Saga guyanaise 2009...... en route vers le Maroni....
Un week-end sur les bords du Maroni pour finir notre séjour guyanais 2009. L'an dernier, en octobre, nous avions poussé au sud-est , à St-Georges d'Oyapock, à la frontière brésilienne.
Il y a très longtemps en 1969, nous étions déjà venus sur le Maroni à Mana, St Laurent et St Jean du Maroni mais je n'en ai que de très lointains souvenirs et quelques photos. Je me rappelle surtout que la route était en piteux état, un vrai jeu de piste, maintenant c'est une route confortable.
Nous étions allés à Saint Laurent pour une fête du parachutisme et nous étions descendus à l'hôtel « la Tentiaire » qui à l'époque du bagne recevait à leur arrivée le personnel de l'administration.... (sans doute pour les habituer à la péni-tentiaire) enfin je me rappelle que nous avions traversé le fleuve en bateau pour aller au Surinam, à Albina.... Seul point commun 40 ans plus tard nous sommes revenus à « la Tentiaire » qui est finalement un hôtel très correct même si l'accueil n'est guère aimable.
Le Maroni est à environ 250 km au nord-ouest de Cayenne. Aujourd'hui il faut montrer patte blanche au poste-contrôle de gendarmerie à l'entrée d'Iracoubo. Nous avons quitté la route N1, un peu avant Laussat pour prendre en direction de la réserve naturelle de l'Amana et vers Mana une petite ville de 8000 habitants. Mana, située sur le fleuve du même nom, était connue pour être le bagne des femmes. Aujourd'hui et notamment avec l'arrivée des Hmongs laotiens à la fin des années 70, cette zone est devenue prospère grâce la culture du riz.
De Mana nous avons prolongé jusqu'à Awela-Yalimapô qui est situé à l'embouchure du Maroni et de la Mana. Cette plage entre les deux fleuves est le lieu de ponte préféré des tortues luths.
La commune Awala-Yalimano est constituée de trois villages : Awala et Yalimano distants de 3 km et situés sur la route et Coswine-crique en remontant le Maroni en pirogue. La population de ces villages est exclusivement amérindienne de la communauté Kalina. Chaque village a son chef coutumier. Tout au long de la route on trouve des huttes-boutiques artisanales. A mi-chemin entre Awala et Yalimano on peut s'arrêter à la maison de la réserve.... quand elle est ouverte, ce qui n'était pas le cas le dimanche où nous sommes passés.....dommage, mais ça sera pour la prochaine fois.....
Nous sommes ensuite remonté sur Saint Laurent ; une rapide halte à l'hôtel et puis un repas créole au restaurant « chez Félicia ».
En début d'après-midi nous avons pris la route d'Apatou. Une route neuve de 60 km mise en service début 2009.... d'un autre côté les balades en pirogue sur la journée jusqu'à Apatou ne semblent plus se faire faute de client... Il reste les balades sur 3 jours ou la semaine pour remonter beaucoup plus haut sur le Maroni;..jusqu'à Grand Santi, Papaichton ou Maripasoula.... peut-être une autre fois, encore que...je ne suis pas certain d'avoir envie d'être prisonnier d'une pirogue et de hamacs pendant une semaine .... et d'autant qu'il est possible de prendre une piste d'intérieur en 4x4 pour rejoindre les chutes voltaire..... ça sans doute ! Sur deux jours.... seulement !
Le nom de ce village Boni provient du nom d'un guide qui accompagna les explorations françaises au 19ème siècle. Il dirigea notamment en 1877 le médecin militaire Créveau puis, les années suivantes, le cartographe Coudreau jusqu'aux monts Tumuc-Humac . Il prit également une large part à la recherche des bagnards évadés. Le capitaine Apatou fonda ce village sur le Maroni en 1882 pour accueillir les membres de sa communauté Boni Aluku (des noirs marrons qui avaient fui le Surinam).
Le buste d'Apatou est le principal intérêt de ce village Boni guère plus riche et confortable que les villages bonis et saramakas de mes souvenirs de 1969.... aux paraboles près.
En milieu d'après midi nous sommes retournés à Saint Laurent pour une rapide visite au camp de la transportation : c'est là qu'arrivaient les forçats avant d'être répartis dans les différents bagnes du territoire.
Le lendemain matin nous avons un peu flâné dans Saint Laurent : Le pénitencier y fut créé en 1857 et la ville se développa autour. Son nom est lié au premier gouverneur de la colonie, l'amiral Baudin. Il accola son prénom et le nom du fleuve ce qui donna Saint Laurent du Maroni.
Avant de retourner vers Cayenne nous nous sommes rendus à Saint Jean du Maroni où nous étions déjà allés en 1969. C'était un camp de relégation et c'est devenu une garnison, la base de détachement d'infanterie de Marine.
Le retour avec un nouveau passage contrôlé par Iracoubo, puis une pause dans le très joli bourg de Sinnamary sur le fleuve du même nom. Ce fut l'un des tous premiers sites de déportation, dès la révolution... les thermidoriens y exilèrent les membres de comité de salut public responsables de la terreur qui échappèrent à la guillotine, comme Billaud Varenne et Collot d'Herbois.
Enfin avant de rentrer je ne pouvais pas ne pas faire un saut au barrage de Petit Saut situé sur le fleuve Sinnamary. Le lac de retenue est le plus grand de France avec une superficie de 350 km². Ce site est magnifique mais ce lac sert de moyen de passage aux orpailleurs pour gagner le coeur de la forêt si l'on en croit le nombre de voitures sûrement volées, abandonnées voire brûlées , que l'on peut voir tout au long de la route qui mène au barrage.
( A suivre )