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Trop poli-tique.... Des espoirs à gauche ou l'espoir à gauche ?

24 Août 2009 , Rédigé par daniel Publié dans #trop poli-tique

 Tout a commencé par un mail de Vincent  du 8 juillet qui m’invitait à participer aux premiers ateliers d’été d’« Espoir à gauche » à Marseille le Pharo, les 21 et 22 août 2009. Depuis un peu plus d’un an j’avais pris du recul avec le PS …. sans vraiment rompre complètement avec ma famille politique et d’ailleurs ce blog « familial » est bien la preuve que l’intérêt pour la politique ne m’a jamais vraiment quitté….. C’est juste que j’ai arrêté de fréquenter l’appareil, arrêté d’y batailler vainement, de vouloir le réveiller  … en fait les municipales m’ont confirmé que ce parti tenait plus à préserver son fond de commerce « local » que de vouloir corriger un mondialisation qui le dépasse … et puis voilà que la crise financière est survenue et je me dis qu’on ne peut pas ne pas essayer de faire quelque chose : Utopie ? Je veux donc bien apporter une modeste contribution aux quelques Don Quichottes qui veulent encore y croire.… et puis Vincent est un ami… et puis le programme qui m’avait été transmis m’intéressait, le programme et le casting des présents annoncés et plus encore les absences qui me permettaient d’effectuer un retour en douceur … et puis des ateliers, pour moi ça sonne mieux que des universités d’été, sans vouloir offenser les étudiants….

 Et puis…. et puis cerise sur le gâteau ces ateliers devaient se tenir à Marseille…. Alors en route vers le Vieux Port ….

La période du 15 au 25 août est chaque année celle du pèlerinage sudiste, la tournée des copains, le retour à des racines … de Toulouse à la méditerranée en passant par le Cantal, l’Aveyron, la Lozère, le Gard, l’Hérault… et il me fallait aussi aller voir mon cher cousin Michel à Martigues ... il me suffisait donc d’organiser le circuit en plaçant Martigues vers les 20 et 21 août pour pouvoir être au Pharo aux dates voulues. Un doute subsistait … en reprenant la panoplie du petit militant après 15 mois d’arrêt prenais-je le risque  d’une rechute apparatchik, un peu comme l' ex-fumeur qui repique en acceptant une cigarette, ou l’ancien alcoolique qui replonge en acceptant un verre d’anisette pour trinquer à la santé d’un ami?

  Vendredi ce ne fut qu’une rapide reprise de contact et une brève accolade à Vincent,  ce jour là restant réservé à mon cousin ; dommage pour certains ateliers très tentants mais je sais que je trouverai les comptes-rendus sur le site www.espoir-a-gauche.fr ,

   Samedi nous avons suivi les débats de deux ateliers, d’abord  « Démocratie, action publique et collectivités locales » avec F. Rebsamen, N. Belkacem, M. Destot, J. J. Thomas, A. Vallini et P. Menucci  puis « Gagner en 2012 : de la nécessité des primaires ouvertes » avec J. P. Mignard, G.  Le Gall, O. Ferrand, M. Valls et encore P. Mennucci, notre hôte, et ancien directeur de campagne de la grande absente dont il ne fût guère question.

       Est-ce cette absence qui a permis à Vincent Peillon de réunir, pour le final, un aussi beau et dérangeant plateau : Marielle de Sarnez, Daniel Cohn-Bendit, Robert Hue, Christiane Taubira et en levé de rideau, pour une introduction au demeurant assez laborieuse, Michel Vauzelle, le président de la Région PACA.

 La salle était bondée, soit plus de 1500 personnes, journalistes et personnalités des médias compris. Je n’ai pas croisé de Deux-Sévriens, j’ai vu peu de copains (4 ou 5) du premier réseau celui de 1994 et un peu plus de l’époque NPS. (2003/2007)…

 La première à s’exprimer fut Marielle de Sarnez et je dois bien avouer que j’ai été bluffé : Cette ancienne giscardienne, directrice de campagne de Bayrou lors des dernières présidentielles, vice-présidente du Modem a décoiffé en  tenant un discours très marqué gauche. 

« Nous venons d’horizons différents mais nous partageons les mêmes inquiétudes pour notre pays et, nous portons le même jugement sur le pouvoir en place. Nos n’aimons ni sa façon de faire ni façon d’être…. »

  Elle a fustigé la personnalisation du pouvoir, elle a dénoncé l’aggravation des inégalités, des mesures iniques comme le bouclier fiscal, mais elle n’est pas resté dans le registre de l’anti-sarkozisme, elle a fait des propositions aguichantes pour un auditoire de gauche : Une  république nouvelle avec une réelle séparation des pouvoirs, exécutif, législatif, médias et monde des affaires, avec l’organisation de contre-pouvoirs dont la mise en place d’un scrutin proportionnel pour les législatives (et qui parait bien être le seul moyen de rééquilibrer la présidence hégémonique et partiale qu’entraîne un quinquennat sans risque de cohabitation).  

 Elle a rappelé que la politique doit être au service des plus faibles.« Tous ceux qui partagent ces convictions et qui n’ont pas renoncé à l’idéal républicain ont à faire ensemble. Ensemble, pas les uns contre les autres, pas les uns sans les autres.

 Elle demande que les mesures d’investissements à long terme (développement durable)  soient favorisées par le biais de réformes fiscales, elle ramena dans le débat la taxe Tobin et propose que l’état intervienne dans l’administration des sociétés en contre partie d’aides publiques. Voilà des propos qu’on entend traditionnellement  plus dans la bouche d’un Mélanchon ou d’un Filoche que d’une ancienne giscardienne. Bon d’accord tout ne fut pas à ce niveau : elle a un peu patiné dans la semoule avec le thème de la pénibilité du travail et les problèmes de retraite… elle s’est rétablie ensuite en dénonçant le capitalisme financier, l’économie virtuelle. Elle fut bien aussi sur le thème de la solidarité entre générations, et la solidarité autour du patrimoine écologique.

   Cohn-Bendit buvait du petit lait. « Tout notre système de production et de consommation est au bord d ‘une révolution qui doit être notre chance….. Plus la cause est grande et plus le comportement des politiques doit être à la hauteur…. Le monde change, la vie politique doit changer. » Standing ovation pour la vice-présidente du Modem et je dois avouer que bien qu’un peu dubitatif, devant ce tournant brutal qui mérite réflexion, je me suis levé pour l’applaudir.

  Au suivant et ce fut au tour de Robert Hue qui ne fut pas tellement encouragé par un Rebsamen qui, perfide,  lança « Marielle a mis la barre haute et à gauche ça va être dur pour toi Robert »

 Il m’a fait peine le Robert avec son discours ringard, même quand il faisait des efforts, qu’il disait des choses sensées « Il y a des millions de gens qui ne rentreront pas dans nos partis d’origine… il nous faut donc nous rassembler, aller au-delà »  ou quand il fit son mea culpa : « J’ai porté trop longtemps une démarche productiviste ».  Il a vanté vainement un compromis historique comme avaient su le faire les communistes italiens (ça remonte à quand Enrico Berlinguer et sa victoire posthume? 1984, quelle modernité à retardement !).

  Mais il est roublard Robert et en ramant, en faisant les bordures, en tirant à hue et à dia, il a réussi à trouver quelques thèmes permettant de faire bouger un peu la salle. Il a notamment sauvé les meubles en abordant le registre social et plus particulièrement la place des femmes et l’égalité des salaires entre hommes et femmes ; il a pu, ainsi sur le fil, arracher sa standing ovation…. Ouf ! il était temps…

… Mais il n’était pas au bout de ses peines car c’est Cohn-Bendit qui lui a succédé et comme Dany le provocateur avait en tête de donner des leçons à la gauche ringarde et conservatrice il a commencé par Robert Hue. « Vous devez changer de mots, faire un inventaire de vos valeurs, il ne faut pas marteler des slogans creux : ça veut dire quoi les forces progressistes ? C’est qui ?». Dans la même veine et alors qu’il propose un rassemblement démocrate, écologique et social il se fait interpeller par un socialo de la salle qui ajoute «et la laïcité » et Dany  de rétorquer du tac au tac « La démocratie est laïque » ; il faut simplifier le langage de la gauche pour être audible…. Voilà des positions qui déstabilisent les militants socialistes qui biberonnent de la laïcité et de l’unité des forces progressistes à longueur de débats, de réunions de section.

  Il a quand même quelque peu refroidi l’ambiance et j’ai cru relever quelques doutes sur le visage de Vincent …  mais heureusement Cohn-Bendit  il en fait souvent trop : Il ne bouffe plus du Bayrou, il s’en est fait un plat la veille des européennes, il le ménage maintenant qu’il drague le Modem.  Par contre il ne fait pas trop dans la dentelle avec le PS qu’il ne drague pas vraiment …. « Si on couche ça ne sera pas dans une chambre de bonne »  assène t-il pour rejeter les habitudes hégémoniques du PS. La fin du discours fait un peu catalogue fourre-tout : Il faut marier solidarité et liberté, le citoyen doit être responsable, autonome… le politique doit faire des propositions concises… ce qui ne l’empêche pas de ressortir l’autogestion de ses vieux tiroirs soixante-huitards.   Il fit cependant une proposition originale et un brin révolutionnaire « le rassemblement démocratique, social et écologique avec double appartenance des militants des divers partis » …rien que pour entendre ça, ça méritait le déplacement…  mais il est trop long, trop péremptoire ;  il lasse la salle même quand il est dans le vrai…. Finalement il ne m’a pas emballé le Dany, pas plus qu’en 68. Je n’ai pas confiance en ce type… je suis persuadé que les socialistes ont mieux à faire avec les verts qu’avec Europe Ecologie.

 Enfin il finit par regagner sa place sous des applaudissements polis et des levées de siège rhumatisantes.

  Et puis ce fut au tour de Christine Taubira :«  Je ne veux pas gâter la sauce… mais je suis étonnée de voir cet après-midi que tout le monde s’embrasse sur la bouche ». elle veut nuancer, même si elle est très satisfaite et croit à la sincérité de ce qui a été dit à la tribune… mais surtout ne nous emballons pas :

« D’abord il faut aller au fond des choses, échanger, débattre et pas seulement pour la conquête du pouvoir, mais aussi pour l’exercice du pouvoir.. » Elle indique qu’entre 2000 et 2002, elle n’a voté aucune loi du gouvernement Jospin et qu’elle rejoint Dany quand il rappelle que depuis 2002 la droite n’a fait que poursuivre des chantiers qui avaient été mis sur les rails par la gauche…. Ecorchant au passage un ancien ministre de l’intérieur qui estimait que Sarkozy n’avait fait que reprendre sa politique répressive… bémol que devra ensuite corriger Peillon en disant que Chevènement est son ami… Elle ne gâtait pas la sauce Christine mais c’était limite et il fallait qu’elle arrête de pimenter son discours.

 Ce fut le cas même si on lui pardonnera un dernier coup de griffe «Ne feignions pas de croire que le FMI est subitement passé à gauche alors que 40 % de son budget va à 7% des nations encore les plus développés ».

De toutes les interventions celle-ci fut la mieux construite, critique en introduction mais la plus positive, la plus réaliste dans son ensemble : Elle a posé de très bonnes questions« Il faudra répondre sur l’économie : la voulons nous régulée et jusqu’où ? Quelle part voulons nous faire à l’économie sociale et solidaire ? Que fait-on avec les services publics…Non Dany, ce n’est pas ringard le service public (et lui de dire sur son siège qu’il n’a jamais dit ça … Non mais quelque chose d’approchant).…. A gauche on doit se poser la question des libertés individuelles, des libertés publiques.. Que veux dire la notion d’égalité lorsqu’il y a dans notre pays de telles disparités régionales ? Dans 51 états membres de l’OCDE sur 73 la part des salaires a baissé ces dernières années. Comment contrer les multinationales ; allons nous continuer à capituler devant la souveraineté des actionnaires dans les entreprises ? Questions sur l’environnement qui doit être au centre de notre préoccupation.. etc….

  Un excellent discours qui prend bonne note des changements dans les lignes proposées par les partis en quête d’un rassemblement réjouissant mais Christine demande d’éviter l’emballement en faisant un inventaire très sérieux des différences et des désaccords pour éviter les lendemains qui déchantent.

 Bravo Christine ! Ce fut elle la représentante de la plus petite formation qui fit un vrai tabac … Une standing ovation à tout casser. Le grande gagnante à l’applaudimètre même si les journalistes présents ne l’ont guère mentionné… bien sûr que je me suis levé pour applaudir et je crois bien que je fus le dernier de l‘amphithéâtre à me rasseoir ... on a l’amour de la Guyane en commun et je suis un peu chauvin…   

Bien sûr Vincent a conclu en qualifiant cette réunion « d’événement historique dans l’histoire de la gauche française… de signe d’espoir dans ce désert profond que traverse le PS… ».

 Il a repris la formulation de Cohn-Bendit en en appelant à « un rassemblement écologique, social et démocratique…. La responsabilité historique de notre génération est d’ouvrir le nouveau cycle politique dont la France a besoin. »

  En fin de réunion Vincent était très entouré par les nombreux journalistes, ses proches, ses amis… il savourait la réussite de ces ateliers, de ces débats.

J’ai eu beaucoup de mal à l’approcher pour le saluer et le féliciter avant de partir et quand nous avons pu brièvement échanger quelques mots il me dit «Tu te rends compte Daniel du chemin effectué pour la rénovation de la gauche depuis 1994… on va y arriver enfin.. ». J’en suis heureux pour nous, pour lui … même si je m’interroge parfois sur les parcours pris….   Mais j’ai confiance en son intelligence, en sa générosité et en sa fidélité aux valeurs de gauche… mais d’une gauche moderne.

  Maintenant aux militants de penser et plus encore de réfléchir : choix cornélien entre des espoirs à gauche et un véritable espoir à gauche… en tenant compte des mises en garde de Christine Taubira …. En voilà un beau ticket : Peillon – Taubira ! Il n’est pas interdit de rêver….


(A suivre)

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D
Mon ami Fanfan a fait un commentaire qui mérite d'être lu mais qu'il a placé le billet suivant les mots casés.
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