Touche pas à mon rugby.......coup de sifflet final
Il est fini le Mondial et il fut à peu près ce que j’en attendais….du moins pour ce que j’en ai vu. J’ai d’ailleurs plus lu que vu car, travail, occupations diverses
et voyage, j’ai loupé quelques épisodes. Je n’ai pas vu la finale (j’étais de mariage), je n’ai pas vu les ½ finales (j’étais de voyage à l’étranger ce week-end là) et je n’ai
pas vu beaucoup de matchs de poules : Par contre j’ai vu les 2 matchs de la France contre l’Argentine, celui contre les All Blacks et celui contre l’Irlande. J’ai quelques enregistrements vidéo
faits par mon fils Didier, mais aurai-je un jour envie de les regarder ?
La télévision n’est arrivée à Tarascon que fin 1960 et le 1er match international que j’ai vu fut France-Afrique du Sud de février 1961 qui s’est terminé sur le score de 0 à 0. Je revois encore la 1ère entrée en mêlée avec en 1ère ligne côté français Roques, De Grégorio et Domenech et côté Springboks Du Toit, Malan et Kuhn.
Notre 1er match à Serge et moi, dans l'équipe de l'E.S. Villiers fut contre nos voisins, nos rivaux, les juniors de la VGA St Maur auxquels nous avons passé un carton mémorable.
Par contre j’ai beaucoup lu, le Midol rugbystique et l’Equipe cocardière et puis tout ce qui traitait du sujet et qui me tombait sous les yeux. J’ai déjà dit ce que
je pensais de Laporte et je n’y reviens pas : on ne tire pas sur une ambulance, fut-elle ministérielle. J’ai dit aussi ce que je pensais du rugby de défense, du rugby sans risque, censé
permettre la gagne…… même l’Irlande de O’Driscoll a joué petits bras, petits tas, même les Springboks qui nous enchantaient lors des qualifications auraient joué à gagne-terrain en finale
(match que je n’ai pas vu). Maintenant on a 4 ans sans mondial, sans pompe à fric, sans drapeau au balcon….ce qui pourrait permettre un timide retour vers le rugby que
j’aime et puis le prochain Mondial aura lieu en Nouvelle Zélande alors on peut rêver….
Ce fut quand même une drôle de compétition qui clôture un cycle déconcertant : Les années « Laporte », des années d’un rugby qui se voulait construit
voire scientifique et qui ne fut qu’improvisations. Le bilan ? En résumé on peut rappeler les « Unes » de journaux, des « Unes » d’anthologie :
Le J.D.D le 7/10, après France - All Blacks : « Enorme ! L’incroyable exploit » puis le même journal
le 14/10, après France – Angleterre : « Rageant ! La fin du grand rêve bleu " ; quand à la "Une" du 21/10, après la finale dite de
consolation France-Argentine : « Laporte contre-attaque » (il était temps !)
Les "Unes" de l’Equipe et du Midol ne sont pas en reste du : «Tellement Français. C’est immense » en passant par le
« Gigantesque » et finir en « Une fin pitoyable » et « L’inaccessible étoile » ou « La Grande
illusion »
Oui je sais c'est pareil dans les autres pays notamment en Angleterre, mais ......Fin de partie.
J’ai découvert le rugby du terroir dans l’Ariège en 1959 à 13 ans quand mon père a été muté de Péchiney Grenoble à Péchiney Tarascon. Pendant 3 ans j’étais interne
au lycée de Foix et aux récréations le ballon ovale était de sorti. On jouait sur la partie de cour, devant les garages, comprise entre 2 rangées d’arbres, sans doute des platanes ou leurs
cousins. Ce terrain devait faire environ 60 m de large sur 40 m de long. On jouait donc dans le sens le plus large, un rugby à toucher en ligne de trois-quarts, 7 ou 8 de chaque côté. Passe, passe, cadrage, passe puis débordement ;
parfois une interception. Je pensais à ces phases de jeu de mon enfance en lisant un bien joli article de F. Marmande dans le Monde du 20 octobre « L’art de la
passe » : « ….les gamins en ligne se passent le ballon en courant ; jusqu’au bout et retour. A l’aile la vie est belle. La passe le grand secret. Offrir, donner,
transmettre, adresser, chercher l’autre pour cadrer….passer à l’instant précis, au dernier moment…..Le jeu de main ne va qu’avec son risque, sa perte. Rater une passe fait partie de la
passe….Se faire intercepter c’est aussi le risque, le jeu….et si on ne veut pas prendre ces risques du jeu on doit pratiquer d’autres jeux. Au lycée de Foix il y avait un fronton et on
pouvait, aussi, jouer à la pelote à main nue et balle de tennis pendant les récrés. C’est marrant, c’est sympa la pelote et comme ça se joue en individuel ou par équipe de 2 on ne prend pas trop
de risques d’équipe ; c’est vrai que c’était sympa et j’aimais bien ça.... aussi.
J’avais un copain, Baptiste de Lavelanet, qui avait une infirmité du bras gauche. Avec ce handicap il n’aura malheureusement pas pu faire carrière dans le
rugby mais dans ces matchs de récréation, à toucher, c’était le meilleur : des changements de pieds fabuleux des cadrages au cordeau, à la muleta, des passes magnifiques quasiment d’une main
et un sens fulgurant de l’interception. J’ai appris à jouer au rugby en le copiant, en le mimant.
Au lycée de Foix quand on était puni, collé on était privé de rentrer en famille le week-end, mais en restant en internat on pouvait alors aller au stade voir
les matchs du XV fuxéen : Au début j’étais très peu collé mais en arrivant vers les 15 ans j’ai eu mon compte….bagarres au dortoir, médiocres résultats scolaires mais aussi……un refuge pour
ne pas voir ce qui m’attendait à la maison quand je rentrais….à savoir Papa malade : à 14/15 ans j’étais plus courageux pour me "castagner" que de me trouver face à la maladie …..et
puis en allant au stade je pouvais voir de grandes équipes : Lourdes, La Voulte des Cambé, le Racing, etc…et je pouvais admirer des joueurs de renom.
La télévision n’est arrivée à Tarascon que fin 1960 et le 1er match international que j’ai vu fut France-Afrique du Sud de février 1961 qui s’est terminé sur le score de 0 à 0. Je revois encore la 1ère entrée en mêlée avec en 1ère ligne côté français Roques, De Grégorio et Domenech et côté Springboks Du Toit, Malan et Kuhn.
Nous avons quitté Tarascon et moi le lycée de Foix à l’été 1962 quelques mois après le décès de papa, terrassé à 39 ans après une année de lutte, par un putain de
cancer du pancréas..
Nous avons fait, ensuite, une halte, une pause de 2 ans à Montpellier où ma tante et mon oncle nous avaient trouvé un logement ainsi qu’un travail pour Maman. J’ai
continué le rugby au stade Montpelliérain d’abord en cadet en rugby à 7….et là encore les consignes de l’entraîneur étaient « passe, passe, passe jusqu’au bout de la
ligne…..
J’ai le souvenir d’un tournoi départemental de rugby à 7 à Béziers où nous n’avions pas été les plus brillants (la finale opposant l’équipe 1 de Béziers à l’équipe 2 soit tout ce qui ferait les beaux jours de l’équipe de France dans les années 70). Le plus magnifique fût la présence et la participation de Roger Couderc, Pierre Danos et mes idoles les frères Boniface à la collation d’après matchs.
J’ai le souvenir d’un tournoi départemental de rugby à 7 à Béziers où nous n’avions pas été les plus brillants (la finale opposant l’équipe 1 de Béziers à l’équipe 2 soit tout ce qui ferait les beaux jours de l’équipe de France dans les années 70). Le plus magnifique fût la présence et la participation de Roger Couderc, Pierre Danos et mes idoles les frères Boniface à la collation d’après matchs.
Récemment, le 12 octobre, André Boniface et Pierre Albaladejo participaient à une causerie publique autour d’un cassoulet, causerie relatée dans l’article du Monde
déjà cité « C’est vrai qu’on n’avait pas une tête de calendrier. On était moins bien foutu mais on était plus drôles ». C’est vrai qu’ils ne se prenaient pas trop au sérieux,
l’art de bien jouer de bien passer le trésor, le ballon….même si ils ont été un peu montés en graine par la télé et le généreux Roger Couderc, ils restent tous deux des tenants de
l’attaque et du risque. Ce risque qui a fait perdre leur place en équipe de France aux Boni et à Gachassin en 1963 suite à une interception de l’ailier Watkins lors d’un match du tournoi
France-Pays de Galles : « Bah, il y a eu des hauts et des bas, mais qu’est ce qu’on s’est amusés, quand même.» Voilà toute la différence.
L’année 1963/64 fût ma 1ère année junior, en rugby à XV cette fois, mais toujours au Stade Montpelliérain trois-quart aile ou
arrière. J'ai le souvenir d'une défaite cuisante cette saison là : Un match perdu à Narbonne 54 à 0 à l’époque ou l’essai ne valait que 3 points….mais avec encore du beau
monde en face dont une pléiade de futurs internationaux.
A l’été 1964 ma famille a quitté Montpellier et nous sommes retournés en région parisienne que nous avions quittée au dernier trimestre 1957 quand mon
père avait été embauché chez Péchiney. Nous reprenions alors racine en banlieue est, à Villiers / Marne.
A Villiers il y avait un club de rugby et nous sommes rapidement allés, courant d’été, mon frère Serge et moi sur le terrain pour tenter des drops et des coup
francs. Nous avons bientôt été rejoints par 2 ou 3 jeunes dont Popaul, le Rouquin et Bimbin.
Dès début septembre nous participions aux entraînements sous l’autorité d’un entraîneur formidable Charly père et dès le 1er match Serge et moi nous
étions complètement intégrés, dans une bien belle équipe qui non seulement allait devenir une des meilleures équipes juniors d’île de France au cours des années 1964/66 mais qui, plus est, fut
une magnifique équipe d'amitié et de solidarité ; Une bande de copains dont de nombreux gamins étaient issus du même quartier populaire. Merci Louis Charly d'avoir su rassembler,
encadrer, diriger et aimer ces jeunes. Des amis qui le sont restés car beaucoup sont encore liés, aujourd’hui, 40 ans plus tard. L'an dernier pour mes 60 ans une bonne dizaine d'entre
eux et Louis Charly ont fait de longs déplacements pour participer à ma fête. Quel cadeau !
Notre 1er match à Serge et moi, dans l'équipe de l'E.S. Villiers fut contre nos voisins, nos rivaux, les juniors de la VGA St Maur auxquels nous avons passé un carton mémorable.
Sur le bord de touche mon oncle Didi nous encourageait alors qu’à ses cotés Louis Charly scandait encore, encore et encore « passe, passe, passe le
ballon jusqu’au bout de la ligne….jusqu'à l'aile ». En bout de ligne où nos étoiles filantes, Jacky et Jean-Jacques, débordaient, marquaient ou recentraient sur nos
avants de grand champ, Nine, Chris Charly, Dudule, Bimbin ou les autres. Pour ce match j’étais ouvreur derrière Popaul à la mêlée, à coté de Serge au centre et de Fanfan notre
arrière qui s'intercalait si bien dans la ligne d'attaque : Bref le jeu ouvert et à risque qui se pratiquait alors en Ovalie...en ces temps bénis. Ce match je le revois encore, ce fût du
rugby champagne et quand un dimanche de rugby est jour de fête (*), il n’y a rien de plus beau.
Il allait y avoir, pendant 2 ans, pour cette équipe junior beaucoup de dimanches victorieux, de jours de fête (*), jusqu’en 1966, jusqu’au tournoi de St Denis puis
ensuite la montée en équipe première des juniors….mais ça c’est déjà une autre histoire …..
(*) A cette époque nous avions parfois l’honneur d’avoir un supporter de qualité et de notoriété en la personne de Monsieur Jacques Tati.
PS : Ce soir on a annoncé la nouvelle équipe d’entraîneurs du XV de France : Marc Lièvremont et Emile Ntamack : ça me parait bien, je touche du
bois…..peut être allons nous enfin pouvoir fermer la porte d’une politique de défense prioritaire.
(à suivre)
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