Viaje por Espana.... Vuelta 2013..... L'Alcazar de Séville...
D'importantes civilisations laissèrent leurs empreintes à Séville, les Phéniciens, les Grecs, les Carthaginois et surtout les Romains qui lui donnèrent le nom d'Hispalis et créèrent des murailles qui furent conservées jusqu'au XIXe siècle et dont on peut encore voir quelques vestiges. Les Wisigoths envahirent l'Espagne en 415 et contrôlaient tout le pays en 475. Ils firent de la ville un centre de la culture médiévale, mais il reste peu de traces de leur passage.
En 711 eut lieu l'invasion arabe. Ils restèrent cinq siècles dans la ville qui prit alors le nom Isbiliya et le fleuve Bétis devint le Guadalquivir (la grande rivière). Plusieurs dynasties se succédèrent dont les dernières furent les Almoravides à partir de 1086 puis les Almohades en 1147. Entre 1010 et 1030 plusieurs talifats (petits royaumes) se créèrent mettant fin au règne du Califat de Cordou. C'est sous les dernières dynasties que la ville atteignit une période de grande splendeur. Au début du Xe siècle fut construit l'Alcazar primitif, que les monarques successifs firent agrandir, à la fois ensemble militaire et palais royal. Il faut citer notamment le roi poète Al Mutamid qui fit faire des aménagements merveilleux pour sa belle et capricieuse épouse Itimad.
La reconquête de l'Espagne débuta en 1212 avec la défaite les Almohades à Las Navas de Tolosa. En 1236 le Roi Ferdinand conquiert Cordoue et en 1248 Séville. Dès lors les rois castillans habiteront l'Alcazar car la reconquête n'était pas finie et il fallut attendre 1492 pour que les maures soient chassés de Grenade.
S'il y a un roi de Castille dont le nom est lié à l'Alcazar c'est celui de Pedro I ; bien que roi chrétien il décida de construire son propre palais et il le fit en style arabe. Entre 1364 et 1366 fut réalisé ce qui est le joyau de l'Alcazar. Le roi fit venir, en plus des architectes sévillans, des artisans de Grenade et de Tolède. Il s'agit donc d'un bâtiment de style mudejar (Les Mudejares désignaient les Arabes vivants en territoire chrétiens). Les rois suivants poursuivirent l'aménagement du bâtiment et durant ce siècle Séville devint l'une des villes les plus importantes du monde, car elle seule avait le privilège d'exercer le commerce avec l'Amérique. Elle accueillait les marchands étrangers, et les échanges commerciaux se faisaient en monnaies d'or et d'argent.
Autre évènement important : l'empereur Charles Quint décida de se marier avec Isabelle du Portugal à Séville. L'Alcazar fut le théâtre du fastueux mariage qui eût lieu en mars 1526.
L'Alcazar a toujours été lié à la couronne espagnole. Certains rois y habitèrent comme Felipe V qui y vécut de 1729 à 1733 en faisant venir la Cour à Séville. Les derniers grands travaux de l'Alcazar furent effectués après le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 qui causa des dommages dans la construction. Depuis il fut fréquemment restauré.
On aperçoit les murailles de l'Alcazar, murailles d'aspect peu engageant, quand on passe devant l'imposante Cathédrale qui est l'une des plus grandes de la Chrétienté avec sa tour, la Giralda. Celle-ci, symbole de Séville, fut d'abord le minaret de la mosquée, puis au XVIe siècle, un clocher fut ajouté, harmonisant les styles musulman et chrétien.
On entre dans l'Alcazar par la Porte du Lion et nous arrivons dans la cour du Lion. Il faut s'arrêter ensuite dans la salle de la justice construite par Alphonso XI. A côté de cette salle se trouve un joyau de l'architecture almohade, la cour des Plâtres qui est la partie la plus ancienne que l'on peut voir dans l'Alcazar.
Délicate et élégante avec de beaux arcs et un bassin central, elle fut bâtie au XIIe siècle. Nous arrivons ensuite dans la cour de la Chasse, avant d'entrer dans les salles de la Casa de Contratacion des Indes, fondées pour contrôler le commerce notamment avec l'Amérique que venait de découvrir Christophe Colomb.
La porte du Palais du Roi Pedro I est admirable. On entre dans ce palais par un vestibule un peu mystérieux avec deux couloirs qui mènent, l'un aux espaces publics, l'autre à ses appartements privés.
En suivant le premier couloir, on arrive à la Cour des Demoiselles. Une impression d'ampleur et d'élégance nous envahit : Cette harmonie d'arcs et de colonnes nous enchantent, ainsi que les couleurs de ses azulejos.
En revenant à la cour de La Chasse on peut prendre un couloir datant du XVIIIe siècle qui conduit à la Cour de la croisée ou de Maria Padilla, qui fut à l'origine une cour almohade (XIIe siècle).
En la traversant on arrive à l'ancien palais gothique que fit construire Alfonso X modifié ensuite à l'époque de Charles Quint. Connu au moyen-âge sous le nom de chambre de l'escargot, à cause des escaliers en colimaçon de ses tours, on l'appelle aujourd'hui salons de Charles Quint. C'était là que se réunissait la cour d'Alfonso X, un roi très soucieux de la culture.
Quelques années plus tard ces salons devinrent les appartements de Maria Padilla. Bien que l'atmosphère évoque la Renaissance, de solides voûtes gothiques ont été conservées. Dans la Salle des Tapisseries on peut admirer de précieuses tapisseries racontant la conquête de Tunis.
Le charme principal de l'Alcazar vient des jardins et leur touche arabe, couvrant sept hectares. Bien sûr avec le temps les anciens jardins musulmans se sont transformés.
En descendant des salons de Charles Quint on croise d'abord le bassin de Mercure symbolisant le commerce. La fontaine est ornée de la sculpture du Dieu tout en bronze. A côté de ce bassin, Garcia Lorca lut pour la première fois, à un groupe d'amis sévillans le chant funèbre de Sanchez Mejias. Derrière le bassin commence la galerie des grotesques qui sépare les jardins anciens des plus modernes. Les grotesques servent ici à dissimuler l'ancienne muraille arabe.
En repassant devant on atteint le jardin des danses. Sur le côté droit se trouve l'entrée aux bains de Marie de Padilla, c'est à dire la partie souterraine du jardin de la Croisée, un espace singulier un peu mystérieux : des voûtes gothiques, un grand bassin où, dit-on se baignait Maria et au fond une fontaine grotte qui fut rajoutée au XVIe siècle.
On emprunte une suite de jardins, celui des Dames, puis ceux de la Croix, de la Galère, du Prince, de Troie, chacun possède un charme spécial invitant au repos. On arrive ensuite au jardin de la tonnelle de l'Alcôve qui est un véritable chef-d'oeuvre entouré de galeries avec des colonnes italiennes et des murs revêtus de céramique de Triana. Son dallage est très original et il y a une fontaine à l'intérieur.
De par sa situation au centre des jardins c'est un lieu de repos idéal à l'abri des chaleurs d'été. Il est connu sous le nom de Tonnelle de Charles Quint et fut construit dans la première partie du XVIe siècle. Tout près de là on retrouve le pavillon du Lion à cause de la statue qui orne le bassin.
En revenant sur nos pas et en repassant par la porte du Privilège on arrive aux jardins nouveaux, ceux du XXe siècle.
On se trouve alors face à une porte monumentale de style gothique qui est la porte de Marchena. Cette porte vient d'un autre palais sévillan. En la franchissant on approche de la sortie en traversant d'autres jardins en allant vers le Relais à chevaux qui constitue l'autre entrée de l'Alcazar. On débouche alors sur la Cour des Drapeaux qui était la cour d'armes de l'Alcazar primitif. Du même côté de la porte une arche nous conduit au quartier de Santa Cruz, qui faisait partie de l'ancien quartier juif.
(A suivre)