Ciné-cure...... Cry Freedown, La Déchirure, Harrison's flowers et autres......
Pour ce nouveau billet ciné-cure je souhaitais prendre comme fil conducteur, les grandes tragédies internationales des dernières décennies, portées au cinéma : Le Cambodge, le Liban, la Croatie et la Bosnie, le Rwanda, l'Irak, l’Afghanistan et tant d'autres..........Le 20èmeanniversaire de l’abandon de l’apartheid en Afrique du sud, l’ouverture du procès des dirigeants Khmers rouges à Phnom Penh, l’arrestation de Ratko Mladic en Serbie m’y invitaient et puis avant-hier la libération d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier m’incite maintenant à recadrer le sujet sur les risques que prennent journalistes et reporters dans ces zones de guerre ou de crise.
Comme ma première idée était de parler de l’Apartheid je vais d'abord évoquer « Cry Freedown » un film de 1987 réalisé par Richard Attenborough (*) basé sur la mort en prison de Steve Biko, un militant anti-apartheid. Le film débute avec la rencontre entre Steve Biko interprété par Denzel Washington et Donald Woods un journaliste libéral joué par Kevin Kline ; libéral mais peu enclin à aller sur le terrain vérifier, à la source les informations qui lui parviennent et donc facilement manipulable par la police.
Après une phase de méfiance, une amitié naquit entre les deux hommes et Steve entraîna Donald dans les townships de Soweto pour lui faire prendre conscience de la réalité de la situation et notamment du comportement provocateur des forces de police.
Steve Biko fut arrêté en août 1977 et torturé. Le 12 septembre 1977 il mourrait en détention officiellement des suites d’une grève de la faim. Ses obsèques furent célébrées par Desmond Tutu.
Donald Woods qui essayait de faire éclater la vérité dans son journal fut interdit de publication et assigné à résidence. Régulièrement menacé il dut faire quitter le pays à sa famille, avant de tenter et réussir lui-même à s’enfuir. Réfugié à Londres il publia « Vie et mort de Steve Biko ». Donald Woods put s’exprimer à l’ONU devant le conseil de sécurité. Un témoignage parmi d’autres qui contribuèrent à ce que l’ONU adopte des résolutions instituant des embargos économiques sur l’Afrique du Sud (dont le premier concernait des ventes d’armes.) ….. Le chemin de l’égalité et la liberté pour tous fut encore bien long car il fallut attendre l’arrivée au pouvoir du président Frederik de Klerk et le 11 février 1990 pour que Nelson Mandela soit libéré et son parti l’ANC soit légalisé. Le 30 juin 1991, il y a juste 20 ans le parlement sud africain abrogeait l’apartheid. Donald Woods est mort en août 2001 à Londres.
(*) Parmi les grands films de Richard Attenborough il faut aussi retenir « Gandhi ». sorti en 1982 et qui obtint 8 oscars dont les plus prestigieux.
Je vais brièvement mentionner quelques films qui ont déjà fait l’objet de billets ciné-cure dont « Under Fire » un film réalisé en 1983 par Roger Spottiswoode sur fond de révolution sandiniste au Nicaragua et basé sur un fait réel l’assassinat en 1979, par l’armée de Somoza, de Bill Steward un journaliste de télévision américaine.
Je passe aussi rapidement sur « L’année de tous les dangers » de Peter Weir et rappeler les billets sur « Rangoon » et même celui sur Costa-Gavras avec des films témoignages comme « Missing et Z » bien que les personnages principaux ne soient pas spécifiquement des journalistes, tout comme le « Carla’song » de Ken Loach.
Il est temps maintenant de parler d’un chef d’œuvre et il s’agit de « La Déchirure » sorti en 1984 le premier film de Roland Joffé. Il réalisa juste après un autre film mythique « Mission » puis une petite dizaine d’autres, certains assez bons et d’autres plus moyens.
« La Déchirure » est un film vérité : il raconte l’histoire de Sydney Schanberg un journaliste du New York Times et de son assistant cambodgien Dith Pran. Ce dernier sauva la vie de son ami et de trois autres journalistes américains qui étaient sur le point d’être exécutés par les Khmers rouge qui venaient de prendre Phnom Penh (avril 1976). Schanberg fut évacué comme tous les ressortissants américains ; il avait pu, au préalabl,e faire partir la famille de Pran, mais ayant perdu trop de temps à couvrir les évènements avant de se décider enfin à s'en aller parmi les derniers…. Malheureusement Il ne put emmener son assistant cambodgien qui fut arrêté et interné trois ans en camp de travail et de rééducation. En Amérique Schanberg essayait de retrouver son ami. Pour ses articles sur la chute de Phnom Penh et la responsabilité américaine, il obtint le prix Pulitzer en 1976. Prix qu’il dédia et partagea avec son assistant cambodgien disparu.
En 1979 Pran réussit à s’évader et à gagner la Thaïlande où Schanberg informé, vint le chercher dans un camp de la croix rouge.
C’est un film d’une très grande densité dans lequel Joffé évite de dramatiser de manière excessive les conséquences prévisibles des choix professionnels jusqu’au-boutistes de Schanberg qui mirent en péril son assistant. et qui lui furent reprochés. La seule petite concession larmoyante mais super sympa étant le happy end du film en Thaïlande sur fond musical de « Imagine » de John Lennon.
Haing S Ngor né au Cambodge, réfugié aux USA, qui était médecin et écrivain fut retenu pour jouer le rôle de Dith Pran. C’était son premier film mais il en fit cinq autres ensuite dont « Entre ciel et terre » d’Oliver Stone. Son interprétation incroyable de Pran lui permis d’obtenir l’Oscar du meilleur second rôle. Le personnage de Schanberg était interprété par Sam Waterstom. On trouve aussi John Malkovich en photographe.
Il faut aussi mentionner « Salvador » d’Oliver Stone sorti en 1986 avec James Wood. Un reporter qui patauge dans un pays sous dictature militaire avec la bénédiction des Etats-Unis........ jusqu’à l’assassinat de l’archevêque Oscar Romero.
Je ne développe pas car ce n’est pas le meilleur film d’Oliver Stone, loin de là, mais il traite du thème de ce billet. Il vaut mieux voir « Platoon » « Né le 4 juillet » ou « Entre ciel et terre », des films de guerre critiques sur les engagements militaires américains mais qui ne parlent pas du travail des reporters.
« Hors la vie » sorti en 1990 et prix du jury du festival de Cannes est un film du libanais Maroun Bagbadi sur sa ville Beyrouth et son peuple prisonniers d’une guerre interminable. Il raconte l’histoire d’un journaliste free-land pris en otage, une histoire inspirée par l’enlèvement de Roger Auque. Le personnage est interprété magistralement par Hyppolyte Girardot « Il a su, avec abandon et humilité mettre à vif cette part de vérité ….. Grâce à lui, grâce aussi à un scénario admirablement construit, le film atteint son objectif. Celui de raconter l’irracontable, de faire partager ce qui est difficile à partager. La douleur et la peur, la solitude et l’humiliation. Studio. J.P. Lavoignat. »
« Welcome to Sarajevo » est un film réalisé par Michael Winterbottom sorti en 1997 avec dans le rôle principal Woddy Harrelson. « Lors du siège de Sarajevo face à l’horreur continue un journaliste anglais ne peu rester neutre et décide de sauver une adolescente bosniaque orpheline. « Il y a dans ce film des images que l’on n’oubliera pas, notamment cette scène, à la limite du soutenable, où des soldats serbes enlèvent des enfants bosniaques dans un bus humanitaire ;…. Servi par un casting brillant « Welcome to Sarajevo » est à la fois une féroce critique du non interventionnisme occidental, une intéressante réflexion sur l’ambigu statut du journaliste et un impressionnant témoignage sur un peuple décidé à survivre…. L. Tirard Studio»
« Harrison’s flowers » est un film d’Elie Chouraqui sorti en 2001. Harrison est un reporter porté disparu pendant la guerre de Yougoslavie en 1991 entre Croates et Serbes Quand sa femme Sarah (Andie Mac Dowell) l'apprend, elle part immédiatement pour le rechercher. Elle rencontre Kyle (Adrien Brody) un autre reporter qui s'était disputé avec Harrison juste avant leurs départs pour la Yougoslavie. Elle le convainc de l'emmener à Vukovar la ville croate assiégée, martyrisée par les serbes. Les scènes de guerre sont terrifiantes, les dialogues chocs « Ce n'est pas notre place ici, ce n'est pas la place des vivants » Dans Harrison’s flowers Elie Chouraqui fait du Spielberg «.. Il a choisi une héroïne aussi éloignée géographiquement et émotionnellement que possible de la guerre en ex-Yougoslavie : ici une mère de famille américaine et il nous plonge avec une violence surprenante et une terrible efficacité au cœur d’un conflit en nous obligeant à regarder le monstre en face … P. Fabre Studio » Un film inoubliable avec également au casting Brendan Gleeson, Marie Trintignant et Elias Koteas.
Le génocide rwandais fut aussi traité au cinéma dans plusieurs films dont les magnifiques et terrifiants «Shoot dogs » de Michael Caton-Jones, sorti en 2005 et «Hôtel Rwanda» de Terry Jones sorti en 2004. Pour ceux qui s'interrogent encore à savoir s'il fallait intervenir en Côte d'ivoire et en Libye, il faut voir ces deux films où l'élément principal et le non interventionnisme des soldats occidentaux qui se contentèrent d'évacuer leurs ressortissants en laissant se dérouler sous leur yeux l'un des plus abominables génocides que le XXème siècle ait connu.... . Dans «Shoot dogs » ( Les soldats de l'ONU n'avaient le droit de tirer que sur les chiens pour les empêcher de dévorer les cadavres ) c'est dans un orphelinat chrétien que les malheureux tutsis cherchaient à se réfugier de la folie meurtrière des hutus extrémistes. «Hôtel Rwanda» raconte l'histoire de Paul Rusesanbagina (qui fut consultant pendant la réalisation du film) un hutu, gérant d'un hôtel de standing qui abrita et sauva plus d'un millier de rwandais, tutsis et hutus modérés menacés des génocidaires armés de machette. Si je parle un peu plus de ce dernier film c'est que je l'ai revu récemment, avec la même émotion, et que dans l'histoire il y a un journaliste, personnage secondaire mais important car c'est lui qui a tourné les premières images des massacres qui sont passées sur les télévisions occidentales et qui entraînèrent les ordres d'évacuation générale immédiate des occidentaux laissant champ libre aux assassins. Ce journaliste, interprété par Joaquim Phoenix, en arrivant à l'aéroport sous la protection de soldats français, crie sa honte de quitter lâchement le pays... Il crie sa honte mais part.... Une autre façon de montrer l'utilité de la présence des reporter sur les terrains de guerre. » Terry George effleure le rôle trouble de la France, et montre la faillite de la communauté internationale, sans jamais insister ou tomber dans le manichéisme. Enfin ce film dans lequel apparaissent des stars qui tenaient à raconter cette histoire, Nick Nolte (Le général de la force ONU), Joachim Phoenix (Le reporter) est porté par l'interprétation Don Cheadle dans le rôle de Paul., et de Sohie Okonedo son épouse tutsie........Studio.»
Pour ce qui concerne les guerres d’Irak il y eut certes de très nombreux films dont « Démineurs » de Kathryn Bigelow Oscar 2010 et « Dans la vallée d’Elah » en 2007 de Paul Haggis mais on est assez loin du thème du billet.
A la rigueur un film comme l’excellent « Fair Game » de Doug Liman avec Sean Penn et Naomi Watts inspiré de l’affaire Valérie Plame-Wilson l’agent de la CIA chargée de rédiger un rapport sur la présence d’armement nucléaire en Irak est plus proche du thème du billet.
Idem pour « Green Zone » de Paul Greengrass avec Matt Damon également sur le thème de la manipulation militaire et médiatique autour des armes de destruction massives qui ont motivé l’entrée en guerre des Etats-Unis.
Sur la situation en Afghanistan on peut citer « Lions et agneaux » de Robert Redford sorti en 2007 et « Brother » de Jim Shéridan sorti en 2010 qui traite d’une prise d’otage puis du retour chez lui et la reconstruction du militaire.
(A suivre........... et en attendant un film sur l'affaire DSK et une analyse du rôle des médias et des journalistes )