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Philo bath ….. Les grands rhéteurs de la Grèce antique

15 Octobre 2016 , Rédigé par niduab Publié dans #Philo bath

Deux ans après mon dernier billet sur les grands philosophes de la Grèce antique il est temps que je me remette au travail  Comme pour les précédents billets je vais abondamment emprunter au remarquable et passionnant livre de Papadogeorgos  Georgos « Hommes illustres de la Grèce Antique » que j’ai trouvé, il y a quelques années un peu par hasard, dans une librairie d’Athènes. Cette fois-ci je me suis intéressé aux louangeurs de discours, chapitre où l’auteur rattache les rhéteurs, les écrivains, les stratèges et politiciens. Tous ces hommes étaient aussi, n’en doutons pas, des philosophes aguerris et pour ce premier nouveau billet je me suis concentré sur le sous-chapitre des grands rhéteurs. J’ai complété les riches informations trouvées dans ce livre par des éléments trouvés sur Internet.

Lysias (445- 380av. J-C) fut un rhéteur et logographe athénien célèbre pour l’éloquence de son style. La plupart de ses discours concernaient des affaires privés et étaient destinés à être lus devant un tribunal. Lysias était soucieux dans ces discours d’exprimer du mieux que possible la personnalité de chacun de ses clients. Ce style de rhétorique éloquente devint un modèle d’Art du langage. Lysias naquit et mourut à Athènes Il était le fils d’un riche Grec de la colonie de Syracuse, fabriquant d’armes qui avait été appelé à Athènes par Péricles pour y fonder une importante fabrique d'armes. Il est élevé avec les fils de la haute société athénienne puis à quinze ans il part rejoindre la colonie nouvellement fondée en Grande-Grèce  où il étudie la rhétorique. Cependant l'échec en 412 av. J-C de l'expédition athénienne en Sicile l'encourage à rentrer à Athènes. Il y exerce le métier de rhéteur et exploite avec son frère la fabrique familiale. Ils acquièrent ainsi une fortune qui leur attire des ennuis sous la dictature des Trente Tyran. En 404 tous deux furent menacés : Lysias réussit à s'échapper à Mégare mais son frère fut arrêté et assassiné. Lysias aide alors les démocrates de Phylè en leur fournissant de l'argent, des armes et participe ainsi au rétablissement de la démocratie à Athènes. Mais en dépit de l’aide que lui accordent ses amis il ne parvint pas à obtenir les droits de citoyen athénien et il y résida donc avec le statut ‘’d’Isotélis’’, c'est-à-dire de métèque privilégie, ce qui ne lui permettait pas d’ouvrir une école. En 403, il intente un procès au meurtrier de son frère, Erathostène, l'un des Trente Tyrans. Cette affaire met en relief son talent d'orateur, et dès lors il se fait logographe et préparait les discours pour les autres.   Lors du procès de Socrate, ses amis contactèrent Lydia pour l’aider à préparer sa défense : « Lysias, orateur éloquent, lui avait présenté un plaidoyer qu'il avait composé, afin qu'il l'apprît par cœur, s'il le jugeait à propos, et s'en servît pour sa défense. Il ne refusa pas de le lire, et en loua la diction ; mais de même, dit-il, que si vous m'apportiez des souliers de Sicyone, je ne les prendrais pas, quoiqu'ils allassent à mon pied, parce qu'une telle chaussure ne convient pas à un homme; de même votre discours me semble beau et élégant, mais je n'y trouve pas la fermeté et l'énergie qui conviennent au sage. »                                                         Des discours de Lysias 34 auraient été sauvés mais aucun en intégralité.      Quelques citations de Lysias : « Je pense que les infortunes corporelles peuvent être guéries de manières satisfaisantes par les valeurs spirituelles » «  Quel espoir peut-il y avoir que les ordres des généraux soient respectés, lorsque les généraux eux-mêmes tentes de sauver ceux qui les enfreignent » «  Les divergences d’opinion des gens ne concernent pas le régime, mais leurs intérêts personnels »

Isocrate (436 – 338 av. J-C ) fut l’un des plus grands et des plus célèbres orateurs athéniens du IVe siècle av. J-C. Dans ses discours il appelait les Grecs à s’allier et à se liguer contre les barbares. Sa prose était remplie de sentiments nobles, de patriotisme et d’hellénisme. Il naquit dans le dème d’Erchia en Attique, Son père possédait des esclaves qui fabriquaient des flûtes : son commerce lui assura une fortune qui le fit appartenir à la classe moyenne. Néanmoins, ce patrimoine familial fut perdu lors de la  guerre du Péloponnèse,  du propre aveu d'Isocrate. Il assista à Athènes aux discussions de Socrate, sans pour autant être l’un de ses disciples régulier. Ses débuts furent prometteurs ; en témoigne Platon, qui, dans le Phèdre, tout en valorisant sa propre doctrine éducative, écrit à propos d’Isocrate : « il me semble supérieur à Lysias pour l'éloquence ». Le grand philosophe lui prédit un avenir un brillant avenir s’il s’engage dans la voie de la rhétorique ou de la philosophie. Comme le mentionna Isocrate lui-même, sa timidité naturelle et sa voix faible l’empêchèrent de s’intéresser aux affaires publiques et de développer son action entant qu’orateur publique. Isocrate ne prononça jamais aucun discours. Durant les premières années de son activité, il travailla en tant que rédacteur de discours ; il s’agissait principalement de plaidoyers destinés à des tierces personnes. Mais cette activité ne lui plaisait pas. Il décida donc en 393 av. J-C d’ouvrir une école de rhétorique dans l’île de Chios. Trois ans plus tard c’est à Athènes qu’il fonda une école de rhétorique ou plutôt une école de philosophie comme il se plaisait à l’appeler. Mais pour Isocrate la philosophie ne consistait pas à s’intéresser aux problèmes métaphysiques, mais surtout à se cultiver l’esprit, renforcer son caractère, se former un jugement correcte et enfin développer les plus grands talents de l’homme, le langage. L’école d’Isocrate devint l’Université de Grèce. Des élèves venaient de toutes les villes de Grèce pour y étudier car Isocrate portait un jugement objectif sur les affaires politiques de la Grèce ; Des hommes illustres, politiciens, rhéteurs ou historiens suivirent les cours de cette université.                                 De l’œuvre d’Isocrate il ne resterait que six discours en forme de plaidoyer et quatorze discours emphatiques.                                                    Quelques citations d’Isocrate : « Ce qu’il est honteux de faire, ne songe même pas à le dire », «  Il faut aimer le fait, non pas d’acquérir de nombreux biens, mais plutôt de les apprécier avec mesure. », Essaie de te lier d’amitié en douceur avec quelqu’un, mais une fois que tu es son ami, essaie de le rester. », «  Il faut haïr les flatteurs tout autant que les crapules », «  laisse à tes enfants un nom respectable et non des richesses. »

Démosthène (394-322 av. J-C) fut l’un des plus grands orateurs de la Grèce Antique et incontestablement le plus célèbre. Il fut aussi des hommes politiques les plus brillants réussissant notamment à convaincre les athéniens à résister et à se soulever contre les Macédoniens du roi Philippe : Il naquit dans une famille athénienne riche et commerçante, son père possédant une manufacture d'armes. À sept ans, il devient orphelin. Son père, par testament, l'avait confié à trois tuteurs qui dilapidèrent sa fortune. À seize ans, il assista à un procès intenté par Platon et fasciné par le  talent de l’orateur il devint son élève malgré une éducation relativement négligée par manque de tutelle appropriée. Il décide ensuite d'apprendre la  rhétoriqueet devint l'élève d'Isée, un autre orateur Attique, spécialisé dans les affaires de succession. Les forfaitures commises par les administrateurs de la fortune paternelle, conduisent le jeune homme à porter l’affaire devant les tribunaux ce qui lui permit à défaut de retrouver l’intégralité de son patrimoine, d’acquérir une importante expérience dans le domaine de la rhétorique. Il avait toutefois des défauts qui constituaient un réel handicap à l’exercice de la rhétorique : il était bègue, plutôt rachitique et manquait de souffle ce qui l’amena à s’entrainer dans une palestre. A force de travail il arriva à surmonter tous ses handicaps et à devenir un orateur de talent. Il s'efforçait notamment à rectifier ses défauts d’élocution en s'entraînant à parler avec de petits galets dans la bouche. Démosthène poursuivit la carrière de son maître Isée avec talent et succès. Il apparait sur la scène publique athénienne au moment où la cité devait affronter les projets expansionnistes de Philippe de Macédoine alors que les Athéniens indolent et indécis sont divisés lui, par ses discours, les pousse à résister et à ne pas se soumettre. C’est la cause pour laquelle il se battra pendant plus de quinze ans notamment par ses discours intitulés ‘’Philippiques ‘’ et ‘’Olynthiennes’’. Son implication dans les batailles politiques, ainsi que des accusations formulées contre lui de corruption l’obligèrent à quitter Athènes, suite à son inculpation. Il se réfugia à Poros où il mit fin à ses jours en 332 av. J-C en avalant du poison.                                                                Seuls 61 des discours écrit par Démosthène ont été sauvegardés ainsi que 56 conciliations et quelques lettres.                                                        Citations de Démosthène : « Ecoute avant de juger. », « Le courtisan est toujours malhonnête. », « Mieux vaut passer pour simple que pour sournois. », « Il est plus difficile de conserver ses biens que des les acquérir », « Celui qui est sage saura préférer la logique aux désirs. ».

Lycurgue (390-323 av. J-C) fut un orateur et un homme politique athénien. Il fit également preuve aussi de qualités exceptionnelles en tant qu’économiste et gestionnaire de la cité athénienne : Il naquit dans une des plus vieilles familles athéniennes et suivi fidèlement les principes qui les caractérisaient à savoir : dévouement à la religion et aux dieux de la cité, vie privée sobre, attitude implacable face à ceux qui trahissaient la cité, ou enfreignait les lois politiques ou morales établies. Il fut disciple de Platon et d’Isocrate et fut en outre à la tête de la lutte anti-macédonienne aux côté de Démosthène. Pendant les douze années (338-326) qui suivent la défaite infligée à Athènes par les Macédoniens à Chéronée, il gère les finances publiques avec une rare intégrité. Luttant farouchement contre la corruption des fonctionnaires, il aurait en outre doublé les recettes annuelles du Trésor tout en lançant une impressionnante série de réformes. Patriote très pieux, Lycurgue se sent investi d'une mission morale et cherche à élever la moralité tant publique que privée en mettant la rhétorique au service de ses idéaux politique et moraux. Parmi les quinze plaidoyers dont il est l'auteur, seul celui intitulé Contre Léocrate fut conservé intégralement. Lycurgue y accuse Léocrate d'avoir fui Athènes dans la panique qui a suivi la bataille de Chéronée.                                                                                             Citations de Lycurgue : « Rien n’est plus difficile que de faire plaisir à tous », « La liberté est préalable à la vie ». 

Eschine: (389-314 av. J-C) : fut l'un des dix orateurs attiques, homme politique athénien. Grand improvisateur et technicien, il était considéré comme l'orateur le plus brillant de son temps, Démosthène excepté  il naquit à Athènes dans une famille pauvre et put faire ses études sans l’école d’Isocrate ou de Platon comme le firent de nombreux jeunes aisés de son époque. Il fut donc un rhéteur autodidacte et se distingua d’ailleurs très vite grâce à son éloquence, sa clarté, son intelligence mais aussi grâce d’une très belle voix. Les trois discours d’Eschine qui furent sauvegardés font tous référence à des affaires publiques au contenu politique. Il rédigea le discours rhétorique ‘’Contre Timarque’’, suite à l’accusation de ce dernier qui prétendait que lorsqu’en 346 av. J-C. de rendit à la cour du roi Philippe en tant qu’ambassadeur d’Athènes, il se comporta de manière telle qu’il porta préjudice aux intérêts athéniens et qu’il se rangea même aux côté du roi Philippe. En fait derrière Timarque se cachait, Démosthène l’ennemi de toujours d’Eschine. Son discours et des preuves irréfutables lui permettent d’être acquitté. En 343 Démosthène revient à la charge, rédigeant pour cette occasion son discours’ Sur l'ambassade '', auquel Eschine répond par son '' Sur la fausse ambassade ''. Cette fois, il est acquitté de justesse. En  336 Ctesiphon propose de voter l'attribution d'une couronne en or à Démosthène, pour s'être bien conduit dans l'exercice de ses charges. Cette fois c’est Eschine qui attaque accusant Ctésiphon en illégalité. Démosthène rédige la défense de Ctésiphon, bien entendu, c'est l'occasion de son plus fameux discours '' Sur la couronne '' qui blanchit Ctésiphon et humilie Eschine : ce dernier, n'ayant pas même obtenu un cinquième des voix, est condamné comme calomniateur. Il fut condamné à l'amende. Ayant perdu ainsi le droit de parler devant le peuple, il abandonna Athènes, se rendit à Ephese, puis à Rhodes où Il fonda une fameuse école d'éloquence, Il ne rentra jamais dans Athènes et mourut à 75 ans.

1/ Lysias     2/ Isocrate     3/ Démosthène    4/ Eschine 1/ Lysias     2/ Isocrate     3/ Démosthène    4/ Eschine
1/ Lysias     2/ Isocrate     3/ Démosthène    4/ Eschine 1/ Lysias     2/ Isocrate     3/ Démosthène    4/ Eschine

1/ Lysias 2/ Isocrate 3/ Démosthène 4/ Eschine

En faisant quelques recherches sur divers sites d’internet on trouve souvent pour présenter certains de ces rhéteurs l’expression ‘’L’un des dix grands orateurs ou logographes attiques du Ve et du IVe siècle’alors que le livre de Papadogeorgos  Georgos « Hommes illustres de la Grèce Antique » n’en présente que cinq. Je suis donc allé sur le net chercher les cinq autres de la liste qui aurait été établie par Plutarque.

Antiphon ( Attique v.-480 – Athènes - 410) est l'un des dix grands orateurs attiques Ce sophiste hédoniste s’était spécialisé dans plusieurs domaines de la sagesse rhétorique. Aristocrate convaincu, il est l'un des instigateurs de la révolution oligarchique de -411 à Athènes. Au rétablissement de la démocratie en -410, il est jugé pour sa participation à ce régime par le peuple athénien, condamné à mort et exécuté. Il aurait été le premier dont les discours furent publiés. Si 60 discours furent attribué à Antiphon, il n’y en a que six conservé entier, ainsi que des fragments d’une vingtaine d’autres. Le premier discours que nous ayons remonte à 430 av. J-C.

Andocide(v. -440 – v _ 390) est probablement né dans une bonne famille athénienne, et rien dans ses discours ne montre les traces d'une éducation sophistique. Contrairement aux autres orateurs attiques, il ne semble pas être professionnel. Sur les trois discours qui nous restent de lui, deux concernent son implication dans les des scandales. En -415, il est notamment impliqué dans des scandales religieux et il est déchu de ses droits civiques, il quitte alors Athènes et s'installe à Chypre. En -403, à l'occasion de la chute des Trente et de l'amnistie générale, il put enfin rentrer à Athènes

Dinarque, est né à Corinthe vers -365 , mort à Athènes après - 292. Il s'installe assez jeune à Athènes et devient l'élève de Théophraste. Il s'engage ensuite dans une carrière de Logographe, où il semble avoir rencontré un certain succès. Il est sollicité en -324 lors de l'affaire Harpale, dans laquelle Démosthène  est accusé de corruption. Il écrit à cette occasion un Contre Démosthène pour l'un des principaux accusateurs. Après la mort des autres grands orateurs, il devient le premier orateur d'Athènes en notoriété et importance. Inquiété pour ses amitiés avec le parti aristocratique, il se retire en Eubée en -307. Il ne rentre à Athènes qu'en -292 où il meurt peu après. Il ne reste que trois discours de Dinarque, tous trois concernant le procès d'Harpale.

Hypéride, né à Athènes  en -389,, mort en -322  à Egine) fut l'un des dix  grands orateurs attiques et un homme d'État athénien. Fils de bonne famille, il suit l'enseignement de Platon et d'Isocrate, puis se spécialise dans la hétorique. En -360 av. J.-C., pendant la guerre sociale, il commence par attaquer en justice Autoclès, un général athénien ayant eu un comandement en Thrace, pour trahison. À partir de -346, il se range aux côtés de Démosthène, contre Philippe II de Macédoine . Il est membre du Conseil en -338 av. J-C., en conséquence de quoi il ne peut prendre part à la bataille de Chéronée. En -324, l'affaire d'Harpale à raison de son amitié pour Démosthène : Hypéride figure parmi les dix accusateurs publics contre ce dernier. Après l'exil du grand orateur, il prend la tête du parti anti-macédonien. Après la défaite décisive de Crannon, en -322, il est torturé puis exécuté par le parti pro-macédonien, avec ses partisans. Dans l'Antiquité 77 discours étaient attribués à Hypéride, la plupart d'authenticité douteuse sans compyer qu'il n'y a que quelques fragments.

Isée, (v. -400 – v.- 340) pourrait être né à Eubé. Arrivé jeune à Athènes il fut formé à l'éloquence par lysias et Isocrate, il ouvrit lui-même dans Athènes  une école qui eut le plus grand succès, et il fut, dit-on, le premier qui donna des noms aux différentes figures de rhétorique. Son style a beaucoup de rapport avec celui de Lysias. Il est simple, élégant, mais rempli de force. On croit que c'est à cause de cette véhémence que Démosthène le prit pour maître, de préférence à Isocrate. Le maître ne tarda pas à s'apercevoir combien un tel disciple pouvait lui faire d'honneur. Il quitta son école pour donner des soins particuliers à Démosthène.

 

(A suivre)

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