Trop poli-tique......Douce France, chers congrès et militance..
Et bien non ! Je ne suis pas à Reims et pourtant j'aurais pu y être ayant reçu, en bonne et due forme, une invitation, un laissez-passer ; j'avoue même avoir un peu hésité à m'y rendre : par nostalgie amicale et non par voyeurisme ? Et puis non j'ai préféré rester à la maison car..... que ce jeu de rôles se termine par un sacre Royal ou un massacre.... je savais que je ne serais pas bien devant le spectacle donné..... d'autant que je ne suis plus sûr de rien, mais j'y reviendrai en fin de billet.
J'ai participé à sept congrès du PS depuis 1992 : Bordeaux, Le Bourget, Liévin, Brest, Grenoble, Dijon et Le Mans... Stop ça suffit ! Si encore ils en programmaient un dans les DOM TOM je pourrais me laisser tenter, sinon je crois que j'ai vraiment fait le tour de la question .... Sans compter que j'ai du participer à toutes les commissions thématiques (très nombreuses et très intéressantes entre 1994 et 1997, plus rares ensuite....on a vu le résultat.) et à la plupart des conseils nationaux entre 1995 à 2006.... Besoin de grandes vacances pour réfléchir à défaut de prendre la décision d'une retraite politique définitive.
Le premier congrès qui m'a vraiment intéressé fut celui d'Epinay que j'ai suivi par la presse car je n'étais pas encore encarté. Mitterrand non plus d'ailleurs ce qui ne l'a pas empêché en ce week-end du 11 au 13 juin 1971 de faire main basse sur le PS (en y adhérant la veille dit-on) et pourtant les résultats du vote par motions n'en avaient pas fait un vainqueur potentiel : motion arrivée en tête Savary-Mollet : 34% ; en second la motion Mauroy-Deferre : 30% ; et assez loin en troisième position la motion Mitterrand : 15 % ; suivaient ensuite la motion Poperen : 12 % et la motion Chevènement : 9%.
L'alliance « éventail » Mitterrand, Mauroy-Deferre, Chevènement consacra François Mitterrand pourtant largement minoritaire au vote des motions ... tout est donc possible dans un congrès du PS. .
Le premier congrès auquel j'ai participé en tant que délégué fédéral fut celui de Bordeaux du 12 au 14 juillet 1992. J'ai le souvenir d'un congrès chaleureux : il fallait faire oublier le congrès de Rennes (confrontation des héritiers du Mitterrandisme, Jospin Fabius) et manifester un soutien unanime à Emmanuelli qui, en tant qu'ancien trésorier du PS, avait maille à partir avec la justice. La motion de la direction sortante où se trouvaient réunis tous les « éléphants » a fait plus de 85 %. Les jeunes trublions de la Gauche Socialiste réunissaient 7 % des suffrages. Chevènement en rupture avec la ligne européenne du parti déclara à la tribune qu'il envisageait de quitter le parti.
Après la débâcle des législatives de 1993 il y eut au PS des coups bas pour empêcher Fabius d'être le premier secrétaire national dont une alliance surréaliste entre Rocard, Mauroy, Jospin, Strauss Kahn, Emmanuelli, Mélenchon Dray etc... Rocard devenait le nouveau patron de cet attelage hétéroclite et il présenta la motion « Refonder » pour le congrès du Bourget du week-end du 23 au 24 octobre 1993. J'étais encore délégué fédéral et de sensibilité rocardienne, j'étais donc encore dans la majorité. Le texte du rassemblement hétéroclite l'emporta avec 83 % des voix devant la motion Poperen 11 % et une motion Dumas-Mermaz : 6 %. Je fus quand même sidéré de voir des militants du camp vainqueur huer des orateurs de leur propre camp, mais originaire de courants différents (Huchon copieusement sifflé par les jospiniens et fabiusiens). Décidément la vie de ce parti n'était pas un long fleuve tranquille.
J'ai souvent déploré que le parti ne soit pas représentatif sociologiquement de la société française compte tenu du poids des élus locaux et des enseignants et c'est pourtant la rencontre avec un prof, Vincent Peillon, qui m'a conduit à balayer mes doutes et à poursuivre un bout de chemin avec le PS après la déroute électorale aux législatives de 1993. J'ai découvert le projet de texte de Vincent et de ses amis au cours de l'automne 1994. On s'est ensuite rencontré au siège du PS à Solferino, puis je fus mandataire fédéral de cette motion alternative pour le congrès de Liévin ... en route pour un nouveau congrès après que Michel Rocard ait été flingué par Mitterrand lors des européennes par l'intermédiaire de la liste Tapie. Henri Emmanuelli était devenu, entre temps, le nouveau dépositaire de Solférino.... Encore une fois on eut droit à une motion soutenue par tous les éléphants. Une motion très marquée à gauche, une orientation qu' Emmanuelli voulut pour montrer à Delors ce qui l'attendait s'il devenait Président de la République. La motion A, pensée unique, « Etre socialiste » obtint 92 % et notre motion alternative « Agir en socialiste » fit 8% mais on s'en contentait. J'ai connu par cette motion des camarades, des amis super intéressants : Adeline, Barthélemy, Christophe, Vincent ... et d'autres.
Après les élections présidentielles de 1995, Jospin devint en octobre 1995 et par scrutin direct des militants (une nouveauté) Premier secrétaire du PS. Dans la foulée la gauche remporta les élections législatives de Juin 1997. S'ensuivit le congrès de Brest du 21 au 23 novembre 1997 où Jospin 1er ministre passait le relais à François Hollande. Le rassemblement était nécessaire d'où le nom de la motion majoritaire « réussir ensemble » soutenue par tous les anciens 1er ministres, Mauroy, Fabius et Rocard et qui recueillit 85 %, laissant loin derrière la motion de la Gauche Socialiste à 10 % et une motion popereniste à 5 %. J'ai souvenir d'une admirable intervention de Mélenchon : même si je n'étais pas en accord avec ses positions je ne pouvais m'empêcher de constater qu'il était et de loin le meilleur orateur socialiste. Mais perdu dans cette grande alliance majoritaire je commençais à regretter ma petite motion minoritaire malgré les efforts de Vincent pour que notre sensibilité reste unie et soit l'aiguillon de la rénovation.... Déjà la nouvelle direction ne proposait plus beaucoup de conventions thématiques : difficile d'être critique et force de propositions quand notre parti est au pouvoir.
Du 24 au 26 novembre 2000 ce fut le congrès de Grenoble : Jospin était toujours 1er ministre et les présidentielles de 2002 se profilaient à l'horizon. Pouvait-on ne pas être rassemblé ? Emmanuelli a franchi le pas de la différence et a recueilli 14 % ; la Gauche Socialiste a continué de se compter avec 13 %. Je n'avais pas d'autre choix à cette époque que de rester et m'ennuyer dans la majorité hollandaise qui pointait à 73 %. J'ai tenté une diversion en flirtant quelques temps avec un sous-courant, les amis de Martine Aubry, où je retrouvais plusieurs bons camarades de la motion minoritaire de Liévin dont Adeline Hazan et aussi une grande amie de Geneviève, Marylise Lebranchu. Mais la greffe n'a pas pris, j'eus le sentiment que Martine Aubry ne savait pas vraiment manager une équipe militante.
Après la catastrophe de mai 2002, l'élimination de Jospin dès le premier tour, Vincent Peillon reprit son bâton de pélerin de la rénovation et avec l'aide d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon (et pour un très court moment de Julien Dray), il créa le NPS. Cette période restera un de mes meilleurs souvenirs de ma vie militante. Que de talents dans ce NPS, trop sans doute. Pourtant j'ai bien cru qu'en s'alliant avec l'aile gauche « Nouveau Monde » de Mélenchon et Emmanuelli on pouvait gagner pour enfin rénover le vieux parti d'Epinay.... du moins amorcer cette rénovation car.... j'avais bien conscience qu'une alliance avec Mélenchon et Emmanuelli, grands mitterrandistes, limitait quelque peu nos velléités de rénovation..... de toute façon le score de nos motions « opposantes » ne fut pas à la hauteur de nos espérances. La motion de Hollande obtint 61 % NPS 17% et Nouveau Monde 16%....Exit la rénovation... On passa malgré tout un bon congrès convaincu que l'avenir était de notre côté. La victoire des rénovateurs serait pour le prochain congrès.... Naïf que j'étais.
Il y avait beaucoup de talents à NPS et surtout beaucoup d'ego. ... notre rassemblement a tenu jusqu'au printemps 2005, malgré des bisbilles entre Vincent et Arnaud attisées par leurs lieutenants respectifs. Début juillet ça faillit être le clash au sous-sol de l'assemblée nationale. Il y eut la réconciliation au cours d'été, puis l'arrivée d'Emmanuelli qui, séparé de Mélenchon, ne voulait pas se compter au congrès du Mans en novembre de peur de ne pas atteindre avec ses seules troupes le seuil couperet de 5%. Au cours de l'automne l'union semblait prévaloir malgré quelques boutefeux. Une nouvelle fois les résultats nous déçurent : Hollande faisait 54 %, NPS 24% et Fabius, qui avait récupéré Mélenchon, 21 %.
Le pire se produisit pendant le congrès du Mans (18 au 20 novembre) et notamment pendant la nuit dite des résolutions avec Fabius qui rejoignait Hollande en synthèse et NPS qui explosait, Peillon, Emmanuelli et Hamon acceptant aussi la synthèse proposée par Hollande, synthèse que refusait Montebourg. Une dernière image de ce congrès : j'étais avec la délégation des Deux Sèvres, assis à côté de Ségolène. A la fin d'un discours à la tribune de Strauss Kahn, une camarade de notre délégation se leva spontanément pour applaudir, et je vis alors Ségolène lui faire signe de s'assoir.
Depuis il y eut les élections présidentielles et cette phase de « je t'aime moi non plus » avec Ségolène Royal. La fraction ex-NPS d'Arnaud Montebourg dénommée « Rénover Maintenant » fut la première à la rejoindre tandis que l'autre branche de NPS débattait. Peillon estimait que Ségolène était incontournable et qu'elle serait investie, haut la main, par les militants. Les amis de Benoît Hamon, issus des MJS et presque tous ex-rocardiens ayant viré à gauche devant le constat d'échec de la social démocratie face au capitalisme financier, ne pouvaient pas voir en peinture Ségolène qualifiée comme la tendance la plus droitière du PS. NPS historique a encore explosé en deux tendances.
Vincent Peillon eut beau réunir plusieurs fois ses plus proches amis pour nous dire qu'on pouvait travailler avec Ségolène sans pour autant devenir Ségolâtre, il est clair qu'il était devenu son bras droit au fil du temps et surtout depuis l'élection présidentielle perdue....
Le temps du congrès de Reims est arrivé et je suis donc resté à la maison. Les scores obtenus par chaque motion évoquent le scénario d'Epinay. La motion Royal-Peillon a fait 29%, Delanoé 25% Aubry 24 % et Hamon 19%. Je ne sais pas ce qui va se passer dans la nuit des résolutions. Ségolène a annoncé ce samedi sa candidature en duo avec Vincent. Si Benoît Hamon est seul candidat contre elle il n'y aura pas péril en la demeure socialiste, mais si en plus Martine Aubry, devait être candidate avec l'appui de Delanoé on pourrait alors craindre le pire pour notre parti.
Pour autant si Ségolène l'emportait quelles seraient les marges de manœuvre de Vincent Peillon? L'alliance entre la populaire-populiste et l'intellectuel talentueux et bosseur est-il un gage de rénovation de ce vieux parti ou une simple et pâle copie de gauche du ticket Sarkozy-Fillon. Je m'interroge.... J'ai confiance dans la compétence de Vincent, mais on a déjà été tellement échaudé depuis 15 ans.... je préfère rester en observation... et si Peillon est vraiment aux manettes avec une liberté d'action je me replongerai dans les délices de la militance (avec modération quand même puisque je n'ai postulé à aucun poste). Sinon je prolongerai mes vacances politiques.
Je précise enfin que j'aime beaucoup l'excellent Benoît Hamon, mais ce qui me gêne un peu chez lui .... c'est l'influence de son équipe, de ses troupes, tous les anciens présidents des MJS. Des jeunes qui gravitent dans l'appareil et dont le futur se décline en un poste d'attaché parlementaire avant de devenir directeur de cabinet, hier ministériel, aujourd'hui de conseil régional, de conseil général ou encore de grande mairie et puis à leur tour devenir député ... un parcours de professionnel de la politique sans avoir jamais fait un autre métier.... Voilà encore quelque chose que je ne supporte plus au PS et qu'il faut changer.....
A suivre