Blog à part.....premiers pas
Cela fait quelques temps que je souhaitais coucher par écrit des souvenirs, assurer une trace…. cela était toujours repoussé à plus tard, faute de temps : A la retraite….dès que je serai à la retraite je m’y mettrai et voila déjà 6 mois de passés et, très, trop occupé, à ce jour je n’ai accouché que de….. presque rien.
En début d’année j’ai lu un remarquable livre de Paul Auster ; ce n’était pas le premier de cet auteur que je lisais mais celui là, « Brooklyn Follies », m’a plus particulièrement touché. Le personnage central Nathan, la soixantaine, entreprend d’écrire un livre où il consigne ses souvenirs, ses petites histoires mais aussi celles de ses proches familiers, ou de rencontres occasionnelles voire de situations impersonnelles: « La plupart des vies disparaissent. Quelqu’un meurt et petit à petit, toutes traces de sa vie s’effacent……Quelques objets, quelques impressions vagues conservés par des tiers. Ceux-ci ont invariablement des histoires à raconter à propos du défunt, mais le plus souvent en mêlant les dates, en oubliant des évènements, et la vérité en sort de plus en plus déformée et quand ces gens là meurent à leur tour, presque toutes leurs histoires s’en vont avec eux… ». Ces vies, sauf à avoir été célèbres, d’être entrées d’une manière ou d’une autre dans l’histoire, elles s’effilochent progressivement, et au bout de 10 ans qu’en reste t-il ? Après 25 ans, au mieux 50 ans, il ne reste plus rien. C’est injuste : ces vies de personne ne peuvent devenir des vies de rien.
A titre d’exemple j’aimerais tant savoir qui était mon ancêtre François Baudin, Brigadier au 18ème régiment de cavalerie, qui épousa à l’age de 42 ans, le 1er décade de Prairial de l’an 7 de la République Française Anne Mougin à St Loup en Haute Saône. Par l’acte de mariage, que j’ai pu me procurer, je sais aussi que son père Nicolas était pécheur à St Georges des 7 voies en Maine et Loire. Ces actes de mariage sont déjà riches d’informations et ce n’est pas rien, mais que fit François de cette vie militaire qui, vu son age lors du mariage, commença sous la monarchie, pour se poursuivre pendant la révolution ? Fut-il présent à Valmy ou Jemmapes en 1792 ? Prairial de l’an 7 correspondant à mai 1799, il aurait pu faire, aussi, la campagne d’Italie avec Bonaparte, Arcole en 1796 ou Rivoli en 1797 ; voire la campagne d’Egypte. Fut-il un grognard du petit caporal ? Que de questions probablement à jamais sans réponse.
Alors aujourd’hui est-il encore temps de parler de nos parents, eux qui ont traversé la partie la plus tragique du 20ème siècle.
Parler de Luis et Raphaël qui ont sauvé leur peau en fuyant en 1936 leur Andalousie natale lors des premières exactions des rebelles fascistes, pour rejoindre et défendre la république espagnole puis plus tard en 1939 se réfugier en France.
Raconter Encarnacion, Genoveva et Pilar que leur parents, quelques jours après la destruction de Guernica, ont fait embarquer sur le bateau Istanbul, en juillet 1937, à Gijon sans savoir où elles allaient, sans savoir si ils les reverraient un jour, mais dans le seul espoir de les sauver de la folie fasciste, non 70 ans plus tard la vie de ces 3 fillettes puis les femmes, les mères qu’elles devinrent ne fut pas rien. Leur histoire mérite une trace et c’est bien le moins que l’on puisse faire.
Didi qui en juillet 1944, jeune résistant de 18 ans emprisonné dans une geôle allemande d’Auxerre…..attendait le plus probable à savoir le peloton d’exécution……et la vie qu’il mena ensuite grâce à un concours de circonstances exceptionnelles ne fut pas rien.
Il me faudrait aussi parler de Raymonde et Roger, de Simone et André, mais n’est il pas trop tard pour recueillir des informations fiables?
Tout cela il est temps de le consigner et bien d’autres histoires encore d’autres parcours, d’autres rencontres qu’il me sera plus facile à relater car ce sont mes propres souvenirs : Charly l’Indien de Mana et Méda le Saramaca, Landa le Kicongo, Malki de Settat , Zacharie de Béni Mellal, Tchiky le Bassa et Ndanga l’Ewondo décédé dans des circonstances troublantes peu de temps après mon départ du Cameroun.
Je ne suis pas Paul Auster ni Nathan Glass son personnage, je suis donc incapable d’envisager une trame romanesque : alors quel moyen utilisé, quel vecteur retenir.
Après réflexion, j’ai retenu de me scotcher à un blog, avec des contraintes : faire au moins un devoir par semaine ; en 50 semaines 50 devoirs de mémoire en élève studieux, peut être même un peu plus si je suis courageux, et si j’y prend vraiment du plaisir.
Je fréquente les blogs depuis quelques années, surtout des blogs « militants » où je me permets, dissimulé sous le pseudo Dumbo des commentaires souvent sérieux, parfois sensés être humoristiques, quelques fois acides …. Mon blog ne sera pas du tout ça, il ne sera qu’un moyen de reconnecter les neurones, et de transférer les infos qui commencent à encombrer le disque dur qui me sert de cerveau et surtout d’en laisser des traces. A 60 ans +++++, (ou 61 -) il est plus que temps. Je voudrai surtout que ce blog soit un lien avec tous ceux qui nous sont chers, à Pilou et moi, ce qui nous permettrait, je l’espère, de recueillir des commentaires, des compléments d’informations et, au moins, des réactions des intéressés ou de leur descendants.
J’avoue que j’ai, quand même, hésité à emprunter ce mode de communication car, même en relatant ces histoires avec prudence et réserve, il reste un aspect quelque peu impudique, à raconter et forcément à se raconter. Ceux qui me liront ne doivent, toutefois, pas s’attendre à trouver quelque secret d’alcôve, confidence ou confession. Non seulement des histoires du passé, des passés simples pour l’essentiel, des passés composés parfois, (quelques situations, fréquentations peu banales) et des souvenirs imparfaits d’où on ne garde, avec le temps, que la quintessence.
Bien sûr j’évoquerai aussi notre vie itinérante marquée de souvenirs d’amis, d’espaces et de cultures divers. Ce passé pourra être plus ou moins proche mais il reste toujours tellement présent dans ma mémoire.
La décision de passer par un blog a germé début juillet et je me suis enfin engagé après quelques jours de vacances, de réflexions partagés avec quelques amis au cours d’une une escapade d’une semaine et un circuit de 2000 km : Niort - Toulouse – Barcelone - Sète -Toulouse - Niort.
(La suite au prochain épisode)
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
M