Saga Guyanaise 2011.... Autres balades en forêt....
Les balades en forêt ont commencé le troisième jour après l'arrivée de Gégé. Le premier jour, samedi, avait été consacré au Marais de Kaw, le second en matinée à Cacao au bord de la rivière Comté puis dans l'après-midi un saut jusqu'au fleuve Approuage et la ville de Régina. Dès le 3ème jour il fallait de toute évidence faire une petite pause, toute relative, du moins pour ce qui concerne les déplacements en voiture.
Lundi nous restions donc sur Cayenne ou en périphérie.Dès 7h. du matin nous étions au pied de la colline Mahury, où une dizaine de voitures étaient déjà garées : sans doute des joggeurs c'est dire si ce sentier du Rorota n'est guère une piste aventureuse. On aborde ce circuit en boucle de 3 km après avoir franchi l'un des passages ravinés les plus délicats pour les chevilles, long de 400 m. Une fois que c'est fait il n'y a plus de soucis... juste un peu de sueur et de fatigue, mais c'est si bon !
En prenant par la droite et en longeant un petit ruisseau, avec de nombreuses petites cascades, qu'on perd souvent de vue dans la végétation luxuriante, dense et riche en épiphytes, mais que l'on retrouve plus loin au détour du sentier. On dépasse l'usine de traitement des eaux pour arriver à un ponton puis une cascade et un escalier au bout duquel le sentier prend une autre direction pour revenir vers le littoral. De nombreux arrêts pour observer la faune et la flore ; nous fûmes moins heureux que lors de nos précédents séjours car nous n'avons pas vu de paresseux : on est sans doute passé trop tôt. Nous avons plus de chance avec les oiseaux, colibris, tyrans de Cayenne, merles, bataras et tangaras et surtout en fin de parcours les singes saïmiris.
Avant de rejoindre le sentier raviné, nous prenions un peu de temps aux points de vue sur l'océan, les plages de Rémire et au large les îles.
Ce lundi, après-midi fut consacré à visiter la ville de Cayenne. Notre programme était très chargé pour un court séjour d'un peu moins de deux semaines, aussi fallait-il faire des choix et nous ne pourrions pas emmener notre amie Gégé, au sentier de Fort diamant, qui prolonge celui du Rorota, pas plus qu'à la Pointe de Montravel, ou crapahuter au sentier de la Mirande, ni au sentier du Montabo ou celui du mont Bourda, pour les randonnées proches de Cayenne. Le mardi étant réservé aux Îles du Salut (un billet à venir), le mercredi fut occupé le matin par une petite promenade de santé aux Salines de Monjoly, peu éloignées de notre gîte et l'après midi balade en pirogue au fil de l'eau de la crique Gabriel.
Tout au long du sentier découverte des Salines de Montjoly on trouve des panneaux pédagogiques qui offrent aux visiteurs des informations sur la faune et la flore. Une passerelle permet d'atteindre un observatoire au milieu d'une lagune, une zone réservoir de nourritures pour les oiseaux. Cette lagune est envahie par des nénuphars, lentilles et jacinthes d'eau. On admire des ballets de moucherolles, jacanas, caciques et de façon plus isolée quelques hérons, ibis rouges et martins-pêcheurs.
Sur les rives vaseuses de la lagune on trouve la mangrove et ses palétuviers où vivent les crapauds , les grenouilles et même dit-on quelques caïmans mais de petit format. Ceci dit c'était la troisième fois que j'arpentais cette mangrove et je n'en n'ai jamais vu.
Le retour au parking se fait par la plage où l'on trouvede nombreuses gousses de la flore dunaire, qui vont faire un petit tour en mer à marée basse pour revenir s'échouer à marée haute.
Mercredi après-midi, nous nous rendions à Roura pour une balade sur la crique Gabriel. Un endroit magnifique proche de Cayenne (une vingtaine de kilomètres par la route ) . Nous ne pouvions pas ne pas y emmener Gégé, c'est trop beau. Nous avons déjeuné au restaurant du Waïki village, qui est aussi le point de départ de la randonnée fluviale.
Cette crique qui prend sa source au pied de la montagne Gabriel va se jeter dans le Mahury. La balade se fait à cette époque de l'année uniquement à marée haute. En partant du restaurant on remonte d'abord vers l'amont, on dépasse le hameau d'Eskol dont le nom vient de l'école que le marquis de La Fayette avait créée sur le domaine qu'il avait acheté en 1786 pour expérimenter l'abolition de l'esclavage remplacé par un travail salarié. Une expérience qui tourna court, seul le nom d'Eskol y a survécu.
Dans la plus grande partie da crique la pirogue traverse la forêt ripicole où l'on croise toutes les espèces d'arbres de ces zones équatoriales dont le moutouchi-rivière et le cacao-rivière.
Notre jeune guide nous a fait, comme l'an dernier, reconnaitre en sentant quelques copeaux de bois taillés à la machette, un arbre qui ne pouvait être que le bois de rose. Je ne l'avais pas reconnu l'an dernier, mais à défaut d'avoir du nez j'ai encore un peu de mémoire. Bien sûr je n'allais pas dire que j'étais un récidiviste.
En fin de parcours nous atteignons le marais et les savanes inondées. Nous retrouvons les oiseaux déjà observés dans le marais de Kaw peu éloigné à vol d'oiseau. A cette époque de l'année le niveau d'eau est trop bas pour pouvoir se rapprocher de la source à la montagne Gabriel.
Au retour et, comme d'habitude, nous avons dépassé l'embarcadère pour voguer un instant sur le Mahury puis en remontant devant le bourg de Roura voguer sur la rivière Oyak.....et, toujours comme d'hab, nous eûmes droit à un verre de punch pour finir la balade, juste devant l'église de Roura.... puis retour à l'embarcadère alors que la nuit tombait.
Je ne reviens pas sur les balades en forêt à Saül et Javouhey qui ont chacune déjà fait l'objet d'un billet ( Ces randonnées étaient pour nous des premières et méritaient un traitement de faveur.)
Nous ne pouvions finir ce séjour guyanais 2011 sans emmener notre amie Gégé au bagne des annamites.
Ce lieu a tellement d'importance dans ma mémoire depuis 1969. Nous y étions aussi retourné en 2009 l'accès était alors facile, même si nous avions pris la dernière fois une mauvaise entrée et que nous nous étions alors un peu perdu en forêt .... J'avais appris que depuis 2009 le sentier n'avait guère été entretenu et que la végétation avait repris le dessus. Par prudence j'avais donc acheté une machette avant de partir de Cayenne. L'entrée du sentier se trouve à une quarantaine de kilomètres de Cayenne que l'on passe par Macouria ou par le carrefour du Galion. Aucune voiture n'était stationnée en bord de route ce qui attestait que nous serions seuls. Les caillebotis qui permettaient de passer à sec les zones inondées étaient plus ou moins défoncées et il fallait enjamber de nombreux troncs d'arbres couchés. J'ai bien senti que Gégé était un peu moins à l'aise que lors des précédentes balades. On a mis plus d'une heure pour atteindre la zone du bagne, en tombant d'abord sur les toilettes, puis les rails et enfin les cellules recouvertes par la végétation
Rongés par la rouille les vestiges témoignent de l'aspect inhumain de ce que fut ce camp d'emprisonnement et de travail de gens qui avaient eu pour seul tort d'avoir réclamé l'indépendance de l'Indochine, dans les années 1930.
Nous étions là à méditer en ce lieu de mémoire quand un couple, sensiblement de notre génération arrivait. Eux continuaient jusqu'à la crique Anguille soit 40 minutes supplémentaires de marche mais avec une partie en savane, en suivant les rails. J'eusse aimé les accompagner car je n'y suis pas retourné depuis 1969, mais Pilou et Gégé étaient fatiguées et je devais les ramener vers la voiture, aussi avons nous pris le chemin du retour. Avant j'ai toutefois pris vingt minutes pour faire une nouvelle recherche du cimetière que j'avais trouvé il y a 42 ans, recherche encore infructueuse. Je la reprendrai lors du prochain voyage et cette fois j'irai jusqu'à la crique anguille. Na !
En attendant nous sommes allés déjeuner à un bon petit mais nouveau restaurant à Montsinéry.
L'après-midi de cet avant-dernier jour avant de prendre l'avion, nous avons fait un peu de bronzette et pris un bon bol d'air marin sur la plage de Gosselin.
( A suivre)