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Ciné-cure ....................... Le Président.

3 Juillet 2008 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

 
Je viens de revoir « Le Président », le film Henri Verneuil, un très grand film avec un acteur au sommet de son art Jean Gabin excellemment accompagné de Bernard Blier, des dialogues ciselés par Michel Audiard d'après un roman de Georges Simenon.
 Un très grand film une leçon de gouvernance politique encore utile et à conseiller à tous et surtout à l'excité du bocal.
 Quand on voit ce film et la confrontation Gabin - Blier on ne peut que penser à la relation Chirac - Sarkozy. Ce film étant sorti en 1962, le modèle du Président Beaufort- Gabin ne fut pas Chirac mais Clémenceau, c'est d'ailleurs très explicite dès le début du film avec un plan sur un tableau du républicain intransigeant, patriote, contestataire, individualiste et contradictoire en diable :
 «Je suis un mélange d'anarchiste et de conservateur, dans des proportions qui restent à déterminer »
 et encore à la fin du film quand Beaufort - Gabin invite le curé du village à se joindre à sa promenade :
 «  Tout antisémite a son juif, tout anti-clérical peut bien avoir son curé.. »
 Et puis tout reste actuel dans ce film comme les rapports politiques :
 « J'avais des adversaires à gauche mais je n'avais que des ennemis à droite ».  
 
 Dans ce film il y a des moments vraiment grandioses comme cette scène où Beaufort - Gabin fait écrire sa lettre de démission à celui qui n'est encore que son directeur de cabinet Chalamont - Blier, et qui deviendra ensuite son opposant. Chalamont qui est la cause d'une vague spéculative en ayant prévenu sa femme que le Président Beaufort avait décidé une dévaluation du Franc : « On ne dit rien à sa femme quand on a épousé une banque ! Ça se paie une fortune et c'est ce qui coûte le plus cher ». 
 Et puis il y a cette scène mythique au Parlement avec un débat sur l'Europe et une diatribe du président Beaufort - Gabin contre son opposition ; harangue qui n'a pas pris beaucoup de rides :   « Tout le monde parle de l'Europe, mais c'est sur la manière de faire cette Europe que l'on ne s'entend pas et c'est sur les principes essentiels qu'on s'oppose.
 Votre projet, celui que vous présenterez avec le prochain gouvernement, c'est la constitution de trusts horizontaux et verticaux et de groupes de pression qui maintiendront sous leurs contrôles non seulement les produits du travail mais les travailleurs eux-mêmes. On ne demandera pas à l'Assemblée de soutenir un ministère mais un vaste conseil d'administration.
 Si cette Assemblée avait conscience de son rôle elle repousserait cette Europe des maîtres de forges et des compagnies pétrolières. Cette Europe qui a l'étrange particularité de vouloir se situer au-delà des mers, c'est-à-dire partout sauf en Europe. Je les connais ces européens à tête d'explorateur...... » ( Et si aujourd'hui on avait encore affaire aux maîtres des forges, au capitalisme productif, ça serait un moindre mal ; non maintenant c'est le capitalisme financier, virtuel et spéculatif.) 
 A revoir aussi pour cette scène où après qu'un député ait dit qu'il y a des patrons de gauche (et c'est vrai j'en connais) Gabin répond : « Il y a aussi des poissons volants, mais qui ne constituent pas la majorité du genre. »
 Et puis il y a cette réplique de Chalamont - Blier, qui malmené par le Président Beaufort,   marmonne « Vous n'avez pas le monopole de l'Europe ». Je ne serais pas étonné que cette scène ait beaucoup marqué Giscard d'Estaing. 

 Un film à voir et à revoir. Verneuil a une filmographie riche mais inégale de 1952 à 1993. Sa meilleure période, à mon sens va de 1961 et ça commence d'ailleurs avec « Le Président » jusqu'à 1984. Successivement il tournera des chefs- d'œuvre comme « Un singe en hiver », le face à face Gabin Belmondo avec encore des dialogues d'Audiard à partir du roman d'Antoine Blondin : là on est franchement dans l'anarchisme de droite. 
 Il y aura ensuite « Mélodie en sous-sol » avec Gabin et Delon, puis le superbe « Week-end à Zuydcoote » d'après le roman de Robert Merle avec Belmondo et encore « Le clan des Siciliens » avec Gabin, Delon, Ventura et la participation pour les décors de mon oncle Didi. 
 On le désignera comme le plus américain des réalisateurs français après « La 25ème heure » avec Anthony Quinn puis « La Bataille de San Sebastian » avec A. Quinn et C. Bronson, « Le Serpent » au casting prestigieux avec Fonda, Brynner, Bogarde et Noiret.
 Il y eut encore « I comme Icare » avec Montand et « Mille milliards de dollars » avec Patrick Dewaere. 
 Un grand monsieur du Cinéma français populaire et qui faisait recette. De son vrai nom Malakian il était arménien ; né en Turquie en 1920 il décéda à Paris en 2002.

 Selon le principe des articles ciné cure puis-je parler de notre Président : Non merci, sauf à espérer qu'il ne va confondre la présidence de l'Europe qu'assume la France pour 6 mois et qui lui est déléguée par la force des choses et être le Président de l'Europe et vouloir imposer son point de vue à tous.....

 Au moment où j'écris ces lignes j'apprends qu'Ingrid Betancourt vient d'être libérée avec 14 otages. Enfin libre après 2321 jours de captivité, pourvu que ce soit vrai et si l'excité y était pour quelque chose je l'en remercierai ; il aura, au moins, eu le mérite de s'engager pour elle....

 A part ça il ne trouve guère de crédit à mes yeux et souvent quand je le vois gesticuler devant les caméras..... il me fait honte pour l'image de mon pays.......et je ne dis pas ça parce qu'il est de droite mais à cause de son comportement... d'ailleurs ceux qui me connaissent savent je n'ai jamais dit ça pour De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand ou Chirac.... (Ah bon je l'aurai dit pour Giscard... mais pas à ce point quand même ! )

 Si j'avais un sujet d'actualité à traiter avec un Président, ça serait celui de France télévisions, Patrick de Carolis qui a affiché son désaccord avec la réforme de l'audiovisuel public présentée par Sarkozy. Il fait même dans la rébellion quand il ajoute « Lorsqu'on dit qu'il n'y a pas de différence entre la télévision de service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide et profondément injuste »  ça fait du bien de voir que certains, et quels que soient leurs positionnements politiques, peuvent résister (et même s'ils sont repris en main ensuite.)

 On en revient au film Le Président et les dialogues d'Audiard par la bouche de Gabin. «Sauf pour les dictateurs et les imbéciles, l'ordre n'est pas une fin en soi... »

 (à suivre)

 

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