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Presse aidant..... Le journal France-Guyane... " Un nom, une histoire".

9 Février 2011 , Rédigé par daniel Publié dans #Presse aidant

Lors de chaque séjour en Guyane je lis quotidiennement le journal France-Guyane. Comme dans tous les journaux régionaux on y trouve du bon, de l’excellence mais aussi des occasions de râler. Je le ferai en fin d’article mais avant je veux présenter le meilleur et au cours de mon récent voyage, je fus particulièrement gâté avec les billets « Un nom, une histoire », du journaliste-historien Bernard Montabo, consacrés aux bagnards célèbres. Comme j’avais emmené (en plus du livre de PPDA sur Hemingway) « L’homme qui s’évada », d’Albert Londres, un petit récit de 123 pages que j’ai lu d’une traite à Orly en salle d’embarquement, je fus content de trouver dans le journal du 7 février un billet sur « Eugène Dieudonné ». 

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« C’est Albert Londres qui rendit célèbre ce nancéen né en 1884. Devenu ouvrier menuisier à 17 ans, Dieudonné effectue son service militaire et, séduit par le courant anarchiste…….il débarque à Paris en 1909, où il fréquente le milieu individualiste autour du journal « L’Anarchie ». C’est à ce moment qu’il fit connaissance d’un certain Bonnot. Celui-ci… ….emplissait les caisses de la cause grâce à des activités délictueuses. Eugène se lie avec les membres de cette bande….. Après l’affaire de l’attaque du caissier Ordener, il fut arrêté. Le caissier le mise hors de cause par Bonnot et d’autres, il est condamné à mort…. Le reconnait, comme il avait déjà reconnu une autre personne. Dieudonné nie, produit un alibi, il était à Nancy ce jour-là….. Malgré les preuves, la doute sur sa culpabilité finit par toucher le président de la République, Raymond Poincaré qui le gracie ; une grâce qui annule l’exécution mais conduit l’homme au bagne jusqu’à la fin de ses jours. Direction la Guyane en 1913.

  Aux îles du Salut, il tentera trois fois de se faire la belle…. Repris, il fera deux ans de mitard. Albert Londres le rencontre une première fois à Saint Joseph en quartier d’isolement. Révolté le journaliste lance une campagne pour sa libération, en vain.

Dieudonné tente une nouvelle évasion, en 1926. Cette fois c’est la bonne il parvient au Brésil. Il s’installe à Rio où il travaille, reconnu il est arrêté mais sa renommée est telle que les autorités brésiliennes hésitent puis renoncent à l’extrader et le remettent en liberté surveillée. Informé Albert Londres se précipite au Brésil, le retrouve, remonte une campagne avec la ligue des droits de l’homme et obtient enfin la grâce de l’évadé. Le journaliste viendra lui remettre son passeport. Dieudonné peut rentrer au pays en octobre 1927. Ré-épousant la femme dont il avait divorcé pour la mettre à l’abri du déshonneur il se reclassera comme artisan ébéniste au faubourg Saint Antoine. Il publie un livre « La vie des forçats » remarqué tandis qu’Albert Londres rédige… « L’homme qui s’évada » qui connut un grand succès.

L’anarchiste ne fit plus guère parlé de lui, consacrant une part de son temps et quelques économies à soulager ses anciens compagnons…… Usé il s’éteindra en 1944….. »

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Quelques jours plus tôt, dans l’édition du vendredi 4 février, j’avais fait connaissance, par un autre billet de Bernard Montabo, avec Paul Roussenq un autre bagnard qui, lui, ne tenta pas de s’évader mais qui, par son entêtement à faire respecter la dignité des hommes emprisonnés, fut celui qui détint le record du nombre de jours passés au mitard. « Ce gardois 1885 quitte ses parents à 16 ans pour vivre au hasard des routes. Au fil du temps il accumulera des condamnations pour de petits délits…. Incorporé au bataillon d’Afrique, il se fait remarquer par son indiscipline. Pour avoir mis le feu à son treillis il fut condamné à 20 ans de bagne. Direction la Guyane où il débarqua en 1909 et qu’il ne quittera pour rentrer en métropole que 24 ans plus tard……

….Cet anarchiste est rebelle à toute contrainte. Il provoque les gardiens ; écrit lettres sur lettres à la moindre exaction ou cruauté des gardiens sur lui ou ses compagnons ; ne cesse de réclamer auprès du directeur de l’AP. Les cadres supportent mal celui qui est baptisé « l’Inco » pour incorrigible. Il rencontre Albert Londres qui le baptisera « l’as des révoltés ». Une telle attitude lui vaut bien sûr de multiples punitions, des jours de cachots qu’il purgera à l’île Saint-Joseph, la prison du bagne. Il en purgera au total 3779 ! Onze ans. Un record jamais égalé…..

…Roussenq résistera aux maltraitances, au cachot, à la misère….. Il est finalement libéré en 1929 mais, ne pouvant rentrer en métropole, il fut contraint de s’installer à Saint Laurent du Maroni. Des campagnes de presse se développèrent et le président Doumergue finit par signer en 1932 son amnistie ce qui lui permit de rentrer. Il publia un récit « l’enfer au bagne » avec une postface d’Albert Londres.

Le parti communiste le prend alors sous son aile et le fait circuler partout en France avec des conférences sur la vie au bagne et ce qu’il a vécu. Il sera même envoyé à Moscou pendant quatre mois. Le récit lucide qu’il fit de ce voyage entraina sa rupture avec le parti communiste.

La guerre survint et Vichy le jugeant suspect le mit dans un camp. Après la guerre il reprit le colportage, non sans rester en liaison avec les anarchistes. En août 1949 il se suicida en se jetant sans l’Adour à Bayonne.

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Un autre billet de Montabo dans le journal de samedi 5 février me fit découvrir le «ricain » dont on dit que les exploits ont inspiré Henri Charrière pour écrire « Papillon », il s’agit de René Belbenoit :

« Le 3 mars 1959, fut enterré à Los Angeles un français devenu américain en 1956….. Né en 1889 René Belbenoit est livré à lui-même dès l’adolescence et pour survivre il vole. Il s’engagea dans l’armée pour éviter la maison de correction mais même soldat il continuait à faire ce qu’il savait faire le mieux, voler ce qui le fit condamner à huit ans de bagne. Il débarqua en Guyane en 1923.

Pas question de rester inactif face aux possibilités d’évasion. Il se met aussitôt à l’œuvre et tente la belle à plusieurs reprises se faisant reprendre à chaque fois. Une fois il réussira pleinement son évasion mais pour rentrer en France. Une erreur impardonnable. Repris il prendra trois ans de plus à l’île du diable et c’est là qu’il a du faire la connaissance de Charrière probablement à partir de 1934.

…. Enfin en 1935 il réussit « la belle », la vraie ! Une cavale de près de deux ans le conduira d’étape en étape jusqu’aux Etats-Unis….. Grâce à des journalistes qui l’avaient visités en Guyane, il publie «  Dry guillotine » en 1938 qui obtint un considérable succès, vendu à plus d’un million d’exemplaires. L’opinion publique trouve terriblement sympathique ce petit français… Il publie encore « Hell on trial ». La célébrité de René énerve les autorités françaises que les américains veulent ménager. Belbenoit devra s’exiler au Mexique puis reviendra aux Etats-Unis et se mariera en 1945.  Il n’obtiendra un visa de résident définitif qu’en 1953, et la nationalité trois ans plus tard et trois ans avant de mourir américain.

Dans France-Guyane du mercredi 9 février Bernard Montabo a fait un billet sur Guillaume Seznec, une histoire que je connaissais assez bien, comme celle de Dreyfus. Deux hommes sages qui se tinrent à carreau dans l’attente d’une probable libération ou remise de peine ; ces deux là étaient d’évidence innocents. Dieudonné sans doute aussi mais Dieudonné était un anarchiste, un révolté qui avait déjà connu la prison et c’est d’ailleurs là qu’il avait rencontré Bonnot et Raymond la science. La vie de Seznec au bagne, de 1928 à 1948 pour un prétendu crime sans cadavre, fut sans doute terrible et d’autant plus s’il était innocent, terrible, tragique mais sans aspect aventureux.

Je ne sais si Montabo a écrit un billet sur Charrière qui serait passé avant ou après mon séjour. J’ai découvert « Papillon » fin 1969 en rentrant en métropole après avoir passé 6 mois en Guyane. J’ai adoré ce bouquin et même si dès cette époque il se disait qu’il avait largement emprunté des aventures à d’autres pour enrichir sa propre histoire. J’ai déjà raconté sur ce blog comment nous avions trouvé dans le cadre d’une reconnaissance géotechnique en forêt au large de Tonégrande ce qu’on appelle « Le bagne des annamites » et qui est aujourd’hui ouvert au public l’accès ayant été largement aménagé. A l’époque personne n’en parlait, le site était enfoui sous la végétation et j’ai même connu des militaires qui tenaient un carbet au bord de la route de l’intérieur situé à environ une quinzaine de kilomètres du site et qui se rendaient parfois dans cette zone pour y chasser ou chercher de l’or et qui n’étaient jamais tombés dessus. La description qu’en fait Charrière dans son livre confirme qu’il y est bien allé et que cette aventure-là, l’évasion qu’il a réussie, s’est déroulée avec un passage par ce lieu : «….nous sommes arrivés aux alentours du camp Inini. Nous nous sommes approchés d’une véritable route d’accès au camp. Une étroite ligne de chemin de fer longe le côté de large espace défrichée. « C’est me dit-il, une voie ferrée où ne passent que des chariots poussés par des chinois…. » (Papillon page 421) 

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Pour en revenir à Bernard Montabo, il a publié en 2004 dans la collection « Le grand livre » « L’histoire de la Guyane » en deux tomes : Des origines à 1848 (336 pages) puis de 1848 à nos jours (384 pages). Des livresque j’ai acheté à Cayenne en 2008 : Une merveille. J’avais acheté en 2006 alors que j’étais à La Réunion les deux volumes concernant ce département rédigés par Daniel Vaxelaire également de magnifiques ouvrages. A ma connaissance il n’a pas encore, dans cette collection, l’Histoire de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Nouvelle-Calédonie ou Tahiti et c’est bien dommage ! Par contre j’ai vu à Cayenne une Histoire de l’esclavage et une Histoire du Bagne....

Bernard Montabo va aussi publier début mars un livre rassemblant ses billets « un Nom, une histoire ». (édition Orphie)

   Ah oui ! Mon coup de gueule contre « France-Guyane ». Où était indiqué, dans le journal de samedi dimanche, qu’il avait une grande parade à Saint Laurent du Maroni le dimanche 6 févier 2011 ? Pour la première fois que j’étais en février, en période de carnaval, en Guyane je suis passé à côté. Pourtant j’étais à St Laurent dès 13 h, et je suis même allé me balader aux alentours en traversant deux fois la ville mais aucun signe de fête, à venir. Je râlais car dans mon programme professionnel je devais me déplacer de Cayenne à Saint Laurent ce dimanche là, alors que je savais par le journal qu’il y avait une grande parade à Cayenne…. Mais pas d’annonce pour Saint Laurent ! Ayant un travail à préparer en milieu d’après midi je suis allé m’enfermer dans mon hôtel.

C’est lundi matin quand j’ai retrouvé les gens avec qui je devais travailler et qui m’ont demandé si j’avais apprécié la parade de Carnaval qui avait commencé dimanche vers 17 H 30 que j’ai vraiment maudit France-Guyane. (La même chose m’est arrivé en septembre à Niort avec la NR et un concert de blues……. Journaux à la noc ! )

 

(A suivre)

   

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