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Trop poli-tique… Pour tourner la page d’une bien belle histoire.

24 Mars 2017 , Rédigé par niduab Publié dans #trop poli-tique

Pour ce billet je m’appuie sur l’interview de Geneviève Gaillard, députée de la 1ère circonscription des Deux Sèvres, réalisée récemment par la Nouvelle République (édition du 7 mars). Je reprends, intégralement le texte principal qui est titré « On a une vision féroce et fausse des élus ». A la suite je reporte l’analyse du journaliste Yves Revert, et présentée sous le titre « Je pense que le PS a déjà éclaté », un chapitre où je me permettrai d'apporter quelques compléments. Je précise enfin pour les lecteurs qui ne sont pas spécialement des habitués de ce blog, que Geneviève est une très grande et fidèle amie dont nous sommes proches, mon épouse et moi, depuis bientôt une trentaine d’années ; depuis que nous vivons à Niort (1988). Nous avons notamment fait partie de toutes ses équipes de campagnes électorales.

Dernière précision : ce billet a été préparé et programmé à l’avance (comme les quatre billets précédents) pour cause de voyage à l’étranger. Je l’ai mis en ligne avant de partir le 12 mars et il paraîtra le jour de mon retour le 24 mars.

 

« La députée socialiste Geneviève gaillard ne sera pas candidate à sa succession en juin. Elle mettra un terme à 28 années de mandats politiques.

 

Quelle image gardez-vous de vos premiers pas en politique ?

Geneviève Gaillard. « Quand le maire de Niort, Bernard Bellec, m'a fait entrer sur sa liste aux municipales de 1989, j'avais fait beaucoup de vie associative, mais je n'avais pas envisagé de mener une vie politique. Je ne savais pas dans quoi je m'engageais, je me suis demandé si je réussirais, si j'étais faite pour ça. Je connaissais la politique par le prisme de mon père mais il en parlait peu à la maison. Cette question, je me la suis reposée à chaque candidature : vais-je être capable ? »

Après 28 ans de mandats, se demande-t-on si cela sert à quelque chose d'être élu ?

« Députée, j'ai été l'an dernier rapporteure de la loi sur la biodiversité : oui, ça sert à quelque chose. Mais pour être utile, il ne faut pas être un député seul parmi 577. Si on veut faire passer des messages, influer, il faut s'inscrire dans une démarche collective. Mais on a encore plus le sentiment d'être utile quand on exerce un mandat exécutif local. »

Justement, quel regard portez-vous sur votre défaite aux municipales de 2014 ?

« Avec mon équipe, à Niort, j'ai fait le sale boulot : le chantier de la Brèche, la piétonisation, les travaux qui dérangent les gens. Je constate d'ailleurs que ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités en récoltent les fruits sans rien faire de plus. Les gens, quand on transforme leurs habitudes, sont plus conservateurs que je ne pensais. J'aurais aimé les projeter dans une autre façon de voir la ville, en lançant une dynamique sociale et culturelle qui est en train de retomber. Les 18-35 ans, qui aiment la culture, sortir, qui bénéficiaient de cette dynamique, ne sont pas ceux qui votent. »

Ne craignez-vous pas de passer dans l'Histoire comme le maire qui aura fait perdre Niort à la gauche ?

« Oui, je me le suis dit. Je me suis dit ça en pensant à ma mère : on va dire, " Geneviève Gaillard a fait perdre la mairie au PS. " Mais je ne pense pas être seule responsable de l'échec. Au PS, d'autres portent aussi cette responsabilité, ainsi qu'à gauche : je n'aurais jamais pensé que Nathalie Seguin, alors qu'elle était deuxième adjointe pendant six ans, ferait au dernier moment campagne contre l'équipe sortante. Et puis, j'espère qu'on se souviendra aussi de moi en se disant : le centre-ville piéton, c'est elle, la Brèche, c'est elle, la culture qui se développait, c'est elle. »

Souffrez-vous de l'image qu'ont les élus dans l'opinion ?

« On souffre d'une vision très féroce et fausse. Quand on est élu, on n'a plus de vie de famille, on passe tous ses dimanches sur le terrain, le cercle des amis diminue car on n'a plus le temps de les voir. Ceci dit, je ne me plains pas : sinon, je ne me serais pas représentée quatre fois. »

Vous n'avez pas peur du vide lorsque vous n'aurez plus de mandat ?

« Ni peur du vide, ni angoisse. Une certitude, je ne m'occuperai plus de politique. J'ai des projets : m'intéresser à des causes sociales et animales. M'occuper de ma famille, de mes petits-enfants, de mon jardin. Dans la vie parlementaire, on ne se fait pas beaucoup d'amis mais j'ai des projets avec cinq ou six d'entre eux. On s'est battus sur les mêmes bancs, ça soude. Et puis, j'ai un travail de broderie démarré en 1997 et laissé en plan depuis : je vais le reprendre ! »

 

Analyse et propos complémentaires

Il faut prévenir les hommes et les femmes de ce canton des risques qui les menacent en matière d'environnement. Phrase relevée dans un document électoral de Geneviève Gaillard en 1992. « La protection de l'environnement est une nécessité pour lutter contre la pauvreté. » Extrait d'une lettre-bilan expédiée aux électeurs le mois dernier. C'est bien le fil rouge – ou vert – qui relie ces 28 années de mandats : l'idée qu'en réglant les problèmes d'environnement, on règle aussi des problèmes sociaux. On a dit de Geneviève Gaillard qu'elle était la plus écologiste des socialistes. Pourquoi ne pas avoir carrément rallié les Verts ? Un peu par tradition familiale socialiste, répond-elle, beaucoup parce qu'elle jugeait plus utile de « verdir » le PS de l'intérieur.

Cela veut dire quoi, être de gauche aujourd'hui ? « C'est extrêmement compliqué. Nous ne sommes plus dans le même monde qu'il y a 30 ans, les citoyens sont beaucoup plus émancipés, mais les partis eux, sont restés figés dans les mêmes structures. Je pense que le PS a déjà éclaté mais on ne le dit pas. » Les primaires, dont elle a été partisane, se révèlent à ses yeux inefficaces pour répondre à ce besoin d'émancipation citoyenne. « Ce qu'il faut, c'est modifier nos institutions et le cas échéant, recomposer les partis. » D'Emmanuel Macron, qu'elle juge « brillant », elle explique ne « pas partager un certain nombre d'idées ». Son choix pour la présidentielle va à Benoît Hamon. Le quinquennat Hollande ? Elle nuance son appréciation, mais une des grandes erreurs du président, juge-t-elle, aura été de nommer Manuel Valls Premier ministre : « Je n'ai pas été élue parlementaire pour me faire réprimander à chaque réunion. Sur la loi Travail, les députés avaient fait un travail énorme pour aboutir à un texte acceptable par tous et Manuel Valls a tout fait capoter en décidant le 49.3. Je lui en veux beaucoup depuis ce moment »

 

 

Complément personnel.

Nous avons connu Geneviève par les parents d’élèves, la FCPE, vers 1988/89. Nous étions des néo-niortais depuis septembre 87, après avoir passé une dizaine d’années en Afrique. Ce lien d’amitié et de militance s’est renforcé lors de la campagne pour le canton Niort-Est que remporta Geneviève en 1992 : son 1er mandat individuel. Pilou assura bénévolement des permanences au local de campagne et moi j’avais un vague titre très honorifique dans l'organisation de la campagne. J’ai une pensée pour les trop nombreux amis de l'équipe qui ne sont plus là.

Au contact de Geneviève nous nous sommes incontestablement "verdis". Ce n’est pas que nous ne nous y intéressions pas à l’écologie mais c’était surtout par curiosité en lisant des ouvrages de René Dumont et Edgard Pisani. Construire des barrages en Afrique dans des zones non habitées, ce n’était pas dégrader la nature, c’était apporter la lumière dans villes et villages. Au contact de Geneviève la cause écologique devenait plus concrète.

De retour en France je suivais la politique, en m’intéressant surtout aux aspects sociaux économiques ; j’étais d’ailleurs militant et élu CFDT dans mon entreprise. Comme militant socialiste je m’étais reconnu dans le rocardisme, mais sans exclusif et notamment vis-à-vis de Lionel Jospin. Je voyais bien que Geneviève avait une sensibilité un peu plus à gauche que moi, mais ce n’était pas un problème entre nous.

En 1997 elle fut élue députée et de cette mandature je garde le souvenir d’une période intellectuellement très enrichissante notamment avec les rencontres régulières que nous faisions dans le cadre de l’association « Citoyens d’abord » avec de nombreux intervenants, parlementaires ou experts, invités par notre députée.

Nous fûmes très marqués par la lourde défaite de Jospin à la présidentielle de 2002 et la présence de Le Pen au second tour. Il y eut ensuite sous Chirac et Sarkozy deux longs quinquennats d’opposition. Nous restions cependant très actifs accompagnant Geneviève dans l’aventure NPS.

C’est après l’échec de cette tentative de rénovation que j’ai commencé à lever le pied dans l’activité militante. C’est aussi la raison pour laquelle sur ce blog, que j’ai ouvert en juillet 2007, j’ai intitulé cette rubrique « Trop poli-tique » ; signe que j’estimais avoir, jusque là, consacré trop de temps à la politique active et d’une façon trop polie. Je veux dire par là par amitié : pour Geneviève d’abord, mais aussi pour Vincent Peillon voire, un temps, pour Arnaud Montebourg et Benoit Hamon.

En 2008 une nouvelle aventure commençait avec la victoire de la liste de gauche conduite par Geneviève lors de l’élection municipale. Pilou devenue adjointe, la famille restait très présente à côté de notre amie.

En 2012, sans problème mais sans trop croire au Père Noël, j’ai voté Hollande. De sa longue litanie « Moi président…. », j’avais surtout retenu la promesse que la France allait enfin faire le nécessaire pour rentrer dans les clous du pacte de stabilité et qu’en fin de mandat l’endettement commencerait à baisser. C’était le sujet qui m’obsédait le plus depuis la crise et la peur de 2008. Faisant un parallèle avec la crise de l’environnement, je me demandais quelles marges de manœuvre nous allions laisser à nos petits-enfants avec une charge de la dette quasiment premier poste d’un budget de l’État et un déficit budgétaire chronique depuis plus de quarante ans.

En avril 2014 la ville de Niort et celle de Limoges furent les symboles du  rejet ou de l'incompréhension du peuple de gauche de la politique de Hollande. Que ces deux villes passent à droite avec des scores sans appel c’était inimaginable. Et pour Niort, au moins,  c’était particulièrement injuste.

Comme nous étions alors, Pilou et moi, à 100% retraités, et sachant que Geneviève ne renouvellerait pas son mandat de députée, il était temps que nous commencions à donner la priorité à nos autres centres d’intérêt : à la vie de famille bien sûr, à nos amis et parents dispersés un peu partout en France et en Espagne, mais aussi à faire des voyages - découvertes du monde ….. Et c’est ce que nous faisons pleinement depuis trois ans.

Il faut dire que la fin du quinquennat, au bilan contrasté, nous apportait quand même notre lot de déceptions et même pires, quand je pense aux ridicules épisodes de la ''cuvée du redressement'' et d'un ''Président ne devrait pas dire ça''. Par contre je n'ai pas été hostile à la loi El Khomri, d'essence CFDT, tout en regrettant le passage en force que j’impute pour l’essentiel aux frondeurs et un peu au caractère de Manuel Valls. Pour moi, le plus gros échec, gâchis, que je reproche à François Hollande c’est l’abandon de l’écotaxe face aux "bonnets rouges".

Nous ne sommes plus militants, mais restons citoyens et nous voila à nouveau en période électorale.

Lors de la primaire de la gauche, au 1er tour, j’ai choisi Vincent Peillon, pas seulement par amitié mais aussi parce qu’il était le seul à fixer un cap raisonnable : un déficit budgétaire inférieur à 1,5% en fin de quinquennat. Au second tour j’ai voté contre Hamon qui était porteur d’un projet trop radical, peu conforme à la plus grande partie de l’électorat socialiste.

Avant-hier soir (rappel, le 9 mars) j’ai regardé sur Fr2 la prestation de Benoit Hamon: il a clarifié certains points notamment sur l’Europe et la zone euro qui me rassurent un peu, tout en paraissant quand même être plus un projet prospectif à moyen ou long terme et qui resterait difficile à faire accepter par nos partenaires européens, au cours du prochain mandat. Il a aussi atténué l’impact de son projet de revenu dit universel.

Mais soyons franc, mon vote lors de la présidentielle sera avant tout anti-nationaliste, anti Le Pen et je ne voudrais pas être obligé de voter Fillon, au second tour pour éliminer la candidate frontiste. Il faut donc, impérativement que Macron, actuellement le mieux placé dans les sondages, soit présent au second tour. Et bien que (Comme le dit Geneviève) il ait dans son programme des propositions qui m’inquiètent un peu (Notamment la remise en cause des rythmes scolaires), j'espère qu’il remportera cette élection.

Par ailleurs, pour aller au bout de la franchise, je ne souhaite pas qu’un socialiste succède à Hollande. Il y en a marre de faire la fête, un soir de victoire, comme des supporters de football ou autres sports, pour ensuite critiquer pendant cinq ans le nouveau président qui se frotte à la réalité. Le PS doit faire une cure d’opposition pour se restructurer ou éclater. Pour que cette opération se fasse dans de bonnes conditions il faut que le score d’Hamon ne soit pas trop catastrophique (Ce serait la grande victoire de Mélenchon). Et donc au jour d’aujourd’hui (12 mars, je le rappelle) si les intentions de votes, que suggèrent les sondages, restent ce qu’elles sont, je resterai fidèle à ma famille politique, en votant Benoit Hamon au 1er tour. Mais si, celui-ci devait monter trop haut (plus de 16% au détriment de Macron) ou si Fillon s'en rapprochait trop, je choisirai alors Macron, sans état d’âme mais sans passion excessive, dès le 1er tour.

Pour les élections législatives qui suivront c’est sans la moindre hésitation que je voterai pour Elodie, la candidate choisie par le PS pour succéder à Geneviève Gaillard.

 

J'apporterai peut-être une précision ou une correction quelques heures ou quelques jours après mon retour de voyage.

 

(A suivre…...)

 

Aujourd'hui 24 mars à 22h 35, de retour de voyage en Equateur où se déroule aussi une élection présidentielle, je reste sensiblement sur la même position. Et d'autant plus que les derniers sondages montrent que Hamon est en difficulté. Je vais donc devoir voter pour ma famille politique au 1er tour.

Autre ajout du 25 mars, suite à un échange téléphonique avec un bon ami. J.P. qui m'invitait à soutenir Mélenchon, le ''Tsipras'' français .... et encore ce dernier a fini par choisir de rester dans l'Union européenne, ce qui ne serait pas certain avec Mélenchon. 

J'ai pu constater lors de mon dernier voyage que J.L.M est une référence, un modèle, une icône même, pour la gauche sud-américaine. Mais ici, en Europe, les conditions de développement, les contraintes ne sont pas les mêmes, et il reste un épouvantail populiste, un repoussoir pour la nécessaire rénovation de l'Europe avec un renforcement des liens politiques du groupe de la zone euro. 

Nouvel et dernier ajout du mardi 11 avril à 8h. Je viens de lire la Nouvelle République du jour. On y trouve  un article d'Yves Revert intitulé « Fin de partie pour le PS ». Il m'avait téléphoné mardi dernier, nous avions discuté un peu et je lui avais parlé de cet article de mon blog. Voilà ce qu'il en a tiré, c'est court mais ça me va très bien :  « Le Niortais Daniel Baudin, militant depuis les année 80, un temps membre des instances nationales, n'a pas repris sa carte depuis deux ans. Tout en restant socialiste de cœur. Au premier tour il pense voter Hamon : " Pour éviter la catastrophe à ma famille politique". A condition que Fillon ne remonte pas dans les sondages au point de pouvoir espérer arriver au second tour. " Je ne voudrais pas être obligé de voter Fillon au second tour pour éliminer la candidate frontiste. Si c'est trop serré, peut-être voterai-je Macron, dès le premier tour, mais j'aimerai l'éviter'' » 

Je reste sur la même position, mais il y a aujourd'hui une autre inquiétude avec la montée de Mélenchon; Un deuxième tour Le Pen Fillon serait dramatique, mais un face à face Le Pen Mélenchon, deux ''anti-Europe'' aux promesses sociaux-économiques extravagantes, serait catastrophique. Je ne veux pas y croire (et sans évoquer les absurdités de Constituante ou de référendum pour la sortie de l'Euro.) Un cauchemar pour l'avenir de nos petits enfants !        

 Election municipale de Niort en 2008. dernier meeting . Geneviève, Vincent et Pilou.

Election municipale de Niort en 2008. dernier meeting . Geneviève, Vincent et Pilou.

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