Viaje por Espana..........Tolède...
La dernière étape de nôtre récent périple espagnol fut Tolède la magnifique au bord du Tage. Nous étions descendus dans un très hôtel, Abacéria, situé sur le versent opposé à la ville d’où la vue panoramique était somptueuse. En fait nous aurions du faire une dernière et brève escale à Madrid mais devant un tel spectacle nous avons décidé de rester une journée de plus à Tolède, d'autant que de ne consacrer qu'une seule journée et une seule nuit à Madrid paraissait aberrant….ça sera pour un prochain voyage.
L'accès à la ville se faisait aisément soit en bus par une petite marche d'environ trois kilomètres soit en bus pour les fainéants : Disons que le trajet matinal en pente descendante jusqu'à la porte Bisagra est une randonnée agréable et exaltante par contre il est recommandé le soir, après une journée éprouvante de crapahutage historico-urbain, d'effectuer le retour avec la bus ; les trois cent derniers mètres de côte entre l'arrêt d'autobus et l'hôtel confirmant qu'il était judicieux d'éviter la longue côte qui précédait non équipée de remonte-pente.
« Tolède est jolie et magique. Elle a été habitée par les Celtibères qui peuplaient la péninsule ibérique avant la conquête des Romains en 192 avant J.C. Les Romains ont érigés toute la ville, avec des remparts, des maisons, un cirque des temples et des aqueducs pour amener l'eau ……En 596 de l'ère chrétienne la ville fut conquise par les Wisigoths qui en firent la capitale de leur royaume, jusqu'à la conquête des Arabes. En 711, Rodrigue le dernier souverain wisigoth fut défait à la bataille de Guadalete par Tarik Ibn Ziad.
La ville passa alors sous le contrôle des émirs de Cordoue non sans que la population ne résiste. Près de deux cents ans plus tard il y avait encore des rébellions. Au début du XIèmesiècle le califat de Cordoue a éclaté en une multitude de taïfas. Tolède est devenue la capitale de l'un d'eux, une capitale, riche florissante grâce à son artisanat et sa culture… Ses cultures devrait-on dire car musulmans, chrétiens et juifs, s'ils ne se mélangeaient pas, se partageaient ce même espace en conservant chacun leurs croyances et leurs rites…. Sous domination arabe jusqu'au début du XIIème siècle quand elle fut conquise par un roi chrétien Alphonse VI de Castille. La culture islamique restait très présente.
A partir du XIIIèmesiècle d'autres influences d'autres styles furent importés notamment d'Italie et de Méditerranée orientale. Le roi Alphonse X surnommé Rey sabio (sage savant) réunissait à sa cour tous les intellectuels qu'ils fussent musulmans, juifs, chrétiens, espagnols ou étranger pour discuter d'astronomie, de lois, de médecine, de littérature, de philosophie. Ce fut un moment très important de l'histoire de Tolède.
La cohabitation entre les chrétiens et les musulmans et juifs s'est envenimée pendant le XIVèmesiècle, jusqu'à ce que les rois catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon les expulsent. Tolède avait gagné en importance car elle était devenue le siège des Cortes de castille. Sous le règne de Charles Quint en plein essor de l'empire espagnol avec la conquête de l'Amérique, elle devint Ville Impériale.
A partir du XVIème siècle avec le choix de Philippe II de faire de Madrid (située à 70 km) Tolède a commencé à décliner ; déclin qui s'est amplifié aux siècles suivants avec la crise de l'empire. AU XIXème siècle avec la guerre d'indépendance contre les français de Napoléon, de nombreux édifices se sont retrouvés en ruines.»
Pendant la guerre civile de 1936 à 1939 l'armée de la république a longtemps résisté aux troupes franquistes, l'Alcazar a beaucoup pâti de ses combats. Il fut reconstruit après guerre. «Après la dictature, avec l'avènement de la démocratie la ville est devenue capitale de la région autonome de Castille-La Manche. Elle fut inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 1986.»
Nous avons franchi le Tage au Pente San Martin puis avons longé les murailles jusqu'aux portes de Bisagra. C'est par la Puerta vieja de Bisagra que les troupes d'Alphonse VI pénétrèrent dans Tolède lors de la reconquête. On continue par la puerta del sol puis cheminions vers le centre ville par les petites rues jusqu'à la mosquée Cristo de la Luz. « C'est l'édifice islamique le plus ancien de Tolède: il date du Xème siècle, mais a été quelque peu modifié par les chrétiens qui ont en ont fait une église en lui ajoutant une abside de style mudéjar et quelques peintures romane à l'intérieur….» (L'art mudéjar est l'art des musulmans restés à Tolède après la reconquête par les chrétiens, de même que l'art mozarabe était l'art des chrétiens vivants sous la domination musulmane.).
« La légende raconte que quand le roi Alphonse VI a conquis la ville, et qu'il est passé devant la mosquée, son cheval s'est agenouillé devant la façade et qu'il n'y avait pas moyen de le faire bouger.. En fouillant l'édifice un crucifix illuminé par une lampe fut découvert….. Elle était allumée depuis l'époque wisigothe… Tous les chrétiens crièrent au miracle…» Un cheval à genoux ça a plus de gueule qu'un saint traditionnel.
« Au moyen-âge les rues étaient désignées en fonction de l'activité des artisans qui y travaillaient….la rue Alfileritos est celle des petites épingles…. Un peu plus loin, la rue Silleria est celle où l'on fabriquait des chaises, une rue très commerçante. Plusieurs rues y débouchent comme celle de Torneria, des tourneurs de bois, celle de Cordoneria où l'on faisait des cordons et des lacets…Cette partie de la ville est aussi celle où se trouvaient les restaurants, les bazars»…. Et c'est toujours le cas.
Chemin faisant on débouche sur la place Zocodover où il y a beaucoup de monde «c'était déjà à l'époque islamique la place du marché au bétail (souk al-Dawal) ; c'est resté ensuite l'endroit ou se rassemblaient les marchands…»… C'est resté en quelque sorte la foire aux touristes : Bien qu'entretenu régulièrement ce n'est pas toujours propre, contrairement aux ruelles, et la seule expérience de restauration que nous avons fait fût calamiteuse, "dégueux et cher".
On peut s'orienter ver le nord ouest du côté de l'Alcazar qui surplombe la nouvelle ville où diriger côté est vers la Cathédrale et l'Hôtel de ville.
« Sur la place de l'hôtel de villeen observant les édifices, on se rend bien compte de la représentation des trois principaux pouvoirs : le pouvoir politique par l'hôtel de ville (Ayuntamiento), le pouvoir religieux la Cathédrale, et le pouvoir judiciaire par le tribunal (Audiencia) .…
….La construction de la cathédrale a commencé au XIIIème siècle, selon le style gothique, mais elle a reçu des ajouts du mudéjar local de la renaissance….» ce qui explique qu'elle n'ait qu'un seul clocher, l'autre tour a été achevée en coupole.
Dans les ruelles adjacentes on passe devant bon nombre de boutiques d'artisanat notamment de fer forgé. On croise un petit musée Le Taller del Moro dédié à l'artisanat mudéjar ainsi que le musée El Greco. « Ce peintre fut l'un des artistes les plus important du XVI et XVIIème siècle, parce qu'il développa un style innovateur pour la peinture civile et religieuse de l'époque…»né en Crète, il s'initia à Venise puis à Rome avec des maîtres tels que Titien avant de s'installer à Tolède vers 1575 où il travailla jusqu'à sa mort en 1614.
Nous descendîmes ensuite jusqu'à la synagogue du Transito. « Tolède eût jusqu'à sept synagogues, toutes situées dans le quartier de la Juiverie….. Les juifs expulsés d'Espagne en 1492 avaient pris le nom de Séfarades. Leurs synagogues avaient alors été transformées en église. Leur forme, ainsi que leur décoration intérieure, étaient identiques à celle des édifices islamiques parce qu'elles avaient été construites par des architectes et maçons musulmans.
En soirée pour retourner à notre hôtel nous prenions le bus à côté de l'Alcazar. Un regret lors de nos balades nous avons désespérément cherché pour nos petits enfants des costumes de Don Quichotte et de Sancho Panza ou Dulcinée mais nous n'en avons pas trouvé…. Ça ne manquait pourtant pas babioles inutiles dans les magasins mais les costumes des héros de la Mancha, personne ne semble y avoir pensé. ….. Pas même une maquette de moulin à vent ou d'éolienne . Dommage § On se contenta d'une photo de la statue de Cervantes.
(A seguir)