Saga africa & Co.....Toué lé jolie mon île...Le retour (1)
Samedi 9 septembre 2006, nous atterrissions à la Réunion : Le retour, 11 mois plus tard et cette
fois-ci pour un mois. Nous avions pris nos dispositions pour pouvoir, après 2 semaines de boulot, savourer 2 semaines de vacances sur cette île magnifique qui nous avait tant éblouis l'année
précédente. En octobre 2005 nous n'avions pas pu dans le cadre d'un voyage professionnel impromptu, en goûter pleinement les charmes.
Ce samedi matin nous débarquions donc à l'aéroport Rolland Garros (ex-Gillot). Non ce n'était pas un tennisman (il fut par contre champion de
France de cyclisme). Il est surtout connu comme aviateur, le premier à avoir traversé la Méditerranée, puis comme héros de guerre mort au combat aérien en 1918.... Un héros ça ne se
refuse pas surtout s'il est né, certes un peu par hasard, à St Denis de la Réunion.
Après avoir récupéré nos bagages nous
allâmes prendre possession de la voiture de location. Ah non ce n'était pas vrai ! Nous récupérions comme l'an dernier une 107 de couleur jaune canari. Première réaction je la refusai ; je
voulais un autre modèle, une Clio par exemple. Ok mais il allait falloir attendre un peu. Attendre encore après 11 h de vol de nuit en Boeing 747, avec le confort que l'on sait pour les gens de
plus de 1 m 80 (taille courante pour un homme), c'était impossible ; et on accepta donc l'affreux pot de yaourt jaune. Je consultai les papiers du véhicule et je constatai que c'était
pile poil la même que l'année précédente. Elle avait alors 10 km au compteur, elle en avait 24 550 km, comme quoi elle avait roulé sa bosse, malgré le faible linéaire routier de l'île.
« Tou le zan douz mwa ». Là il n'y en avait eu que onze mais elle les avait bien vécus.
En route pour
notre premier lieu de séjour, un hôtel à St Gilles sur la côte ouest. Nous avions fait ce choix pour les 10 premiers jours car une bonne partie des centrales BPE que je devais auditer se trouvait
sur la côte ouest au sud de Saint Paul. Pilou pourrait profiter au bord de la plage de l'Hermitage d'un lieu de farniente agréable pendant que je serai au turbin en la privant d'ailleurs de
voiture.
Il y eut pourtant un os : mon cher copain Patrick, (il me lit de temps à autre alors je me modère), je
disais donc que ce cher Patrick, ce couillon, avait noté ma visite aux bonnes dates mais pour octobre, comme en 2005, et quand je suis arrivé à La Réunion, lui était en Nouvelle Calédonie et ne
rentrait que 15 jours plus tard. Heureusement que j'étais là pour 1 mois. Il me fallait non seulement revoir mon programme, mais surtout je constatais avec effroi que les réservations d'hôtel ne
coïncidaient plus du tout avec la localisation des centrales.... Ce qui voulait dire des heures d'embouteillages en perspective. L'horreur ! Merci Patrick.
En ce samedi après-midi nous savourions St Gilles et sa plage. Quelques emplettes dans une superette populaire, « Anon, paryé, zot la fé pro dépanss », quel plaisir de se retrouver au milieu de cette population jeune, métissée et joyeuse. Repos
aussi à l'hôtel dont la chambre était affichée à 177 €. Contraste ; heureusement les frais n'étaient pas à ma charge... mais j'avais quand même un peu honte. Le soir nous savourâmes notre
première dorade coryphène grillée, et puis une nuit de récupération avant d'attaquer immédiatement le lendemain l'ascension du Piton de la Fournaise.
Dimanche 10 septembre. Le plaisir de se lever de
bonne heure en Afrique est toujours le même. A 5 H 45 au lever du jour, les odeurs embaument, les jardiniers s'affairent, les oiseaux piaillent et viennent virevolter dans la paillote où était
proposé le trop copieux petit déjeuner.
Il nous fallait partir assez rapidement en direction du Piton de la Fournaise car
si la météo était favorable ça ne tenait généralement sur les hauts que jusqu'en début d'après midi. En fin d'hiver austral le temps est clément, le ciel est bleu azur, puis la matinée passée les
cumulus crémeux s'amoncèlent sur les pitons qui délimitent les cirques. L'année précédente nous étions également montés au volcan dès le lendemain de notre arrivée, mais l'aventure
avait tourné court au pas de Bellecombe car en bas des marches en arrivant dans l'enclos Fouqué, devant le cône Formica je m'étais fait une ptn d'entorse qui mit fin à la promenade. L'expression
tournée court étant d'ailleurs peu appropriée car il m'avait fallu remonter tant bien que mal les 400 et quelques marches pour retourner au niveau du parking. Cette fois j'allais être plus
prudent car notre séjour cette année coîncidait avec le réveil du volcan et il nous fallait absolument assister à ce spectacle et donc atteindre le nouveau cône d'éruption, situé sur la
face sud du cratère Dolomieux.
Nous sommes repassés à proximité du Formica Léo en évitant par superstition, « ou kroi lë sor », de gravir cet amas
de scories rouges en forme d'entonnoir. Le début de la piste d'accès est en terrain presque plat, le temps de s'habituer à marcher sur la lave et de contempler au passage des drapés de laves
cordées.
La marche se poursuit en pente douce jusqu'à la Chapelle de Rosemont que l'on atteint au bout de 40 minutes de balade plutôt cool (attention, quand même, aux chevilles). Après ça se corse un
peu, avec plus d'une heure de montée un peu plus rude. Il faut dire qu'avec le réveil du volcan depuis une dizaine de jours, le chemin balisé le plus court, mais le plus sportif était fermé
et interdit d'accès par des gendarmes.
Nous empruntâmes donc le chemin le plus long pour atteindre le cratère de Dolomieux. Il y avait du monde sur la piste et en arrivant en haut il y avait vraiment beaucoup de monde
sur le site.
Nous avons contourné le cratère par le sud pour approcher le nouveau cône d'éruption. « Volcan i vienn kosmanss
koulé ». Un magnifique spectacle, le volcan crachait
beaucoup de fumée, de nombreuses flammèches et régulièrement des projections de lave plus conséquentes. La gendarmerie avait installé un observatoire à environ 300 m du cône, déjà baptisé « Wouandzani » ce
qui signifie fraternité en comorien. Toujours un souci de métissage des origines ethniques à La Réunion. Une heure d'observations, une heure de pauses avec l'appareil photo pour essayer de
prendre un belle grande gerbe de lave ; il y en avait trois ou quatre par heure dont une magnifique : je les ai toutes loupées. Désolé !
J'ai donné un coup de téléphone en métropole, à Richard : « Je te croyais à la Réunion » me répondit-il. « J'y
suis » et je lui vantais le magnifique spectacle que j'avais devant les yeux.
La descente dans l'enclos fut rapide
mais éprouvante et j'ai à nouveau craint pour une cheville. La remontée de l'escalier à flanc de paroi fut moins laborieuse que l'année précédente. Arrivé en haut au pas de Bellecombe, le temps
de reprendre le souffle on se retourna pour jeter un dernier coup d'œil à l'immense enclos (15 km de circonférence) rempli de lave figée situé 150 m plus bas, et qui au sud est surplombé du
piton avec ses deux principaux cratères Bory (2632 m) et Dolomieu (2366).
Comme prévu, en ce début d'après midi le ciel se couvrait. Nous redescendions, traversions la plaine des sables dont les paysages feraient merveille pour tourner un film de
science fiction. Nous laissâmes de côté le Piton de l'eau. « Il faut absolument y revenir, il y a le seul lac volcanique de l'île » me dit Pilou.
Nous avons bien fait une halte au Nez de bœuf d'où il y a une vue grandiose sur la rivière des Remparts, la plus ancienne caldeira de la Fournaise, mais c'était trop tard, la vallée
était encombrée par les nuages. On continua à descendre et quittant les landes dénudées aux branles éparses, on retrouvait les forêts de cryptomérias.
Retour sur la RN 3 à Bourg Murat, point de rencontre entre la plaine des Caffres et la plaine des Palmistes. Nous fîmes une halte restauration et une halte instructive à la Maison
du volcan.
Ensuite ce fut la descente vers la côte par cette route des virages où les villages et hameaux se nomment,
Vingt-troisième, Dix-neuvième, dix-septième et jusqu'au Onzième. Les premiers ont du être absorbés par la ville du Tampon quand elle a commencé à s'étendre. Ensuite descente sur Saint Pierre,
puis direction Saint Louis avant d'arriver dans un gigantesque embouteillage à Saint‑Leu, où nous restâmes scotchés près de deux heures.
Ce fut l'occasion d'écouter la radio et d'y faire connaissance avec la démocratie participative radiophonique façon réunionnaise. Un mélange de sujets
très intéressants, très pointus et de ragots radio-trottoir. J'y appris quand même les raisons de ce blocage à Saint Leu, c'était la fête de la Salette.
En 1859, quand une terrible épidémie de choléra ravagea l'île faisant 2700 victimes, seule la petite ville de Saint Leu fut totalement épargnée. La
légende veut que ce « miracle » soit dû aux prières à la vierge qu'un brave curé, le père Sayssac, fit en échange d'une promesse de faire financer par ses concitoyens une chapelle.
« Doné manzhé bondié » Drôle de manière de faire lever l'impôt, mais ça avait marché... et depuis ça continue à rapporter
aux marchands du temple, car chaque année, début septembre la ville est paralysée par des pèlerinages religieux et des kermesses populaires....
Lundi 11 septembre : Une journée repos dont
je me serai bien passé. Sacré Patrick, « Ma mark aou dan mon karné ». Faute de travail on se promena, on visita et j'en
profitai pour aménager mon planning.
En matinée nous sommes allés au Géant Jumbo de St Paul, à l'espace culturel et j'achetai « L'Histoire de La
Réunion » en deux volumes de Daniel Vaxelaire. L'an dernier j'avais reculé entre le prix, 90 € les deux, et le poids dans les bagages de retour. Cette année, c'était l'achat
prioritaire, les sacrifices se feraient sur autre chose. L'an dernier je n'avais acheté du même auteur qu'un roman, remarquable « Chasseur de
noir » En sortant du magasin on vit à une billetterie qu'il allait y avoir, quelques jours plus tard, un spectacle de Francis Cabrel à Saint Gilles. Le tarif était
raisonnable, et il ne restait que quelques places.... Sans hésiter plus longtemps nous en primes deux.
J'ai ensuite
téléphoné à l'ami d'un ami, tous deux niortais. Je n'étais pas certain de mettre les bons visages sur ce couple Daniel et Dominique M. en poste à La Réunion depuis quelques mois, mais entre
niortais....et puis ils avaient été prévenus par notre copain commun, aussi en début de soirée nous sommes allés chez eux au Guillaume sur les hauts de Saint Paul. De cette soirée je garde
surtout en mémoire une longue discussion sur le syndrome de la Goyave. Il faut savoir que ces arbustes qui donnent de petits fruits rouges,
goyaves de Chine, sont devenus envahissants, au point de menacer la biodiversité et d'être considérés comme une peste végétale..... et voilà comment la population autochtone perçois l'excès de
fonctionnaires métropolitains bénéficiant de primes et d'avantages en terme de retraite alors que de jeunes réunionnais titulaires de bac + 5 restent sans emploi. Ce sujet faisait ce jour-là la
une du « Journal de l'île » ce qui nous entraîna dans un débat fort intéressant.
Mardi 12 et mercredi 13 septembre : Ces
jours-là je travaillais...enfin ! Je préférais conserver mes jours de vacances pour la fin du séjour.
Roger G. avait
accepté de modifier les dates d'audits pour me recevoir 10 jours plus tôt que prévu. Sa première centrale était située à Saint Benoît à 90 km de Saint Gilles : 3 H d'embouteillage, départ 5
H 45 arrivée à 8 H 45. Qui dit mieux dans toute la France hormis jours de grève. La seconde centrale était située à Saint Paul la journée du mercredi fut donc moins dure. Deux journées de travail
banales, rien à en dire.
Roger est un curieux personnage comme on en rencontre pas mal en Afrique et dans les départements
d'outre-mer. Il y a 30 ans il a quitté la métropole, sa famille, son travail et il a largué les amarres, destination incertaine, ce fut La Réunion. Il n'est jamais retourné en métropole depuis.
Il a repris contact par Internet avec certains de ses enfants, mais ils ne sont jamais venus le voir à la Réunion et lui refuse de rentrer. Depuis quelques années il vit avec une malgache dont il
est devenu le pied de riz. Bizarre le mec mais pas désagréable pour le peu que je le connaisse. Nous avons beaucoup discuté du
« Chik ». Il faut dire que le moustique vecteur faisait la première page du Journal de
l'Île et je m'aperçois qu'à La Réunion, comme en province en métropole, la vie de tous les jours est nettement rythmée par les journaux locaux.
La veille le ministre de la
santé, Xavier Bertrand avait déclaré sur les ondes qu'en fin d'année 2006, un médicaments miracle permettrait de traiter le Chikungunya...... il avait pour nom la Nivaquine. J'aurai bien
éclaté de rire si le foutage de gueule n'était pas aussi grave : tout le monde en Afrique depuis au moins une trentaine d'années utilisait la nivaquine ne serait ce que pour lutter contre le
paludisme. En réponse la Une du journal fut superbe, avec un cadeau de noël bien enrubanné et un méchant moustique posé dessus.
Le journal faisait aussi une proposition fort intéressante pour relancer le tourisme qui fuyait l'île. Un billet amer sucré recommandait de promouvoir
le mythe aventurier dans le style Koh Lanta, en vantant les cyclones, les requins et le chik en opposition au tourisme ringard de Maurice et des Seychelles.
Roger souffrait beaucoup des séquelles du Chik. Quand il avait été atteint l'année précédente il n'avait pas voulu s'arrêter pour se soigner.
Maintenant il s'en mordait les doigts (façon de parler) car tous les jours au réveil il devait pendant plus d'une demi heure assouplir ses articulations des mains pour être en mesure de
tenir un stylo ou de conduire.
Jeudi 14 septembre : Encore une journée de
travail au Port cette fois. Il n'y avait que 25 km mais j'ai bien mis une heure pour rejoindre la centrale. J'eus la surprise dans un embouteillage vers St Paul où était concentré un millier de
voitures, de me retrouver coincer derrière un véhicule où se trouvaient deux collègues de Bordeaux. L'un d'eux s'est même fait un plaisir de descendre pour me photographier dans mon pot de
yaourt.
De ma journée de travail rien à dire, pas même la rencontre de personnages originaux.
Pendant ce temps Pilou visitait le jardin d'Eden à Saint Gilles, un jardin épatant avec une case d'accueil originale puisqu'il s'agit d'un énorme foudre de chêne datant de 1847, qui pouvait
contenir 51000 litres de rhum.
Elle put déambuler une bonne partie de la journée dans ce paradisiaque jardin ethnobotanique où l'on découvre à travers sa flore toute l'histoire de La Réunion.
Ce magnifique jardin est relativement récent (début des années 90).
Le soir nous sommes allés avec les amis du Guillaume, au restaurant la Marmite près de la plage de l'Hermitage déguster diverses spécialités au feu de bois, des caris, rougails et
massalés: « Lé massalé Kabri la fé plézir »
( Nï artrouv !)