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Ciné-cure..... Sugar Man

11 Juillet 2013 , Rédigé par niduab Publié dans #ciné-cure

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Voilà un film qui, a priori, n’était pas fait pour moi. J’avais bien lu un article dans un ou deux journaux sur un chanteur inconnu qui réapparaîssait quarante ans après avoir sorti deux albums, mais comme le film n’était pas passé à Niort fin décembre, à l’époque où j’avais lu cet article, je l’avais un peu oublié. Je n’ai même pas ‘’tilté’’ quand il fut programmé, en juin dernier, au centre culturel de Niort, à raison d’une séance par semaine. Ces séances de rattrapage étaient certainement dues à l'Oscar que ce film a reçu en février dernier, celui du meilleur film documentaire. Il avait été aussi récompensé dans de nombreux festivals dont Sundance,et Vancouver  
Il y a deux types de films que, généralement, j'évite de voir ce sont les comédies franchouillardes lourdingues et les films documentaires ou intellos pour bobos, à fortiori s'ils sont en V.O., aussi n'est-ce que grâce à un copain, Christian, que j’ai commencé à m’intéresser un peu plus à ce film qu’il m’avait vivement recommandé le qualifiant de génial... Un coup de pot parce qu’il ne restait, alors, qu’une séance compatible avec mon planning.
 Ce film documentaire est  d’abord construit comme un film policier façon Alfred Hitchcock avec ses ''Mac Guffins'' ; une expression écossaise parfaitement adaptée puisqu’une grande partie de l’histoire se déroule en Afrique du Sud. (Pour les curieux il faudra lire le billet sur Hitchcock pour en savoir plus sur les ''Mac Guffins'')  
Au début des années 70 Sixto Rodriguez âgé d’environ 25 ans, sixième enfant d’une famille d’émigrés mexicains, avait enregistré deux albums sur un label Sussex. Ce chanteur de rock-folk de Détroit était de la trempe de Bob Dylan et je ne cache pas que dès les premières chansons du film je l’ai préféré avec sa voix de crooner à l'énervant Dylan, à la voix nasillarde, dont on ne comprend pas les chansons même si on a les paroles écrites devant soi…… Et pourtant aux Etats-Unis la carrière de Sixto fit un flop ; un échec total et le film nous laisse rapidement entendre qu’il était mort, qu’il se serait même suicidé sur scène. En Amérique plus personne n’entendait parler de lui.
Sauf qu’en Afrique du Sud  son disque, sans que l’on sache vraiment comment il était arrivé là, a fait un tabac devenant un symbole de rébellion de la jeunesse vivant dans un pays isolé et boycotté pour cause d’apartheid. Des enregistrements pirates de cassettes, circulaient dans toutes les couches sociales du pays, du Cap à Johannesbourg, avec même un intérêt plus vif dans la jeunesse afrikander qui lui vouait un culte équivalent à celui de Presley et des Beatles.  
Je ne connais pas le réalisateur Malik Bendjelloul, suédois d’origine algérienne, c’est son premier film mais le résultat est admirable et surtout parfaitement rythmé mettant juste assez de temps pour entretenir un mystère puis ensuite pour nous présenter Rodriguez
 Sugarman rodriguez sixto
    « Ce documentaire entend ressusciter définitivement le chanteur à l’invisible figure. Une question se pose d’emblée ; Qu’est devenu l’artiste ?. S’est-il immolé sur scène par désespoir comme le veut la légende ? Malik Bandjelloul retarde la réponse pour mieux ménager son petit effet. Son film débute en Afrique du Sud….. puis le réalisateur remonte jusqu’au Graal. Oui, Rodriguez est toujours vivant et réside dans un quartier populaire à Détroit. Voûté par les années passées dur des chantiers mais élégamment sapé de noir , l’homme de 70 ans ressemble à un indien sorti d’un western vintage. Studio live. »
L’un des mérites du réalisateur est de montrer l'implication de quelques fans afrikaners pour retrouver leur idole. Raconter leur joie quand ils trouvent l’adresse d’une fille du chanteur, quand ils lui téléphonent pour qu’elle leur parle de son père et leur surprise quand celle-ci leur passe directement le chanteur qu'ils croyaient mort.    
  Bendjelloul refait le chemin avec sa caméra et interviewe ceux qui ont lancé, connu et exploité Rodriguez ‘’qui ont bien du mal à expliquer ce que sont devenues les royalties engendrées par le succès de leur poulain ‘.’  
  Parmi ces fans, un disquaire du Cap Stephen Segerman se rend à Détroit et réussit à convaincre l’artiste de venir faire une tournée en Afrique du Sud. « Il effectua une tournée à guichets fermés de six dates en Afrique du Sud, devant plusieurs milliers de personnes. Un documentaire sur ce retour, intitulé Dead Men Don't Tour : Rodriguez in South Africa 1998, a été diffusé en 2001 sur la télévision publique sud-africaine. Wikipédia. » de nombreux extraits de concerts sont inclus dans le film de Bendjelloul, confirmant l’extraordinaire notoriété du chanteur dans ce pays.
« Le film respecte la carrière schizophrénique de Rodriguez : une première partie construit comme une enquête policière avec sa part inhérente de mystère et une seconde partie axée sur sa renaissance artistique inespérée. Emballant c’est le mot. Première. »  
 Quand on lit la biographie de Sixto Rodriguez sur Google on voit que le réalisateur a occulté une partie de l’histoire de Rodriguez. Si sa carrière fut effectivement  un échec complet aux Etats-Unis, il eut toutefois un peu plus de réussite dans certains pays comme l’Australie et la Nouvelle Zélande et ce jusqu’à la fin des années 70. Il fit notamment une tournée en Australie en 1979 avec un enregistrement d'un album live qui aurait du mettre fin à la rumeur de sa mort, mais sans doute ni l'information ni l'album  ne sont arrivés en Afrique du sud, isolée du reste du monde. En 1981 Rodriguez abandonnait son métier de musicien et il reprit des études de philosophie puis devint ensuite ouvrier du bâtiment. Le cinéaste eut raison dans la construction de son film de s’en tenir à la relation entre l’Afrique du Sud et le chanteur, «  l'histoire de Rodriguez et des jeunes Afrikaners est assez belle pour qu'on lui offre une mise en scène à la hauteur de ce double happy end : un vieil homme qui n'a renoncé à aucun de ses idéaux, et un pays qui a vaincu l'apartheid, notamment au son de sa musique. Le Nouvel Observateur
 
 
   Bien sûr je me suis offert le CD Sugar man qui est exceptionnel.
 J'ajoute à ce billet le lien pour une autre vidéo, celle qui montre Sixto Rodriguez retrouvé par ses fans Sud africains et qui a fait un concert au Cap en 1998. 
Ensuite une autre vidéo de Rodriguez agé mais enfin reconnu dans le monde entier et par les médias grâce au film oscarisé en 2013. 

 Quand j'ai réalisé que Sugar man signifiait dealer, en argot américain, je me suis demandé si je pouvais exploiter ce titre pour une petite diversion politicienne. Non pas pour parler de drogue mais de ceux qui se sucrent  où se sont sucrés comme les cent plus grosses fortunes de France qui ont vu leurs pécules augmenter de 25 % en 2012. Je pourrais aussi parler de certains qui planquent leur fric dans des  paradis fiscaux mais que je ne peux pas nommer car ils sont encore présumés innocents et puis  l'expression ''se sucrer'' en anglais se dirait plutôt '' To feather one's own net''. On en reparlera peut-être quand la justice se sera prononcée. 

 

( A suivre)

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