les moments de la vie..... A quels saints se vouer...
J’ai arrêté le précédent billet de cette rubrique titré ," l'äge de raison ", la veille de mon départ de Cayenne pour rejoindre Saint Laurent du Maroni. Ce dimanche 6 février était un jour modérément pluvieux et j’ai pu faire le trajet en trois heures sans être trop crispé à l’affût derrière mes essuie-glaces. Le voyage s’est donc bien passé ce qui me paraissait logique puisque c’était la Saint Gaston, soit disant l'un des patrons des voyageurs .....Sauf qu'à cause de Franquin, Gaston est surtout devenu, depuis quelques décennies, le symbole de la gaffe et cela s'est confirmé car faire le transfert ce jour là ne s'est pas avéré être une si bonne idée. Pour une fois que j’étais en Guyane en février j’ai trouvé le moyen de louper la grande parade de carnaval de Cayenne qui se déroulait ce dimanche, mais également celle de Saint Laurent, certes moins importante, mais qui avait lieu, elle aussi ce jour-là en fin d'après midi mais sans être mentionnée dans le journal France-Guyane. Comme un con je suis resté enfermé dans ma chambre d’hôtel loin du centre ville à préparer mon travail du lendemain. Défaut d’info… Gaston il y a le téléphon qui çon….. mais çon sans cédille pour moi.
Je suis donc resté deux journées à Saint Laurent pour compléter le travail de formation que j’avais fait en septembre dernier avec une équipe de qualité super motivée. C’est avec plaisir que je retrouvais mes amis, la gentille et charmante Majorie, le dynamique Guy-Paul dont j’appris qu’il était né en Haïti et qu’il jouait au rugby, Jipé l’expérimenté technicien de maintenance et Phil le sympathique patron. Que du bonheur, ce travail !
Saint Laurent est situé à la frontière Ouest-nord, frontière avec le Surinam, comme Saint Georges de l’Oyapock est la frontière Est-sud avec le Brésil….. Et on peut consulter la carte ce sont les seules villes vouées à un saint. Contrairement aux autres DOM, Martinique, Guadeloupe et Réunion des saints en Guyane il n’y en a pas à foison juste ce qu’il faut, seulement un peu sur les bords pour se couvrir. D’ailleurs le Laurent de Saint Laurent ce n’était pas vraiment un saint, c’était un geôlier. C’est une ville récente créée en 1858 pour y installer le bagne ; ce fût pendant toute la période des bagnes, le lieu d’accueil puis de transplantation des malheureux qui arrivaient de France. Le gouverneur de Guyane qui est à l’origine de ce choix et de la création du pénitencier se nommait Laurent Baudin ; voilà pourquoi la ville est devenue Saint Laurent … .. il était plutôt modeste car il aurait pu opter pour Baudinville, j’aurais eu l’air fin même si je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam.
Il se dit que la ville de Saint Laurent, qui aurait actuellement, 30 à 35.000 habitants, devrait dépasser les 120.000, voire plus, d’ici vingt ans ; c’est dire si les projets de constructions, de routes, logements, écoles sont ambitieux. Il y aura à moyen terme un pont sur le Maroni pour relier le Surinam comme il vient d’en être fait un sur l’Oyapock entre la Guyane et le Brésil.
Ma mission de formateur menée à bien, je suis rentré sur Cayenne mardi après-midi et là ce fut une autre paire de manches …. Il flottait, comme il pleut sous l’équateur en saison des pluies et c’était bien le cas. Jusqu’à Iracoubo ça allait à peu près ; même que le gendarme a pu sortir de sa guérite checkpoint Jackie (ils ne peuvent pas tous s’appeler Charly) pour venir contrôler, vite fait, mes papiers.
Ca s’est gâté après Sinnamary, une pluie diluvienne qui m’a obligé à faire de fréquents arrêts ou à rouler à moins de 30 km à l’heure et ce presque jusqu’à Cayenne, plus de cinq heures de trajet. Le pire fut dans la zone de Kourou. Si j’avais consulté mon agenda j’aurai pu m’en douter….. faire le trajet le jour de Sainte Jacqueline, quand je connais le caractère orageux de ma cousine Jacotte c’était risqué…. Et puis je comprends mieux pourquoi ce jour là le check point d’Iracoubo s’appelait Jackie. A croire qu’ils changent de nom tous les jours.
En arrivant à Cayenne, j’ai contacté mon ancien collègue Michel C. qui devait me présenter à un potentiel futur client. Ce fut chose faite en soirée ; l’aventure guyanaise est loin d’être finie.
Mercredi ce fut le jour du retour. En matinée une réunion débriefing avec mon client principal de ce séjour et surtout les jeunes gens qui avaient bien travaillé. Ce n’est pas encore gagné mais je suis optimiste ; ça devrait le faire pour la certification. Il me faut encore les suivre par internet jusqu’à l’été et ça devrait marcher.
Je ne sais pas trop quelles causes assume Sainte Apolline mais le vol retour fut un vrai bordel. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit entre des turbulences comme j’en ai rarement rencontrées et un vieux mec pas très loin de moi qui a fait un malaise.
Jeudi après midi j’étais de retour à la maison : home sweet home. J’ai même appelé Arnaud, non pas pour lui souhaiter une bonne fête, c’eut été ridicule, mais pour lui dire que la mission s’était très bien passée et que lorsqu’il irait auditer les centrales en juin ou septembre ça devrait bien se passer ; et puis il fallait qu’on se voit rapidement pour des questions techniques, rendez-vous pris pour mercredi et jeudi de la semaine suivante.
En fin d’après midi malgré mon manque de sommeil j’ai accompagné Pilou à la librairie des halles pour aller voir un écrivain andalous José Manuel Fajardo qui présentait son dernier livre « Mon nom est Jamaïca ». J’en parlerai dans un prochain billet, après avoir lu le bouquin mais le bonhomme est super sympa et passionnant à écouter. Ca ne devrait donc être pas mal à lire. Ensuite il était enfin temps d’aller me coucher, mais le sommeil ne fut guère au rendez vous ou alors seulement par intermittences.
Samedi 12 février j’ai appelé mon ami Fanfan et comme un noc je n’ai pas vu que c’était la Saint Félix et, lui, je sais que ça lui aurait fait plaisir. Alors Fanfan, puisque tu me lis régulièrement, je te prie de bien vouloir m’en excuser…. Je viens juste de récupérer le décalage horaire.
Il faut dire aussi que la veille, vendredi, j’avais été tout chamboulé et là j’arrête de faire le pitre....... Nous étions Pilou et moi aux obsèques du fils de nos voisins, un môme plein de vie qui allait avoir vingt ans dans quelques semaines. Une chute accidentelle dans les bâtiments de la cité universitaire de Poitiers : Putain de mort…. Une cérémonie dramatique dans la grande église de Niort archi pleine dont beaucoup de jeunes… un sermon de réconfort chrétien du curé (il sera content de retrouver son grand-père qu’il aimait tant….. bla, bla… comme si il était pressé le grand père …) des parents, des amis, des copains étudiants, des voisins, des inconnus en larmes, tout le monde en pleurs. …
Dimanche matin j’ai fait une bétise….. Pour patienter jusqu’à l'heure du match de rugby France-Irlande mais aussi pour rencontrer quelques amis j’ai décidé d’aller faire la marche mensuelle de Goise. J’étais encore un peu fatigué, dormant mal, mais ça ne pouvait pas me faire de mal ; bien chaudement couvert, direction Saint Hilaire la Palud pour un petit 12 km en marais poitevin. Super sympa, super agréable mais j’ai du choper un coup de froid…. A moins que ce soit les alternances de chaud et froid de France-Irlande de l’après midi. En fait ni Saint Hilaire (un docteur théologien) ni Sainte Béatrice (Symbole de bonheur) n’ont été sympas avec moi…..Encore que...? Car quand dans la soirée je me suis mis à tousser, à cracher, à éternuer et avoir de la fièvre je me suis bêtement dit, demain c’est la Saint Valentin et je vais pouvoir me faire dorloter : finalement c’est un bon jour pour être malade (mais pas trop)
Que Nenni ! Car madame le Maire avait fait de ce jour une journée bilan de mi-mandat, une grand’messe, un séminaire, du moins la seconde partie puisque cela avait commencé le lundi précédent, mais le lundi précédent j’étais en Guyane, et je n’étais pas malade, et ce n’était pas la Saint Valentin …. Alors je m’en foutais…. Mais ce lundi là c’était une honte, un scandale. Résultat je n’ai pas vu l’élue de mon cœur de la journée… juste un petit bisou le matin alors que j’essayais de compenser du mauvais sommeil au rythme des mes quintes de toux puis un retour après minuit : Wallou la Saint Valentin.
J’ai souvent connu ce genre de grand’messe lors de mon activité professionnelle. Notre Pdg aimait à réunir ses cadres, les chefs d’agence pour les motiver dans un esprit d’équipe. Une fois il a fait venir Jacques Attali, là ce n’était pas trop mal, d’autant que je venais de lire son dernier bouquin et au cours du débat je suis celui qui est le plus intervenu et en me présentant comme délégué du personnel ce qui a bien emmerdé JLS. Une autre fois il a fait venir Abdelatif Benazzi l’ancien international de rugby, ce fut pitoyable:; On est une équipe, on est des guerriers, on va se battre pour gagner des parts de marché …. archi nul. Lors d’une autre réunion JLS avait demandé aux « séminaristes » à quoi ils pensaient le matin en se rasant et tous de répondre quelque chose de professionnellement correct et positif. Comme il n’interrogeait ni les barbus ni les femmes il a fini par tomber sur moi, un contestataire, cadre mais syndiqué et il est bien tombé « Mais moi je me rase le soir avant de me coucher…. ma femme préfère » et j’ai mis les rieurs de mon côté.
Maintenant on trouve aussi ça pour le management des équipes politiques…. Là, à mon avis ça fait un peu colonie de vacances mais c’est dans l’air du temps …. Mais faire ça un jour de Saint Valentin avec un mari qui souffre dans son lit…. Et en plus pour le repas de fin séminaire les élus ont du payer leur repas…. Au moins JLS nous payaient le gueuleton et même le champagne. Point final.
Mardi jour de la Saint Claude, patron des tailleurs de pierre (tant que je ne fais plus de coliques néphrétiques il ne me gêne plus) ce fut visite du toubib pour renouvellement et antibiotiques pour bibi. Tout est entré dans l’ordre rapidement…. Il était temps car des vacances se profilent à l’horizon.
Mercredi et jeudi c’était boulot sur fond de Guyane avec Arnaud et un consultant expert des installations de béton qui venait de Haute-Saône. Je suis de plus en plus optimiste pour mes amis.
Grande nouvelle, la nuit de mercredi à jeudi j’ai pu dormir 10 heures ; ça fait une éternité que ça ne m’était pas arrivé et une semaine que je n’avais dépassé les cinq heures de sommeil…. Et pas en continu. Dix heures d’un coup ça a fait du bien…. Je ne sais si c’est grâce à Sainte Julienne la sensuelle ou Saint Alexis probablement un musicien (car le seul que je connais bien est un excellent musicien. Salut Alex). Après vérification par Google je vois que tous les deux furent des saints guérisseurs. C’était donc la bonne configuration cette nuit là. Je vais pouvoir partir en vacances…. Après le boulot en Guyane ça serait mérité mais pour où et quand ? Il faut que j’en discute avec Pilou.
Enfin jeudi soir nous avions une réunion débat de « Citoyens d’abord » avec la présence de Jean Launay député socialiste du Lot de la circonscription de Figeac pour qui l’endettement public et des comptes budgétaires n’ont pas plus de secrets que les hiéroglyphes égyptiens n’en eurent pour Champollion, figeacois célèbre.
Mais cette réunion débat fera l’objet d’un billet particulier, le temps que je mette un peu d’ordre dans mes notes.
Notre ami fut passionnant et la soirée s’est terminée très tard au restaurant le Billon un très bon restaurant niortais ; celui où les séminaristes se sont retrouvés lundi soir pendant que moi je me morfondais et souffrais dans mon lit de la fièvre du lundi soir…..
...... Je n’en fais pas trop ?
(A suivre)