Ciné-cure........ Démineurs.
Un billet prétexte comme j’en ai fait beaucoup sous le précédent quinquennat et dont je suis moins friand depuis. Serais-je un peu gêné aux entournures ? Peut-être un peu, car si Hollande fait moins le clown que sont prédécesseur il faut bien reconnaître qu’il y a toujours autant de couacs, pour ne pas dire plus, avec la nouvelle équipe ministérielle. Il y a aussi que j’ai quelque peu épuisé mes sources, et présenté presque tout ce que j’aimais comme type de cinéma, et rendu hommage à presque tous les grands réalisateurs (J’en ai bien encore quelques uns sous le coude, ainsi je n’ai pas encore parlé de Spielberg….).
Aujourd’hui un titre s’impose c’est « Démineurs » Un excellent film qui a récolté en mars 2010, 6 trophées lors de 82ecérémonie des Oscars et en parallèle une situation politique tendue qui nécessite assez régulièrement des opérations de déminage : je cite rapidement en vrac la situation chypriote, la démission de Cahuzac,….A chaque jour suffit sa peine…. etc….. J’y reviendrai en fin de billet mais commençons par le cinéma en évoquant la filmographie de Kathryn Bigelow.
Bigelow, qui c’est ? Me diront certains et c’est d’ailleurs ce que je me suis dit quand j’ai appris, il y a trois ans, qu’elle était la première réalisatrice à recevoir l’oscar du meilleur réalisateur et du meilleur film. Je n’avais pas encore vu ce film….ce que je me suis empressé de faire, et effectivement si un film mérite bien le qualificatif de film évènement c’était bien « Démineurs ». Bien assis dans mon fauteuil, j’ai rarement été aussi concerné par ce qui était projeté sur l’écran, en ressentant comme les personnages les frissons du danger er de la peur.
« …..Le film suit une unité de déminage américaine et propose une immersion totale dans un quotidien brutal…Les soldats avancent tous à l’aveuglette sur un terrain hostile qui les renvoie directement à leur propre fragilité. La caméra sans cesse en embuscade filme d’ailleurs ces champs de bataille avec une précision inouïe et balaie l’espace pour fixer, en vain, les repères mouvant…. L’Irak est présenté comme une terre brûlée où plus rien ne pousse. Chaque soldat est un Siphyse en puissance obligé de renouveler sans cesse les mêmes gestes jusqu’à la folie…. A mi-film, une formidable séquence brille par son éloquence. Des soldats américains en plein désert manquent de s’entre-tuer à cause d’un malentendu, avant d’être tous mitraillés par des snipers embusqués…Ce film interprété par de jeunes acteurs, inconnus ou presque, réfléchi sur la façon de rendre compte d’une guerre à l’heure où la multiplication des images brouille notre vision. Dans ce film de Kathryn Bigelow, chaque image menace à tout instant de nous péter à la gueule. Thomas Baurez. Studio. Ciné Live…. »
Fin 2012 (janvier 2013 pour la France) sortait « Zéro Dark Thirty » le nouveau film de Kathryn Bigelow, consacré à la traque de Ben Laden. La réalisatrice, en étroite collaboration avec un journaliste d’investigation Mark Boal, préparait un film racontant l’opération Tora Bora, en hiver 2001, lorsque l’armée américaine faillit capturer Ben Laden dans les montagnes afghanes. Le film était prêt à être tourné quand, le 2 mai 2011 eut lieu l’opération ‘’Géronimo’’ et la mort de Ben Laden. Pour la réalisatrice il n’était pas question de jeter tant d’années de travail, de recherches et de préparation, il fallait simplement trouver une nouvelle fin et pour cela se remettre au travail et trouver des informations permettant d’ajuster le script. Mark Boal se remit immédiatement en enquête et obtint assez vite une information importante : c’était une jeune femme officier-analyste de la CIA qui découvrit la cachette de Ben Laden et sut convaincre ses supérieurs. Ce film est aussi exceptionnel que le précédent, mais fut un peu moins bien récompensé. Il obtint 4 nominations aux Golden Globes 2013 avec une seule récompense, la meilleur actrice pour film dramatique pour Jessica Chastain. Il eut aussi 5 nominations, pour la 85e cérémonie des Oscars, dont meilleur actrice, meilleur film et scénario originale mais il n’obtint cette fois qu’une seule récompense, celle de la meilleure bande son..... C’est peut-être en raison d’une polémique concernant l'évocation de la torture pour recueillir des informations.
« Zéro Dark Thirty, en langage militaire, cela veut dire minuit trente, l’heure précise à laquelle Ben Laden a été tué par les forces spéciales américaines dans son repère au Pakistan. Ce n’est pas tous les jours qu’Hollywood se plonge dans un sujet si actuel et encore sensible sans reculer devant la vérité, qu’elle soit ou non flatteuse pour les Etats-Unis….. Zéro Dark Thirty est un film qui ne fait pas de quartiers, qui ne ménage personne, mélange savamment dosé entre enquête géopolitique, pamphlet et thriller militaire. Dans ce registre Kathryn Bigelow excelle dans ce cinéma en apnée, rentre dedans et violent jusqu’à l’attaque finale, véritable leçon de savoir faire. ….. Un cinéma du réel, brûlant et nécessaire. Fabrice Leclerc. Studio. Ciné-Live.
Voilà il ne reste plus qu’à attendre le prochain film de cette surprenante et talentueuse réalisatrice qui n'est pas une débutante. Elle va quand même avoir 62 ans cette année et fut au début des années 90 l’épouse de James Cameron. Ces deux grands films qui l'ont vraiment fait connaitre ne sont pas ses premiers puisqu’elle est créditée au total de neuf longs métrages, dont une majorité qualifiée de films ‘’B’’ et que je ne peux pas tous défendre car en dehors des deux chefs d'oeuvre je n’en ai vu que deux autres et en DVD.
Son premier film « The Lovelesse » sorti en 1982 s’intéressait à des motards. L’ambiance du film ferait penser, si j’en crois des critiques, au film de David Lynch « Sailor et Lula » qui ne sortira que huit ans plus tard. Est-ce du à l’acteur Willem Dafoë et au coréalisateur Monty Montgomery qui participèrent aux deux films. Par curiosité j’aimerai voir ce film.
Son second film en 1987 qui a pour titre « Aux frontières de l’aube » (Near dark en V.O.) est un thriller avec vampires. Je n’ai jamais vu ce film et compte tenu du thème je ne chercherai pas à le voir..
En 1990 son troisième film « Blue steel » est un polar nocturne avec Jaimie Lee Curtis qui semble avoir conquis son public. Je n’ai pas parti de ce public, mais les critiques que j’ai lues me mettent l’eau à la bouche.
En 1991 sortait « Point Break » qui fut le premier grand succès, de Kathryn Bigelow avec d’impressionnantes scènes de surf, de chutes libres et de belles bagarres avec deux acteurs dynamiques Keanu Reeves et Patrick Swayze. Pas étonnant que le film est marché auprès des jeunes avec des acteurs sportifs et sexy (surtout la jeune surfeuse Lorie Petty). J’ai vu ce film il y a peu en DVD et je dois dire que les scènes de chutes libres au-dessus du Lac Powell, sont magnifiques, rien que pour ça je recommanderai ce film même si la trame policière est assez quelconque.
Il y a une scène de surf à santa Monica, ou Keanu Reeves crie ‘’Je suis le roi du monde'' que James Cameron reprendra six ans plus tard pour Titanic, Di Caprio étant alors perché sur une embarcation un peu plus maouste.
Pour ce film Reeves et Swayze furent nominés aux MTV Movie Arvard et c’est Keanu Reeves qui tira le gros lot.
En 1995 sortait « Strange Days ». Kathryn et James ne sont plus mariés, mais le scénario est de Cameron. C’est dit-on un polar-science fiction sur le thème de la violence qui s’impose à un non-violent. Les critiques furent assez élogieuses même si le film est resté plutôt confidentiel, malgré la distribution : Ralf Fiennes, Angela Bassett et Juliette Lewis. J’aimerai bien voir ce film.
En 2000, Kathryn Bigelow propose un thriller « Le poids de l’eau » avec Sean Penn et Catherine Mc Cormack, ce qui me semble suffisant pour avoir envie de le découvrir, d’autant que les rares à l’avoir vu sont plutôt satisfaits selon les commentaires sur Internet.
En 2002 avec « K19 : le piège des profondeurs » Kathryn Bigelow revient sur l'une des plus dramatiques tragédies de l'histoire russe. Le 4 juillet 1961, le sous-marin nucléaire K-19 fut victime d'une avarie du système de refroidissement de l'un de ses réacteurs, alors qu'il était dans les eaux de l'océan Atlantique. Afin de remettre en marche le système manuellement, huit marins se sacrifièrent pour entrer dans le compartiment du réacteur et furent mortellement irradiés. Le film fut tourné en partie en Russie avec l’appui des autorités.
J’ai aussi vu récemment, en DVD, ce film qui était le premier pas de la réalisatrice dans le domaine géopolitique, version historique. C’est un film qui se laisse voir mais on est encore assez loin du ressenti et donc de la maestria de la réalisatrice pour ses deux derniers chefs d’œuvre : les années 60 et la guerre froide c’est du passé et le huis-clos du sous-marin étouffe les acteurs Harrison Ford et Liam Neeson. « La narration est trop conventionnelle, moralisatrice, et la mise en scène manque de suspense….. » Juliette Michaud. Studio Magazine. » . Une part de vrai mais ce jugement d'ensemble est trop sévère car ça reste un film très instructif sans être ennuyeux.
Avant d’aborder la seconde partie, il me faut rappeler que des soldats français combattent actuellement au Mali et que les dernières victimes, un mort, le cinquième depuis l’engagement de la France, et des blessés sont des soldats du 1erRIMA d’Angoulême. Leur véhicule AMX a sauté sur un engin explosif dans une zone situé au sud de Tessali.
Bon maintenant j’aborde le déminage médiatique dans le domaine politique et cette semaine, le moins qu’on puisse dire c’est qu’on a été servi.
Le week-end dernier les ministres des finances de l’Euro-groupe se réunissaient à Bruxelles pour prendre des décisions concernant l’endettement pharamineux de Chypre : «…..Il a été décidé de ponctionner d'autorité 6,75 % des dépôts jusqu'à 100 000 euros, 9,9 % au-delà. L'idée est de faire participer au plan de sauvetage du pays les Chypriotes et surtout les Russes, qui en ont fait leur base arrière, pour ne pas dire la " lessiveuse ", de leurs financements. Ils y ont déposé plus de 20 milliards d'euros sur un total de 70 milliards de dépôts. La mesure, qui doit rapporter 5,8 milliards d'euros, a permis de baisser l'ardoise du plan de sauvetage de l'île, jugé inacceptable par les Allemands : celle-ci ne devrait être que de 10 milliards d'euros - 9 milliards financés par la zone euro, 1 milliard par le FMI -, contre 17 milliards d'euros prévus initialement. Nul ne peut mesurer les conséquences de cette décision. A Chypre d'abord, où les épargnants se sont rués sur les distributeurs de billets, à peine connu le plan. Son annonce met en grande difficulté le président de la République en place depuis deux semaines. Devant la colère des électeurs-déposants chypriotes, M. Anastasiades a dû reporter le vote du Parlement de Nicosie prévu dimanche, afin d'entériner une décision dont la légalité devra être assurée. Pour calmer le jeu, le taux des prélèvements pourrait être plus progressif, histoire de ménager les épargnants les plus modestes. Surtout, il est très difficile de prévoir le possible effet de contagion du plan chypriote. La zone euro est en rémission depuis l'été 2012. Ce week-end, les Européens et le FMI ont pris le risque de relancer la défiance contre la monnaie unique. Lundi matin, les Bourses et l'euro étaient en baisse. Il convient de s'assurer que les épargnants espagnols, portugais, irlandais, italiens ne vont pas retirer à leur tour leurs économies, décidément bien peu en sécurité dans les banques. Les dirigeants européens répètent que la spectaculaire taxation des dépôts chypriotes restera exceptionnelle, voire unique. Un principe sacro-saint a toutefois été brisé : jusqu'ici, les comptes étaient garantis partout dans la zone euro, jusqu'à 100 000 euros. Depuis samedi, ce n'est plus tout à fait le cas. Editorial du Monde du 19 mars.
Branle bas de combat en Europe, les ministres de finances jouent aux démineurs en faisant marche arrière, pour faire une ultime proposition, limitée aux dépôts de plus de 100.000 € mais taxés à 15% et en laissant donc les chypriotes libres de leur choix, sauf que Merkel a déjà prévenu que si des mesures rigoureuses n’étaient pas mises en place, il n’ y aurait pas de prêt d’amortissement et le pays devra se déclarer en faillite et quitter la zone euro. La boite de pandore a été ouverte, les démineurs auront du mal à la refermer. Un nouveau Lheman brothers ? Ils sont fous ces ….. !
Mardi 20 mars veille du printemps, ouverture d’une information judiciaire visant Jérôme Cahuzac, pour ’’ blanchiment de fraude fiscale’’.
« ….la démission du ministre du budget était inévitable. Certes, ce dernier est présumé innocent et n'est pas mis en examen. Sa démission ne saurait être interprétée comme un aveu de culpabilité. Et comme il l'a fait depuis le début de cette affaire, M. Cahuzac continue à récuser catégoriquement les accusations portées contre lui. " Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant ni avant ", n'a-t-il cessé d'affirmer, y compris dans le bureau du président de la République. Mais le soupçon qui pèse sur lui est désormais trop lourd pour qu'il puisse continuer à siéger au gouvernement sans l'affaiblir durablement.
De même, François Hollande n'avait d'autre choix que d'accepter ce départ. Attendre les résultats de l'enquête judiciaire qui va s'engager et, au bout du compte, une éventuelle mise en examen de M. Cahuzac, aurait placé l'exécutif, durant des mois, à la merci des rebondissements délétères de cette affaire.
Le chef de l'Etat a donc tranché immédiatement. Quoi qu'il lui en coûte puisqu'il se sépare, en l'occurrence, d'un poids lourd de son gouvernement, qui fut la " révélation " de son début de mandat, en charge du département le plus exposé du moment : faire accepter aux Français et à tous les ministres une sévère cure d'austérité budgétaire et fiscale pour réduire l'endettement du pays et contribuer à son redressement.
Le président de la République a mené campagne, voilà un an, en faveur d'une " République exemplaire ", débarrassée du poison des " affaires " qui n'ont cessé, depuis des lustres, de miner le crédit des responsables publics, à gauche comme à droite. Tergiverser n'aurait fait que renforcer plus encore cette défiance et tous ceux qui l'attisent.
C'est encore plus vrai dans le cas d'un ministre du budget, censé non seulement expliquer aux Français les vertus de l'impôt, de la rigueur et de la vertu budgétaire, mais aussi lutter contre la fraude fiscale. Laisser la moindre place au doute sur la probité de celui qui en exerce la charge était déjà problématique depuis trois mois. C'eût été dévastateur demain. Editorial du Monde du 20 mars.. »
Tous démineurs : Hollande, Cahuzac lui-même, tous les membres du gouvernement y compris Ayrault à la tribune de l’Assemblée et même l’opposition UMP qui la joue cool en faisant remarquer que la gauche n’avait pas été aussi sympa avec Woerth qui lui s’était accroché à son poste pensant sans doute faire office de fusible.
Et paf le sacre du printemps ! Ca saute à nouveau jeudi 21 en soirée : Le juge Gentil a mis en examen Sarkozy pour abus de faiblesse envers Mme Bettencourt. Les réactions furent curieuses et en trois temps. Premier temps en soirée la sidération générale, puis contre-attaque au petit matin avec de violentes réactions façon Sarko, contre l’institution judiciaire et le juge, avec en première ligne l’avocat, puis les snipers, Wauquiez, Guaino, Estrosi, Balkani et autres (ignominie, abject, acharnement, déshonneur, salissure, instrumentalisation, justice aux ordres, j’en passe et des pires) et puis après réflexion, apparu l’effet dévastateur de ces diatribes et la nécessité de calmer le jeu et d'envoyer en milieu de journée les démineurs : Guéant, Copé et Hortefeux notamment, arrivaient sur les plateaux de télévision pour entonner une autre chanson, plus mélodieuse façon Carla, « Franchement comment imaginer Nicolas faire un abus de faiblesse sur une vieille dame. ». et peut-être sauver ainsi l’avenir de Sarkozy. Je ne sais pas si je m’en réjouis et Félicie (Fillon) aussi …. .mais c’est toujours mieux pour la démocratie et le respect de l’indépendance de la justice. ….
(A suivre)