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Ciné-cure........ La Menace et Série noire.

20 Septembre 2010 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

Il y a un peu plus de trois semaines, c’était lundi 30 août pour être plus précis, je suis allé au cinéma voir au le dernier Corneau « Crime d’amour ». En fait au momentoù  je montais dans ma voiture j’hésitais encore un peu entre ce film et le dernier Blier « Le bruit des glaçons ». Ces deux réalisateurs ont en commun de m’avoir enthousiasmé au début leur carrière puis de m’avoir par la suite quelquefois déçu, et petit à petit je m’étais tenu à l’écart de leurs derniers films ; plus d’ailleurs de Blier que de Corneau encore que je constate que je n’avais rien vu depuis « Le Cousin » en 1997 hormis le « Deuxième souffle » le remake du film de Melville.

J’étais plutôt enclin à aller voir le film de Corneau, pour deux raisons : primo il était sorti en salle une semaine plus tôt et devait donc quitter les écrans le premier et secundo il avait de moins bonnes critiques que le film de Blier boosté par la présence d’acteurs comme Dujardin et Dupontel. Mon choix était quasiment fait quand j’entendis sur France-Info qu’Alain Corneau venait de mourir.

La question ne se posait plus et il n’y avait d’hésitation, il me fallait, ce soir là, aller voir son dernier film, un peu par nostalgie, un peu par remord comme pour me faire pardonner mes infidélités des dernières années et pour le remercier de m’avoir donné auparavant, avec ses grands films, autant de plaisir, de bonheur même.

Avant de partir j’avais relu les critiques de son film (et celles du film de Blier qui étaient dithyrambiques : Coup de cœur), mais je reviens à celles du film de Corneau :

« Première : Crime d’amour commence comme un drame de mœurs contemporain qui examine les rapports conflictuels entre une jeune cadre ambitieuse mais encore naïve et sa patronne qui la manipule pour en faire une prédatrice comme elle…… …Le film prend une toute autre tournure à partir d’un rebondissement invraisemblable….. Malheureusement, cette seconde partie empile les contradictions….. Et Corneau réduit son film à un théâtre de marionnettes. »

« Studio. Des hauts et des bas pour ce polar féminin... Dans une multinationale, une brillante recrue se pâme d’admiration pour sa supérieure qui manie à merveille la caresse et l’humiliation….. Tout repose sur Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas ….. Difficile en revanche de passer sur les choix de construction  déboussolant de Corneau……. Dommage.

Dommage en effet c’est le mot le plus juste de ses critiques. J’ai adoré la première partie du film ; il y a quelque chose d’hitchcockien dans le jeu de Kristin Scott Thomas et la petite Ludivine Sagnier s’est mis au diapason. Si le film déçoit ensuite c’est à cause du déroulement de l’histoire, du scénario et de l’assassinat de Kristin qui laisse les spectateurs en tête à tête avec Ludivine…. La seconde partie est un peu longue sans Kristin…. Dommage….. Peut–être aurait fallu que la dernière heure du film soit construite façon Otto Preminger dans Laura…… Cependant ce film, tel qu’il est, mérite d’être être vu, notamment pour sa magnifique première heure …. La suite après tout se laisse voir malgré la baisse de rythme.

Alain Corneau est  né le 7 août 1943, Très jeune il fut initié par son père au jazz et au cinéma. A 20 ans il intégra l’IDHEC. « Son mémoire de fin d’étude consacré  au Thème Jazz et cinéma en faisant un parallèle entre Duke Ellington dans Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger et Charlie Mingus dans Shadows de John Cassavetes. (*). Il fut ensuite assistant de Costa Gavras, Corman Drach et José Giovanni, avant de s'atteler à son premier film, « France, société anonyme » une fable futuriste dont il composa aussi la bande originale qui fut un échec. commerciale.

 Par Costa Gavras il fit la connaissance de Montand qui fut l’acteur principal de ses premiers succès et comprit l’amour et le respect que le metteur en scène doit porter  aux comédiens comme il le à Studio en Avril 2005 : « Il m’est arrivé d’avoir besoin d’un visage d’acteur pour l’écriture d’un scénario. Par exemple, Montand sur « La Menace » et le « Choix des armes »…. Mais j’avais le trouillomètre à zéro, car s’il avait dit non ????? Je sais que j’aurais abandonné si les acteurs auxquels je les ai proposés les avaient refusés. C’eut été le cas pour « Série Noire » avec Patrick Dewaere qui a hésité. J’aurais eu le même problème si Sylvie Testud avait refusé « Stupeurs et tremblements. »

La « Série noire » et « La Menace », deux excellents films et quels titres appropriés dans le temps présent : Série noire dans le monde du Cinéma et des Menaces dans l’actualité politique : Finalement je prends les deux, et j’en reviens à la carrière de Corneau.

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En 1975, avec Police Python 357 avec Yves Montand, Simone Signoret et François Perrier, Alain Corneau rencontra son premier succès et une recette cinématographique qui va faire sa renommée : le polar à la française à forte influence hollywoodienne.  Alain Corneau est alors reconnu comme successeur de Melville.

En 1975 Il retrouve Yves Montand, pour La Menace un thriller Hitchcockien où l’on trouve aussi Carole Laure, Marie Dubois et Jean François Balmer. Ces deux derniers étant récompensés par les Césars de meilleurs seconds rôles.

En 1979 Corneau réalise « Série noire », une adaptation de Georges Pérec avec des dialogues délirants, d’un polar de Jim Thompson (Des cliques et des cloaques), le même Thompson qui avait inspiré Tavernier pour « Coup de torchon ». Le film fut présenté au Festival de Cannes 1979 où les critiques furent élogieuses notamment pour la performance de Patrick Dewaere qui joue le rôle d’un minable prolo de banlieue qui se fait passer pour au caïd pour sortir une jolie adolescente (Marie Trintignant dans premier rôle) d’un milieu pourri.

 En 1981, dans le « Le choix des armes » un “thriller crépusculaire qui oppose le vieux caïd Yves Montand et un jeune truand Gérard Depardieu…. Un face à face de légende avec aussi Catherine Deneuve, Gérard Lanvin et Michel Galabru. Un film que j’ai vu et revu encore et encore.

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Sensiblement à la même époque j’ai découvert le roman de Louis Gardel «  Fort Saganne ». Rentré depuis peu en France après trois années au Maroc j’étais enthousiasmé

Par cette épopée et j’imaginais tout de suite la possibilité d’en faire un  film grandiose, à la David Lean (Lawrence d’Arabie).. Impossible de ne pas penser à Depardieu pour jouer Saganne, mais quel réalisateur français pouvait à cette époque chausser les bottes de David Lean…. ?  Je n’en voyais pas…

Quelle ne fut pas mon agréable surprise de voir en 1984 que Corneau relevait le défi. Il abandonnait sa casquette de réalisateur de films policiers, pour réaliser ce qui reste pour moi l’un des plus grands films, du cinéma français ; film que j’ai déjà vu au moins une dizaine de fois et que je revois toujours avec le même plaisir.    Pas la moindre récompense…. Seulement le succès public. Merci M. Corneau.

A partir de ce moment Corneau a diversifié ses choix de film quitte a décontenancer parfois son public, moi compris.

Il y eut en 1986 un retour raté au polar,  avec « Le môme » et Richard Anconina. J’ai du voir ce film qui ne m’a pas laissé un souvenir …. D’ailleurs je ne suis même pas sûr de l’avoir vu : c’est tout dire !  

 En 1989 j’ai aimé suivre Jean Luc Anglade  parti dans « Nocturne indien » à la recherche d’un ami disparu dans Bombay ou Calcutta. Ce film n’a fait que 400.000 entrées ce qui n’est pas mal pour cette quête de recherche du temps perdu….  l’ambiance était envoûtante. Je n’ai jamais revu ce film ….. Il me faudra le trouver en DVD et voir  si j’accrocherai encore.

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 En 1991 ce fût enfin la consécration pour Alain Corneau avec « Tous les matins du monde »

J’ai conservé le studio de l’’époque et je relis avec plaisir la critique de Marc Esposito. «  Au cœur du film il y a la passion de la musique baroque composée par Marin Marais et Sainte Colombe. C’est une musique très riche, souvent grave et mélancolique et si on y est très sensible, le film vous emporte et ne vous lâche pas. Corneau mêle avec bonheur réalisme et onirisme »….. Les rapports maître-élève entre Sainte Colombe (Jean Pierre Marielle) et Marais jeune (Guillaume Depardieu) sont décrits avec subtilité…. Et puis la première scène est sublime « C’est Gérard Depardieu qui jour Marais adulte….. Et le plan séquence d’ouverture, un long monologue d’anthologie l’une des scènes les plus marquantes de sa carrière. ». Prix Louis Leduc et 8 césars dont le meilleur film et le meilleur réalisateur. Enfin !

 Ensuite ça c’est un peu gâté, et pourtant « Le Nouveau Monde » de 1995, est un bon film qui swingue sur la musique de Thélonious Monk et Miles Davis….. Mais voilà encore un film d’époque et de musique moins austère que « Tous les matins du Monde »  et plus proche puisqu’il s’agit d’une évocation de l’adolescence de l’auteur qu’il passa près d’une base américaine où il découvrit le jazz. Il n’y avait plus l’effet de surprise, pas d’acteurs porteurs à l’exception de Guy Marchand dans un rôle du père ;  et puis les vrais amateurs de jazz n’ont pas besoin du cinéma pour avoir le comptant de plaisirs ou alors dans le style Tavernier avec « Autours de Minuit ». Dommage ! Mais le plus triste c’est que le film malgré d’assez bonnes critiques fut boudé par le public. Seulement 150.000 entrées ça méritait mieux. A revoir en DVD.

  « Le cousin » sorti en décembre 1997 est un excellent film. J’étais quelque peu intrigué par les contre-emplois de Chabat et Timsit dans un film ou Corneau renouait avec le film noir. «  …la fluidité et l’efficacité de sa mise en scène et l’humanité de son regard lui ont permis de réaliser un film trouble et troublant où la nuit menace toujours de l’emporter sur le jour… » écrivait alors Jean-Pierre Lavoignat. Mentionnons aussi les excellents seconds rôles, Agnès Jaoui, Marie Trintignant et Samuel Le Bihan qui donne une assise à ce film touchant, et beau, sombre et grave.

Je n’ai pas vu « Le Prince du Pacifique » sorti en 2000, la première et seule comédie de Corneau avec Lhermitte er Timsit….. N’étant guère amateur de ce genre, et observant que les critiques des journaux spécialisés n’étaient guère enthousiastes je me suis abstenu.

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 Je me suis aussi abstenu d’aller voir en 2002 « Stupeur et tremblement » malgré d’excellentes critiques notamment pour l’actrice principale Sylvie Testut.  Corneau portait à l’écran le best-seller d’Amélie Nothomb. Un film certainement très intéressant sur la difficulté d’une jeune femme à s’intégrer au mode de fonctionnement hiérarchique de la société japonaise.

Mais voilà le film était présenté en version japonaise sous-titrée ce qui fut certainement une performance pour Sylvie Testut mais qui est rédhibitoire pour moi (hors langues latines). Il me vaudra voir si en DVD il y a une version française.

 Du coup j’avais rompu le fil de mon amour pour le cinéma de Corneau et je n’ai pas vu « les mots bleus » sorti en mars 2007, avec encore Sylvie Testud et Sergi Lopez. C’est parait-il un très beau film sur la difficulté à qu’éprouvent certaines personnes à communiquer leurs sentiments et émotions. Il est grand temps que je me réveille et que je commande le DVD.

  « Le deuxième souffle » sorti en octobre 2007 était un pari très gonflé de la part de Corneau. En faisant 41 ans plus tard ce remake du film de Melville il voulait à fois donner un coup de chapeau à celui dont il admirait la filmographie et qui avait été un exemple pour lui mais aussi revenir aux fondamentaux du livre de son ami José Giovanni, qui lui avait été plutôt critique avec la première version.  Alors remplacer Lino Ventura par Daniel Auteuil,  Paul Meurisse par Michel blanc, Zimmer par Dutronc, Michel Constantin par Eric Cantona, Marcel Bozzuffi par Gibert Melki et surtout valoriser le personnage de Manouche en le faisant interpréter par Monica Bellucci en lieu et place de Christine Fabrega, c’était jouable, c’était même d’excellent choix….. Mais alors pourquoi quand on choisit de franciser le film que Melville avait américanisé, Corneau a-t-il cherché des innovations techniques dignes de Michael Mann, Wong Kar Wai ou John Woo ? Il est vrai que tous ses réalisateurs disent avoir été influencés par  Melville. Serait-ce alors un juste retour des choses ? Il me faudra revoir ce film en DVD, qui certes ne m’a pas déplu mais m’a parfois quelque peu décontenancé…. par son modernisme ….

Pour finir ce tour d’horizon « coup de chapeau » du cinéma de Corneau, voici quelques lignes de Fabrice Leclerc en édito du dernier Studio Ciné live. « ….on aimait particulièrement son cinéma puisqu’il était d’une rare diversité, d’une originalité constante. L(‘homme aimait autant le jazz que le cinéma américain. Il n’avait pas peur de sortir des sentiers battus, de ne jamais refaire le même film, même quand il additionnait les polars, son genre de prédilection…. Le cinéma d’Alain Corneau n’était pas entier mais autrement divers et inspiré. Celui d’un amoureux du cinéma…. »

 

Ce billet étant déjà trop long  je ne vais pas m’attardé sur l'actualité. D’ailleurs le titre Série noire est plutôt destiné au cinéma français : Eric Rohmer, Alain Corneau et Claude Chabrol pour les réalisateurs Bernard Giraudeau acteur et réalisateur, Pierre Vanneck, Bruno Crémer, Laurent Terzieff, Georges Wilson…..sont morts ces derniers mois et j’en oublie sans doute…. La nouvelle vague a du vague à l’âme.

Quant à la politique : je vais laisser ça pour un futur ciné-cure consacré à Chabrol ; un titre comme « Rien de va plus » conviendrait très bien pour Sarkozy la honte.

Avec « La menace » Je pense surtout à  l’Iranienne Sakmeh Mohammad Asktiani condamnée à mort par lapidation. Barbares !

Il y a aussi la menace extrême droite dans toute l’Europe comme en Suède dernièrement.

Plus de menace de prison pour Chirac …. Et c’est bien comme ça ! 

Des menaces pour les ministres d’ouverture devant le virage en retour vers l'extrême droite de Sarko. Il y a ceux et celles qui savent que c’est foutu pour eux et qui commencent à se démarquer pour essayer de se refaire une virginité.

Il y a les autres, des carottes dans les cheveux, (Besson, Bockel) qui espèrent s’en sortir en faisant de la surenchère populiste. Les salauds. !

 

A suivre.

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