Souvenirs en vrac....en mars le tri, malgré les averses....
Dans mes souvenirs les plus anciens, mars est souvent un mois triste, mais c'est la vie il faut donc faire avec..... Ceci dit il y eut aussi de très heureux évènements dont la naissance de Didier le 17 mars 1981....
Dans la catégorie catastrophe je dois évoquer la crue exceptionnelle de la Marne au cours de l'hiver 1955. Je triche un peu car cette crue, la deuxième plus importante du XXème siècle après celle de 1910 eut lieu non pas en mars mais fin janvier début février, mais lors de mon précédent billet souvenirs en vrac cet évènement était noyé au fond de ma mémoire.....et il n'est remonté à la surface que ces derniers jours.....
Le pavillon de mes grands parents maternels, quai Lucie à Champigny, eut près de 50 cm d'eau au rez-de-chaussée (salle à manger, cuisine) alors que la maison était fondée 6 ou 7 mètres au dessus du niveau normal de la rivière. Agés de 8 ans, ma cousine Jacotte et moi, nous étions réfugiés dans l'escalier de l'étage d'où nous regardions Ernest, notre grand père et un voisin, en bottes ou cuissardes, relever les meubles sur des blocs bétons. Il y avait une barque devant la fenêtre ouverte et la porte étant barrée et protégée par de dérisoires tas de sable. Quel spectacle impressionnant et désolant ! Notre grand-mère Marie Jeanne pleurait toutes les larmes de son corps ce qui n'aidait pas à la décrue...
De mars 1961 à mars 1962, ce fut l'année du crabe pour reprendre le titre d'un livre d'Olivier Todd qui traitait de l'angoisse de la maladie. C'est donc en mars 1961 que Roger, mon père, fut touché ; il présentait les signes cliniques d'une hépatite.
Nous vivions, alors, dans l'Ariège à Tarascon. Il travaillait chez Péchiney, aux usines de Sabart et Mercus depuis fin 1958. Nous y étions bien, même plutôt à l'aise, après des années difficiles. Papa avait obtenu une maison à la cité St Roch, la cité des cadres, et il en était fier.
Quand la maladie s'est déclarée, notre médecin l'a envoyé à l'hôpital à Toulouse. Je me souviens être allé le voir avec maman avant l'opération. Il était inquiet et je revois encore son regard craintif et son sourire triste. Il faut dire qu'il avait de quoi être inquiet car ma mère ne travaillait pas ; elle avait quitté son emploi d'ouvrière à la naissance de ma sœur et moi, l'aîné des 3 enfants, je n'avais pas 15 ans.
Les chirurgiens lui firent l'ablation de la rate ; quelques jours plus tard notre brave médecin, le docteur Montaud, se précipitait à la maison pour rassurer ma mère : « les analyses sont formelles ce n'est pas un cancer, Roger va rentrer d'ici une semaine ». Cette affirmation qui se voulait rassurante m'effraya car ce mot me ramenait brutalement au décès de Geneviève, ma grand-mère, début avril 1954 et à celui, plus récent, de Marcel mon grand père en septembre 1958..... mon père était bien trop jeune pour être malade comme un grand-père !
Papa rentra à la maison, il avait beaucoup maigri mais son teint jaunâtre avait disparu ; je le revois dans notre jardin se reposer dans une chaise longue, sous un soleil printanier.
Au cours de l'été il se sentit nettement mieux et on est même allé faire un petit voyage d'abord à Lourdes (!) avec son oncle et sa tante Hurey qui étaient venus le voir puis en Charente avec mon grand père Ernest.
En octobre les symptômes de la maladie réapparurent. Il dut retourner à l'hôpital de Toulouse, mais cette fois les chirurgiens ne jugèrent pas utile de le réopérer d'autant que c'était le pancréas qui était touché.... Il rentra à la maison et jusqu'à Noël, il ne sembla pas trop souffrir. Moi j'étais pensionnaire au lycée de Foix, et je préférais me faire consigner le dimanche pour ne pas avoir à rentrer à la maison. Je me souviens, cependant, des fêtes de fin d'année « normales ». Mauricette, la sœur de ma mère et Raymond étaient venus de Montpellier. Ernest mon grand père veuf depuis 1957 s'était installé chez nous pour aider maman.
Début 1962 son état se dégrada et à la mi-mars mon père est resté inconscient plusieurs jours. Le docteur Montaud, qui venait tous les soirs à la maison pour lui faire une piqûre de morphine a conseillé à ma mère de prévenir la famille, d'une fin imminente : Mes tantes Simone et Mauricette et mon oncle Didi ont accouru. Mon père dans un de ses rares moments de lucidité les a reconnus et il était tellement heureux de les voir qu'il a retrouvé un souffle de vie et s'est même levé pour essayer de se tenir à table pour un repas familial.
Je revois Didi, dans l'après midi me parler comme si j'étais un homme, m'offrant même une cigarette. Ils durent presque tous retourner chez eux à Paris ou Montpellier le surlendemain..... mais malheureusement il leur fallu vite revenir pour les obsèques. Une quinzaine de jours plus tard, le 6 avril, papa décédait en fin de matinée alors que j'étais seul près de lui, maman étant occupée avec sa sœur Mauricette et Ernest dans la cuisine. Un mois plus tard le 5 mai il aurait eu 40 ans...... être très catho, ce qui était son cas, n'est franchement pas une assurance vie.
Mais ainsi va la vie.... Nous dûmes quitter la maison de Tarascon au cours de l'été.... Et en urgence nous installer à Montpellier, près de ma tante Mauricette qui avait trouvé un emploi de cuisinière à ma mère dans une école privée catholique.
Une pause languedocienne de deux ans, qui m'a permis de me lier avec Jef, le copain de mes 16 ans, mon ami de toujours, avant que nous ne retournions, au cours de l'été 1964, en région parisienne, la banlieue est que nous avions quittée 7 ans plus tôt.
Fin mars 1966..... je me réveillais dans un lit d'hôpital avec le bon Fanfan à mes côtés.... « Alors Dumbo comment tu te sens...? »....
Bientôt d'autres copains et mon frère arrivèrent. J'appris que j'avais été sonné au cours du match de rugby et que j'étais resté dans les vaps pendant plus d'une heure. C'était au cours de la rencontre Villiers / Massy. Ce match je ne devais pas le faire et j'avais même joué avec l'équipe junior en matinée... mais en début d'après midi on m'annonça que l'arrière de l'équipe première était blessé et que je devais le remplacer. Deux matchs dans la même journée c'est beaucoup et puis c'était Massy avec son pack rugueux et son jeu abusant des « up and under » : j'allais être à la fête.... Le carton se produisit en seconde mi-temps.... la suite on me la raconta ; les copains me la raconte, d'ailleurs, encore aujourd'hui 42 ans plus tard.... Cela dut être très impressionnant.... beaucoup m'ont cru mort, les copains et mon frère ne furent rassurés qu'en entrant dans le box des urgences...... ils furent aussi contents de me dire que nos adversaires avaient été bouleversés par l'accident et que même en finissant à 14 on avait gagné .... J'étais en quelque sorte le héros du match.....
La vrai chute de l'histoire fut que, sur prescription médicale, j'étais « interdit » de terrain de rugby pour plusieurs semaines, et donc quasiment jusqu'à la fin de la saison. Une catastrophe pour moi qui à cette époque n'avait que le rugby, comme passion et engagement...... sauf qu'il me fallu bien occuper mes dimanches, et que la conséquence heureuse de cet accident est que je fis, peu de temps après, en mai, une certaine rencontre : Pilou.
Mars 1975, au Maroc notre fille Cécile se fit mordre par un chat au comportement bizarre. J'ai attrapé le chat et je suis allé chez ses propriétaires pour savoir s'il était vacciné contre la rage....il ne l'était pas. Le lendemain je partais avec l'animal, enfermé dans un panier, à Casablanca à l'institut Pasteur. Le chat avait retrouvé un comportement normal et il ne paru pas enragé aux médecins....on me demanda de le garder sous surveillance pendant 2 semaines. S'il mourrait pendant cette période il faudrait vacciner Cécile en urgence..... Grosse frayeur mais l'animal survécu gentiment...
Mars 1983. Boom Boom..... John Lee Hooker le king du blues était là, en face de moi, en spectacle à Bourg en Bresse et j'avais eu la chance de pouvoir obtenir une place. J'étais pour quelques mois sur un chantier d'autoroute et ce fut une rare et inattendue occasion..... Assis une chaise, penché sur sa guitare, son jeune groupe derrière lui, le vieux long rugissait de sa voix rauque : Skake it Baby, I'm in the mood, Frisco blues, Trouble Blues, House rent Boogie, I'm bad like Jesse James etc... le pied pendant 2 heures.
A Yaoundé en 1985, nous nous impliquions dans l'association de parents d'élèves du groupe scolaire français Fustel de Coulanges où étaient scolarisés 1200 élèves. Il fallait mettre en place le conseil d'école en primaire, et le conseil d'établissement au lycée. Ces élections étaient une première. Nous avons constitué une liste pour chacun des établissements, listes ouvertement de gauche qui s'opposaient à l'équipe qui gérait l'ensemble depuis de nombreuses années. On fut surpris de l'ampleur de notre victoire alors que la population française expatriée semblait très conservatrice. Je reviendrai sur nos activités à « Fustel de Coulanges » entre 1983 et 1986 dans un prochain billet.
Mars 1993, la 1ère campagne politique de Geneviève, les élections cantonales dans le canton Niort est. Une bonne candidate, une belle équipe d'amis, une belle campagne : une écoute attentive, un regard objectif..... une victoire sans bavure, le début d'une aventure. Pilou tenait bénévolement la permanence et assurait le secrétariat.
Mars 2004. Un voyage en Tunisie, jusqu'à Tataouine mais ça fera aussi l'objet d'un article.
Mars 2005. J'accompagnai Maman en visite psycho-neurologique à l'hôpital Ste Camille de Bry. Le verdict que l'on craignait est tombé : elle était touchée par la maladie d'Alzheimeir. Elle ne pouvait plus vivre seule à Villiers..... il me fallait trouver une maison de retraite médicalisée près de Niort.
Vendredi 21 Mars 2008.
Le 1er conseil municipal après la belle victoire. Sans surprise Geneviève est élue maire de Niort. Pilou est adjointe au maire ...... elle a une délégation exaltante, tout à fait de sa compétence, mais c'est quand même une délégation « lourde »..... et il va falloir s'organiser pour mener en parallèle certains projets auxquels on tient et qui ne peuvent attendre 6 ans de plus.... nos petits enfants grandissent trop vite et puis.... il n'y a pas que la politique dans la vie.
(À suivre)