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Cine cure...............Les vacances de M. Hulot

7 Novembre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

Cette fois ce billet de la rubrique Ciné cure, ça ne sera pas un faux semblant, une ruse, un prétexte pour aborder un thème politique. Non je ne vais pas parler de Nicolas Hulot, reporter, écrivain, producteur de l’émission Ushuaïa et avant tout écologiste. Non je n’en parlerai pas car je n’ai rien à dire sur ce personnage éminemment sympathique. Si j’avais une seule toute petite critique à faire ça serait de m’étonner qu’il soit copain avec tout le monde ; Qu’il soit ami avec tout le gratin politique de Sarkozy à Voynet en passant par Borloo, Bayrou, Royal et Buffet, passe encore….mais qu’il ait été à la fois pote avec Chirac et Sarko, Voynet et Mamère, Ségo et DSK …là il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin…..
Je ne parlerai pas non plus du Grenelle de l’environnement : Le petit caporal et son leveur de verts, ont réussi leur communication. Rien à dire, c’était parfait, bravo les artistes…..en espérant que ce qui en sortira aura quelques consistances, pour le bien de tous et plus particulièrement des générations futures. J’espère qu’ils ne nous pondront pas un truc trop fumeux….car sinon bonjour, les dégagements de gaz à effet de serre.
Non je vais simplement parler cinoche et évoquer M. Hulot, alias jacques Tati, celui qui reste un des plus grands cinéaste français, un précurseur, un modèle même pour des gens comme Jean Pierre Jeunet, David Lynch et Terry Gilliam. 
Ces films étairnt intemporels, à la fois ringards et très moderne, un lien entre héritage et futurisme
 Le 1er film qu’il faut citer est « Jour de Fête », tourné en 1949. L’histoire se passe dans un village qui prépare sa fête annuelle et dont le facteur, François, décide de distribuer le courrier « à l’américaine ». Ce film tient du burlesque de Chaplin et Keaton pour le coté héritage mais c’est aussi, pour la modernité le 1er film français tourné en couleur, même si la version couleur ne put être projetée avant 1995.(C’est bien une version couleur d’époque et non un film colorisé)
Le film en version noir et blanc, à sa sortie dans les salles, reçu plusieurs distinctions en 1950 dont le grand Prix du Cinéma français. 
   A noter enfin que J.P. Jeunet reprend ces scènes de facteur déjanté dans son dernier film « un long dimanche de fiançailles »
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Dans le film suivant apparaît le personnage de M.Hulot : il s'agit " Des vacances de M.Hulot'' sorti en 1953.
C’est l’histoire d’un empêcheur de prendre tranquillement des vacances au calme sans que pour autant ce gêneur ne soit un nuisible car sans lui les autres vacanciers se seraient sans doute vraiment ennuyés. 
On rit beaucoup aux frasques du casse-pieds qui engendre les pires catastrophes, mais si ce film est rempli de gags il contient aussi de grands moments d’émotion, dans la meilleure tradition chaplinesque. Le dénouement inattendu et bouleversant en fait un film très moderne.
Le film suivant '' Mon oncle'' sorti en 1958 fut celui de la rupture avec le public français. Ce petit bijou où M.Hulot enseigne à son neveu la défenses des coins tranquilles, des bien-être face au modernisme et au gigantisme reçut le Prix du Jury à canneset à Hollwood, l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. 
Par contre il n’aura pas le succès populaire attendu en France. Tout au plus, obtiendra t-il, un certain succès d’estime des cinéphiles, succès lié surtout aux récompenses qu’il avait reçues. Plus que les précédents c’est un film sucré-salé, gai et émouvant.
Le thème philosophique et néanmoins poétique est le temps qui passe trop vite. Cette nostalgie douce amère n’était sans doute pas de mise en cette époque de guerre d’Algérie et de renouveau gaulliste. Peut-être un des plus meilleurs films des années 50 mais la froideur du public français, malgré les prix et les nominations, a définitivement condamné le cinéma de Tati arrivé trop tard ou trop tôt
Pour les deux films qui suivirent le divorce avec le public s'accentua.                          Num--riser0003-copie-1.jpg                    Num--riser0004-copie-1.jpg                                      
Pour ''Play time''Jacques Tati s'est ruiné à préparer ce film pharaonique, en construisant en décors à Joinville, une ville moderne inhumaine dans laquelle devait errer M. Hulot. Le film sorti en 1967 dans l'indifférence générale.
 Le suivant « Trafic » plus modeste mais toujours plein de bons sentiments et de bonnes idées, raconte les mésaventures de M. Hulot face au monde implacable de l’automobile : Carambolages, pannes, ennuis divers la route est longue …. « Trafic » qui est sorti en 1971 ne sera malheureusement pas une séance de rattrapage de « Play time » et comme le succès à l’export s’est quelque peu tari et ne fut pas compensé par un engouement hexagonal, c’était la fin de Tati qui sortit encore « Parade » en 1974 avant de quitter définitivement la scène en 1982.
Tati, « Mon oncle » son meilleur film, et mon oncle à moi, Didi qui a travaillé avec Tati à la réalisation des décors et notamment ceux de « Play time »: Tout cela dans mon imagination c’est le même monde. Didi, au studio, pendant les pauses, s’adonnait à sa passion artistique en faisant des sculptures et des tableaux en fer forgé et en cuivre. (Je reviendrai un jour prochain sur les divers talents de mon oncle). A l’époque où il travaillait sur les décors de « Play time » il a consacré beaucoup de temps à l'une de ses plus belles réalisations artistiques. Le matin avant l’embauche, le soir après la débauche et à chaque pause il se remettait à l'ouvrage inspiré par les décors sur lesquels il travaillait le reste de la journée. Cette œuvre il la présenta à un concours départemental des beaux arts et obtint une récompense (médaille de bronze) qui lui fit chaud au cœur. Ensuite, cet ensemble étant quelque peu encombrant, il le ramena dans son atelier aux studios……où Tati finit par le voir. Etonné et séduit il fit une curieuse demande à mon oncle :
" Didi , c'est formidable ce que tu as réalisé, pourrais tu me le céder pour servir de modèle à l'affiche du film."  Mon oncle, flatté, donna son accord qui fut ensuite officialisé par une  lettre convention du 30 juin 1967.
 Cher Monsieur,
 Lors de la Production de notre film Play Time pour lequel vous avez travaillé, vous avez, de votre propre initiative, construit une maquette métallique reproduisant, en l’interprétant, le décor principal du film.
Cette réalisation ayant obtenu notre approbation complète, nous vous avons manifesté notre désir de nous servir de cette maquette pour la reproduire et l’utiliser sous toutes formes.
Ceci rappelé, nous vous confirmons notre accord verbal :
1.    Vous nous cédez, à compter de ce jour, les droits d’auteur attachés à cette maquette et ce, pour une durée de 30 années qui expirera le 30 juin 1997.
2.    Cette cession comporte le droit de reproduction de la dite maquette par tous les moyens connus et inconnus à ce jour, y compris le droit d’en insérer les reproductions dans toutes éditions graphiques ou non que nous déciderons ainsi que l’exploitation, l’utilisation matérielle, le reproduction en nombre d’exemplaire laissé à notre choix, et, en général, l’utilisation de la maquette dont s’agit sous toutes formes connues ou inconnues à ce jour, dans le monde entier.
3.   La présence cession est consentie et acceptée pour un prix de 500 F (cinq cent francs) que nous remettons, sous ce pli en un chèque. 
4.   Nous, nous réservons le droit de céder le bénéfice total ou partiel du présent accord à tout tiers ou Société qu’il nous plaira désigner, à la seule charge pour notre Société de stipuler en votre faveur des avantages équivalents et de demeurer garants et répondants solidaires avec le cessionnaire de l’exécution intégrale de la présente convention.
 Pour la bonne règle, vous voudrez bien nous donner votre accord sur les termes ci-dessus en nous retournant le double de la présente, revêtu de votre signature, précédée de la mention «lu et approuvé, bon pour accord».
Veuillez, agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments dévoués.
 
Pour la Société SPECTA-FILM
             Le Gérant
             B. MAURICE.
 
Deux remarques sur ce charabia juridique : D’abord 500 F ce n’était pas cher payé (à l’époque, et selon Didi, cela lui faisait un mois de salaire), mais surtout appeler maquette une œuvre qui a déjà été primée dans un concours. Bon, ok Tati était endetté, fauché  mais c’est quand même un peu mesquin.
 Si le film Play time n’a pas été un succès commercial, l’affiche elle a bien marchée…elle est même restée « culte », postérisée, et c’est un peu grâce à mon oncle, me semble t-il.
 
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 Actes Sud a publié en août 2004 un livre présentant les plus belles affiches de cinéma, choisies par Alberto Castagna, Grand cinéphile, collectionneur, commissaire d’exposition qui a fondé en 1974 la célèbre librairie de la Via Giolitti à Rome. Dans ce livre figurent plus de 300 affiches mythiques dont celle de Play Time.
 
Un dernier souvenir de Jacques Tati qui venait quelquefois nous voir jouer au rugby à Villiers/Marne dans les années 1965/66. Un jour de fortes pluies et avant match, comme je devais jouer arrière, je m’entraînais, avec mon frère, à réceptionner des chandelles « up and under » avec ce ballon glissant......quand soudain un grand escogriffe en imperméable me fonça dessus, à toute allure, me bouscula et s’empara du ballon. Je me suis retrouvé sur le cul, lui aussi d’ailleurs….Hilare, il me lança « je t’ai bien eu petit »…..il se releva l’imperméable plein de boue, remis son galure et regagna le bord de touche d’où il allait nous soutenir pendant le match…c’était Monsieur Hulot alias Jacques Tati. J’avais été bousculé, par un monument et à l'époque, même si je savais qui il était,  je n’en avais pas vraiment pris conscience. Play time or not play time ?
 
(à suivre)
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