Ciné-cure... Le Banni & Seuls sont les indomptés.....
Voilà deux vieux films, deux westerns qui eurent un succès certain à leur sortie, succès dû à leur originalité mais, peut-être, aussi parce qu’ils ont été produits et réalisés dans des conditions conflictuelles, polémiques… enfin des films qui furent longtemps entourés de rumeurs, d’histoires mystérieuses qui aidèrent à leur promotion et à en faire des films cultes.
Le premier, le plus ancien « Le Banni » en anglais « The Outlaw », a été réalisé en 1941 mais n’est sorti aux USA de façon limitée qu’en 1943 (et repris de manière généralisée dont l’ Europe en 1946 pour cause de guerre).
Ce film fut produit par le studio Howard Hughes Production et réalisé par Howard Hughes et Howard Hawks…. Il semble que pour l’essentiel le film ait été réalisé par Hawks, Hughes, homme d’affaire très occupé, s’étant semble t-il, contenté d’être co-réalisateur des scènes où Jane Russel était présente avec des idées très précises sur la façon de mettre en valeur ses jolies formes.
Je ne vais pas trop m’attarder sur la personnalité d’Howard Hughes, sinon que de conseiller de voir « Aviator » (2005) le film de Martin Scorsese avec Léonardo DiCaprio et Cate Blanchett. (Il me faudra d’ailleurs, bientôt, consacrer un billet « non prétexte » à Scorsese).
Pour faire simple je veux seulement rappeler ce que déclarait le fantasque et excentrique milliardaire en 1930 à la sortie des « Anges de l’enfer » : « Je veux être le plus grand aviateur du monde, le plus grand producteur de cinéma du monde, l’homme le plus riche du monde… » … et il faut bien reconnaître qu’il a réussi dans tous les domaines en particulier le dernier en devenant le principal actionnaire de la TWA…. Il aurait pu aussi ajouter le plus grand séducteur… car toutes les plus grandes actrices de l’époque tombèrent dans ses bras de Jean Harlow à Elisabeth Taylor en passant par Ava Gardner, Rita Hayworth Jane Peter (qu’il épousa), Lana Turner…et beaucoup d’autres. Même que Sinatra le menaça publiquement de le tuer car il lui piquait ses gonzesses … mais c’était Hughes le plus riche…. et ça aide.
Pour en revenir au film « Le Banni » l’ambiance polémique qui entoura la réalisation puis la sortie portait sur deux points : l’un, essentiel, un conflit d’intérêt entre studios de production, les méthodes à la hussarde d’Hughes dérangeaient, notamment lorsqu’il débaucha Howard Hawks et qu’il prit, en charge les frais du procès qui l’opposa à la Warner.
L’autre point polémique fut surtout un prétexte : Hughes eut à faire à la censure pour atteinte aux bonnes mœurs. Les plans insistants sur la généreuse poitrine de Jane Russel et l’affiche défrisaient l’Amérique puritaine et le comité de censure bien encadré par le lobby hollywoodien…. Jugé immoral, brutal et scandaleux « Le Banni » n’obtint pas le visa d’exploitation ce qui n’empêcha pas le mégalomane Hugues de le présenter dans de nombreuses salles qu’il réquisitionnait…
Ce film qui conte une histoire classique, les aventures de Billy le Kid, Doc Holliday et Pat Garrett fut le plus grand succès de western des années 40, grâce à la censure et aux jolies formes de la belle Rio / Jane Russel.
Pour «Seuls sont les indomptés » en anglais « Lonely are the Brave » la polémique fut plus classique puisqu’il s’agissait de mésentente entre le réalisateur et l’acteur principal et producteur du film.
Un peu comme en politique tout part d’une crise d’amitié. C’est Dalton Trumbo qui fut à l’origine. Trumbo était un grand écrivain, et un très, très grand scénariste. Il fut même réalisateur, en fin de carrière, en adaptant un livre qu’il avait écrit en 1939 « Johnny s’en va en guerre » (Johnny got in gun) ; film qui reçu le grand prix du jury au Festival de Cannes en 1971. (Trumbo est décédé en 1973).
Dalton Trumbo avait été une des principales victimes du maccarthysme. Homme de gauche, en raison de ses positions anti-militaristes et syndicalistes, il fut l’un des dix de la liste noire qui refusa de répondre à la question « Avez-vous été communiste ? » Il traita la commission de système nazi et fut condamné et sa carrière stoppée, même s’il continua à écrire des scénarios (sous pseudo.... sous lequel il eut même 2 oscars en 1954 et 1957 ) du Mexique où il s’était exilé après avoir tenu, en 1950, à purger sa peine d’un an de prison. Il conserva le soutien de ses amis acteurs et réalisateurs de gauche dont entre autres Kirk Douglas et David Miller…. Puis à partir de 1960 il put reprendre son travail de scénariste sous son nom, d’abord grâce à Otto Preminger et Paul Newman pour « Exodus » puis avec l’appui de Kirk Douglas avec qui il travailla consécutivement sur trois films dont Douglas était l’acteur principal, mais aussi le producteur: « Spartacus » de Stanley Kulbrick, « El Perdido » de Robert Aldrich, et « Seuls les indomptés » de …. ??? … Sur les conseils de Trumbo, Douglas avait retenu David Miller … selon le vieil adage « les amis de mes amis sont des amis »…. Ce qui n’est pas toujours vrai :
Kirk Douglas n’aima pas Miller, il n’aima sans doute pas le ton contemplatif que donnaient certain rushs du film visionnées. Il est incontestable que certaines scènes très physiques, notamment les rapports de l’homme et de son cheval furent imposées par Douglas, mais de là à dire que c’est lui qui avait fait le film, c’était aller un peu loin.
C’est notamment le point de vue de Bertrand Tavernier dans les bonus qui accompagnent le DVD. Tavernier qui a bien connu Trumbo et Douglas fait plus confiance au témoignage du premier que du second qui a toujours été un brin excessif. Progressiste mais un tantinet mégalomane le Kirt. Douglas affirmait d’ailleurs que, de toute sa carrière, ce western était son film préféré …. Il fallait donc bien qu’il s’en attribue tous les mérites.
« Seuls sont les indomptés » dont l'action se déroule au 20ème siècle est un western moderne et nostalgique. Il fut réalisé en 1962, tourné en noir et blanc pour accentuer l'effet nostagique et il reprend le thème assez classique du solitaire qui se bat pour défendre ses traditions, sa façon de vivre et sa liberté contre les transformations du monde et les conséquences sur son environnement….
Sous la plume de Trumbo l’histoire n’a pas un sens réactionnaire puisque le héros a une destinée suicidaire, il ne peut pas gagner… d’ailleurs son ami, celui pour lequel Jack - Douglas se fait arrêter pour l’aider à s’évader, refuse de le suivre, refuse de s’évader….. Il ne devait pas gagner, et c’est, peut-être, la contradiction entre la sensibilité individualiste de Douglas, la perception collective de Trumbo et celle écologiste de Miller, ce mélange réussi qui fait de ce film, un peu perdu de vue aujourd’hui, un film rare. Aux côtés de Douglas on retrouve Walter Mathau et Gena Rowlands tous les deux remarquables et sans oublier Whisky un extraordinaire et magnifique cheval.
Entre la polémique dans le cinéma et le cinéma dans la politique il n’y a pas une grosse différence : seulement deux lettres ….
Les dernières semaines furent terribles pour la droite au pouvoir: « Libération» titrait «Zizanie en Sarkozie» et je crois que le mot zizanie est un peu faible car il y eut beaucoup plus que de la discorde ou de la désunion ; c’est une véritable guerre clanique qui se mettait en place. Déjà secoué par les affaires Frédéric Mitterrand et Jean Sarkozy qui déboussole l’électorat populaire de droite voila qu’était lancée une fronde par des élus de terrain. Quatre ex-premiers ministres prenaient leur distance avec Sarkozy, des distances plus ou moins importantes selon qu'elles sont liées à De Villepin, Raffarin, Juppé ou Balladur mais…. il y avait manifestement des dispositions, des improvisations du Président qui ne passaient plus.
Ils ont mit du temps ces nocs à s’apercevoir que l’hyper président derrière un catalogue de discours et de propos rageurs du genre «on va voir ce qu’on va voir» et « je n’ai pas à m’en excuser», accompagnés de coups de menton et le doigt accusateur levé, n’était qu’un matamore, un guignol, un fantoche incompétent et pyromane. Tout chez lui n’est que décision improvisée, décidée de façon impromptue selon les sondages qui submergent l’Elysée et servent d'orientation programmatiques.
Jamais un chef de l’état, toute tendance confondue, n’a pris autant les français pour des cons pas même Giscard et c’est peu dire….. et, depuis qu'il a été élu, personne dans sa famille politique n’avait eu le courage de lui dire qu’il n’était qu’un tocard mégalomane… et puis en cet automne 2009, l’espoir d’une fin possible du sarkozisme en 2012 revient ….
Et il me faut bien reconnaître que c’est essentiellement grâce à la droite. … je ne vais pas dire que je porte un amour excessif à Villepin, Raffarin, Copée & co … mais il est évident que leur efficacité pour déstabiliser le guignol est plus porteuse aujourd’hui que, par exemple, les excellentes réponses de Martine Aubry dans l’interview du JDD de ce matin.
Bon je ne vais pas m’éterniser sur ce sujet car, d’une part mes amis se demanderaient si je ne suis pas tombé sur la tête…. et d’autre part ça n’aurait plus aucun rapport avec le titre du billet; ou alors il aurait fallu que je parle plutôt de Claude Zidi et de sa "Zizanie" ou De Funès… et ça ce n’est pas la veille … encore que... peut-être qu’un jour prochain.... utiliserai-je " Les Ripoux"…. On verra bien ce que va nous annoncer Pasqua jeudi prochain.
Finalement celui qui m’étonne le plus c’est Fillon…. Je me demande s’il n’est pas le grand vainqueur des dernières semaines de bagarre car, mine de rien, il est venu au secours de Sarkozy…. mais je ne serai pas étonné que ce soit en posant des conditions que Sarko a été obligé d'accepter. Taper sur Rama Yade était facile puisqu’elle était, en fait, leur plus grand dénominateur commun, mais taper sur Guaino c’était plus surprenant et plus risqué …
Pauvre Rama Yade, pauvre jolie Rama. Sans mentir si son ramage se rapporte à son plumage je crois bien que je pourrai faire un bout de chemin avec elle…. comme Michelle Saban, la bonne camarade du Val de Marne, vice-présidente du Conseil Régionale Ile de France qui voudrait lui donner la tête de liste PS pour les prochaines élections en Haute-Seine.
Non Michelle, laissons Rama se ramasser avec ses faux amis ; on verra plus tard.
En république des ouvertures peuvent se faire selon les circonstances politiques. Ce fut le cas pour de nombreux hommes de gauche, comme Pisani, qui rejoignirent De Gaulle et qui revinrent ensuite dans leur famille. Il n’y a là rien de déshonorant mais il faut savoir laisser du temps au temps … et surtout ne pas faire comme ceux qui vont à la soupe : Soisson sous Mitterrand et aujourd’hui Besson ou Kouchner. … ceux qui enlaidissent la politique, salissent la démocratie.
Soyons donc patient avec Rama Yade. La Nouvelle République d’hier disait, fort justement, me semble t-il : « L’Elysée et Matignon rappellent à l’ordre l’indomptable Rama Yade, symbole de la fronde de l’UMP, mais à l’approche des élections, la droite a besoin de sa popularité ».
Alors malgré les phrases assassines des Morano et Lefebvre et les menaces de Fillon et Sarkozy … il est à craindre que l’indomptée ne soit bannie aussi vite.
Ah ! Que ça ferait une belle affiche…. Rama Yade à la place de Jane Russel… Fantasme !
A suivre