Ciné-cure.....Sueurs froides, Suspicion, Psychose etc......
Ca fait peur : Partie d’un dysfonctionnement du marché immobilier américain, la crise financière s’est transformée en une récession mondiale. Les marchés étaient agités depuis l’été 2007, mais c’est la faillite de la grande banque d’affaire Lehman Brothers, en septembre 2008, qui a provoqué le vent de panique qui a balayé la planète.
La crise de confiance a failli emporter le système mondial et il a fallu un mois aux grands Etats et aux banques centrales pour mettre en œuvre les premiers plans de sauvetage. Plus de 5000 milliards de dollars d’argents publics (dont 1000 milliards pour les USA.) ont été injectés dans les circuits financiers pour annihiler les actifs toxiques estimés à 3400 milliards de dollars et si on ajoute les engagements de la plupart des gouvernements des pays riches pour garantir les dépôts, en cas de nouvelles faillites, c’est un plan faramineux de près de 10 000 milliards de dollars qui fut mobilisé pour le sauvetage de la finance mondiale …. De l’argent public, du moins pour la part effective de 5000 milliards de dollars, venait éponger des dettes privées.
Ensuite on eût une année d’atermoiement, de G 20 infructueux, d’annonces bidons sur la régulation du capitalisme financier voire, pour les plus révolutionnaires ou angéliques, comme Sarkozy (Les deux concepts pour lui seul ;….du vent, du vent ) la refonte et la moralisation du capitalisme. Comme si le capitalisme pouvait être moral, que Sarko et ses amis lisent Comte Sponville : « le capitalisme sera moral lorsque la morale sera rentable ».
Bilan des courses : les banques s’en sont plutôt bien sorties et dès le premier semestre 2009, les profits étaient de retour…. Les profits et les bonus pour les dirigeants, les traders, les spéculateurs… Tout recommençait comme avant la panique…..
;… Sauf que les banques ne faisaient pas leur boulot qui est de financer les investissements des entreprises et des ménages…. Résultat la croissance n’est pas au rendez vous en Europe et les grands équilibres économiques sont plus que vacillants…. L’Espagne en est un exemple flagrant ; voilà un pays qui était plutôt mieux que ses voisins en terme de croissance et même d’endettement public…image trompeuse si on regardait sur quelles bases était constituée l’expansion et en observant que le taux de chômage restait, élevé et non cohérent avec les fondamentaux de l’économie…. Mais pour ce qui intéresse vraiment les bourses c’était très bien…. Et puis patatras …. En deux ans tout s’est cassé la gueule.
….. Alors voila il y a eu un nouveau plan de sauvetage en fin de semaine dernière, un sauvetage encore tardif à cause des réticences et impératifs allemands mais cette fois il semblait que l’on allait plutôt dans le bon sens en modifiant le rôle de la banque centrale….
… Comme tout ça est compliqué ! Même pour quelqu’un qui s’efforce de s’informer, de comprendre ce qui se passe, en lisant régulièrement « Alternatives économiques » et chaque début année (depuis 1976) le bilan économie du Monde….
Je suis à l’écoute de tout ce qui traite de l’économie… convaincu depuis des années que le néo-libéralisme conduira notre modèle de société à la catastrophe……. Ca fait vraiment peur.
J’étais parti pour faire un article ciné-cure…… et je démarre en trombe sur une critique politico-économique.
J’avais pourtant prévu d’écrire d’abord un billet sur Alfred Hitchcock le maître du suspens pour finir comme d’habitude sur l’actualité politique : … et puis j’ai foncé, tête baissée, directement dans le sujet qui me turlupine…
Car Hitchcock aussi ça fait peur, du moins c'est construit pour, mais au moins là c’est voulu, c’est du cinoche, c’est même du très bon cinéma, le cinéma d’avant, celui dont mon copain Richard dit, en parlant de mes billets « ciné-cure », qu’ils ne peuvent intéresser que les plus de 60 ans.
Alfred Hitchcock, ça fait donc peur, mais à côté de notre avenir dans ce monde fou, c’est du cinoche à l’eau de rose.
Hitchcock a réalisé 54 films longs métrages et sa carrière est divisée en deux parties : la période anglaise de 1922 à 1939 puis à partir de la guerre en 1940 et jusqu’à sa mort en 1980 il eut sa période américaine, la plus riche en succès.
De la période anglaise, on retiendra surtout la 1ère version de « L’homme qui en savait trop » (avec la participation de Pierre Fresnay en espion assassiné) et surtout « Les 39 marches » où le réalisateur condense à peu près tous les thèmes qu’il développera ensuite dans l’ensemble de son œuvre.
Mais c’est aux Etats-Unis qu’Hitchcock, peaufinera son style en combinant dans ses films tension, suspense, peur et humour, dérision et ces fausses pistes ou leurres qui sont un concept important dans la construction de ses films et qu’il appelait les « Mac Guffins » ; et Sir Hitchcock d’expliquer ce qu’est cette bizarrerie : « Le Mac Guffin est un piège très sophistiqué qui permet d’attraper des lions dans les montagnes du nord de l’Ecosse. »……
Finalement dans ma rubrique Ciné-cure je sème aussi des Mac Guffins avant d'arriver à l'essentiel ; J’y fais, assez souvent, du Hitchcock, comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
Autre point particulier de ses films c’est Le Caméo, du nom donné à une apparition fugace du réalisateur dans un film : Hitchcock en est l'exemple-type : sa silhouette bien connue apparait dans 37 de 54 ses films.
Son premier grand film de la période américaine fut « Rebecca » adapté du roman de Daphné Du Maurier sorti en 1940 et tourné avec des acteurs britanniques, Lawrence Olivier et Joan Fontaine. Ce film fut nominé 11 fois pour les Oscars 1941 et reçu 2 récompenses : Meilleur film et meilleure photographie.
Cette période de guerre fut fertile pour Hitchcock avec , « Mr et Mrs Smith », « Cinquième colonne », « l’Ombre d’un doute » et surtout « Suspicion » avec Gary Grant et Joan Fontaine qui obtint l’Oscar 1942 de la meilleure actrice.
En 1945 il réalisa « La maison du docteur Edwardes » avec Ingrid Bergman et et Grégory Peck., puis en 1946 « les enchainés » avec Gary Grand et Ingrid Bergman. En 1947 ce fut « Le procès Paradine » avec Grégory Peck, puis « La corde » en 1948 avec James Steward.
Suivirent ensuite quelques films plus décevants jusqu’à 1953, « La loi du silence » magistralement interprété par Montgomery Clift , Karl Malden et Anne Baxter.
Suivra l’état de grâce avec trois films consécutifs tournés avec Grace Kelly : En 1954 « Le crime était presque parfait» avec également Ray Milland, « Fenêtre sur cour » avec James Steward, la jambe dans le plâtre dans son fauteuil la fenêtre ouvert, et témoin d’un meurtre. C’est mon premier coup de foudre pour Hitchcock, j’avais 8 ans. Grace Kelly porta encore « La main au collet » avec Gary Grant.
Hitchcock allait perdre son icône qui préféra devenir princesse de Monaco. Il continua à tourner des chefs d’œuvre en s’appuyant sur les valeurs sûrs : Henry Fonda dans « Le faux coupable », James Steward avec « L’homme qui en savait trop » en 1956 puis « Sueurs froides » en 1958 ; les blondes hitchcockiennes devenant respectivement Doris Dray et Kim Novak. Il retrouva enfin Gary Grant en 1959 pour l’excellent « La mort aux trousses » avec aussi James Mason et Eva Marie Saint.
A partir des années 60 il diversifia ses choix d’acteurs avec Anthony Perkins et Janet Leigh dans « Psychose », puis en 1963 « Les Oiseaux » avec Tippi Hedren et Rod Taylor et enfin « Le rideau déchiré » en 1966 avec Paul Newman et Julie Andrew.
Il fit encore trois films, sans éclat, durant la décennie 70, avant de s’éteindre en 1980 lors du tournage de son dernier film
Je ne peux oublier de rappeler les séries télévisées « Alfred Hitchcock présente » qui étaient de vrais moments, de suspense, d’humour noir, de plaisir très éloignés des séries policières américaines ou autres d’aujourd’hui.
Un petit complément à ce billet, ajouté le 16 mai : Les bourses ont encore plongé en fin de semaine : La Tribune qui n'est pas un journal gauchiste titrait : L'Europe adopte un régime spartiate : Sous la pression des marchés financiers les pays européens adoptent chacun à leur tour des mesures de rigueur pour assainir leurs finances publiques. Il en va de la cohésion de la zone euro.
On y trouve aussi un classement des pays européeens les plus endettés qui n'est guère flatteur pour la France, en cinquième position à 78 % du PIB.... quand on rappelle qu'en 2000, sous Jospin, que Chirac accusait de faire de la cagnotte, la France était l'un des trois pays européens à respecter le critère de Maastricht (Dette publique < 60 %PIB) on mesure la responsabilité et l'incompétence de la droite française et ça fait peur.
Il est à craindre que le fonds européen de plusieurs centaines de milliards, décidé le week-end dernier, ne se révèle pas beaucoup plus efficace que les moyens mobilisés en 2008 pour « sauver » le système bancaire privé, même si cette fois il a le mérite de la cohésion.
Les Bourses ont déjà donné le signal, mais elles demanderont davantage encore… Ce sont les marchés qui seront encore les gagnants ! Et qui, déjà, exigent des gains supérieurs et le manifestent avec une nouvelle rechute des bourses, selon lesquelles tous les pays européens devraient adopter des plans d’austérité à la grecque pour alimenter davantage les profits immédiats aux dépens des salaires.
Mobiliser des milliards est certainement nécessaire mais à condition de les tourner vers la satisfaction des besoins du plus grand nombre, contre la dictature des agences de notation et des marchés.
(A suivre)