Souvenirs en vrac... quand les nuages fuient le ciel de juin
En cherchant un titre porteur pour juin j'ai bien failli m'arrêter sur le brave Prévert et son temps des cerises suivi du temps des noyaux
.... mais c'était de tonalité quelque peu pessimiste alors que juin, j'adore : c'est mon mois préféré et ça depuis tout petit. Le temps des noyaux a certes, parfois, un peu existé, notamment
les années d'examen, mais ça se crache un noyau de même qu'un C.V insuffisamment riche.
J'ai pensé un moment utiliser un fragment de poème de Raymond Queneau : « Quand fuit le vitrage sous un ciel de juin » tiré de « L'échelle des
mois », mais c'était trop confus et puis ça m'a, finalement, inspiré un autre titre, ma part de poésie : « Quand fuient les nuages dans le ciel de juin ». Enfant
on sent arriver au fil du mois de juin la semaine des quatre jeudis, pas forcément les vacances. Juin c'était alors mieux que les vacances car ça donnait une impression de gain progressif de
liberté sans l'ennui.
Juin 68, plus précisément le 10 juin Pilou et moi, nous passions devant Monsieur le Maire à Champigny, c'était un lundi, il y a quarante ans.... Que ça passe vite quarante ans ! Ernest, mon grand-père, fut mon témoin et l'oncle Rafaël celui de Pilou......
Juin 1969 encore un 10 juin, nous nous envolions pour la Guyane, une sorte de voyage de noce. Nous allions prendre goût aux climats tropicaux. La veille j'avais échoué à mon permis de conduire. Pas terrible juin pour les examens ; je le repassai, avec succès, à Kourou deux mois plus tard. Nous sommes restés 6 mois en Guyane. (Lire l'article « La Guyane ....l'effet papillon »)
Juin 1970 : Quelques semaines après la naissance d'Eric nous nous installions en Arles. Je travaillais à l'aménagement de la zone industrielle, sidérurgique et portuaire de Fos sur mer. Je ne suis resté que 3 ans sur ce chantier, mais ensuite nous avons gardé notre appartement d'Arles, que nous retrouvions à nos retours d'Afrique, jusqu'en 1980.
Dès les beaux temps mais avant l'arrivée des doryphores juilletistes ou aoûtiens, c'est-à-dire entre mai et juin 1971 et 72, nous passions souvent les dimanches dans la garrigue du côté de Crespian. Pourquoi Crespian ? Parce que c'était à équidistance de Montpellier d'où venaient Jef et Nicky, d'Avignon d'où étaient Chris et Françoise et d'Arles. Un lieu sauvage superbe, on y trouvait des fossiles et en début de saison des asperges sauvages.
23 Juin 1973 : j'étais depuis mars sur le chantier du tunnel du Fréjus à Modane. Je devais quitter ce chantier en octobre pour partir au Zaïre, aussi je ne pouvais pas prendre de congés cet été là. Pilou et nos enfants étaient avec moi en Savoie mais je devais les ramener en Arles où les parents de Pilou allaient venir les chercher pour des vacances en Espagne. A la sortie de Grenoble nous sommes tombés en panne : moteur cassé, notre vieille Diane était morte. Avec deux enfants en bas âge, un vrai déménagement sur les bras, nous nous mettions en quête d'un hôtel. Quête vaine un week-end où il y avait à Grenoble le congrès du Parti Socialiste (remporté par Mitterrand avec 62 % des suffrages devant le Cérès de Chevènement 21%, Guy Mollet et Poperen. La ligne d'Epinay était confirmée). Et ce n'était pas tout, il n'y avait pas que des socialos pour nous emmerder il y avait aussi les boxeurs car ce soir là il y avait un championnat du monde de boxe à Grenoble, le titre des welters était en jeu entre le cubain José Napoles et le français Roger Ménétrey... et le français n'a même pas été foutu de gagner.... Bref pour nous ce fut galère et des frais de taxi pour trouver un hôtel. Le lendemain, toujours aussi chargés, nous avons pris le train et nous étions de retour à Modane, la case départ. Le week-end suivant, je louai une voiture pour ramener la famille en Arles.
Fin juin 1975. Nous étions alors au Zaïre et le 30 juin c'est la fête de l'indépendance. Nous étions allé passer 3 ou 4 jours à Moanda avec des amis, les Dupré. Moanda au bord de l'atlantique à l'embouchure du fleuve Congo. C'est une bande côtière très étroite, coincée entre l'Angola et Cabinda région angolaise enclavée au Zaïre. L'Angola n'était pas encore indépendante, (ça sera le 11 novembre 1975) mais la situation y était anarchique. Depuis la révolution des œillets au Portugal (25 avril 1974), l'armée portugaise quittait progressivement le pays qui sombrait dans le chaos et la guerre civile.... Et qui plus est Mobutu revendiquait la province de Cabinda.... riche de ressources pétrolières..... Nous, nous étions bien, sur cette plage de Moanda. Nous y étions déjà venus l'année précédente avec d'autres amis du barrage, Pierrot et Malou. Super chouette une grande plage vide hormis quelques pécheurs. Nous y avons passé 3 ou 4 jours super relax, mais le jour du retour ce fut autre chose. Je roulais doucement sur la piste en savane forestière ; nous avions quitté notre lieu de séjour depuis une quinzaine de minutes lorsque surgirent de partout des soldats en armes et en action. Ça tirait tous azimuts devant nous, derrière, de tous côtés... Je me suis arrêté, n'ayant ni possibilité d'avancer ni de faire demi tour, rien d'autre à faire que demander aux enfants de se coucher sur le plancher puis d'assister impuissant à ce spectacle inquiétant... Je mis plusieurs longues secondes angoissantes, avant de réaliser que ce n'était que des manœuvres... il n'y avait pas de victime, pas de sang ; ils tiraient avec des munitions à blanc... Et je voyais ceux qui étaient près de notre voiture se marrer en nous voyant paniqués.«Ah ces mundélés ! On leur a foutu la pétoche »
Je fais un grand bond de près de deux décennies car je n'ai rien de très blogueste à raconter pour les mois de juin de 76 à juin
94 : ni cerise ni noyau.
Des cerises et du champagne à gogo pour Jeannot qui le 24 juin 1994 épousait Valérie. Jeannot qui poussait l'enterrement de
sa très longue vie de garçon jusqu'à arriver à la mairie en panier à salade, menottes au poignets, et bien encadré par des potes flics. Si ce n'est pas blogueste cette anecdote....? Dommage que
je n'ai pas de photo. Je retrouvais ce jour-là des copains du rugby que je n'avais pas vu depuis mes séjours en Afrique.
Nous revoilà en juin 1995. Dans mon précédent billet j'ai raconté les élections municipales de Niort et la victoire de la liste Bellec. Ce que je n'ai pas raconté c'est la première réunion du nouveau conseil municipal, c'était le 25 juin. A cette séance le conseil élit le Maire ; il n'y avait pas de suspens mais il y eut un grand moment. Jusqu'à l'élection du maire le conseil doit être présidé par le doyen d'âge : il s'agissait de M. Lamarque, membre de la liste Bellec, un non socialiste symbole d'une ouverture...... à droite. Néophyte, il fit un discours quelque peu ampoulé avec une référence élogieuse à Ronald Reagan. Pour une mandature de gauche on ne pouvait pas mieux commencer......
Juin 1997 : Première victoire de Geneviève aux législatives, une belle campagne, la plus belle des trois. La 1ère
circonscription des Deux Sèvres retrouvait des couleurs roses avec 37,7 % au 1er tour et 56,1 % au second.
Juin 2002 : Nouvelle victoire dans un contexte morose après l'élimination de Jospin au 1er tour des présidentielles et la nécessité de voter Chirac au second. Le
1er tour des législatives fut plus facile que prévu avec 39.6 % le second un peu décevant à 52.1 %. Les électeurs avaient cette fois voté utile dès le 1er tour. Que
n'avaient-ils pas fait pareil fin avril, ces nocs,....
Juin 2007 : Idem en pire avec l'excité président. Une nouvelle fois je suis chargé de diriger la campagne mais le cœur n'y est pas même si je sais que la victoire est assurée.
Geneviève disait qu'elle devait gagner dès le 1er tour : je pensais que ce n'était pas possible ; avec la nette victoire de Sarkozy cela allait être l'état de
grâce pour la droite. J'ai bien failli manger mon chapeau. Geneviève fit un résultat fabuleux 48.6 % au 1er tour et 65.2 % au second, une des 2 ou 3 socialistes les mieux élus de
France. Je n'étais plus dans le coup. « T'es plus dans le coup papa, t'es plus dans le coup .....»
Dès l'automne 97 nous avions créé l'association « Citoyens d'abord » chargée de soutenir et faire connaître le travail de notre députée. Il faudra que je fasse un billet sur cette belle aventure qui nous a permis de faire, depuis dix ans, des débats de très haute tenue, 4 ou 5 fois par an. Des intervenants experts, des ministres quand la gauche était aux commandes, mais aussi des bons spécialistes locaux. Juin, à la veille des vacances, a souvent été réservé aux intervenants locaux. Le 26 juin dernier nous eûmes un excellent débat sur le thème « Evaluation de la coopération au développement » avec mes amis Alain Piveteau, chercheur à l'IRD (auteur de «Evaluer les ONG» )et André Pineau président de l'ANJCA.
Bande annonce : Lors du week-end du 1er juin, une quarantaine d'amis qui furent de l'aventure d'Al Massira entre
1976 et 1979, se sont retrouvés près de Lodève. La plupart ne s'étaient pas revus depuis près de trente ans et ce furent de grands moments d'émotion : je ferai bientôt un billet sur ces
premières Al Massirades.
Pour les souvenirs en vrac de juin il me fallait bien finir comme j'ai commencé, par un mariage ; ce fut celui de Yannick, un très sympathique et attachant
collègue de travail qui, samedi dernier en mairie de Niort, disait oui à Evelyne devant Madame l'adjointe au Maire.
Tous nos voeux de bonheur.
(à suivre)