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L'invité .... L'auteur d'Interviews d'outre-tombe et des bonus.

29 Février 2012 , Rédigé par daniel Publié dans #L'invité

Suite à mon précédent billet « A livre ouvert… Interviews d’outre-tombe », qu’il conviendrait prioritairement de lire avant celui-ci,  j’ai eu, avec l’auteur Jérôme Pintoux, un très cordial échange de courriels qui m’a conduit d’une part à corriger une erreur de transcription, et d’autre part à prendre connaissance d’un très intéressant entretien radiophonique du 23 février dernier et qui devrait rester en ligne pendant un mois et dont voici le lien :

 http://podcast.radio-accords-poitou.com/podcast/repor/2012022314_repor.mp3

 

Par ailleurs, Monsieur Pintoux m’a fait, aujourd’hui, un superbe cadeau en m’envoyant deux nouvelles interviews qui ne figurent pas dans le livre actuellement proposé dans toutes les bonnes librairies, mais qui pourraient être dans un prochain livre consacré aux auteurs anglo-saxons.  

Voici donc en avant-première (mon cher Fanfan) ces deux  beaux textes originaux.

 

Interview d’Oscar Wilde pour ses « Impressions d’Amérique », en 1883.

 

  • Oscar Wilde, quand vous êtes allé aux Etats-Unis, avez-vous été sensible à l’architecture américaine ?
  • Non. Il n’y a pas autant de belles choses à voir dans les villes américaines qu’à Oxford, Cambridge, Salisbury ou Winchester, où se trouvent les charmants vestiges d’une époque où régnait la beauté.
  • Avez-vous été dérangé par le bruit ?
  • Oui ! L’Amérique est le pays le plus bruyant qui ait jamais existé. Le matin, ce n’est pas le chant du rossignol qui vous réveille, mais le sifflet à vapeur.
  • Du point de vue touristique, qu’avez-vous préféré ? Les chutes du Niagara ?
  • Non. J’ai été déçu par les chutes du Niagara. On traîne là toutes les jeunes mariées du pays et le spectacle de ces prodigieuses chutes d’eau fait déceptions des couples américains. On les voit dans de mauvaises conditions, de très loin, ce qui ne permet pas d’apprécier la splendeur de l’eau. La plus belle région d’Amérique est peut-être l’Ouest qu’on n’atteint pourtant qu’au prix d’un voyage de six jours en chemin de fer, qui vous emporte attaché à une vilaine bouilloire en fer-blanc de locomotive à vapeur.
  • Les gens sont-ils élégants ?
  • Oh que non ! On y voit les hommes coiffés de l’horrible tuyau-de-poêle. Ils portent la révoltante queue de morue…
  • Vous y avez fait des conférences ?
  • Oui, devant un public inculte… Je leur ai lus des extraits de Benvenuto Cellini et ils parurent tout à fait ravis. Mes auditeurs m’ont reproché de ne pas lui avoir demandé de m’accompagner. Je leur ai expliqué qu’il était mort depuis quelque temps, ce qui les a amenés à demander : « Qui l’a abattu ? »
  • Avez-vous rencontré des gens passéistes ?
  • Oui. Parmi les habitants les plus âgés du Sud, je remarquai une tendance mélancolique à dater tous les événements importants par rapport à la guerre. Je dis un soir à mon voisin : « Comme la lune est belle ce soir ! - Oui, me répondit-il, mais il aurait fallu que vous la voyiez avant la guerre. »

 Propos recueillis par Jérôme Pintoux et recopiés le 20.8.2011.

 

(*) Benvenuto Cellini était  un artiste de la Renaissance, dessinateur, orfèvre, sculpteur qui se mit à l’écriture dans ses dernières années en rédigeant des traités techniques et surtout une autobiographie irrévérencieuse traduite par Goethe et qui inspira Alexandre Dumas et Hector Berlioz.... selon Wikipédia car je viens de faire sa connaissance. Par contre je n’aurai sûrement pas demandé, comme ces américains incultes, qui l’avait abattu. J’ai, quand même, une bonne culture des westerns. Niduab.

 

 

Interview de Charles Dickens pour La Maison d’Apre-Vent (Bleak House), en 1853.

 

  • Charles Dickens, il pleut tellement sur Londres au début de votre roman qu’on se croirait revenu au début de l’ère secondaire ?
  • De la boue dans les rues… à croire que les eaux viennent tout juste de se retirer de la surface de la terre et que l’on ne devrait pas s’émerveiller de rencontrer un mégalosaure de quelque quarante pieds de long, qui escaladerait la colline de Holborn en se dandinant comme un lézard éléphantesque.
  • Il tombe une sorte de neige fuligineuse ?
  • La fumée tombe des cheminées en un crachin noir et mou contenant des flocons de suie grands comme des flocons de neige, portant, pourrait-on croire, le deuil du soleil.
  • On ne voit même plus les animaux ?
  • Les chiens ne se distinguent pas dans cette fange. Les chevaux, à peine mieux, éclaboussés qu’ils sont jusqu’aux œillères.
  • C’est l’Empire du Fog ?
  • Absolument. Brouillard partout. Brouillard en amont de Londres, où la Tamise coule parmi de verts îlots et pâturages. Brouillard en aval, où elle roule ses flots souillés parmi les navires à l’arrimage et la pollution des rives.
  • Vous donnez de Londres une image paradoxale ?
  • C’est une noble et répugnante cité.
  • Le brouillard sévit même dans le port ?
  • Brouillard sur les marais de l’Essex, brouillard sur les coteaux du Kent. Brouillard qui s’insinue dans les cuisines des bricks charbonniers, brouillard qui s’étend jusqu’au bout des vergues et plane sur le gréement des grands navires.
  • Et, pendant ce temps, la Haute Cour rend la justice ?
  • Une vingtaine de membres, brumeusement occupés par l’une des dix mille étapes d’un procès sans fin, barbotant jusqu’aux genoux dans les détails techniques, cognant contre des murailles de mots leurs têtes capitonnées de poil de chèvre et de crin de cheval, et se livrant sans sourire à un simulacre de justice, comme pourraient le faire des comédiens.

 Propos recueillis par Jérôme Pintoux, et recopiés le 21.12.11.

 

(*) Aujourd’hui il y a aussi les quinze membres du XV de la rose qui sont dans le brouillard. Ils ont été battus samedi dernier par les gallois à Twickenham. En espérant qu’ils y restent encore quelques semaines ; au moins jusqu’à la rencontre avec le XV de France ….. Sans cocorico excessif…. of course. Niduab.

 

 

(A suivre)

 

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F
Déjà en 1843, H. De Balzac détestait la presse. Pourtant à ce jour, rien n'a chagé. J'aime bien ces mémoires d'outre-tombe.
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