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Ciné-cure..................Exodus.

10 Juin 2010 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

L’immigration fut un facteur déterminant de la montée en puissance des Etats Unis ….. Des irlandais, hollandais et allemands abandonnaient leur misère dans la seconde moitié du XIXème siècle, précédant au début du XXème siècle des vagues de pauvres venus d’Italie du sud, de Grèce de Turquie puis les juifs d’Europe de l’est qui fuyaient l’antisémitisme, les pogroms et la montée du nazisme

Parmi ces migrants les plus inventifs et dynamiques s’investirent à fond dans les nouvelles industries qui naissaient dans ce pays neuf et cela fut particulièrement vrai dans l’industrie cinématographique :

Les premiers studios de production qui devinrent par la suite les trusts hollywoodiens furent créés pour l’essentiel par des émigrants d’Europe de l’est et le plus souvent très récemment arrivés en Amérique.

Le premier studio digne de ce nom fut « Universal Studio » créé en 1912 par Carl Laemmle. Laemmle est né à Laupeim en Allemagne en 1867. Il a rejoint son frère à New York en 1884 et commença un travail de comptable. A 45 ans, il décida de placer ses économies dans le cinéma et créa un studio qu’il dirigea jusqu’en 1928 avant de laisser la place à son fils.

 « Paramount Pictures » fut fondé par Adolph Zukor en 1917. Zukor est né à Ricse en Hongrie en 1873 dans une famille de rabbins. Orphelin, il émigra dès l’âge de 15 ans pour rejoindre des oncles. Avec eux il travailla dans le négoce des fourrures, domaine où il gagna pas mal d’argent qu’il investit dans l’industrie du divertissement.  En 1912 il créa avec son ami Marcus Loew un studio de production de films « Famous Players » En 1917 il comprit qu’il fallait rassembler des petits studios artisanaux pour créer l’industrie du cinéma et c’est ainsi qu’en s’alliant notamment avec Jesse L Lasky  ils créèrent, ensemble, la Paramount.

La « Warner Brothers » fut créée en 1923 par quatre frères originaires de  Krasnosielc, un village de Russie (aujourd’hui en Pologne). L’aîné Hirsch Wonsal est né en 1882 et devient Harry Warner après sa naturalisation américaine. Ses frères, Abraham Wonsal né en 1884,  Samuel Eichelbaum né en 1887 et Jacob Warmer né en 1892 (le seul à être né en Amérique), devinrent respectivement Albert, Sam, et Jack

La « 20th Century Fox » est née en 1935 de la fusion de la « Fox Film Corporation » fondée en 1915 par William Fox et de « 20th Century Picture » créé en 1933 par Joseph Schenck. Schenck est né à Rybinks en Russie en 1878 et émigra avec ses parents en Amérique en 1892. William Fox, de son nom d’origine Valmos Fuchs, est né en Hongrie en 1879 mais il arriva bambin aux USA. Il entra dans le métier du spectacle en achetant un théâtre dès l’âge de 25 ans. A noter aussi que la fille de William Fox devint l’épouse de Daryl Zanuck, qui fut le grand nabab hollywoodien.

La « Métro Goldwyn Mayer », la puissante firme du lion rugissant, eut une croissance tumultueuse. Au départ il y eut la « Goldwyn Pictures Corporation » créée en 1913 par Samuel Goldfish, né à Varsovie en 1879 et les frères Edgar et Archibald Selwyn (des juifs américains natifs de l’Ohio).

Il y avait aussi la « Mayer Picture Corporation » créée en 1920 par Louis Burt Mayer qui lui est né à Minsk en Biélorussie en 1884. Les pogroms qui suivirent l’assassinat du Tsar Alexandre III en 1894 conduisirent sa famille à émigrer en Amérique.

La « Métro Pictures Corporation » appartenait à Marcus Loew qui n’avait pas suivi Zukor dans l’aventure « Paramount Pictures » et c’est Loew qui conduisit l’opération de rassemblement des trois sociétés en une seule entité la « Métro Goldwyn Mayer »

Il est aujourd’hui curieux de constater que le rêve hollywoodien qui véhicule, à travers le monde, depuis plus d’un siècle le modèle américain a été créé par des émigrés qui fuyaient la misère et les persécutions et dont beaucoup parlaient à peine l’anglais lors de leurs débuts. C’est sans doute ça le talent visionnaire.

Bien sûr il n’y a pas que les producteurs qui ont fait Hollywood, il y eut aussi les réalisateurs et les acteurs dont beaucoup sont issus de la première ou seconde génération de l’émigration et nombreux sont ceux qui marquèrent l’épopée hollywoodienne comme John Ford de filiation irlandaise, Martin Scorsese de racines siciliennes, Elia Kazan de parents grecs et né en Turquie, ou encore Edward Dmytryk né en Ukraine, Michael Curtis et De Toth nés en Hongrie, Jacques Tourneur né à Paris en 1904 et qui obtint la nationalité américaine en 1919…… et puis beaucoup d’autres comme certains dont j’ai déjà parlé sur ce blog comme Mike Nicholls, Fred Zinnermann ou Alan J. Pakula….etc…d’ailleurs il serait peut-être plus simple de chercher les réalisateurs qui étaient à 100 % américains depuis plus de deux générations. Oliver Stone par exemple est américain par son père mais sa mère est française.  Quand à l’excellent Robert De Niro, né à New York en 1943, son père était de filiation italienne et irlandaise et sa mère avait des origines anglaises, hollandaises et françaises ….. C’est aussi ça l’Amérique.

Je veux maintenant, parler de manière plus détaillée d’un réalisateur considéré après guerre comme «néo-classique », un réalisateur qui m’avait ébloui avec deux (ou trois) films mythiques que j’avais vus quand j étais jeune adolescent : c’est Otto Preminger. Preminger est né en 1906 à Wiznitz en Autriche-Hongrie (aujourd’hui en Ukraine.) ; Directeur,  d’une troupe de théâtre en Autriche et d’origine juive, il émigra aux USA en 1934 devant la montée du nazisme. Il trouva  immédiatement du travail à la 20th Century Fox comme acteur puis comme metteur en scène. 

Son premier grand succès de réalisateur fut « Laura  » en 1945. Je n’ai vu ce film que récemment en DVD et c’est vraiment un film culte avec dans le rôle principal Gene Tierney. C’est à la fois une énigme policière extrêmement originale et un grand drame psychologique. L’énigme repose sur une construction dramatique rigoureuse mais l’aspect psychologique est traité de façon fantastique ce qui en fait un film que l’on ne peut pas raconter et qu’il faut avoir vu, même s’il a aujourd’hui 65 ans.

J’ai également vu en DVD « Un si doux visage » avec Robert Mitchum et Jean Simmons, un film qui est sorti en 1952. Au départ il devait être réalisé par Howard Hugues, mais celui-ci était alors en conflit (et en procès) avec l’actrice principale autour de laquelle le scénario avait été bâti. Preminger étant considéré, depuis « Lara », comme le maître du film noir, Hugues grand parton de RKO, un studio indépendant, lui demanda de le remplacer pour la réalisation. Le résultat fut la construction d’un grand film très très sombre très pessimiste, tourné habilement en noir et blanc.

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Changement de registre en 1954 avec « La rivière sans retour » un magnifique western avec Marilyn Monroe et Robert Mitchum, et ce film je l’ai vu au cinéma, à Noisy le Grand, je devais avoir 8 ou 9 ans et avec mes parents nous allions au cinéma, presque tous les samedis soirs, du moins quand c’était un film d’aventure et notamment un western. Merveilleux souvenirs et notamment  la découverte de ce film de Preminger.

Preminger chercha ensuite à s’émanciper des grands studios comme il l’avait déjà fait avec «Un si doux visage » sorti avec le label RKO, il commença alors à produire ses propres films en s’appuyant sur la structure coopérative « United Artists » qui avait été lancée dès 1920 par des acteurs-réalisateurs comme Chaplin et Fairbanks qui ne voulaient pas être sous la coupe des grands studios qui naissaient, une forme mutualiste qui s’opposait aux trusts et qui faisait de plus en plus d’émules dans les années 50 et 60

  Hormis « La rivière sans retour » je n’ai vu les films de Preminger des années 50  qu’en DVD.

« L’homme au bras d’or »  sorti en 1955 est une sombre histoire dans le milieu de la drogue avec Frank Sinatra et Kim Novak .  La même année il réalisa « Carmen Jones » une comédie musicale basée sur le Carmen de Bizet. Ce film n’est jamais sorti en France  pour  un problème de droit d’auteur du scénario et il me fallut attendre qu’il sorte en DVD. Ce film avait pourtant reçu la Palme d’or à Cannes et l’actrice Dorothy Dandridge avait été nominée aux Oscars : la  première actrice noire nominée. Preminger en 1959 l'a choisi à nouveau avec Harry Bellafonte pour jouer « Porgy and Bess ».

En 1957 et 1958 la nouvelle muse d’Otto Preminger fut Jane Seberg pour tourner en France « Sainte Jeanne » puis « Bonjour Tristesse ».

Après ces escapades européennes Preminger tourna au début des années 60, deux très bons films que j’ai vus à l’époque au cinéma « Tempête à Washington » avec James Steward  et surtout « Exodus » avec  Paul Newman…. (A partir de cette époque ne ratais jamais un film avec Paul Newman ou Steve Mac Queen.). Ce film était pour moi un excellent film d’aventure et je ne pense pas m’être intéressé à son aspect politique…… et depuis je ne l’ai jamais revu (il faut que je complète ma collection de DVD )…. Je reste donc avec mes souvenirs d’adolescent de 15 ou 16 ans…. Même si maintenant  je suis un peu mieux renseigné ….:

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Ce film dépeintdes événements liés à la fondation d’Israël et il est une adaptation du roman « Exodus » de Léon Uris. Ce roman étant lui-même basé sur des faits réels…. Un navire nommé Exodus fut intercepté en 1947 au large de Haïfa par les autorités Britanniques et les émigrants juifs qui voulaient s’établir en Palestine furent déportés dans divers camps de transit pendant plusieurs mois…. Les premiers réfugiés qui parvinrent à gagner la terre promise, durent attendre la déclaration officielle de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. 

C’est à l’Exodus que je pensais lorsque l’armée israélienne donna l’assaut des bateaux qui voulaient forcer le blocus de Gaza ; assaut qui entraîna la mort de six personnes lors de l’abordage du Mavy Marmara.

En lisant dans Libération le récit de l’écrivain Henning Mankell l’un des 700 témoins pacifistes embarqués et maltraités par l’armée israélienne. Mankell un témoin humaniste, débordant, cohérent et conséquent…… et je me dis qu’il y a une curieuse filiation entre Preminger et Mankell, tous les deux maitres du polar, militants engagés comme Preminger sous le maccartisme pour défendre ses amis réalisateurs ou scénaristes inscrits sur la liste noire et  Mankell un homme révolté par les injustices à Gaza comme en Mozambique.

J’aime le cinéma de Préminger au point d’acheter aujourd’hui tous les DVD des films que, trop jeune après guerre, je n’ai pas vu au cinéma, comme j’achète et dévore tous les bouquins d’Henning Mankell  que ce soit pour suivre les aventures en Suède de l’hypocondriaque commissaire Wallander ou que ce soit pour découvrir d’autres histoires, d’autres récits en Afrique ou ailleurs.....

 

A suivre

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