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Ciné-cure........ La gifle et l'épouvantail.

13 Juin 2009 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

  Réunir dans un même article la Gifle de Claude Pinoteau et l'Epouvantail de Jerry Schatzberg ça sent le faux-semblant, le prétexte pour parler politique en avançant, une nouvelle fois, masqué. C'est clair que ça va finir ainsi, mais je vais quand même  au préalable, parler un peu de cinéma. Pas beaucoup car il faut bien avouer que Pinoteau et encore plus Schatzberg n'ont guère été prolixes.... Ils ont au moins ça en commun, et puis ils ne sont pas tout neufs les gus.... Pinoteau eut 84 ans il y a quelques jours et Schatzberg aura 82 ans dans quelques semaines.

  Jerry Schatzberg aurait réalisé huit ou neuf films pour le grand écran.... mais je n'en ai vu que deux, les seuls à avoir, à priori, été projetés en France..... Panique à Needle Park (1971) et l'Epouvantail (1972).

 Je n'ai d'ailleurs découvert ces films que récemment, vers 2005, lorsqu'ils sont sortis en DVD... car à l'époque, dans les années 70, j'étais en Afrique loin des salles de cinéma.

 J'ai attendu l'Epouvantail, grand prix du Festival de Cannes en 1973, plus de trente ans. C'est un film superbe à inscrire au Panthéon du cinéma. Une road movie, une histoire d'amitié, entre deux vagabonds : Max qui sort de prison, six ans de taule pour violence,  et qui rêve de créer une station de lavage de voitures si son mauvais penchant pour la bagarre ne l'égare pas en route et Lion qui, après avoir passé cinq années dans les marines, veut aller voir son enfant qu'il ne connaît pas, retrouver un foyer et des responsabilités qu'il avait fuis. 

 Un film rempli d'émotions dont le succès tient surtout au jeu des acteurs Gene Hackman (Max) et Al Pacino (Lion). Hackman avait alors 42 ans et déjà 23 films à son actif (dont Bonnie and Clyde et French Connection) ; Pacino n'avait que 32 ans et c'était seulement son 4ème film (entre Le Parrain et Un après midi de chien).

 Al Pacino avait aussi tourné, deux ans plus tôt, dans Panique à Needle Park  une histoire d'amour, une histoire de couple sur fond de drogue qui met mal à l'aise. Je n'ai pas trop aimé ce film malgré la présence d'Al Pacino.

 Jerry Schatzberg est donc le réalisateur d'un seul grand film, l'Epouvantail, mais quel film ! ....

 ...et Claude Pinoteau ?  Ce n'est pas beaucoup plus dense .....  Il eut, lui aussi, son premier succès avec son acteur fétiche, également d'origine italienne, Lino Ventura : un thriller Le Silencieux (1973), puis il passa à la comédie toujours avec Ventura ; ce fut La Gifle (1974) avec la découverte d'une jeune et talentueuse actrice Isabelle Adjani. Le thème est très banal mais le film est charmant et le talent des acteurs lui permit d'obtenir une récompense : Le Prix Louis Delluc.

 Pinoteau alterna comédies dont une avec Yves Montand, Le Grand Escogriffe (1976) et polars avec Ventura : d'abord  L'homme en colère (1976) puis La Septième cible (1984).... Il semble que le vrai génie de Pinoteau fut de découvrir de jeunes actrices prometteuses : après Adjani dans la gifle (et aussi Nathalie Bayle), ce fut Sophie Marceau dans La Boum (1980), La Boum 2 (1982) et L'Etudiante (1988).... des films d'une époque ...  que j'ai du voir ou entrevoir, sans passion, lors de leurs passages à la télévision.

 Je ne suis pas allé voir les derniers films de Pinoteau et je les ai même pas vus à la télé : ni La Neige et le feu (1991), ni Cache cash (1994) ni même Les Palmes de M. Schutz  (1997) malgré la présence de Philippe Noiret et celle d'Isabelle Huppert.... Il va me falloir combler ce manque.... grâce aux DVD.

  Finalement il me semble que  le meilleur de Pinoteau est lié à Lino Ventura comme Jerry Schatzberg est attaché à Al Pacino : La Gifle et L'Epouvantail.

   Alors  La Gifle et l'Epouvantail vu maintenant côté politique, une semaine après les élections européennes, ça donne quoi ? Des évidences et après ... ?

  Pour la Gifle il n'y a pas besoin de faire un dessin, il suffit de regarder les résultats. Le terme est assez bien approprié puisque 48 heures avant le scrutin, tous le politologues s'attendaient à un résultat médiocre pour le PS avec le risque qu'il soit inférieur à 20%, mais personne n'attendait un résultat aussi catastrophique. Les sondages pronostiquaient une fourchette de 19 à 21 % ce qui n'eut pas été terrible mais, somme toute, assez habituel pour ce type d'élection intermédiaire à la proportionnelle.... Mais se situer à 16 %... cela devenait une belle claque, en aller retour, un vrai coup de pied au cul. Seuls Rocard accompagné par Kouchner et..... Sarkozy, en leurs temps, avaient fait plus calamiteux..... pour le premier cité ce fut la mort politique pour le dernier la naissance d'une grande ambition... rien n'est donc définitivement écrit.   

 L'image de la  gifle est donc surtout à rapprocher de l'effet de surprise. Depuis le début de la semaine qui précédait on sentait que le Modem de Bayrou se faisait grignoter par les Verts de Cohn-Bendit.... Ce qu'on n'a pas vu arriver c'est la touche finale.  La bagarre entre Cohn-Bendit et Bayrou et le K.O infligé à ce dernier a permis au papy de mai 68, qui a de beaux restes médiatiques, de capter l'électorat républicain zappeur.

 Un électorat qualifié de républicain car il reste fidèlement accroché au devoir civique, mais aussi zappeur car il ne sait plus où il est, hésitant entre un parti socialiste qui le déçoit, et des partis satellites de gauche qui séduisent mais divisent et surtout font gagner l'adversaire (syndrome du 21 avril 2002) ..... Face à un électorat de droite d'autant plus facilement  caporalisé par son guide arrogant qu'il n'a plus, avec la crise, de repère et de certitude, et qui ne comprend plus rien à la situation politique hormis le fait qu'il faut battre la gauche.... face à cette droite le P.S. a payé les pots cassés de fin de campagne.

  Mais ce n'est pas la seule cause du désastre car je n'ai parlé jusqu'à présent que de l'électorat républicain qui est allé voter, mais il y a plus grave, l'abstention.  Une abstention qui a atteint 60%, c'est dire que le succès de l'UMP se résume à un captage de 11 % du corps électoral..... Bien sûr c'est encore pire pour les socialistes et les verts (6.5%) et il vaut mieux éviter de faire le calcul des miettes pour les autres.

 Quand on précise que les anciens de plus de 65 ans ont quand même voté à 58% (bravo à eux) alors que seulement 28% des moins de 30 ans se sont déplacés... ça relativise les analyses péremptoires et précipitées des soirées d'électorales.  Quel épouvantail  a fait fuir les électeurs comme des moineaux ?

  Bien sûr les socialistes ont morflé en France, comme dans toute l'Europe, au bénéfice de la droite et des écologistes et ce n'est pas moi, qui suis depuis 25 ans de toutes les minorités rénovatrices du PS, qui vais contester la nécessité de profonds changements qu'on les nomme refondation ou renaissance ... mais j'y reviendrai plus loin.

   Je veux auparavant contester certaines analyses comme de dire que les résultats français seraient un effet boomerang de l'anti-sarkozysme.

 En France tout passe (et je le  regrette) par l'élection présidentielle... un moulin à vent dirige notre pays depuis 2 ans, arrivé au pouvoir en prônant le modèle libéral anglo-saxon puis, la crise des subprimes éclatant, il est subitement devenu pseudo interventionniste, avec même des discours faussement socialisants... certains appellent ça du pragmatisme, moi j'appelle ça du foutage de gueule... en attendant que l'orage passe pour reprendre son entreprise de destruction du modèle social français tant vanté ces derniers mois ... et il faudrait ne plus faire de l'anti-sarkozisme ?
 Je suis anti-sarko : je persiste et signe. Je n'aime pas ce président et mon aversion pour lui est bien plus forte que ce que j'ai pu ressentir pour tous les autres présidents de droite qui l'ont précédé ; même Giscard et pourtant.... c'est peu dire. 

  Camarades continuons à vilipender ce politicard et ça finira bien par être entendu et compris. Les français, dans leur majorité, ne sont quand même pas si cons ou alors c'est à désespérer. Non il faut simplement les motiver pour qu'ils se rendent dans les bureaux de votes et pour cela il faut avoir un programme motivant et un leader crédible. Obama a, sans retenue, fait de l'anti-Bush (et auparavant écarté sans ménagement Hilary Clinton) et il a gagné... bien sûr ça doit être aussi accompagné de propositions, d'un projet bien construit s'appuyant sur de valeurs toilettées mais bien identifiées à gauche.

  Certainement que les socialistes auraient pu dire des choses plus pertinentes dans cette campagne. Certainement que Bayrou, lui qui était sensé représenter le courant le plus européen, s'est trompé, mais Bayrou je n'en ai rien à foutre. Je suis aussi d'accord pour reconnaître que Cohn-Bendit, le libéral libertaire, a au contraire visé juste ... encore qu'on peut se demander ce que foutait avec lui un José Bové favorable au protectionnisme  et à une Europe rempart contre la mondialisation libérale ....  Ce mariage de la carpe et du lapin qui a réussit un hold-up « home, sweet home » est bien le symbole de l'incohérence de ce scrutin.

    Qui, par exemple, parmi les partis dits de gouvernement, a rappelé que les français avait voté Non au référendum sur l'Europe et que Sarkozy a annulé ce vote et trompé, méprisé les français par un nouveau vote indirect des parlementaires : personne et surtout pas le parti socialiste : regrettable...  et résultat, selon les sondages, 71 % des nonistes ne sont pas allés voter.... A quoi cela pouvait-il bien servir de voter pour un scrutin européen quand, ensuite, on manipule le verdict ?  Que l'on peut faire voter et revoter jusqu'à ce que les gentils moutons rentrent à la bergerie ! Les irlandais n'ont pas fini d'aller voter si l'an prochain, ils ne disent pas enfin Oui. 

Voila un épouvantail à faire fuir les électeurs ... quand on ne respecte pas la démocratie quand on ne respecte plus le vote des citoyens à quoi ça sert d'aller voter...  et moi je respecte le résultat du vote des français pour Sarko à défaut d'aimer le bonhomme. Je précise  quand même (mais était-ce nécessaire ?)  que je suis allé voter la semaine dernière et que j'ai voté pour ma famille socialiste.  

  Ceci ayant été dit,  il est temps pour moi d'aborder l'état du PS et de la gauche en général. D'abord le problème de leadership...

 Martine Aubry a-t-elle vraiment envie de s'impliquer dans cette galère ? N'est-elle pas touchée par le syndrome Delors 1994 ? J'en ai peur. .....

 Bien sûr il y a aussi Ségolène, curieusement silencieuse, pour une fois, et là c'est la personnalité de l'icône people qui m'inquiète, qui m'empêche d'adhérer même si je reconnais qu'elle est la seule à avoir su, un temps, nous rabibocher avec un électorat populaire.... Mais déjà son étoile semble pâlir.... Excès de mysticisme, de repentance, de tout et n'importe quoi....

 Il y a aussi l'espoir d'une dream-team avec ces deux femmes se soutenant, s'épaulant ... ça ferait un ticket qui aurait de la gueule mais c'est certainement l'hypothèse la plus utopiste et à laquelle je crois le moins, l'ego système ou la jalousie système étant encore plus dramatique chez les femmes socialistes que chez les mecs.

 Et puis il y a mes amis les quadras, amis quelque peu perdus de vue depuis ma semi retraite politique. Peuvent-ils mettre leur égocentrisme en sourdine pour faire un travail d'équipe... comme au bon vieux temps des débuts du NPS.  C'est peut-être  l'hypothèse la plus raisonnable : Oui Arnaud Montebourg a raison c'est la dernière station avant le désert ; oui  Manuel Valls a raison en affirmant que le parler socialiste est une langue morte ; oui Vincent Peillon a raison en demandant une refondation idéologique ; oui Pierre Moscovici et Gaétan Gorce ont aussi raison en réclamant des primaires ouvertes ...etc...  Quand tous ces quadras se sont retrouvés pour un meeting générationnel de soutien à Benoît Hamon ce fut un moment fort .... Je rêvais de la renaissance du NPS.

  Je suis convaincu que le PS, et au delà  toute la gauche de gouvernement, ne s'en sortira que si cette génération prend, enfin, les commandes de l'appareil .... Car eux seuls ont vraiment envie de la conquête, faim du pouvoir national......

   Beaucoup d'autres, parmi les grands élus régionaux ou départementaux , souhaitent évidemment que le PS se refasse une santé, qu'il reste une force attractive mais c'est surtout pour assurer leurs victoires lors des prochaines échéances dans leurs fiefs locaux.... Et c'est bien aussi pour cela que beaucoup ne souhaitent pas aller trop loin dans la rénovation du parti ... pourquoi faire ? Avoir un gouvernement de gauche qui serait forcément critiquable, ce qui entraînerait le risque de perdre les élections locales. A éviter à tout prix..... Car finalement la situation actuelle avec une gauche à 40 % (même sans le Modem et extrême gauche) face à une droite (UMP + Libertas mais sans F.N.) qui plafonne à moins de 35% c'est bon signe pour les cantonales, les régionales et les municipales... des élections à deux tours, moins difficiles à négocier....... alors l'audace que réclame Montebourg.... j'ai bien peur que ce ne soit pas encore pour demain.

  L'épouvantail interne au PS serait-il pour certains la peur de gagner le pouvoir national et par contrecoup perdre ensuite de nombreux fiefs locaux ? ....j'en ai bien peur et c'est la raison de mon scepticisme... et de ma prise de distance ... . A Montebourg, Peillon et compagnie de me prouver le contraire...... et si cette équipe se reconstitue je m'impliquerai à nouveau.

 Pour moi le vrai danger pour les prochaines années c'est le retour en grâce du libéralisme, un libéralisme requinqué après les premiers signes de sortie de crise et une nouvelle fuite en avant.... vers la prochaine catastrophe...... la reconduction de Barroso en serait le signe le plus évident.  
 Pour des militants socialistes le seul combat digne d'intérêt, le combat prioritaire doit être la conquête du pouvoir national et européen, .... et si les socialos continuent à être aussi timorés, il faudra bien alors s'investir à fond dans le combat social pour défendre notre modèle de société ; mais un vrai combat ... pour foutre un vrai bordel.... pas les manifs minables et indolores du samedi.   

  A suivre

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