Le chef du maquis de Didi .... Un bien jeune homme...
Un retour à mes fondamentaux en quelque sorte, du moins à mes premiers billets. La rubrique « Didi » me permet de parler un peu de ma famille comme la rubrique «No pasaran» me permet d'évoquer la famille de Pilou, famille de républicains espagnols ayant fuit le franquisme.
Didi est mon oncle André, le frère mon père Roger et comme celui-ci est mort en avril 1962, avant d'atteindre 40 ans et après plus d'une année de longue maladie alors que je n'avais que 15 ans, Didi est devenu en quelque sorte, par substitution, mon héros de jeunesse.
J'ai raconté, en plusieurs épisodes son parcours dans la résistance (liens 1 et 2), puis dans l'armée de Delattre de Tassigny (lien) mais aussi dans le cadre de son métier dans le cinéma (lien) ou comme artiste (lien).
Aujourd'hui à 86 ans, Didi est hospitalisé. Aux dernières nouvelles ce n'est qu'une alerte, un gros coup de fatigue et il est sur le point de pouvoir rentrer chez lui. J'espère qu'il aura encore la force d'allumer son ordinateur et de lire ce billet (Je t'embrasse) car j'ai trouvé sur internet un portrait de celui qui fut son chef dans le maquis au printemps 1944 et qu'il retrouva pendant quelques mois, dans l'armée pendant la campagne d'Alsace.
Ce texte est signé Jean Claude Pers et on le trouve à l'adresse suivante: http://www.arory.com/index.php?id=36
En tapant «Maquis Verneuil», sur Google on trouve d'autres billets intéressants concernant Jean Chapelle.
« Responsable militaire départemental de Libération-Nord Jean Chapelle est né le 31 octobre 1924 à Paris. Il passe son enfance chez sa tante et son oncle, instituteurs à Ancy-le-Libre. Il y fait ses études primaires. Une bourse lui permet d‘entrer à l’Institut des Sciences politiques.
En octobre 1942, il fait partie d’un groupe de résistance à la Sorbonne. Durant l’été 1943, la direction clandestine de Libération-Nord l’envoie dans l’Yonne, avec mission de contacter les groupes de résistance non-communiste et de les intégrer à Libération-Nord. Il s’appelle désormais « Verneuil » et devient clandestin. Il rencontre les responsables de groupes locaux de résistance, Louis Seguin et René Aubin à Auxerre, André Daprey à Avallon, Paul Herbin à Joigny. Beaucoup s’affilient à Libération-Nord qui s’implante solidement dans le Tonnerrois et dans l’Avallonnais.
En avril 1944 il en devient le responsable militaire départemental. Au début de 1944, il contribue à la création du premier maquis de Libération-Nord, le maquis Garnier ( Le maquis de Didi) installé près d’Avallon. En avril, il organise le maquis Aillot près de Tonnerre. Il rassemble l’ensemble des forces de Libération-Nord, maquisards et sédentaires, dans la 3ème Demi-Brigade de l’Yonne. Fin mai, il déplace son PC en forêt d’Othe, près de Chailley, et crée le maquis Horteurpour en assurer la défense.
Les 4, 5 et 6 juin 1944, il inspecte la totalité de ses troupes en présence de Marcel Choupot, chef du récent état-major FFI de l’Yonne. Les deux hommes circulent à moto et rencontrent, selon un document rédigé par « Verneuil » après la guerre, vingt-trois groupes de résistants armés du Tonnerrois et de l’Avallonnais. C’est au cours de cette inspection qu’il apprend le débarquement. Il appelle alors à la mobilisation, mais avec beaucoup de prudence : « Il est possible que nous ne commencions la lutte que dans deux ou trois semaines ou plus. Attendez maintenant nos ordres pour agir », écrit-il dans une circulaire du 8 juin. Le mois de juin est tragique pour la Demi-Brigade « Verneuil ». Les maquis sont attaqués, plus de trente hommes sont tués (Didi fut arrêté le 9 juin et son copain Charly tué)
Constatant ce désastre, « Verneuil» prend la décision d’abandonner la stratégie prudente qu’il avait retenue jusque-là. Il décide de créer un puissant rassemblement d’hommes armés et parvient à faire accepter ce plan par Marcel Choupot et par le Délégué militaire régional. C’est dans le Morvan, près de Quarré-les-Tombes, autour du hameau des Iles Ménéfrier que se rassembleront et s’installeront les troupes de la 3ème Demi-Brigade. Les préoccupations politiques ne sont pas absentes de ce projet. Socialiste, il entend faire de Libération-Nord le mouvement dominant de la Résistance dans le département et pense que l’action d’une grosse unité militaire pourra y contribuer. Plusieurs convois convergent sur Quarré-les-Tombes, transportant des centaines de maquisards dans des dizaines de véhicules réquisitionnés. On songe à ce qui serait advenu si ces convois, en particulier ceux des 24 et 28 juillet 1944, avaient rencontré sur leur chemin une colonne allemande. Aux Iles Ménéfrier, se constitue un énorme maquis, une concentration exceptionnelle pour l’Yonne, l’effectif atteint plus de mille cinq cents hommes. Il constitue six compagnies regroupées en deux bataillons, on parle désormais du « Régiment Verneuil ». Il a pour adjoints Camille Recouvreur et Emile Laureillard. Les opérations militaires s’intensifient, les embuscades se multiplient contre les troupes allemandes en repli.
Le 19 août 1944 « Verneuil » entre dans Avallon, organise la défense de la ville. « Les Verneuil » participent à la libération de Tonnerre, entrent à Chablis puis à Noyers.(Didi s'évade de la prison d'Auxerre le 22 août) Le 1er septembre 1944, le Régiment Verneuil reçoit l’ordre d’établir la liaison avec les éléments précurseurs de la 1ère Armée française qui a remonté la vallée du Rhône. Le 8 septembre il fait la liaison avec la 1ère Division française libre, à Saulieu. Le 10 septembre, ils sont à Dijon et le lendemain ils participent au grand défilé de la Victoire. Début octobre les volontaires du « Régiment Verneuil » s’intègrent au 1er Régiment du Morvan. « Verneuil » y commande un bataillon qui combat dans les Vosges et en Alsace durant l’hiver 1944-1945.
Le 15 janvier 1945, le 1er Régiment du Morvan est réorganisé. « Verneuil» se voit confier le commandement d’un des deux bataillons de marche qui désormais constituent le régiment. Le 5 février 1945 les hommes de « Verneuil » clouent dans la neige glacée du ballon de Guebwiller le drapeau du « Régiment Verneuil ». Début mars, Il refuse la rétrogradation que lui impose son nécessaire passage dans une école de cadres. Dans la campagne des Vosges, ce garçon de dix-neuf ans a su obtenir le respect des combattants les plus aguerris. Il ne peut accepter de devenir lieutenant, lui qui avait été à la tête d’une demi-brigade qu’on appelait régiment. Il fait ses adieux à ses hommes et quitte le régiment sans avoir pu combattre jusqu’à la victoire finale.
Rendu à la vie civile, Jean Chapelle reprend ses études à Sciences Po puis à l’ENA. Il mène ensuite une carrière de haut fonctionnaire : directeur du budget au Ministère des Finances, directeur du Fonds d’orientation et de régulation des marchés agricoles, directeur des relations économiques extérieures au Ministère de l’Economie et des Finances. Il est également administrateur du Centre français du Commerce extérieur, de la Régie Renault, de la Compagnie des Messageries maritimes et de l’Institut français du pétrole. A partir de 1975, il préside l’Institut géographique national. Il est mort à Paris le 8 août 1981.»
Sources : Archives privées de Gaston Vée. Témoignages écrits d’Albert Moncomble (1999), de Jean Brunel (1999), de Guy de Kergommeaux (1997). Chapelle Jean, Contribution à l’histoire de la Demi-Brigade Verneuil, document remis au Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le Maquis, organe officiel de la Demi-Brigade, 12 octobre 1944.
( A suivre)