Voyages COS-mopolites...Etiam periere ruinae
Les voyages du COS, que j'ai, dans le précédent billet, gentiment qualifiés de tourisme cossard, nous ont tous permis de visiter quelques sites prestigieux. Pour aucun des voyages qui suivirent celui Tenerife nous n'avons retrouvé, lors du séjour, une ambiance aussi sympathique et festive ; par contre chacun eut son lot de merveilles, de vestiges, de ruines gréco-romaines ce qui, évidemment, manquait aux Canaries.
En avril 1995 ce fut le voyage en Sicile. Ce séjour fut malheureusement « endeuillé » dès le 3ème jour par le décès d'une personne de notre groupe, Sergio un monsieur assez âgé qui aurait effectué ce voyage pour connaître le pays qui l'avait vu naître, mais où, enfant orphelin adopté, il n'était jamais retourné. Le mercredi l'excursion, qui nous avait été proposée, nous emmenait le matin à l'Etna, dans le brouillard, le froid, et même de la neige sur les pentes du volcan qui culmine à 3340 m, puis en fin de matinée nous poursuivions en descendant sur Taormina, sur la côte est, en bord de mer Ionienne ....et c'est là en fin d'après midi en montant au belvédère que le cœur du vieil homme a lâché. Je ne savais rien de lui, un individu d'un groupe d'une cinquantaine de personnes....sinon qu'il est mort sur la terre qui l'avait vu naître : l'émotion, les brutales variations d'altitude, le froid en montagne, la montée des marches à Taormina..... Il y avait dans ce fait divers quelque chose de la tragédie grecque. Inutile de dire que l'ambiance du voyage fut plombée pour le reste de la semaine.
Avant cet accident qui fut bien malheureusement le fait marquant du voyage, nous avions eu le temps d'admirer une partie
de la Sicile : D'abord le site et les environs de Cefalù, dès le lendemain de notre arrivée. Il y avait d'ailleurs une chanson qui passait en boucle à l'hôtel ventant les mérites de Cefalù,
petite ville de pêcheurs sur la mer Thyrénienne et qui se trouvait à 15 km du club où nous étions hébergés.
Le
mardi matin nous traversions l'île en direction de la côte sud. Au cours du voyage en autocar nous sûmes tout, ce que le guide voulait bien dire aux touristes sur la mafia..... mais on restait
loin du Corléone, de Coppola et de Mario Puzo. Quelques bouts d'autoroutes non reliés à l'axe principal (des autoroutes en élévation sur pieux pour réduire l'emprise au sol et favoriser ainsi
la culture de blé).
Nous avons dépassé Enna, puis Morgantina et à proximité le lac de Pergusa où, selon la Mythologie, Hadès enleva Perséphone, pour en faire son épouse et Reine des enfers. En
dot il voulu dispenser des bienfaits à cette terre nourricière, mais sa belle-mère forcée, Demeter, les refusa et les champs verdoyants et couverts de fleurs furent immédiatement et
définitivement changés en étendues stériles.
En continuant notre parcours nous avons retrouvé des sites verdoyants et fait une halte à Piazza Armérina à la Villa Romana del Casal. C'est une immense villa du 3ème siècle qui présente un exceptionnel pavement en mosaïques.
Nous avons ensuite poursuivi le trajet et passé par Gela où les souvenirs antiques sont passés à la trappe pour faire place à des histoires au Marsala 100% mafieuses.
Enfin nous avons atteint Agrigente et la vallée des temples ; des dix temples élevés entre le 6ème et le 5ème siècle av. J. C, neuf sont partiellement visibles ou en cours de reconstitution (Temple Hercule) voire relativement préservés (Temple de la Concorde.)
Avant l'accident, de notre compatriote, nous avions eu le temps de visiter Taormina et notamment le Théâtre grec qui datait du 3ème
siècle avant J.C. et qui fut transformé ensuite par les romains pour accueillir les jeux du cirque.
Au retour nous sommes passés par Catania ville qui fut détruite à plusieurs reprises par les éruptions de
l'Etna.
Ça serait sur ce littoral que Polyphème le cyclope, l'œil percé par un pieu, aurait jeté d'énormes
rochers sur la flotte d'Ulysse qui fuyait ; rochers qui sont maintenant de dangereux récifs .... Mais nous n'avions plus le cœur au tourisme ou à la mythologie d'autant que le guide
était parti avec l'ambulance à l'hôpital.
Nous ne saurons que tard dans la soirée soir que Sergio n'avait pas survécu à l'infarctus. Les jours suivants, les deux
derniers du séjour, nous avons fait l'impasse sur les voyages proposés et pourtant j'aurai tant voulu voir Syracuse.... La patrie d'Archimède. Il faudra refaire un voyage pour visiter le musée
archéologique situé au cœur du parc de la villa Landonina.
Nous n'avons fait que
traverser Palerme en car (pour rejoindre l'aéroport) sans visiter sa cathédrale, ses églises ou palais ni sa catacombe..... mais franchement cette visite qui était prévue pour le dernier
jour nous tentait moins que Syracuse....
Comment quitter la Sicile sans évoquer les nombreux films merveilleux qui y furent tournés. Des scènes
importantes de la Saga du Parrain, mais aussi le magnifique Guépard de Luchino Visconti, Cinéma Paradisio de Tornatore, Le Sicilien de Cimino, Le Facteur de Massimo Troisi et le Grand Bleu de Luc
Besson, justement au large Taormina.
En avril 1997 nous fîmes le voyage en Turquie égéenne. Nous sommes arrivés tard le soir à Izmir sous un déluge quasiment biblique. Il faisait froid et la
sortie de ville était inondée par ces précipitations exceptionnelles et alors que nous venions de quitter une France printanière qui était en attente d'une dissolution de l'Assemblée. Un peu plus
d'une heure plus tard nous atteignons Cesme notre lieu de villégiature pour une semaine.
La péninsule de Cesme est baignée par les eaux de la mer Egée. Cesme qui signifie fontaine, vient de la présence de nombreuses sources dans cette région. C'est l'une
des plus belles côtes de Turquie ; une forteresse Génoise du XIVème domine le port de cette ville qui est devenue une réputée station balnéaire.
Le but principal de ce séjour était la découverte d'Ephèse et de ses environs situés à 80 km
au sud de la région Egéenne. Ephèse fut l'une des plus importantes villes de l'Antiquité. Elle fut comparée à Alexandrie, Antioche ou même Rome. Le gigantesque temple d'Artémis était l'une des
sept merveilles de l'Antiquité.
Artémis (Diane pour les romains) fut selon la mythologie la fille de Zeus et de Léto et sœur jumelle
d'Apollon ; elle était la chasseresse, amante de la nature (une écolo donc). Elle et son jumeau prirent parti pour Hector et les troyens (mauvaise pioche). Elle fut
particulièrement vénérée en Anatolie.
Il ne reste qu'une seule colonne intacte de ce temple. Cette
ville construite par les athéniens, devint successivement perse, jusqu'à l'arrivée d'Alexandre le Grand et de ses successeurs qui en firent un grand port. Elle devint ensuite la capitale d'Asie
des romains.
Aux premiers siècles de notre ère elle devint le troisième centre du christianisme après Jérusalem et Antioche.
L'apôtre Saint Paul y vécut puis l'apôtre Saint Jean qui se retira à Selçuk ville voisine, en compagnie de la vierge Marie dans une petite maison sur le Bülbüldagi où ils finirent leurs
jours ; cette maison est un lieu de pèlerinage des croyants chrétiens et musulmans. Sous l'empire Byzantin du 4ème siècle au 6ème siècle, Ephèse connut une
3ème période de prospérité, avant de progressivement décliner, notamment en raison de l'envasement du port. De toutes ces périodes il reste d'innombrables vestiges et des travaux de
rénovation sont en cours.
Nous avons essayé de tout voir. Les ruines d'Ephèse comprennent, le gymnase, les bains Varius, l'agora, l'Odéon, Le Prytanée, la place Dominitien, la rue Courète qui rejoint la
bibliothèque de Celsus, le monument de Memmius, la fontaine de Trajan, les bains de Scholastikia, l'arc de triomphe, le temple d'Adrien et le grand théâtre....nous sommes même allés voir la
maison de la vierge....
« Etiam periere ruinae » disait César sur le site de Troie ! A Ephèse ces ruines ont survécu.
Nous ne pouvions quitter cette région de Turquie sans consacrer une ou deux journées à visiter Izmir, l'ancienne Smyrne qui vit naître Homère. Izmir (qui vit, auusi, naître
Balladur mais était ce bien utile de le préciser son destin ayant été si peu homérique) est la 3ème ville de Turquie. Devant le peu de temps que l'on avait, nous avons écarté les
sites historiques et les musées pour nous concentrer sur des visites comme la mosquée Hisar, la statue équestre d'Atatürk, le parc Kültur, le parc Adnan Saygub et son amphithéâtre, et le
shopping au marché Kemeralti, l'esplanade Kordon et les magasins bordant la jetée Pasaport.
Nous sommes rentrés chez nous pour enfin apprendre la bonne nouvelle : Chirac avait tranché le nœud gordien : il avait dissous...... une excellente nouvelle.
(A suivre)