Ciné-cure..... Le Voyou et Garde à vue.
A peine a-t-on mis provisoirement de côté le feuilleton de l’été avec ses troublants personnages, les
Woerth, les Bettencourt et consorts (du contexte) que l’actualité colle à nouveau à ma rubrique Ciné-cure. D’abord grâce au Conseil Constitutionnel qui retoque la loi sur la
garde à vue et d’autre part à cause (ou grâce ???) à
l’hebdomadaire Marianne qui provoque un tollé généralisé caporalisé avec son numéro du 7 août, sans doute un spécial anniversaire (le
mien), avec un Sarko « pas type eut l’air » désigné comme « Voyou de la
République ».
Pour être franc je suis assez à l’aise pour « Garde à vue » car j’ai en réserve l’excellent film de Claude Miller avec Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider et Guy Marchand…. Et puis dans la filmographie de Miller il y a quelques autres bons films que je pourrais évoquer…. Même si curieusement, presque par inadvertance, je me suis, depuis une décennie, écarté progressivement de Miller dont je n’ai pas vu tous les films.
Pour « Le Voyou » je suis plus embêté car s'il y a bien un film de Claude Lelouch de 1960 avec Jean-Louis Trintignant, il se trouve que je n’aime pas trop le cinéma de Lelouch qui m’indispose par sa façon bougeotte de filmer et après quelques tentatives que j’évoquerai honnêtement j’évite d'aller voir ses films depuis plus de vingt ans.
Je ne pouvais quand même pas parler de « Tendre voyou » de Jean Becker qui a fait l’objet du précédent billet ciné-cure…. Et puis voyou c'est assez fort, sans doute excessif mais ce n’est pas une insulte ou une injure, surtout à côté de « Casses-toi pauvre con » ou « descends de là si t’es un homme » alors de quoi aurais-je eu l’air avec un tendre voyou ? Pourquoi pas vilain garnement, bon petit diable ou petite canaille ?
Il y a bien aussi un film de Carlos Saura de 1960 mais qu’il faudrait voir en version espagnole et titrer ce billet « Los Golfos en Garde à vue » n'éclairerait pas le débat et risquerait d'apporter de l’eau au moulin de MM. Sarkozy, Hortefeux et Besson … et ce n’est certainement pas le but de ce billet..
J’en reste donc au film de Claude Lelouch que je ne pense pas avoir vu, ce qui me permet de faire, pour une fois, un billet relativement court (ce qui me fera du bien après les deux précédents qui furent très travaillés)…. Et puis comme Lelouch se revendique sarkozyste autant qu’il assume..... entre spécialistes de la bougeotte.
Quand fin juillet le Conseil constitutionnel a considéré que les principaux articles du code de procédure régissant la garde à vue étaient contraires à la Constitution, il a pris une décision que n’attendait sûrement pas le gouvernement et que n'espérait peut-être pas, de façon aussi spectaculaire, l'opposition. Les Sages (Mme Guillenschmidt, MM. Debré, Chirac, Giscard d’Estaing, Steinmetz, Denois St Marc, Canivet, Charasse, Haenel et Barrot, tous d’affreux gauchistes) ont jugé que cette loi ne garantissait plus l’exercice des libertés.....rien que ça !
Il n’a vraiment pas pot le Sarko : il ne peut détourner si aisément notre République de ses fondamentaux …. Liberté, égalité, fraternité .... j'ai écrit détourner et non dévoyer; un mot qui a la même racine étymologique que voyou..... car ça craint avec les sbires de boutefeu qui lisent tout..... ils n'ont rien d'autre à foutre ces nocs ?
Petite pause sémantique : Le mot dévoyer qui signifie détourner du droit chemin me parait pourtant mieux adapté à la situation que le mot voyou qui est ambigu car il a deux sens quelque peu contradictoires. Selon les définitions du Petit Larousse il peut désigner un individu sans scrupule ni moralité ce qui est fort et un brin excessif pour parler du Président d'un pays démocratique mais il peut aussi qualifier un garnement mal élevé ce qui me parait quand même insuffisant au regard d’un homme politique qui est prêt à toutes les démagogies, toutes les manœuvres populistes pour conserver son pouvoir ….
En lisant l’article de Marianne il est clair que Jean François Kahn ne pensait pas au voyou garnement, …. Mais je n’ai pas une admiration sans borne pour ce JFK et je me sens plus proche de l’analyse de Guy Sitbon, dans le même numéro, qui estime qu’il ne faut pas salir la République en voulant critiquer Sarkozy….. Et même si ce dernier vient d’en rajouter une couche sécuritaire, avec la proposition d’un durcissement de la législation pour les cas de déchéance de la nationalité. Certes c’est sans doute beaucoup de bruits pour attirer les électeurs frontistes et xénophobes …. Et il est très probable selon les constitutionnalistes que cette future évolution soit à nouveau retoquée par le Conseil constitutionnel. C’est quand même énervant d’avoir toujours à dire merci à Chirac, Giscard et…. Charasse.
Je me dois quand même pour finir de parler un peu cinéma :
D’abord Lelouch qui a commencé à réaliser très jeune et qui m’a rapidement indisposé par ses « trucs de caméra » dès les premiers films. Mais au moins dans « Un homme et une femme » en 1966 avec Jean Louis Trintignant et Anouk Aimée et « Vivre sa vie » avec Yves Montand et Annie Girardot en 1967, les histoires étaient intéressantes et la Palme d’or pour « Un homme et une femme » n’est pas un scandale …
La suite a commencé à être plus laborieuse, plus énervante, comme « Un homme qui me plait » en 1969 avec Belmondo et Annie Girardot puis le grotesque « L’aventure c’est l’aventure » en 1972 malgré Brel et Ventura. J’ai encore fait un effort pour « Le chat et la souris » en 1975 avec Michelle Morgan et Serge Reggiani…. J’ai encore vu « Edith et Marcel » en 1983 avec Evelyne Bouix et Marcel Cerdan junior qui remplaçait, au pied levé, Patrick Dewaere qui venait de se suicider. … ce film mérite d’être mis à part car la façon « reporter » de filmer de Lelouch convenait assez bien aux matchs de boxe et aux récitals de Piaf. S’il y a deux films à sauver du naufrage c’est celui là et « Un homme et une femme ».
Claude Miller c’est autre chose : j’ai adoré ses premiers films dont « Dites lui que je l’aime » en 1977 avec Depardieu et Miou-Miou et surtout le mythique « Garde à vue » de 1981 avec sa prestigieuse distribution. Ce film fut bien récompensé aux Césars dont Serrault, Marchand et le scénario. (Je dois avouer que j’ai aussi aimé le remake américain « Suspicion » de Stephen Hopkins avec Morgan Freeman et Gene Hackman. )
En 1983 Miller tourna l’excellent « Mortelle randonnée » avec Isabelle Adjani et à nouveau Serrault et Marchand.
Dans les films qui suivirent, Miller lança la toute jeune Charlotte Gainsbourg dans « l’Effrontée » en 1985 et « La Petite Voleuse » en 1988. Changement de style mais pari gagné car le charme troublant de la petite Gainsbourg fait mouche. Prix Louis Delluc er Césars pour Bernadette Laffont et Charlotte Gainsbourg pour « L’Effrontée ».
J’ai bien aimé « L ‘accompagnatrice » de 1992 avec Richard et Romane Borhinger.
Je n’ai vu ni « Le sourire » de 1994, ni « La classe de Neige » de 1998.
Pour les deux derniers films que j’ai vus je suis réservé ou indécis. Une mention assez bien pour « la petite Lili » de 2003 grâce à la distribution : Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Ludivine Sagnier et Julie Depardieu (César du jeune espoir)
Une déception certaine pour « Un secret » en 2007 malgré Cécile de France et Julie Depardieu et sans doute à cause de Bruel.
Je n’ai rien à ajouter sur l’aspect politique de ce billet….. Bien sûr je pourrais mais …. Bof !
Si ! Si.... Un ajout le 12 août : Je viens d'entendre sur France Info que l'ONU dénonce la montée de la xénophobie en France : les débats sur l'identité nationale et les récentes déclarations du chef de l'Etat sur la déchéance de la nationalité sont plus particulièrement mis en cause.... Non, il ne semble pas que le mot voyou ait été utilisé... il ne faut pas exagérer !
A suivre