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Ciné-cure...... La ligne rouge.

3 Avril 2011 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

Voilà un titre de film fort intéressant dans la perspective d’une conclusion caustique et orientée d’un billet ciné-cure, mais c’est surtout et avant tout le titre d’un film que je qualifie de chef d’œuvre même s’il ne fut pas reconnu à sa juste valeur, du moins par le public, lors de sa sortie en salle fin février 1999. Même la rédaction de « Studio magazine » fut partagée ; dans son tableau récapitulatif on relève que si deux critiques lui mirent le top à savoir 4 étoiles, quatre en restèrent à 3 étoiles ce qui caractérise un bon film et deux autres, plus circonspects le jugèrent très moyen ou décevant avec seulement 1 étoile …. (Aucun des critiques, toutefois, n’a franchi la ligne rouge en sortant un carton jaune,…… Eh oui ! Des goûts et des couleurs… ?)

«  La ligne rouge » est un très beau film de Térence Malick, un réalisateur mythique dont j’avais entendu parler mais dont je n’avais vu, jusque là, aucun film ….ça la fout mal pour un prétendu cinéphile, mais j’ai quelques excuses …. « La ligne rouge  »  n’était que son troisième film et entre ce troisième film et le précédent « Les moissons du ciel » il s’était écoulé 20 ans et même 25 ans avec le tout premier « La balade sauvage ». Ses deux premiers films étaient sortis respectivement en 1973 et 1978, à une époque où, broussard,  je naviguais entre Zaïre et Maroc 

Je ne sais plus quand j’ai entendu parler de Terrence Malick pour la première fois. Ce fut sans doute au début des années 90, peut-être en 1991. Je crois me souvenir avoir lu un article sur Richard Gere à la sortie de « Pretty woman » où il racontait comment il avait  décroché le rôle principal pour « Les moissons du ciel ».

J’ai entendu à nouveau parler de Malick courant 1998 car la presse spécialisée annonçait son retour au cinéma avec une adaptation du roman de James Jones « Mourir ou crever » (En V.O. The thin red line), un livre de plus de 700 pages que j’avais dévoré à la fin des années 60 qui raconte la bataille de Guadalcanal, à laquelle participa l’auteur et où il fut blessé.

Un court extrait du roman Page 177 « Quoi qu'il fit, ou qu'il ne fit rien du tout, cela ne changerait rien. Fife ne croyait pas en Dieu. Pas plus qu'il 'était foncièrement mécréant ou athée. C'était simplement un problème qui ne concernait pas. Il ne pouvait donc pas croire qu'il combattait dans cette guerre pour Dieu. Pas plus qu'il ne croyait combattre pour la défense de la liberté, ou la démocratie, ou les droits de l'homme. Quand il analysait la chose, comme il s'efforçait de le faire à présent, il ne trouvait qu'une seule raison à sa présence sur le champ de bataille: il aurait eu honte qu'on le prit pour un lâche.....Pas autre chose....» (Jones a aussi écrit « Tant qu’il y aura des hommes »)

Ce qui me surprit le plus en lisant les journaux de cinéma  c’était d’apprendre que tous les acteurs américains les plus en vue se battaient pour décrocher un rôle dans ce film réalisé par un réalisateur mystérieux, consacré monstre sacré, mais que finalement peu de monde connaissait et dont les deux premier films n’avaient  connu qu’un succès mitigé auprès du grand public:…..Le scénario serait, dit-on, passé entre les mains de Robert Duvall, De Niro, Tom Cruise, Tom Hanks … les agents commerciaux de Kevin Costner, Martin Sheen, Edward Norton, Johnny Deep, Brad Pitt, Di Caprio ont fait savoir que leurs vedettes étaient intéressées. Les plus folles rumeurs ont circulé sur le casting….

Finalement on retrouve à l’affiche Sean Penn, Jim Caviezel, Ben Chaplin, Nick Nolte, John Cusak, Elias Koteas, Adrien Brody, John Savage, Woody Harrelson et pour des rôles très secondaires John Travolta et George Clooney….. excusez du peu…. Et sans compter que des scènes tournées avec Mickey Rourke, Gary Oldman, Bill Pullman et Billy Bob Thornon furent coupées au montage, le film de 2 H 50 étant déjà très ambitieux.

J’ai attendu ce film avec impatience comme j’ai rarement attendu un film (à l’exception peut-être du 1494. de Ridley Scott avec Depardieu en Christophe Colomb) et je me suis précipité pour le voir dès le premier jour.

Si je fus un peu surpris par le style, je n’ai été nullement déçu malgré la longueur et des scènes terriblement dures (et ce contrairement au film de Ridley Scott qui, après la magnifique première heure, traine un peu en longueur)

 Quelques jours avant que le film n’arrive en salle j’avais encore pu lire la critique de Jean Pierre Lavoignat le directeur de Studio :

«  Est-ce parce qu’il y a vingt ans que Terrence Malik a pris ses distances avec le cinéma ? Est-ce parce qu’il y a dans la ligne rouge cette mythologie et cette imagerie un rien naïves de la nature nourricière et du bon sauvage? Il y a en tout cas dans ce troisième film quelque chose des années 70…. proche d’Apocalypse now et de Voyage au bout de l’enfer….. (J ai aussi adoré ces deux films) …. La guerre comme une insupportable réalité, mais aussi comme une métaphore de la condition et de la destinée humaine. Comme la plus extrême des expériences où se côtoient tous les contraires, la peur et l’audace, la lâcheté et le courage, la solidarité et l’individualisme….

…. Ce film n’est pas seulement le terrifiant spectacle de soldats anonymes s’entre-tuant sans trop savoir pourquoi sur un îlot perdu dans le Pacifique, c’est aussi et surtout une douloureuse et poignante méditation sur les hommes et la nature, sur l’instinct de mort et la volonté de vie…….. Les voix off se mêlent jusqu’à ne plus faire que des hommes en uniforme promis à la mort. C’est volontairement que contrairement à la règle du cinéma classique, Malick ne facilite pas l’identification du spectateur à tel ou tel….Ce n’est pas le détail qui l’intéresse mais l’essentiel. Ce n’est pas l’individu mais le genre humain. Pas étonnant ce film est un poème….. une prière. …. »

Ce film est vraiment un poème sur la guerre ou plutôt contre la guerre. C’est une fresque de près de trois heures qui retrace le débarquement en 1942 des soldats américains à Guadalcanal, une île du pacifique occupée par les japonais.

Le film restera longtemps comme l’un des plus impressionnants films de guerre. Un film fleuve écartelé entre réalisme et lyrisme où l’horreur des combats contraste en permanence avec la beauté paradisiaque des paysages tropicaux (le film fut tourné au nord ouest de l’Australie). Un film sans véritable héros mais avec une douzaine de personnages principaux dont on entend  en voix off les pensées, des pensées d’ailleurs souvent décalées avec la scène qui se déroule sur l’écran.

Quelques exemples de pensées en voix off « Est-ce que la nature peut porter en elle la vengeance ? »  « J’ai entendu des gens parler d’immortalité ; mais je ne l’ai jamais rencontré »

« On vit dans un monde qui part en couille et chacun de nous est responsable de ce bordel » «  Qui es tu pour vivre sous des formes si diverses ? » « J’ai tué un homme et je ne serai pas puni, c’est la guerre ».

  « La ligne rouge » fut nominé dans 7 catégories pour les oscars mais n’en remporta aucun ; par contre il fut consacré en remportant l’Ours d’or au festival de Berlin 1999.

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En voyant quelques années plus tard en DVD les deux premiers films de Terrence Malick puis en 2005, au cinéma, le suivant « Nouveau Monde » j’ai compris que ce style de narration décentrée en voix off était sa marque de fabrique…. Un style original dont on peut finir par se lasser et c’est d’ailleurs le cas pour le dernier.  Par contre dans « La balade sauvage » et dans « La ligne rouge » c’est très efficace, sans doute parce qu’il s’agit des films les plus violents.  Je conseille à ceux qui n’ont jamais vu un film de Malick de tenter l’expérience : Ces 4 films sont maintenant tous en DVD et un cinquième est prêt et devrait sortir en mai 2011 : « The Tree of life » (je précise que je ne sais pas grand chose à l’heure actuelle de ce film sinon que ses acteurs principaux sont Brad Pitt et Sean Penn et qu’il pourrait faire l’ouverture du festival de Cannes.

Il me faut maintenant revenir brièvement sur les trois autres films de Terrence Malick. D’abord quelques infos sur le bonhomme: il est né le 30/11/1943 et par son père (Maleck) il est d’origine libanaise. Un père qui travaillait dans une compagnie pétrolière au Texas où le jeune Terrence vécut enfant. Il étudia ensuite  dans les universités d'Harvard et d'Oxford et a même enseigné la philosophie au MIT.

Il se reconvertit ensuite dans le journalisme notamment pour Life et le New York time, tout en entreprenant des études de cinéma à l’American Film Institute, dont il obtint une maîtrise.

Il commença alors une carrière de scénariste notamment pour « Les indésirables » de Stuart Rosenberg en 1971. Après trois ou quatre scénarios pour d’autres réalisateurs,  il décida de prendre à son compte son dernier, non seulement comme metteur en scène mais aussi comme producteur. « La balade sauvage » sortait sur les écrans en 1973, Malick n’avait pas encore 30 ans. 

Le scénario est basé sur une histoire vraie : un couple de jeunes gens firent en 1957 une effroyable balade meurtrière dans le Middle-west qui se termina par l’assassinat de onze personnes dont le père de la jeune fille. Le jeune homme a fini sur la chaise électrique et la jeune femme fut condamnée à perpétuité. Dans le film Kit, le garçon, est interprété par Martin Sheen et Holly, la fille, est jouée par Sissy Spaceck. Dans ce premier film on retrouve déjà tous les ingrédients de la technique Malick : Des paysages magnifiques qui font un contraste avec la violence des actions et en voix off la narratrice, Holly emprisonnée, qui en racontant l’histoire fait comprendre aux spectateurs comment ces  jeunes gens étaient fascinés et aliénés par des modèles. Ainsi Martin Sheen fut choisi parce qu’il ressemblait à James Dean (le criminel du fait divers se prenait pour James Dean mort dans un accident de voiture en 1955). Malick, pour rendre le personnage crédible  poussa Sheen à mimer les tics de l’acteur mythique notamment ceux de son personnage dans « Géant »

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 Cinq ans plus tard Malick tournait « Les moissons du ciel » dont l’action est se déroule dans le Texas où il a passé son enfance, et même si le film fut tourné au Canada. L’action se passe pendant la première guerre mondiale ; une famille d’ouvriers quitte Chicago pour aller faire les moissons dans le Texas. L’histoire est banale, celle d’une jeune femme Abby (Broke Adams) partagée entre deux hommes, son mari, Bill (Richard Gere) et le fermier (Sam Shepard). Encore une œuvre poétique sur fond de vie quotidienne entre passions et condition humaine. De magnifiques paysages, la lumière, la musique d’Ennio Morricone. Malick voulait Travolta pour jouer le rôle du mari ouvrier, mais celui-ci n’étant pas libre il s’est rabattu sur Richard Gere dont ce fut quasiment les débuts. Ce film fut primé au festival de Cannes avec le prix de la mise en scène et obtint l’oscar de la photographie.

Et puis nul ne sait pourquoi, dispute bouderie, déception, coup de foudre ? Terence Malick abandonna Hollywood, quitta le monde du cinéma, épousa une française et vint même vivre quelques temps en France où il enseigna. 

Après « La ligne rouge », son film majeur à ce jour, Terrence Malick mis plus de sept ans avant de présenter son quatrième film « Le Nouveau Monde ». Je ne vais pas trop m’attarder sur ce film qui m’a profondément déçu et ennuyé. Le cadre est beau, la photographie est belle, l’étude ethnologique est pertinente, la musique est le plus souvent de Wagner ou Mozart, alors….  mais la base de l’histoire est la légende de Pocahontas…. En hors cadre Disneyland c’est super chiant…. et puis les lenteurs et la poésie de Malick marchent surtout quand elles font un contraste  avec la violence assumée de l’histoire mais dans ce film il y a certes de la violence, mais les combats filmés sont édulcorés…. Visibles par tous…..

…. Et puis côté jeu d’acteurs ce n’est pas beaucoup mieux : Colin Farrell en John Smith marche à côté de ses pompes, la jeune fille indienne au sourire béat ou à la tristesse incertaine est désarmante. Seul Christian Bale nous rappelle que c’est a priori un film construit….mais son personnage n’arrive que bien tard dans l’histoire.

Michel Rebichon de Studio était un peu moins sévère que moi : «  En adaptant, l'histoire d’amour entre la princesse indienne et le capitaine Smith et les multiples trahisons que leur relation incomprise a engendrées, Malick signe un beau film triste.

Un film lent aussi, parasité par une voix off très présente, à la structure bancale, mais qu’exalte un parfum de nostalgie durable, comme l’odeur de terre mouillée imprègne l’air après l’orage…. » Bigre ! Il n’a pas osé critiquer frontalement un mythe.

 

Pour conclure ce billet je pourrais disserter sur la notion de franchissement de  la ligne rouge et il faut bien reconnaitre qu’il y a de quoi faire en ce moment tant pour qui concerne la politique hexagonale que la tension internationale.

Sur le plan national j’ai déjà beaucoup parlé ces temps-ci de Sarkozy, de Copé et même de Guéant….. et je ne vais pas en rajouter ou y revenir directement.

Non ! aujourd’hui je vais m’occuper de Christian Estrosi : c’est un petit gars qui est le patron de l’UMP à Nice, et accessoirement maire de la ville, conseiller général et parfois il est même ministre ou du moins secrétaire d’Etat. Il lui arrive aussi de faire la « une » du Canard enchainé » car c'est un bon client. C’est aussi un mec qui roule des mécaniques, avec ou sans moto, avec ou sans jet, et qui se croyait le meilleur copain de Sarkozy, ce qui a du lui poser des problèmes avec les autres meilleurs copains.

Je me suis dit qu’il devait y avoir problème lorsque j’ai vu qu’il n’avait pas obtenu de poste lors du dernier remaniement. J’ai bien failli appeler Dolly, une niçoise et militante UMP et pourtant membre de ma famille…. Mais je n’ose pas remuer le fer dans la plaie car je ne sais pas si elle est toujours sarkoziste. Lors de notre dernière conversation politique, qui remonte au moins à un an, elle avait déjà du vague à l’âme, aussi c’est difficile après, avec quelqu’un qu’on aime bien malgré sa carte ou ex-carte. C’est finalement plus facile quand on est franchement en opposition. Alors que maintenant je n’ose plus trop la questionner …

Christian Estrosi a récemment porté des critiques très sévères à l'encontre de Jean-François Copé et de ce qu'il appelle le « copéisme » et  « Une stratégie qui a échoué et qui doit sortir de la course à l'échalote avec le FN »…. Sauf que Sarkozy est sur la même position que Copé et qu’il a traité Estrosi de traitre. Voilà ce que c’est que de franchir la ligne rouge.

Et du coup il y a des petites affaires qui sortent, des affaires de linges sales et de teinturier. Des dossiers qui étaient au Ministère de l’intérieur, déjà probablement du temps de Hortefeux mais que Guéant, aujourd’hui, instrumentalise sans prendre de gant. Ah ces chers amis !  

 

Supplément du 6 avril :  La France est une nouvelle fois en guerre et cette fois en Côte d'Ivoire. Ayant connu une situation pour le moins incertaine au Cameroun en avril 1984 je ne peux critiquer la présence de l'armée française pour protéger ou évacuer les nombreux français qui travaillaient dans ce pays. Les Nations Unis ont reconnu la victoire d'Ouattara lors des présidentielles et je ne pleurerai pas que Gbagbo soit chassé.... mais il y a quand même quelque chose qui me gêne... un peu comme la reconnaissance prématurée du gouvernement provisoire en Lybie. Pourquoi Sarko a toujours besoin qu'on arrive les premiers ou que l'on soit en première ligne? Je n'en dis pas plus .... trop d'inconnus.... On en saura plus dans quelques semaines.... mais j'espère qu'on ne se précipite pas pour des raisons ou des intérêts franco-français....... voire de posture. 

 

(A suivre)

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