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Histoire de rôle ..... Mary Kingsley, une odyssée africaine.

11 Décembre 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #Histoire de rôles

 J'ai découvert le livre « Une Odyssée Africaine » de Mary Kingsley dans les années 90, sans doute vers 1995 ; c'est un livre intéressant mais un peu confus et parfois très dérangeant ;  aussi je choisis en introduction à cet article de reporter la préface, de son ami Rudyard Kipling, qui figure au dos du livre : « Cette femme, en Angleterre, est une figure de légende. En tant que qu'être humain, elle doit bien connaître la peur, mais personne n'a jamais pu découvrir de quoi. Qu'une femme ait pu vivre, et vivre seule, d'aussi incroyables aventures dépassaient selon lui l’entendement. Ce qui frappe dans ces pages, une fois dépassée la stupeur, c'est le ton choisi par l'inflexible Mary : humour, distance, presque dérision. Ses méthodes, également, surprennent. Contrairement à bien d'autres, elle voyage « léger », refuse de se faire porter, traverse à la nage des marécages infestés de crocodiles, apprend à conduire seule une pirogue et mange sans sourciller tout ce qu'on lui offre.
Mais ce qui suscite notre admiration, c'est son absence de préjugé: contre l'avis des missionnaires, elle défend la polygamie ; enfin et surtout, elle s'ingénie comme nul autre à saisir le fondement des coutumes et institutions des tribus qui l'accueillent, posant les bases de ce qu'il faut bien appeler l'ethnographie moderne.»

 Mary Kingsley est née le 13 octobre 1862 à Londres ; elle est la fille de George Kingsley médecin et chercheur et de sa gouvernante Mary Bayley. Les parents de Mary Kingsley se sont mariés quatre jours avant sa naissance, lui évitant de justesse le titre d’enfant illégitime. Son père passe son temps à voyager aux quatre coins du monde et Mary, adolescente devait s'occuper de sa mère invalide. Elle n'est pas scolarisée, mais lit beaucoup, puisant des ouvrages d'histoire naturelle et de sciences dans la bibliothèque de son père. Elle apprend aussi les langues le latin, l’allemand, l’arabe, les sciences, physique et chimie, et dévore les récits de voyages des grands explorateurs : comme ceux de Stanley, Livingstone et Brazza. Elle devient aussi l’assistante de son père et l’aide à cataloguer tous les échantillons et spécimens qu’il fait envoyer à Londres.
 Et soudain, en 1892, la vie de Mary change radicalement en à peine six semaines. D’abord, son père décède des suites de la maladie de Bouillaud, suivi quelques semaines plus tard par sa mère. Du jour au lendemain, Mary se retrouve seule… et libre, pourvue d'une petite rente, elle peut enfin mettre un terme à trente années d'ennuis, elle embarquait en août 1893 pour rejoindre l'Afrique : (Page 24) « Pendant ce voyage j'ai profité des conseils du capitaine Murray, commandant du vaisseau. Il s'aperçut vite que j'entretenais nombre d'idées erronées sur l'Afrique et entreprit d'y remédier pour faciliter mes premiers contacts avec le continent, m'apprenant tout ce qu'il avait acquis durant ses trente années de navigation le long de la côte.»  Le navire fit escale en Sierra Leone, puis continua sa route vers l'Angola. En octobre 1893, elle atteint Cabinda, une enclave angolaise en territoire du Congo belge où elle pu passer deux semaines au comptoir de Richard Dennet où elle apprit encore beaucoup. Le vaisseau remonta ensuite le Congo jusqu'au port de Matadi. En amont le fleuve n'était pas navigable à cause des rapides d'Inga ; un chantier de construction d'une ligne de chemin de fer, était en cours; des travaux suivis par Stanley. Elle y constate des sévices commis : travaux forcés et autres atrocités. Elle découvre aussi les ravages causés par le climat équatorial et la maladie du sommeil. Mary et capitaine Murray décident de quitter un pays où règnent la violence et l'insécurité pour naviguer vers le Congo français.

Toujours en jupe noire, les cheveux relevés en un chignon impeccable, Mary ne recule devant aucun danger. Elle sillonne jungles et marécages pour recueillir des données scientifiques. Accompagnée de quelques porteurs, elle voyage léger, dort dans des huttes, accepte sans sourciller la nourriture qu'on lui propose. Elle parvient aussi dans des contrées qu'aucun blanc n'a parcourues fait de la pirogue, traverse des fleuves infestés de crocodiles.... 
 Page 148 : « L'île de Lambaréné est la plus vaste de toutes celles qui encombrent le cours de l'Ogooué. Elle s'étend sur quelques quinze milles en longueur, d'est en ouest, pour un mille à un mille et demi de large. Il s'agit de collines rocheuses et uniformément boisées ; plusieurs rus en dévalent des flancs pour se jeter dans l'Ogooué. Elle se situe à cent trente milles de la mer, juste au pont où le fleuve, en aval du confluent avec le Ngounié, se divise en une multitude de bras, comme la plupart des fleuves de l'Afrique occidentale à l'exception du Congo. Je ne cessai guère de penser à cette île pendant mon séjour à Kwangwé, surtout depuis que je sentais capable de diriger un canot. »
 Lors de son périple, Mary Kingsley s'est prise de passion pour les Fangs, Un groupe ethnique Bantou qu'elle a surtout rencontrée au Gabon, mais aussi un peu partout en Afrique centrale. (Pages 242 et  243). « Je voudrais revenir sur la raison qui amènent les Fangs à collecter des marchandises. En fait la raison en est très simple : le prix des femmes est très élevé. Les Fangs se marient à l'intérieur de leur tribu, laquelle occupe un vaste territoire d'où est exclu tout autre peuple avec qui nouer des alliances. »
 L'un des moments de bravoure de son livre est sa montée du mont Cameroun: Extraits pages 418 à 419. « Nous montons aussi verticalement que possible mais la progression est rendue difficile par la physionomie de la paroi, parcourue de longues nervure pierreuses qui descendent à pic, de plus en plus nombreuses avec l'altitude ; en outre la roche, rongée par les intempéries, devient friable et se délite sous nos pas. [....] Nous avons déjà gravi six cent pieds quand la brume déferle en vagues ondulantes des sommets qui nous dominent. Une fois de plus,  je me demande s'il est bien raisonnable d'exposer la vie de mes hommes. [...] Puis me retournant je décide d'affronter la brume déferlante. [...] Bientôt, je me retrouve au bout d'une arête rocheuse, dans une étroite vallée ; je continue à progresser en direction d'un pic dont je repère bientôt un caim (un monticule de pierres indiquant un passage)   [...]   Hélas, parvenue au but je trouve un brouillard plus épais que jamais. Je me contente de ramasser quelques spécimens géologiques, puis je prends soin de placer dans le caim  ma carte de visite.»

 De retour en Angleterre, elle est devenue la coqueluche de la bonne société. Mary Kingsley multiplie les conférences, n'hésitant pas à défendre des convictions au parfum de soufre, dont la nécessité de respecter les mœurs locales, jusqu'à la polygamie ! Des missionnaires qui évangélisent en détruisant les croyances africaines, elle se méfie. Mais si elle reproche à la couronne britannique son manque d'égard pour le peuple, c'est au nom de la gloire de l'Empire. Elle deviendra d'ailleurs conseiller du premier ministre Arthur Neville Chamberlain. Mais s'ennuie-t-elle dans la sage Angleterre? En 1899, elle est de nouveau sur le départ. Cette fois elle met cap sur l'Afrique du Sud, où la guerre coloniale des Boers fait rage. La voilà infirmière au service des blessés. C'est là qu'elle succombera à une fièvre typhoïde, le 3 juin 1900.  

Sources : 
Extraits du livre « Une Odyssée Africaine » avec quelques réductions ou simplifications. 
Extraits d'un article consacré à Mary Kingsley le Point Référence (sep.-Oct.2014) Ces voyages qui ont changé le Monde. Avec encore des réductions et simplifications et un oubli volontaire concernant le titre de l'article. 

Quelques extraits résumés de Wikipédia pour lier les paragraphes. 
Enfin quelques modifications que j'ai apportées aux extraits empruntés pour des territoires africains que je connais comme l'enclave de Cabinda et le Port de Matadi.    

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