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Ciné-cure..... Costa-Gavras de A à Z ou plutôt de Z à Amen

28 Juin 2009 , Rédigé par daniel Publié dans #ciné-cure

 Me servant de mes billets « Ciné-cure » pour empiéter, mine de rien, sur le terrain de la politique il eut été impensable que je n'évoque pas un jour le maître du genre Costa-Gavras

Je ne parlerai pas des deux premiers films que j'ai vu il y a fort longtemps et dont ne me souviens plus très bien ; j'espère qu'ils sortiront un jour prochain en DVD. Il s'agit de « Compartiment tueurs » et d'« Un homme de trop ». Ces deux films se caractérisent surtout par le rassemblement d'une pléiade d'acteurs ce qui confirme l'aura qu'avait déjà à 30 ans Costa-Gavras dans le milieu du cinéma français

 Dans « Compartiment  tueurs » (1965) en adaptant l'excellent polar de Sébastien Japrisot, Costa-Gavras a rassemblé devant ses caméras Yves Montand Simone Signoret Jacques Perrin, Michel Piccoli, Jean Louis Trintignant et encore Denner, Gelin , Bozzufi etc...

Pour  « Un homme de trop » (1967), sur un récit de Jean Pierre Chabrol qui raconte l'évasion d'une prison allemande de résistants condamnés à mort, on retrouve Perrin et Piccoli accompagnés de Charles Vanel et Bruno Crémer et aussi J.C. Brialy, C. Brasseur, F. Périer etc... 

  Que du beau monde pour ces deux films qui ont été très bien reçus mais Costa-Gavras a vraiment connu le grand succès et sa voie avec « Z » en 1969.

 Konstantino  Gavras, né à Athènes en 1933, a alors 36 ans ; il a fait des études à l'IDHEC et ensuite ses premiers pas et ses preuves comme assistant de Verneuil, Demy, Becker ou Clément.
 Cet homme de gauche, grec de naissance, était destiné à faire son premier grand chef d'oeuvre avec un film ayant pour thème la dictature des colonels grecs.

 On l'a un peu oublié aujourd'hui, mais ça ne faisait que deux ans que les militaires dirigés par le colonel Papadopulos avaient pris le pouvoir : Suite aux élections remportées par les forces progressistes et le refus du roi de leur confier le pouvoir, de graves troubles ont secoué le pays. L'assassinat, par des milices d'extrême droite du député Lambrakis et les manifestations de colère qui suivirent débouchèrent sur le coup d'Etat des colonels le 21 avril 1967. C'est cette histoire que Costa-Gavras  trouva dans le livre de Vassilis Vassilikos « Z » et qu'il décida, immédiatement, de porter à l'écran.
 Le roman fut adapté par Jorge Semprun. Le projet fut soutenu par Yves Montand et Jacques Perrin. Au générique en plus de Montand et Perrin il y avait aussi Irène Paras,Trintignant, Denner, Dux, Boffuzi, Fresson, Périer, Salvatori etc... et il ne faut pas oublier la musique de Mikis Théodorakis qui était alors emprisonné par la junte. Le film a reçu en 1969 le prix du Jury à Cannes et un prix d'interprétation pour Jean Louis Trintignant. Il obtint aussi l'Oscar du meilleur film étranger. 
 La dictature des colonels est tombée en 1974. En écrivant ces lignes je ne peux m'empêcher de penser à la jeune Neda, assassinée par les bassidjis, la milice du régime, alors qu'elle défilait au sein d'un cortège dans les rues de Téhéran. Qui est le Costa-Gavras d'aujourd'hui qui en fera un film utile à la démocratie et au respect des droits de l'homme... et des femmes ? Les vidéos du Youtube  sont utiles mais insuffisantes.

 

 Costas-Gavras continua de dénoncer les régimes totalitaires : en 1970 « l'Aveu » sortait deux années à peine après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques venues mettre fin au « Printemps de Prague ». Dans ce film Costa-Gavras raconte la déchéance d'Artur London vice-ministre des affaires étrangères du gouvernement communiste de Tchécoslovaquie. Arrêté en 1951 sous l'accusation de conspiration avec des ennemis occidentaux, on lui arracha, sous la torture, des aveux  qui lui évitèrent la peine de mort lors des procès de Prague de 1952. Condamné à la perpétuité il fut réhabilité en 1957. Quelques années plus tard, en 1963, London quittait son pays pour s'installer en France.

 Artur London publia en France deux livres : Espagne et l'Aveu. Le premier (nous l'avons dans notre bibliothèque en espagnol Espana, espana) concernait la guerre d'Espagne et racontait sa participation aux brigades internationales avec ses camarades du procès de Prague exécutés ou emprisonnés... Brigades internationales anti-fascistes qui furent leurs seuls contacts avec de soi-disant agents occidentaux que l'acte d'accusation du régime stalinien mentionnait.

 Le second livre de London était l'Aveu qui fut adapté par Jorge Semprum comme scénario pour le film de Gavras. Yves Montand s'était encore fortement impliqué dans le projet, en plus de tenir magistralement le rôle d'Artur London. Simone Signoret était Lise London, l'épouse française d'Artur, qu'il avait rencontrée dans la résistance en France (encore un crime selon les stalinistes). Lise était la sœur d'un dirigeant du PCF (Raymond Guyot) et les communistes français disaient ne pas savoir....

 Je me souviens avoir prêté ce livre à Paul en 1977 quand nous étions ensemble au Maroc. Paul avait du fuir la Tchécoslovaquie après l'intervention soviétique et était allé s'installer en Suisse dont il devait finir par obtenir la nationalité.  Il n'avait jamais entendu parler de cette histoire et ni vu le film.
 En 1972 Costa-Gavras réalisait « Etat de siège ». On changeait de continent mais on ne changeait pas une équipe qui gagne Gavras, Semprum, Montand.

 Yves Montand jouait le rôle d'un conseiller américain d'un gouvernement sud-américain qui est enlevé par un groupuscule révolutionnaire. En fait le film nous apprend  que le personnage était un membre de la C.I.A. chargé de former les policiers et les milices anti-terroristes au service de la junte fasciste. Ce film a reçu le prix Louis Delluc 1972 ; par contre l'accueil fut plus que réservé aux USA contrairement à l'Aveu et Z  qui avaient été très bien acueuillis.... et oui il y avait des sujets gênants pour les américains et pourtant c'était avant le 11 septembre 1973.....
 Avant de passer en 1982 une seconde couche qui fâcha la droite américaine avec «
Missing »  Costa Gavras a quelque peu diversifié les sujets pour ses deux films suivants. 
  En 1974/75 il fit dans le devoir de mémoire avec « Section spéciale » adapté du récit d'Hervé Villeré par Semprum. Le film raconte la création par le gouvernement de Vichy d'une cour spéciale pour juger les résistants. Ce film dénonçait la mascarade législative et la parodie de justice orchestrées par un gouvernement de lâches.  

 En 1979 il aborda le genre intimiste avec « Clair de femme » avec Yves Montand et Romy Schneider. A l'époque ce film m'a laissé, malgré tout, assez dubitatif. Il me faudra le revoir car depuis j'ai appris qu'il était tiré d'un roman de Romain Gary, magnifiquement adapté par Milan Kundéra selon le pointilleux Romain Gary.
 Dustin Hoffman a déclaré que c'était la plus belle histoire d'amour qu'il ait vu au cinéma. Avec de tels panégyriques je me dois de revoir ce film. J'ai commandé le DVD et dès que je l'aurai reçu et vu je fournirai un avis par un commentaire à ce billet. 

 
  En 1982 Costa-Gavras a changé de braquet. Pour poursuivre sa croisade cinématographique  anti-dictature, anti-atteinte aux droits de l'homme il accrocha son wagon pamphlétaire au train hollywoodien (Universal Studio). Il visa juste car si « Missing » fut très controversé aux Etats-Unis dans les milieux de la droite reaganienne, il fût néanmoins récompensé aux Oscars dans la catégorie meilleur scénario original après y avoir été nommé dans 3 catégories (5 nominations pour les Golden Globes).

  Il obtint aussi la Palme d'or à Cannes (ex-aequo avec Yol de Yilmaz Güney) doublé du prix d'interprétation masculine pour Jack Lemmon.

Le scénario co-écrit par Costa-Gavras et Donald Steward est adapté du roman de Thomas Hauser « L'exécution de Charles Horman ».  L'histoire raconte la disparition d'un journaliste américain lors du coup d'Etat de Pinochet. Ce très grand film doit beaucoup aux acteurs, Sissy Spacek et Jack Lemmon. Ce dernier tient le rôle du père du disparu, conservateur bon teint qui découvre, petit à petit, ce qu'est le régime de terreur de la junte militaire et l'implication des U.S.A.  

   Un très, très, grand film qui n'a pas pris une ride même si l'Amérique d'Obama n'est plus tout à fait celle des Reagan, Bush et malheureusement aussi Carter voire Clinton. La politique américaine basée sur l'obsession du communisme jusqu'à la fin des années 80 puis la crainte des contagions gauchisantes castristes, sandinistes et aujourd'hui Chavez, l'a conduit à soutenir des aventures fascistes paramilitaires type Contras....  

 Ces jours-ci les militaires ont renversé le président Zélaya démocratiquement élu en Honduras........ À suivre la position de l'ONU et des USA.

 En 1983 Costa-Gavras s'intéressa ensuite au conflit palestino-israélien en réalisant « Hanna K » avec Jill Clayburgh, Gabriel Byrne, et Mohamed Bakri. Un film mélo pas très convaincant. Assurément ce n'est pas le meilleur de Costa-Gavras.

  En 1985 Gavras tourna avec Johnny ; quelle drôle d'idée ! Assurément, à lire les critiques de l'époque, « Conseil de famille » était son plus mauvais film... mais sans autre commentaire car je ne l'ai pas vu.

  En 1988 il renoua avec Hollywood pour un assez  bon film « La main droite du Diable »  avec Tom Béranger et Débra Winger sur fond de Ku-Klux-Klan et groupuscule néo-nazi. Un assez bon film mais qui ne tint pas la comparaison avec  « Mississipi Burning » d'Alan Parker qui sortit quelques mois plus tard.

  C'est en 1989 qu'il renoua avec un vrai beau succès très mérité « Music Box ». Une brillante avocate Ann  (Jessica Lange)  est amenée à défendre son père (Mike Laszlo) réfugié hongrois aux Etats-Unis soupçonné d'avoir été un criminel de guerre.  Un très beau film qui fut récompensé par l'Ours d'or au festival de Berlin.

 Costa Gavras fit un break pendant quelques années à l'exception de la « Petite Apocalypse » un film qui est passé inaperçu et dont je ne sais pas grand chose hormis la présence de Dussolier et Arditi. Sans doute quelque chose comme un film entre amis...  
  En
1997 il travailla à nouveau pour Hollywood avec « Mad City ».  Ce film est une critique des grands médias qui manipulent l'information pour se mettre au goût de l'opinion publique. Dustin Hoffman, journaliste ambitieux mais sur le déclin veut se refaire une santé devant des millions de télé-spectateurs face à un pauvre type, John Travolta, qui vient de perdre son emploi et est devenu preneur d'otage, et dont il fera un héros national. Avec de tels interprètes et le talent professionnel de Costa-Gavras le film ne pouvait qu'être bon.... bien que ce soit un peu décevant de retrouver Gavras dans un tel registre.
  En 2001 Costa-Gavras renouait avec le devoir de mémoire en adaptant pour le cinéma, « Le Vicaire », la pièce du dramaturge Rolf Hochhuth.
 Le film sortit sous un titre plus provocateur « Amen ».  Il dénonce l'attentisme du Vatican devant l'holocauste perpétré par le régime nazi. Un magnifique film avec Ulrich Tukur, Mathieu Kassocitz et Michel Duchaussoy.

Un film à revoir à l'heure où certains envisagent la béatification de Pie XII.

 Le dernier film de Costa-Gavras qui m'ait enthousiasmé est le « Le couperet » sorti en 2005.  Bien plus qu'enthousiasmé il m'a subjugué.
 J'avais découvert le roman de Donald Westlake il y a 6 ou 7 ans. C'était l'époque où pour faire connaissance avec un auteur de polar j'en lisais 4 ou 5, voire plus, les uns derrière les autres.... et de la série c'est celui là qui m'avait le plus bluffé....  
 Cette histoire de cadre supérieur qui vient d'être licencié et qui, sachant que dans son domaine technique, les postes sont rares, décide d'éliminer à l'avance ses probables futurs rivaux pour d'hypothétiques offres. J'ai tellement aimé ce bouquin que je l'ai prêté à une dizaine de copains et qu'il ne m'a jamais été rendu. Il m'a d'ailleurs fallu, finalement, le racheter.
 Quand j'appris que Costa-Gavras allait adapter ce roman au cinéma je fus surpris, mais pourquoi pas ! « Le couperet »  pouvait être, en quelque sorte, le second volet de « Mad City », la suite des dérapages d'un sans emploi aux abois, qui devient avec la crise un sérial-killer social.
 Costa-Gavras allait-il arriver à faire émerger du film l'humour noir de Westlake? Le choix de José Garcia pour tenir le rôle principal était, a priori, étonnant mais il fut judicieux. Il devenait d'autant plus judicieux  que le scénariste  Jean Claude Grumberg avait transposé l'histoire d'Amérique en l'Europe. José Garcia, Karin Viard et Olivier Gourmet sont magnifiques.
 En 2009 est sorti le dernier film de Costa-Gavras «Eden à l'Ouest ». Les critiques n'ont guère été élogieuses parlant même pour ce film qui traite de l'immigration clandestine de  film se situant dans les basses eaux du parcours de Costa-Gavras... et comme le même mois sortait sur le même thème le film de Philippe Liotet  «Welcome ». J'ai préféré aller voir ce dernier : admirable !
 Je ne peux finir ce billet sans évoquer le très beau film le Laurent Herbier «Mon Colonel » tant l'influence de Costa-Gavras y est évidente : il a produit le film et adapté le roman de Francis Zamponi. Comment Costa-Gavras pouvait ne pas être concerné par une histoire dramatique de la guerre d'Algérie. Un magnifique film avec Olivier Gourmet, Boby Solo, Cécile de France et dans le final Charles Aznavour. Un grand cru Costa Gavras sans en être vraiment un.

A suivre

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