. Rien de surprenant dans cette parenté, puisque, puisque le rédacteur principal de cette déclaration est virginien : Thomas Jefferson. Qu'on en juge d'après les trois premiers articles les plus célèbres du texte français : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune » ; « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sureté et la résistance à l'expression » ; « Le principe de toute souveraineté réside principalement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément » On ne peut manquer d'être frappé par les points communs avec les deux premiers articles de la Déclaration des droits de la Virginie (*) : « Que tous les hommes sont nés également libres et indépendants et qu'ils ont certains droits inhérents dont il ne peuvent, lorsqu'ils entrent dans l'état de société, priver ni épouiller par aucun contrat leur postérité : à savoir la vie, la liberté et la recherche du bonheur » ; « Que tout pouvoir est dévolu au peuple, et par conséquent émane de lui ; que les magistrats sont ses mandataires et ses serviteurs, et lui sont comptables à tout moment ». On comprend que si le texte de La Fayette qu'il avait soumis à son ami Jefferson n'avait pas intégralement retenu par la majorité des constituants, préférant s'appuyer, en la minorant un peu sur la déclaration de Virginie qui fut rédigée par George Mason accompagné (comme inspirateur) de Thomas Jefferson et adoptée et incluse dans la Constitution de Virginie le 12 juin 1776 (*).

(*) La Déclaration des droits des Etats-Unis est l'ensemble constitué des dix premiers amendements à la constitution américaine. Elle limite les pouvoirs du gouvernement fédéral et garantit les libertés de presse, de parole, de religion, de réunion, le droit de porter des armes, et le droit de propriété. Adoptée par la chambre des représentants le 21 août 1789 et le Congrès le 26 septembre suivant, elle est ratifiée progressivement par les États fédérés, et prend effet le 15 décembre 1791 date de ratification de la ratification par la Virginie. (Source Wikipedia)

La Fayette et Jefferson

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