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Philo bath ..... Jean Jacques Rousseau.... l'Homme est naturellement bon mais la société le corrompt.

30 Octobre 2021 , Rédigé par niduab Publié dans #Philo bath

Le 14 aout 2019 j'ai fait un article intitulé « Rousseau le visionnaire ?» que j'avais très largement construit avec des points de vue et interviews regroupés dans l’hebdomadaire « L’Obs » du 18 juillet 2019. Après avoir préparé cet article, je ne savais pas trop en quelle catégorie je devais le classer : Philo bath ou idées-débats. J'ai finalement choisi cette dernière. Aujourd'hui j'ai décidé de faire un nouvel article, peut-être plus éducatif ou du moins plus proche de mes lointains souvenirs scolaires. Pour cela je me suis replongé dans quelques livres : le grand livre de la Philosophie (édition ESI), le Lagarde et Michard du XVIIe (Bordas) et j'ai récupéré de l'article « Rousseau le visionnaire » un extrait d'un cours de Luc Ferry, mon prof de philo préféré. Cet extrait ne figure plus dans l'article précédent. 

Extraits du grand livre de la Philosophie :  « L'homme est né libre et partout il est dans les fers »  (Du contrat social. 1762) Ce triste constat et la nécessité de le passer sont au cœur de la pensée de Rousseau. Ecrivain et Philosophe, ami de Diderot et contributeur de son Encyclopédie, Jean-Jacques Rousseau est pourtant un penseur à rebours de son temps : en plein époque des Lumières, il met en doute l'idéal de progrès et soutient l'idée que la civilisation a corrompu les mœurs. Sa réflexion sur ce que doivent être de bonnes institutions et une bonne éducation de nature à produire des honnêtes hommes doit s'appuyer sur la comparaison entre la situation actuelle et l'état de la nature et la nature d'avant que l'homme n'ait été compromis par la société civile... [...]... 
S'il s'interroge sur
« La contradiction qui se trouve entre notre état et nos désirs, entre nos devoirs et nos penchants, entre la nature et les institutions sociales, entre l'homme et le citoyen » (fragments politiques), c'est que Rousseau a reçu ce qu'il appelle lui-même une sorte de révélation : loin de s'acheminer vers un progrès constant comme le pense l'immense majorité de ses contemporains, l'homme a retourné contre lui la perfectibilité dont la nature l'avait doté. L' « homme civil » n'est plus que le fantôme malheureux et perverti de l'« homme sauvage » qui était en lui. A l'instinct de conservation et à l'amour de soi qui caractérisait l'homme de l'état nature, la société a substitué le calcul et l'amour-propre ... [...]...
L'état de nature est pour Rousseau idyllique : les hommes y vivent dans le bonheur et la simplicité, organisés en famille indifférentes mais bienveillantes les unes entre les autres, vivant de cueillette, de chasse et de pèche. Le moment précis où l'homme retourne le progrès contre lui est celui où, ayant appris à cultiver des terres, il commence à se les approprier... [...]... 
Mais Rousseau ne place pas de grands espoirs dans la capacité des hommes à l'entendre. De fait il se sent lui-même, de plus en plus isolé dans une époque dont il se sent rejeté et incompris: « me voici seul sur la terre dit-il, n'ayant plus de père, de prochain, d'ami, de société que moi même.» Rousseau ne trouve plus de bonheur, à la fin de sa vie, que dans l'observation de la nature, lorsqu'il herborise comme il le raconte dans les Rêverie du promeneur solitaire (1776-1778).
Il expose dans
Emile (1762) le dernier espoir de salut, au niveau individuel et non plus collectif. Celle-ci "négative" aurait pour fin de contre les effets de la société sur l'homme, en fortifiant en l'enfant toit ce qui est bon, de naturel, tout en le maintenant dans un environnement préservé du commercial social. En repoussant aussi loin que nécessaire son immersion définitive dans la société et en l'instruisant à mesure que ses potentialités naturelle se développent, le précepteur lui donne ainsi toute les chances qu'une fois éduqué l'adulte soit comme immunisé contre la perversion qu'entraîne la vie en société. 

C’est à partir de cette époque des Lumières que la plupart des autres penseurs voyaient dans les progrès techniques, scientifiques et culturels les plus beaux espoirs d’évolution des libertés humaines ; Rousseau, lui, s’insurgeait contre les effets négatifs de la civilisation qui l’écartent l’homme de l’état nature. Luc Ferry, dans son ouvrage « L’invention de la démocratie moderne », dresse ainsi le portrait de Jean Jacques Rousseau : « Il occupe une place particulière au siècle des lumières par la dimension à la fois hypermoderne et pourtant déjà antimoderne de son œuvre. Hypermoderne, parce qu’il fut un des pères spirituels de la Révolution française ; antimoderne parce qu’il deviendra un des grands inspirateurs du romantisme qui s’est développé en réaction à la Révolution et aux lumières…. [….]… Rousseau représente donc un paradoxe à lui seul, lui qui fut un des penseurs les plus éminents de ce qu’on appellerait aujourd’hui la « démocratie participative », un partisan de la démocratie directe contre le régime représentatif ou libéral et en même temps, un des maîtres à penser de cette réaction contre la modernité philosophique et politique portée notamment par les romantiques suisses et allemands…. […]…Allons plus loin : Rousseau pose, à travers toute son œuvre une question d’une ampleur inédite, une question qu’il est le seul à poser à son époque et qui resurgira au XXe siècle, de manière profonde et tragique, avec le nazisme. Les progrès des mœurs, des Lumières de la raison et de la Civilisation avec un grand "C’’, celle dont on pense au XVIII siècle qu’elle se réduit d’évidence à l’Europe des Lumières, vont-ils véritablement de pair avec le progrès moral et politique ?  Aux yeux de Rousseau, déjà, rien n’est moins certain… […] Voilà en quel sens Rousseau écrit, la même année (1762) que l’Émile, son livre politique majeur, Du contrat social. Deux œuvres où il invente la pédagogie moderne d’un côté et la politique moderne de l’autre : dans les deux cas il s’agit de s’interroger sur l’organisation politique ou pédagogique qui convient à des êtres doués de cette liberté définie comme capacité d’arrachement à la nature et à l’histoire. Dans les deux cas, Rousseau va avoir une influence incomparable sur la naissance de l’humanisme moderne…… » 

 Pour finir cet article je propose un extrait de « Emile : L'éveil aux notion de justice et de propriété.» trouvé  dans le Lagarde et Michard du XVIIe siècle : « L'enfant vivant à la campagne aura pris quelques notions de travaux champêtres et, voudra à son tour jardiner; je ne m'oppose point à son envie, au contraire je l'aide ; en attendant qu'il ait des bras, je  laboure pour lui la terre : il en prend possession en y plantant une fève.  On vient tous les jours arroser les fèves, on les voit lever dans des transports de joie. J'augmente cette joie en lui disant : cela vous appartient. 
 Un beau jour empressé, l'arrosoir à la main. Oh Spectacle ! Oh douleur! Toutes les fèves sont arrachés, tout le terrain est bouleversé, la place même ne se reconnait plus... [...]...Enfin on découvre que c'est le jardinier a fait le coup : on le fait venir et il commence à se plaindre plus haut que nous : Quoi ! Messieurs, c'est vous qui m'avez gâté mon ouvrage ! J'avais semé là des melons de Malte  mais voila que pour y planter vos misérables fèves.
Jean-Jacques : Excusez nous, mon pauvre Robert. Vous aviez mis là votre travail, votre peine. Je vois bien que nous avons tort mais nous feront venir d'autre graines de Malte et nous ne travaillerons plus la terre avant de savoir si quelqu'un n'y a mis la main avant nous
La discussion s'envenime et Robert prononce une formule qui se gravera dans l'esprit de l'enfant : Personne ne touche au jardin de son voisin : On finit par s'accorder: Emile recevra un coin de terre, à condition de respecter le reste du jardin et de donner à Robert la moitié du produit.
       

 

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