Touche pas à mon rugby......Corsica Tour (1ers jours)
Cette série de billets sera consacrée à mes vieux compères, joueurs de rugby des décennies 60 et 70, de l'E.S.V un club
fabuleux, un club mythique, n'ayons pas peur des mots. Depuis un certain week-end de la Pentecôte 2004 nous nous retrouvons régulièrement, pour des grands moments de camaraderie,
d'amitié.
Si le point de départ fut ce week-end de mai 2004, si depuis il y eut de nombreux prétextes de nous revoir,
anniversaires, assemblées, matchs ou rencontres régionales, il y eut surtout un grand moment de consolidation, un émouvant voyage en Corse pour l'Ascension 2006. Aussi vais-je
d'abord évoquer ce voyage et puis plus tard, bientôt dans quelques jours ou semaines (?), à l'instar de Coppola dans la Saga du "Parrain" je ferai d'autres billets où je parlerai
de l'avant et de l'après voyage en Corse.... Je me demande d'ailleurs pourquoi en évoquant la Corse, je pense à cette Saga ? Il y aura donc sans doute un Corsica II et peut-être un Corsica
III...à moins que je ne choisisse un autre titre, par exemple Lapize aux étoiles..... du nom du prestigieux stade des exploits de l'ESV...... mais je commence par le premier volet
de la Saga : Corsica tour.
Mercredi 24
mai 2006: Arrivée en Corsica.
Pourquoi la Corse ? Parce que Ghjuvan Petru dit Ricky, parce que Fanfan, nos amis corses et les autres dont je vais parler qui a défaut d'être
corses de naissance avaient déjà, tous, séjourné sur l'île. Pour Pilou et moi c'était une première.
Nous étions huit,
quatre couples, à nous envoler d'Orly : Jean et Valérie, Alain et Nicole, Richard et Marie-Christine, Pilou et moi. Nous sommes
arrivés à Ajaccio Campo Dell'Oro en fin d'après midi où Ricky et Chris nous attendaient. Nous avons récupéré les voitures de location et puis en route direction Piana à 75 km,
a priori une heure de route......on a mis un peu plus à cause des virages et cette manie qu'avait Jean de déposer une gerbe à chaque ex
voto.
« Jean, c'est le week-end de l'Ascension pas celui du 8 mai » Il était mal le Dudule. Regrets d'une bière
dans l'avion.
En arrivant à Piana, Ricky nous a jeté, le temps d'aller chercher Laetitia, mais trop pressé, il s'est trompé, de
virage et donc de restaurant; Chris guide intérimaire, a rectifié le tir, et nous a conduit au Sputinu.
L'accueil fut
chaleureux, Ricky nous a présenté à nos hôtes. Jean allait mieux et moi j'avais vraiment un petit creux, Nicole aussi. Richard était inquiet car il réalisait que nous étions la seule table
et qu'il s'agissait d'un repas régional-familial et qu'il n'y aurait donc pas de menu enfant.
On se mit à table avec la
place d'honneur pour El Présidente Alain : en entrée de la charcuterie corse lonzu, coppa, prisuttu et saucisson avec quelques verres de Patrimonio, ce fut un délice : j'y fis
particulièrement honneur, Nicole aussi. La suite canelloni au brocciu puis le met des montagnards, un ragoût de cabri. En dessert, après le niolo, fromage de chèvre, on eut droit aux beignets de
châtaignes. J'ai fait bombance, Nicole aussi.
Jeudi 25 mai. L'Ascension et de Denti.
Au réveil j'ai d'abord contemplé le ciel corse puis le paysage environnant: Merveilleux. Ricky en avait fait, finalement, une description plutôt
raisonnable, alors que, à la lecture de son mail, je l'avais trouvé chauvine. Le petit déjeuner n'était servi qu'à partir de 7 H 30, je savourai l'heure matinale en discutant avec Dominique le
proprio. J'appris qu'il ne faut pas mettre de (s) aux calanche, car il s'agit déjà du pluriel du mot corse calanca qui signifie calanque.
Ricky vint nous rejoindre pendant le petit déj.' et nous détailla le programme de la journée : ce matin nous allions faire une petite ballade « fastoche » à la tour de Turghio. En fait de ballade, on
allait se taper une escalade, en montant à l'assaut d'une tour génoise. Ces tours rondes, tours de vigie ont été édifiées au 16ème siècle, par les occupants génois, pour prévenir les
razzias barbaresques (il y a 85 tours sur tout le littoral corse). Le site se trouve à 10 km de Piana ; généreux Ricky nous épargna ces 10 km de pacotille, que l'on fit en voiture, puis on
s'élança pour la charmante ballade ; 2 à 3 heures de randonnée qui se transformèrent parfois en crapahutage. Les premiers kilomètres n'étaient pas trop difficiles, ça descendait
souvent ...curieux, car la tour était visible tout là haut. Notre guide nous faisait admirer le paysage, mais il ne semblait pas être expert en botanique ; heureusement qu'il y avait
Pilou et Marie-Christine.
On arriva
cahin-caha, à la bergerie et là, en levant les yeux, ça se gâtait...Ptn, il fallait monter la haut ! Une escalade de 300 m par un défilé qui me faisait penser aux westerns de mon enfance.
Pilou hésita «je ne pourrai jamais monter là-haut, c'est trop difficile», mais on s'élança quand même... Les anciens Nicole et Alain y croyaient...alors nous aussi, forcément. Ce fut dur,
brutal, mais nous y sommes arrivés ; jusqu'en haut, épuisés mais contents d'atteindre le sommet et la tour génoise. Quelle ascension ! A chacun son Solutré, que dis-je ? En cette fin de
montée je pensai plutôt au Golgotha.
Une dernière épreuve, du moins pour Pilou sujette au vertige, monter en haut de la tour...
enfin on y était... et nous étions récompensés de nos efforts... quelle vue splendide, c'était grandiose.
J'ai vidé ma bouteille d'eau et puis je me posai tout me gavant du panorama. Je regardais aussi les grolles de Jean. Comment a‑t-il pu grimper ici, chaussé ainsi ? C'est le roi du handicap le Minou. Philosophie
Sudoku.
Du repos mérité, encore du repos et puis des photos ; nous récupérions toujours... on décompressait, on
fanfaronnait, on reprenait des forces, et encore des photos....nous nous préparions à redescendre...et c'était reparti, d'abord les marches de la tour, sur les fesses puis on aborda le
défilé ; Pilou, toujours, réaliste « tu as vu tout ce que l'on a descendu au départ pour arriver à la bergerie....ce n'est plus de l'escalade mais il va, quand même, falloir remonter
jusqu'à la route ».
Chacun allait à son rythme. Valérie, Jean et Chris prenaient la foulée de Ricky. Marie Christine,
Pilou et moi on allait piano. Nicole et Alain pianissimo. Richard avait choisi un raccourci qui l'a contraint à faire demi tour, l'obligea à remonter puis à redescendre derrière nous...il était
fougueux le Richard (double escalade)....Marie-Christine s'est inquiétée 1 ou 2 minutes... mais ce qu'il y a de bien avec Richard c'est que, même quand on ne le voit plus, on l'entend
toujours.
A la bergerie nous avons attendu que le petit peloton se regroupa, sans se soucier des 4 échappés. Marie Christine et
Pilou se découvrirent un vague cousinage, du côté de Santander et les voila toutes les deux reprenant la route en blablatant. Indurain et Bahamontes nous larguèrent à leur tour. Richard et moi,
pour souffler un peu, on a fait semblant de faire office de voiture balai pour aider les 2 anciens à finir dans les temps. La fin du retour fut difficile.
Nous arrivâmes enfin à la route, au relais : un pot réparateur. Ricky, le local de l'étape, étant hors catégorie, la médaille d'or revint à
Valérie qui était arrivée avec une demi-heure d'avance sur les derniers, Nicole et Alain, qui furent chaleureusement applaudis. Jean était cramoisi ; le Minou avait fait la
dernière montée dans le rouge. En bon Saint Bernard, Chris était revenu à son secours ; Les cousines espagnoles étaient ravies. Richard et moi aussi, mais nous, ni premiers valeureux,
ni derniers méritants, on comptait pour du beurre. C'est la loi du sport, elle est dure mais c'est sa loi.
Après cette
épopée nous sommes allés vers la plage d'Arone. On était toujours à Piana, commune qui est très étendue. Nous avons déjeuné au restaurant Casabianca. Ce fut le genre de repas où l'on
refait des matchs... certains remontant à plus de 40 ans. Nostalgie quand tu nous tiens.
En fin d'après midi nous sommes
descendus à la plage. J'ai trempé un orteil : il faut être fou pour se baigner dans un eau à 12° ou 13°. Pour les autres l'eau était bonne soit disant vers 17 ou 18°. Bonne ????? Ils
sont fous les copains. Enfin 3 ou 4 vont faire trempette....dont Marie-Christine...elle était impressionnante le toubib et on n'avait pas encore tout vu.
Vers 18 H nous sommes retournés
en ville pour une soirée pianaise. L'apéro chez des cousins à Ricky ; la fraîcheur du soir et la chaleur de l'accueil corse ; la convivialité méditerranéenne dans ces ruelles de centre bourg. Que
de gentillesse, on se sentait bien : le repos des guerriers de Turghio.
Enfin le dîner au restaurant « La
voûte ». Ricky nous avait promis du Denti. C'est quoi le Denti ? Un gros beau poisson, en fait il y en avait deux. C'était copieux et en plus, gourmands, nous avions presque tous pris,
en entrée, une soupe de poisson. Excellente mais de trop.
La patronne nous apporta les poissons...... Elle nous a décortiqué les bestioles dans nos assiettes. Ce fut
succulent, mais un peu trop copieux, gargantuesque même. un festin hors du commun qui méritait qu'on y fasse honneur; mais sans doute qu'un seul spécimen eut suffit.
Le Denti est un poisson carnassier de Méditerranée qui se cache dans les rochers, ou parois, à des profondeurs comprises entre 15 m et 150 m. Il est
donc bien chez lui dans les calanche de Piana et il est probablement très, très difficile à pêcher. Ce prince des mers profondes et
salées est un régal. Bien sûr l'addition, aussi, fut salée..... mais Ricky, habile négociateur, a su obtenir une ristourne de notre charmante hôtesse. Bien joué Ricky......et ce n'est pas tous
les jours qu'on dégustera du Denti.
Vendredi 26 mai.Ricky qui bulle, et Fanfan la main verte..
Ce matin là, parmi les «lève-tôt», il y avait Valérie et Marie-Christine. Elles avaient rancard avec Ricky pour faire de la plongée à Porto. Elles furent les seules à s'être inscrites en initiation plongée. Je n'en
parlerai pas puisque je n'y étais pas : courageux mais pas téméraire. Selon les confidences recueillies ce ne fut pas facile, mais ça c'est bien passé. A quelques brasses, de là, Ricky le
plongeur chevronné était descendu un peu trop bas ; conséquence il ne pouvait pas venir pour le pique-nique de Fanfan, en altitude, et il devait nous rejoindre le soir après avoir
décompressé 4 ou 5 heures.
Nous avions
rejoint Porto vers 10 H pour le rassemblement des troupes. Avec la route des Calanche entre Piana et Porto on va d'émerveillement en émerveillement. Cette route serpente dans les massifs de
granit taffoni rouge dans lesquels le vent et les pluies ont creusé de surprenantes formes. A Porto, nous flânions en attendant l'arrivée des naïades.
Enfin, tous rassemblés, nous partions rejoindre Fanfan en forêt de Vizzavona. Il y a plus de 100 km de route, il ne fallait donc pas
traîner.
Au col de Vizzavona Fanfan et Michelle nous attendaient. Cela faisait 12 ans que je ne l'avais pas vu mon Fanfan;
depuis le mariage de Valérie et Jean. On s'était téléphoné mais pas vu depuis. Emotion.
Il ne faisait pas chaud à cette altitude
(1163 m). On a choisi le côté ensoleillé pour trinquer à nos retrouvailles. En face de nous s'élevait, majestueux, le Monte Oro avec, encore, de la neige au sommet. Michelle et Fanfan nous avait préparé un pique nique champêtre ; on se restaurait, on faisait des photos et on ouvrait la boîte à souvenirs, en
refaisant des matchs : Massy, Reims le tournoi de Rugby à 7 de St Denis et, bien sûr, les finales du championnat de France de 1958 Racing-Lourdes et 1959 Racing-Mont de Marsan, heures de
gloire d'Alain, et tout à coup le clash :
Alain el présidente « Nous avons empêché les Boniface d'être champions de France ». Richard la science « Absolument pas, Mont de Marsan fût champion de France 4 ans plus tard.
Alain « jamais de la vie ».
Richard «En 1963 en battant Dax 9-6 ».
Je crois que Richard a raison mais, respect présidentiel oblige, j'hésitais à le
soutenir de façon péremptoire, ce que n'hésita pas à faire Jean. Les autres restèrent prudents. Moment crucial, silence pesant.... Alain s'engageait dans un pari d'apéro, ce qu'attendait, bien
évidemment, Richard.
Deux heures plus tard, chez Fanfan, par Internet, le verdict tombait : Richard
triomphait. Alain, beau joueur, reconnu sa défaite...dur, dur pour un ancien champion de France, mais grandeur d'âme, il évita la brouille familiale, traditionnelle, dit-on, en
Corse.
On quitta le col de Vizzavona pour descendre vers Venaco. On passe par Vivario et on aperçoit une passerelle
métallique Eiffel où passe la ligne de chemin de fer Bastia-Ajaccio ;. On atteignit bientôt la commune où habitaient Fanfan et Michelle. Nous étions revenus à 600 m
d'altitude. Le village est adossé au Monte Cardo et le panorama s'étend sur la vallée de Tavignano et les monts du Bozio. Nos amis nous reçurent chez eux, dans la maison familiale de
Fanfan ; maison où il a passé son enfance même s'il est né dans la maison d'en face. Michelle nous offrit le café dans le séjour, l'ancien atelier du grand père que Fanfan a superbement aménagé.
Jardinier poète Fanfan nous présenta, fier comme Artaban, un Amaryllis à 7 fleurs. Pilou acquiesça, c'était super rare.
Et puis il nous emmèna visiter son jardin secret, un jardin potager en terrasse,
Il était heureux le Fanfan de nous montrer son potager qu'il bichonnait de l'aube au crépuscule. Son enthousiasme est communicatif et, nous admirions
les futures tomates, nous soupesions les petits pois, jaugions les haricots verts, examinions les radis et les boutures de vigne et.... pendant ce temps là, Jean et Alain taxaient les
fraises.
Nous étions touchés de cet accueil fraternel. Nous partimes, ensuite, pour notre hôtel situé à 2 ou 3 km plus
loin sur la route de Corte. Michelle et Fanfan allaient nous y rejoindre pour le dîner. L'hôtel du Torrent est une jolie bâtisse située dans un parc de verdure où vécu Pozzo Di Borgo
diplomate du 19ème siècle.
Le soir on se retrouva tous ; Ricky, qui avait, enfin, fini de buller, nous a
rejoint. Valérie et Nicole offrirent l'apéritif car toutes les deux fêtaient leur anniversaire. Chris, qui cherchait désespérément, depuis hier soir, son téléphone, se réveilla soudain
« mais c'est le mien aussi...» : il se chargera du champagne au dessert.
Pour le repas le plat principal fut du porc au caramel. Pour les entrées libre choix. Je me suis décidé pour une
terrine de sanglier et sansonnet. Curiosité. Sans doute dans les proportions du pâté d'alouette. Tout fut excellent. Moi qui profite si bien combien avais-je, déjà, pris en 3 jours ? Au
moins 3 kg, Heureusement qu'on ne restait pas le mois.
Au dessert on amèna des tartes et gâteaux avec bougies et le champagne. Sympa
ces anniversaires. On fêta donc Nicole, Valérie, Chris, Fanfan (surprise) et...... Daniel (c'est quoi cette embrouille moi c'était seulement 3 mois plus tard ).
C'était encore un coup de Richard « Ce soir on en profite pour fêter aussi ceux qui ont eu, ou auront, 60 ans cette année ». Merde, c‘est
trop tôt pour être sexagénaire, je n'étais pas prêt.
Fanfan s'est lancé dans les histoires drôles du type sexe ça génère : Le
crocolion, le plombier et son chien, le singe de l'avion etc..... Quel talent de conteur. Truculent le mec....
Une soirée
mémorable.
(à suivre)