Les moments de la vie...... Une fichue semaine !
Je pensais bien que cette dernière semaine de février ne serait pas comme les autres et je fus servi. Ceci dit les deux précédentes ne furent pas non plus des semaines ordinaires avec la naissance de Gabriel, mais là c’était dans le bon sens du terme, alors que dès notre retour à Niort je subodorais que cette dernière semaine de février n’allait pas être très top.
Il faut dire que ce pressentiment était étayé par le fait que c’était ma dernière semaine de travail ; Le 1er mars j’allais enfiler ma cotte de retraité à 100 %. Oui j’ai bien dit cotte car un retraité c’est avant tout du boulot, c’est même sensé être un as des petits boulots : il doit savoir bricoler, jardiner, cuisiner, ménager, ranger....bref être utile et performant dans tout un tas de domaines pour lesquels je me sens, non seulement peu compétent, ce qui peut se soigner avec un peu de bonne volonté, mais surtout et justement handicapé par un manque d’enthousiasme pour aborder tous ces domaines. Moi l’ingénieur-expert en béton, faudrait-il que j’apprenne, aujourd’hui qu’on me met au rancart, à manier la truelle ?
La première chose à faire, me suis-je dis c’est de créer une nouvelle saga sur mon blog ou je raconterai les choses de la vie d’un retraité ; écrire ça calme, ça soulage et un peu d’autodérision ça ne fait pas de mal. Malheureusement pour ce premier billet il n’y a pas trop d’autodérision, car ce fut quand même, dans l’ensemble, une fichue semaine.
Le lendemain de notre retour, au petit matin, en attendant que tout le monde se réveille, j'ai revu en DVD un super film du début des années 70 « Le clan des irréductibles » de et avec Paul Newman et Henry Fonda. C'est une assez banale histoire de bûcherons bornés, pimentées de dramatiques accidents. Ce jour-là le temps devait, en jargon météorologique, rester variable aussi j'ai pensé que je pouvais, moi aussi, jouer au bucheron et faire enfin la nécessaire super coupe au murier platane de notre jardin qui devenait un tantinet envahissant. J’ai donc enfilé la tenue de Rambo, et perché sur une échelle, à grands coups de tronçonneuse, j’ai taillé dans le vif, au point qu’il ne reste plus que le tronc et le plateau que forment les moignons des branches maîtresses. Debout sur ce perchoir, j’admirais, fier et dominateur, mon œuvre destructive et vengeresse. Non ! Je n’ai pas été puni de sacrilège et il n’y eut point d’accident ; je n’ai pas perdu un bras comme le pauvre Fonda dans le film vu le matin et j’ai mené à bien la mission que j'aurais déjà du accomplir depuis longtemps. (Voilà une parenthèse pour dire que même si je n’aime pas bricoler ou jardiner je ne suis quand même pas si nullard que ça. Je suis même plus doué une tronçonneuse ou une débrousailleuse en main qu’avec un couteau pour ouvrir les huîtres.... j'ai toujours été plus doué pour les gros chantiers TP que pour les petits travaux de second oeuvre.en batiment)
C’est le même jour en soirée qu’est arrivée l'information qui m’a ennuyé et qui concernait André.
André était le compagnon de ma mère, un compagnon d’âge mûr ; je crois que j’ai fait sa connaissance fin 1992 ou début 1993. (Putain il avait alors mon âge… serais-je d’âge mûr ?) Quand j’ai du, il a cinq ans, faire venir maman sur Niort pour l’installer en maison médicalisée André a quitté lui aussi la région parisienne pour l’accompagner et il s’est installé en résidence service dans la même maison de retraite. Maman est décédée en octobre 2008 et André a d’abord choisi de rester dans ce domaine où il s’était fait des amis. Je m’occupe de lui en tant que curateur…. Et puis au cours du dernier été il a changé d'avis et a manifesté le désir de retourner, en région parisienne, auprès de sa fille, de ses petites-filles, et de ses arrières petits-enfants….. Mais on ne trouve pas de la place en résidence service d’un coup de baguette magique, il faut que de braves anciens laissent leur place… et puis il faut montrer patte blanche, du moins démontrer que la personne âgée conserve encore une autonomie suffisante… ou alors postuler pour une maison de retraite médicalisée... à un autre niveau de coût.. ...
Samedi donc, sa fille m’annonçait qu’une place venait de se libérer dans une résidence de sa commune et qu’il fallait qu’il vienne pour être présenté. Hors André, 80 ans, venait de faire, courant janvier, un zona ophtalmique et était très, très fatigué ; le plus sage eut, sans doute, été qu’il passe son tour, le temps de se requinquer, mais il n’a rien voulu savoir et a tenu à faire le déplacement. Son gendre est venu le chercher mardi et lors de la présentation mercredi, trop affaibli, il fut recalé à l’examen d’entrée : à revoir à la prochaine occasion dès qu’un autre ancien lui fera une petite place et qu’il sera, lui-même, en meilleure forme.
Ses enfants l’ont ramené à Niort vendredi, très fatigué et avec de surcroit 2 côtes cassées…. Il n’avait rien trouvé de mieux que de se casser la figure la nuit précédente en allant aux toilettes … Il en a pour trois semaines à souffrir…. et moi à jouer la nounou. Quand ça ne veut pas ça ne veut pas.....
Quand nous sommes rentrés de notre voyage pour voir Gabriel, nous avons aussi retrouvé notre chat salement esquinté. En fait, avant de partir nous avions bien remarqué qu’il avait du sang à l’œil droit, sans doute une griffure d’un autre matou. Au retour la blessure avait empiré et était devenue un glaucome. Je l’ai emmené chez le vétérinaire, qui l’a gardé pour l’opérer….. et voilà notre brave chat, que je ne présente plus car il a déjà eu droit à un billet en novembre 2008 « Les éclipses de Prosper », un billet vantant ses exploits de marathonien, devenu un chat-pirate avec un bandeau sur l’œil perdu…. Devenir pirate à 14 ans, un âge respectable pour un chat, est-ce raisonnable ? On le surveille, on le cajole et il n’a pas l’air de souffrir. .. Il n’y a que Didier, qui n’est pas très bien de voir son chat dans cet état.
Notre Didier, justement, a enfin obtenu sa mutation professionnelle pour Niort et il avait projeté d’effectuer, samedi dernier avec quelques potes son déménagement de Tours sur Niort. J’ai naturellement proposé mes services (je suis, aussi expert dans le domaine du déménagement… ce fut le job de mes vacances scolaires il y a quelques temps…. quand j’avais 18 et 19 ans) ; services naturellement déclinés... of course : que viendrai foutre un vieux dans une équipe de jeunes car tout était déjà planifié….. tout sauf l’alerte à la tempête. Vendredi j’entendais à la radio que la tempête Xhyntia, allait s’abattre samedi en fin d’après midi sur le Poitou-Charentes. J’alertai mon fils, qui semble m’avoir entendu et peut-être même écouté…..
« Ces petits camions de 20 m3 c’est très difficile à conduire car ça a une prise au vent terrible. Attaquez le déménagement de bonne heure et essayez de quitter Tours en début d’après midi pour arriver à Niort au plus tard vers 16 /17 H… et surtout restez à l’écoute de la radio, pour appréhender la progression de cette tempête qui est annoncée redoutable : la région est en alerte rouge.».
Bon c’est vrai je suis un vieux con gâteux de 63 ans ++, à me faire du souci pour pas grand-chose. Ils n’ont quitté Tours, peinards, que vers 18 H 30 pour arriver à Niort à 20 H 30….« Sur la fin ça commençait à souffler et à bouger» m’a avoué le copain chauffeur qui a, malgré tout, réussi à ramener le camion à bon port, et c’est bien l’essentiel.
Ils ont quand même accepté mon aide pour décharger le camion ; normal puisque les meubles vont squatter mon garage, le temps que Didier se trouve un appart.
Nous avons ramené le camion à la boite de location à 22 h 30 juste avant que Xynthia ne se déchaine vraiment tout au long de la nuit avec des pointes à 167 km/h dans les Deux Sèvres et 130 km/ h sur Niort. Il n’y eut pas trop de dégâts sur Niort, mais il est à craindre que sur la côte atlantique en Charente maritime et en Vendée ce ne soit catastrophique…. Et je pense à quelques amis qui ont une maison en bord de mer à Châtelaillon ou aux Sables d’Olonne.
Mercredi dernier, avant que Xhyntia ne déboule et qu’André ne rentre avec deux côtes cassées, devait être la journée de transition que j’attendais avec une certaine émotion. En effet je devais faire, ce jour là, mon dernier audit de centrale à béton.
En fait j’accompagnais pour sa formation et validation, Magali le nouvel auditeur régional. C’est un jeu de chaises musicales. Je suis remplacé au poste d’animateur de certification de la région Sud Ouest, par Arnaud l’ex-auditeur du Poitou-Charentes et nous formions en même temps, une jeune ingénieur, Magali pour remplacer Arnaud comme auditeur et.... cela permettait aussi de consolider dans l'agence un poste en suspens.
Je suis très satisfait de ce travail de formation effectué sur trois années. Ca m’a permis de me désintoxiquer du boulot en réduisant progressivement mon temps de travail et en ne conservant que la partie technique la plus intéressante.
Voilà, maintenant c’est terminé ; tout à une fin et place aux jeunes. J’ai pu ainsi et volontairement travailler un peu plus longtemps : 43 années de salariat dans un métier que j’ai adoré et qui m’a fait voyager, que ce soit en grands chantiers ou en audits de certification, sur trois continents
Les choses de la vie ont aussi une fin…. Ca devrait être un happy end si je peux accomplir tous les projets, et notamment, les voyages, que j’ai en tête….. sans trop me prendre la tête avec des trucs de vieux comme le jardin, le bricolage, le bridge et les bons petits plats … juste ce qu’il faut et au minimum syndical.
Quelle fichue semaine ! Mais demain sera un autre jour….. celui du renouveau (Le printemps à l’automne de la vie ????)…en attendant pour aujourd’hui je vais m’occuper de raccourcir ma haie…. et puis il y aura encore un arbre à scalper..... Ça défoule.
(A suivre)