Blog à part ....sur la route de Dijon à Atakpamé
Aujourd’hui je devais finir un article commencé avant hier, une chronique allégée,
simple réflexion sur les hasards et les coïncidences, mes marottes, mes obsessions, leitmotivs de mes précédents articles... et puis hier, samedi 8 septembre deux évènements
m'ont conduit à restructurer quelque peu ce texte : d’abord au petit matin, une petite lumière est apparue dans notre famille avec la naissance de Lucie notre 1ère
petite fille à qui ces lignes sont dédiées (Papy soignes ton style) et puis le soir une superbe, joyeuse et touchante fête anniversaire de l’amie Josy.
Au départ j’étais parti pour une analyse bilan de mes premières histoires, qui s’appuient presque toutes sur des constats de hasards et coïncidences et, d'ailleurs, dès le 1er article je mentionnais l’influence de l’auteur new-yorkais Paul Auster sur mon envie de raconter, dans mon engagement bloguien. Je l'ai découvert vers 1995 avec « Le voyage d’Anna Blume » livre que m’avait offert Gégée. Au fil du temps j’ai lu tout Auster avec quelques préférences : « La musique du hasard, Moon Palace, Le carnet rouge, Le livre des illusions, La nuit de l’oracle, Brooklyn Follies » …et puis il y a « Smoke » et l’adaptation au cinéma par Auster & Wang avec les interprétations magistrales de William Hurt, Harvey Keitel et Forest Whitaker. Tous les thèmes chers à Auster sont transcendés dans ce film : identité et famille, mémoires et amitiés, et surtout hasards et coïncidences. Chez Auster le hasard est omniprésent et les coïncidences modifient et réorientent l’existence des personnages …. mais avant tout il faut dire que c’est très facile à lire, sans prise de tête. Obsédé par ce thème des hasards et coïncidences, je suis souvent allé chercher, dans des essais, revues et maintenant sur Internet des explications "réalistes" du côté des philosophes ou psychanalystes comme par exemple G.C. Jung, mais Bonjour la migraine ; tant que j'en reste à l’introduction, au concept, ça va à peu près : « Ce qu’on appelle coïncidences ou hasards ne seraient que balisages pour indiquer aux individus le sens de leur existence » ; ok, jusque là ça me va.... mais la suite, le développement des analyses à base de causalité et synchronicité c’est « imbitable » pour un griot-teur, ex bétonneux, de mon genre. Finalement il vaut mieux rester avec Paul et se régaler à lire ses romans qui traitent de manière agréable ces sujets bizarres …et oui mon cher cousin j’ai dit bizarre.
(Il y aurait bien un certain Docteur Deepak universellement connu, sauf de moi, qui a
publié un grand nombre de best-sellers au titre accrocheur : « Santé parfaite, un corps sans âge, cheminer vers la sagesse, le poids qui me convient, vivre en rajeunissant,
dormir sereinement…. » Que du bonheur garanti sans dopage. Doc Deepak a publié en 2004 « le livre des coïncidences » où il invite ses lecteurs à
accorder une grande attention aux coïncidences de la vie et apprendre à reconnaître les messages qu’elles véhiculent. Bigre…mais comme je n’ai pas encore lu ce livre…no
comment.
J’ai parlé de hasards et coïncidences dans plusieurs de mes précédentes chroniques …et j’ai encore beaucoup d’autres curiosités en réserve, dont 4 ou 5 dont je vais parler aujourd'hui.
La 1ère histoire ne me concerne pas directement mais question synchronicité elle me semble
exemplaire : Claudine et Jipé, nos amis de Toulouse que nous connaissons depuis, depuis, depuis ….comme on dit au Cameroun où nous nous sommes rencontrés début 1984, Claudine et Jipé ont une
nièce Gaëlle qui a fait un séjour en Australie, il y a environ 3 ans. Elle y fit la connaissance d’un jeune français prénommé Nicolas (Non pas l'omniprésent … j’ai dit jeune…de plus très
bien de sa personne et grand par la taille…), donc un jour que Gaëlle regardait sur son micro des photos de famille, Nicolas qui passaient derrière elle, l’a surprise en lui disant
« Tiens, celui là, je le connais».
Gaëlle rétorqua: « N’importe quoi, c’est mon oncle de Toulouse et il serait très étonnant que tu le
connaisses."
Nicolas « c’est Jipé le mari de Claudine. Ce sont des amis de mes parents et je les ai connus à
Yaoundé. »
Deux jeunes de 25 ans venaient de se rencontrer par hasard aux antipodes et découvraient que leurs familles
avaient été très liées pendant plusieurs années. Nicolas est le fils de Mariel le chef de la mission BROM à Yaoundé, le patron et ami de Jipé. Mariel et Denise, Jipé et Claudine, Pilou et moi et
un 4ème couple, les Joly, nous étions inséparables, Quand nous avons quitté le Cameroun, Nicolas devait avoir 6 ou 7 ans.
Là où apparaît, me semble t-il, la notion de synchronicité des hasards (si j'ai bien compris le
concept) c’est que ces jeunes gens ont eu l'occasion d'approfondir cette relation. Nicolas est d’origine réunionnaise par sa mère Denise et les parents de Gaëlle sont, depuis
2005, en poste à la Réunion où Gaëlle les a rejoints et s’est, elle-même, installée. Là-bas elle a revu son ami Nicolas, et fait connaissance avec sa famille, dont le frère de Nicolas…..
Hasards et synchronicité …il n’y a pas, certes, de quoi en faire un roman (Auster, lui, saurait, je n'en doute pas), mais cette histoire est sympathique
et, quand même, quelque peu curieuse…...
La 2ème histoire n’est guère plus extraordinaire mais elle eut une influence importante pour moi,
dans ma relation avec mon oncle Didi. De fin 1979 à mi 1982, après un long séjour hors de France j’ai fait un chantier en Alsace, à coté de Mulhouse, le barrage de Michelbach. A l’occasion
des fêtes de fin d’année 79, je me suis retrouvé avec mon oncle Didi et ma tante Jojo et comme je leur parlais de mon nouveau chantier, j’appris que dans cette cuvette où nous faisions ce
barrage, le bataillon du soldat Didi, au cours de l’hiver 1944/45, était resté, plusieurs semaines dans des conditions climatiques épouvantables, embourbé face aux allemands que l’armée
française n’arrivait pas à déloger de ce coin stratégique. A chacun sa campagne de MichelBach ; cette coïncidence m’a considérablement rapproché de mon oncle, qui m’avait jusque là,
surtout intéressé par son travail dans le cinéma et parce qu’il nous accompagnait, mon frère et moi, le dimanche sur les terrains de rugby. Il était, alors, d'autant plus apprécié
de mes copains qu’il offrait un cigare à ceux qui marquaient un essai (N’est ce pas Fanfan, Dudule, Charly, Pasco ou Nine). Grâce à Michelbach j'ai commencé à
connaître mon oncle sous un jour nouveau. Coïncidence et causalité ?
La 3ème histoire date d’hier soir lors de la fête de Josy. Elle avait invité de
nombreux amis et nous pensions tous nous connaître, du moins les niortais …et bien non, Marie et Annie, se découvraient en se disant toutes les deux « je la connais, mais je
ne sais pas trop d’où » ; mais quoi de plus normal, Niort n'est pas, après tout, une si grande ville. Au cours de la soirée elles se rendirent compte qu'elles se connaissaient, en
fait, depuis plus de quarante ans. Elles étaient toutes les deux de Floirac en banlieue bordelaise et quand l’une avait 18 ans, l’autre avait 12 ou 13 ans.
Annie est la jeune sœur d’une très bonne amie de jeunesse de Marie. Ce fut un beau moment d’assister à ces retrouvailles et cela nous a, bien sûr, conduit à parler
abondamment, dans notre coin de table, de hasards et coïncidences….et chacun y allant de son histoire, toutes aussi bizarres les unes que les autres. Ceci dit nous ne sommes pas restés aussi
sérieux, toute la soirée, entre agapes et champagne, Histoires coquines d'Yvon en patois vendéen, chants accompagnés à la guitare, plaisanteries et bons mots, la soirée chez Josy et Alain
fut, en tout point, réussie. Bon anniversaire Josy : Lucie te suit de quelques décennies.
J’ai encore deux autres histoires de coïncidences, qui illustrent bien, me semble t-il, la notion de balisage de nos vies.
En août 1988, nous étions à Perpignan, invités au mariage de Patrick le fils de Michel et Yvette de bons amis
de notre période marocaine ; nous y avons retrouvé Nicole et Jean Mi. Au Maroc nous avions, entre 1976 et 1979, participé à la construction d’un magnifique et très utile ouvrage, le barrage
d’Al Massira (je reviendrai prochainement sur cette aventure). A l’été 1979, nous avons tous quitté ce chantier qui se finissait. Je me suis donc retrouvé sur un autre chantier de
barrage en Alsace, à Michelbach où j’ai retrouvé Jean Mi comme directeur des travaux. Il n’y a là ni hasard de ni réelle coïncidence car dans ce métier, un grand chantier chassant
l’autre, il n’était pas rare de retrouver les mêmes équipes ou du moins certaines personnes. Avec Nicole et Jean Mi, nous nous étions perdus de vue après Michelbach c'est-à-dire en juillet 1981
et nous nous retrouvions donc 7 ans plus tard au mariage du fils d’amis. Chacun donna des infos sur sa nouvelle affectation (eux étaient quelque part en Asie du Sud, Thaïlande ou Birmanie je ne
sais plus trop). Comme je disais que nous étions maintenant sur Niort, Nicole nous apprit qu’elle était, par son père, originaire d’Arçais dans le Marais Poitevin ; intéressant et au
fil de la discussion, je lui parlai un peu de ce que nous faisions sur Niort. N’étant pas, tout à fait, du même bord, j'évitai la politique et même la FCPE, et je me mis à parler de
l’Afrique en évoquant le jumelage coopération Niort Atakpamé, Atakpamé étant une ville de 60000 habitants au centre du Togo….et là, la coïncidence apparut soudain : Nicole avait passé une
partie de son enfance à Atakpamé, du temps de la colonisation, où son père était gouverneur. Il fut ensuite, vers 1955/56, l'initiateur du jumelage de Niort et d’Atakpamé grâce à
ses liens d’amitiés avec le maire de Niort de l’époque. Par la suite, en 1986 le simple jumelage est devenu quelque chose de plus ambitieux et surtout de plus utile en devenant un jumelage
coopération, grâce aux initiatives et à la persévérance d’un conseiller municipal niortais Dédé Naupi. Je reviendrai dans un prochain article sur les résultats exemplaires de ce jumelage et de
l’association ANJCA qui continue aujourd’hui son action dynamique en ayant même dernièrement conçu un jumelage triangulaire Niort Atakpamé Cové (Cové au Benin mais situé seulement à 300
km d’Atakpamé).
Cette coïncidence m’a toujours paru être un signe, une liaison de vie, un balisage….nous devions, pont de l’Ile de Ré ou pas, venir à Niort à un moment ou un autre : Cette région est le berceau de ma lignée familiale et dans cette région, de part son lien avec l’Afrique, c’est bien à Niort que l’on devait s’installer. Je ne sais si Nicole et Jean Mi viennent de temps en temps à Arçais. Nous ne les avons pas revus depuis 1988…..mais une amicale des anciens d’Al Massira est en train de se mettre en place avec un week end de retrouvailles prévu chaque année pour mai ou juin, alors qui sait ?
Cette coïncidence m’a toujours paru être un signe, une liaison de vie, un balisage….nous devions, pont de l’Ile de Ré ou pas, venir à Niort à un moment ou un autre : Cette région est le berceau de ma lignée familiale et dans cette région, de part son lien avec l’Afrique, c’est bien à Niort que l’on devait s’installer. Je ne sais si Nicole et Jean Mi viennent de temps en temps à Arçais. Nous ne les avons pas revus depuis 1988…..mais une amicale des anciens d’Al Massira est en train de se mettre en place avec un week end de retrouvailles prévu chaque année pour mai ou juin, alors qui sait ?
En mai 2003, nous étions Pilou et moi à Dijon, au Congrès du PS. Je représentais, au sein de la délégation
des Deux Sèvres, la motion NPS. En dehors de retrouver nos copains, dont Vincent Peillon, un congrès est surtout un ensemble de figures imposées et les journées y sont plutôt longues. Le soir
nous essayions de découvrir le centre de Dijon (j’ai des racines bourguignonnes, mais c’était bien la 1ère fois que je venais à Dijon). Nous attendions à quelques uns pour entrer dans
un restaurant quand je vis passer devant moi Djelal que j’interpellai. Djelal était mon chef de mission à Yaoundé entre 1983 et 1986 et l’on se connaît depuis 1967. Surpris de me voir là,
il me dit immédiatement « je sais pourquoi tu es là ». Facile, et je lui répond «moi je sais que tu n’es sûrement pas là pour la même chose ». Nicole, son épouse, nous a rejoint
avec leurs amis. Je crois me souvenir que Nicole et Djelal qui résident en région parisienne étaient de passage, aussi, pour la 1ère fois, à Dijon. Chacun étant pris par ses amis nous
n’avons pas pu discuter bien longtemps, mais Pilou était vraiment très contente de les revoir et notamment Nicole sa partenaire de courses et du marché à Yaoundé et qu’elle n’avait pas revue
depuis 1986. (Moi je les avais vu quelques années plus tôt à l’occasion de déplacements professionnels). Encore une bizarre coïncidence. Depuis nous avons gardé des contacts par
téléphone ou mail.
J’ai trouvé une phrase d’André Breton le « pape » du surréalisme : « Les coïncidences
sont de véritables fanaux dans la nuit du sens ». Moi qui suis plus terre à terre je dirais « des lanternes éclairant nos parcours ».
Encore un petit mot pour parler de Dijon….que je ne connais pas, mais où je veux m’arrêter lors d’un prochain
voyage. J’ai découvert Dijon en écoutant récemment un chanteur qui a beaucoup de talent : Y. Jamait qui chante la vie, son quotidien et ses galères par une interprétation déchirante
atypique. Une chanson est particulièrement touchante : Dijon. Elle n’a rien à envier au Toulouse de C. Nougaro, ou au Paris de F. Lemarque. :
« Je te salue, ma belle Dijon, ô princesse burgonde. Je te salue ma
vieille Dijon et nulle part ailleurs je n’aurai voulu naître ….."
(à suivre)
(à suivre)
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