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Ciné cure ........ Total recall

26 Septembre 2007 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

Je voulais, à plus ou moins proche échéance, faire des articles sur le cinéma, une de mes passions. Aujourd’hui je brûle quelques étapes, non pas pour parler de "Total Recall", le film de science fiction de Paul Verhoeven, avec Schwarzy et Sharon Stone, film au demeurant fort plaisant, mais pour parler d’un grand film, un film "unique", Rangoon. 
 Ce film est sorti en France à l’automne 1995, après avoir été présenté en mai au Festival de Cannes ; le réalisateur John Boorman, l’a dédié à Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991. L'action se déroule en Birmanie en 1988, au moment où de graves troubles sociaux mettaient à mal le régime militaire en place.
 
Aung San Suu Kyi est la fille d'un leader de la décolonisation assassiné en 1947. A la mort de son père, sa mère alla, d'abord s’installer en Inde, puis en Grande Bretagne où Suu Kyi fit des études à Oxford et entama une brillante carrière universitaire. En 1988, en raison de l’état de santé de sa mère, elle décida de rentrer dans son pays. Influencée par les idées non violentes du Mahatma Gandhi et Martin Luther King, Suu Kyi s’impliqua dans les mouvements de résistance à la dictature et se révéla rapidement comme une leader charismatique. Le parti qu’elle fonda, la Ligue Nationale pour la Démocratie, remporta  80% des sièges lors des élections de 1989 qu'avaient dû concéder les militaires. La démocratie ne vit pas le jour, un nouveau coup de force militaire mis en place, en 1989, une junte encore plus répressive que la précédente et fit emprisonner Aung San Suu Kyi. Le prix Nobel de la paix, qui lui fut décerné en 1991 a, sûrement, permis d'éviter le pire mais depuis plus de 18 ans elle est assignée à résidence et sous surveillance continue. Celle que l’on ne peut nommer en Birmanie autrement que "la Dame", reste malgré tout l’espoir du peuple birman comme on peut le constater ces jours-ci de nouveaux troubles dans le pays.
 


Ce film, Rangoon, met parfaitement en lumière ces espoirs. Vieux de 12 ans il reste, aujourd'hui plus que jamais, d’actualitéNum--riser0008.jpg

Pour Boorman c’est une nouvelle fois la confrontation d’une personne ordinaire avec un monde de sauvagerie. Une jeune américaine (Patricia Arquette) se retrouve au milieu de la foule de pauvres gens venus soutenir Aung San Suu Kyi, foule sur laquelle l’armée va faire feu. (L’histoire se répète ces jours ci.). Révoltée par la répression, elle va aider un vieil homme blessé et l’accompagner dans sa fuite dans la jungle vers la frontière thaïlandaise. Un beau et grand film.

Des beaux et grands films engagés comme celui-là j’en ai vu beaucoup, les Costa-Gavras, les Ken Loach, les Oliver Stone, " La Déchirure" de Joffé, "Under Fire" de Roger Spottiswoode,  "Mississipi Burning" de Alan Parker, "Harrisson‘s Flowers" d’Elie Chouraqui et tant d’autres….mais aucun ne m’a paru "Unique" comme celui là ; peut être parce que ce que je connaissais mieux, l’histoire des rebelles sandinistes, l’aide de la CIA à Pinochet au Chili, ou l’agonie de Vukovar. Pour la Birmanie, en 1995, j’étais moins aux faits de l’actualité, sinon que d'avoir vaguement entendu parler du prix Nobel et que la vie là bas, n’était pas rose. 

      Lors de la projection quel choc !
 
 J’ai entendu ce soir, aux informations, que le président de la république demandait aux entreprises françaises de prendre quelques distances "économiques" avec ce régime dictatorial ; message valable y compris pour Total, a t-il précisé. C'est bien ; je ne suis pas dupe, je sais que c'est de la com à usage interne, mais c'est mieux que de s'en foutre. J’espère que son ministre des affaires étrangères, l'ex chantre du droit d'ingérence, devenu le va t-en guerre d'aujourd'hui, Bernard Kouchner, aura lui aussi bien entendu le message; lui qui en août 2002 avait pondu un rapport sur commande pour dédouaner totalement l’entreprise Total, 1er investisseur du pays et qui à l’époque était en train de signer un contrat fabuleux pour le site du gazoduc de Yadana.
Un rapport de 19 pages, payé 25 000 euros par Total : Il faut bien vivre. 

       Ajout du jeudi 27 à 20 H : En déplacement à Bordeaux j'ai écouté un peu mieux la radio lors du trajet: Le petit caporal a, plus exactement, demandé que "les entreprises françaises gèlent leurs investissements en Birmanie " ce qui est nettement plus pragmatique....et provisoire. 
Dans ma 1ère édition j'avais qualifié le rapport de Kouchner de rapport honteux.....Il me faut être honnète, ce rapport je ne l'ai pas lu ;  j'ai donc corrigé ma phrase. Je renvoie à l'enquête de Incipian et Pomonti  intitulé : "Kouchner, Total et la Birmanie" Le Monde du 5 janvier 2004.

(à suivre)
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A
La morale est individuelle.<br /> Les entreprises minières vont extraire le gaz ou le pétrole où il est.<br /> Les relations diplomatiques sont du ressort du politique.<br /> <br /> Que chacun prenne ses responsabilités dans son propre domaine : s'indigner, c'est confortable mais stérile si rien n'est entrepris. Sommes-nous prêts à nous priver de pétrole pour "ne pas conforter" tel régime ? A ne plus acheter "moins cher" parce que chinois si la Chine a une conduite "inadmissible" ? A faire un exemple pour le monde de notre pratique démocratique ?
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