Les moments de la vie....Les devoirs de vacances des grands-parents (2)
La journée de mercredi ne s’est pas terminée à Terra Vinéa et il fallait occuper nos trois « moufletaires ». Ils n’avaient pas envie de recommencer l’expérience plage de dimanche à Port La Nouvelle car le vent étant toujours aussi fort. Nous serions peut-être plus à l’abri dans la pinède de Port Leucate là où nous avons vu qu’il y avait un circuit « acro-branche »…. Alors en route pour le parcours des écureuils avec ou sans amandier.
Nous eûmes un vrai drame en arrivant sur le site car il y avait six circuits de difficultés croissantes et si pour Dorian les circuits faciles s’imposaient, les deux grands, vrais spécialistes, eux comptaient se mesurer sur les circuits les plus difficiles. Cependant il y avait un juge de paix, une toise fixée à 1.25 mètres, hauteur minimale pour pouvoir accrocher les mousquetons des harnais sur les filins de sécurité…. et Thomas, même en se haussant du col était nettement sous la toise…. Pour lui c’était l’obligation de faire un circuit bambin ou poussin : la honte. Stoïque, il refusa qu’on lui prenne un tel parcours, prétextant qu’il fallait mettre des chaussures fermées et que les siennes lui faisaient mal aux pieds, il préféra rester au sol à regarder ses frères.
Le soir au camping, il y eut le récital d’un chanteur qui, seul avec sa sono, nous a fait un assez bon spectacle. Dans ce camping occupé, pour plus de la moitié, par des jeunes touristes anglais ou hollandais, nous n’étions guère nombreux à l’écouter interpréter des tubes anciens de Sardou, Aznavour, Lama, Halliday, Mitchell, en mangeant des cônes au chocolat, et malgré la tramontane, qui avait un peu baissé d’intensité, nous avons passé un bon moment.
Le lendemain, jeudi, nous étions toujours dans le vent aussi avons opté pour une promenade en Haut Languedoc vers Saint Pons de Thomières, avec quelques pauses, quelques récréations tout au long du trajet notamment à Minerve à l’aller et peut-être au bord du canal du Midi du côté de Sallèles d’Aude au retour… des endroits où j’étais venu dans les années 1962-64 avec mon oncle Raymond. Un peu avant Minerve Pilou remarqua qu’on laissait de côté un village qui s’appelait La Caunette, et tout à coup elle me demanda de stopper.
C’était un village où Luis, son père, et Rafael, son oncle avaient travaillé à la mine en 1943. J’ai déjà évoqué cet épisode en novembre 2007 dans un billet consacré aux compagnies de travailleurs étrangers « le travail qui permettait de gagner un peu plus d’argent était celui de mineur. Ils acceptèrent de rejoindre la mine de la Caunette. Luis y fut chef de chantier mais tous les deux eurent des conditions de travail difficiles…..….Un jour il y eut un effondrement et Luis fût sérieusement blessé. A partir de ce moment Rafael refusa de redescendre à la mine et sut persuader son frère que l'essentiel était de rester en vie. Un soir ils se sauvèrent pour rejoindre Toulouse où ils se firent embaucher à l’entretien d’un terrain d'aviation. Recherchés par les gendarmes, pour abandon de poste à la mine, ils furent appréhendés et reconduits à La Caunette d’où ils s’évadèrent, à nouveau, la nuit venue pour se cacher d'abord à Carcassonne puis, quelques semaines plus tard retourner à Toulouse. "
Pilou n’avait pas le souvenir d’être déjà passée à La Caunette, il faut croire que ni son père ni son oncle n’en avaient gardé un bon souvenir. C’est pourtant un charmant village. Nous nous sommes renseignés à la Poste-Epicerie ; on nous a indiqué une maison où vivait une vieille femme qui saurait nous renseigner car elle était enfant pendant la guerre, et parlait souvent des travailleurs réfugiés de la guerre d’Espagne qui descendaient à la mine. Nous avons essayé de trouver cette personne mais elle était absente…. Cette pause nous a quand même permis de raconter aux enfants et notamment à Hugo, le plus grand, l’histoire de leur arrière grand-père.
Selon des informations trouvées sur Google on apprend que cette mine de charbon appartenait à la seigneurie Teil de Pardailhan. La mine était référencée depuis 1658 et fut exploitée jusqu’en 1948. Il apparait que la houille était de qualité très médiocre et qu’elle n’avait guère d’intérêt commercial que localement et avec des conditions d’extraction peu sûres.
Nous avons poursuivi notre chemin de quelques kilomètres pour atteindre Minerve un très joli village qui est perché sur un éperon rocheux, au confluent des canyons des rivières la Cesse et le Brian. En amont de la Cesse mais visible du village il y a deux ponts naturels creusés par la rivière dans le calcaire.
Ce site reçoit chaque année la visite de plus de 300000 touristes. Un parking sur les hauteurs permet de garer les voitures à environ 2 km du village. On descend sans difficulté jusqu’au village…. Après la visite il faut remonter…. ce qui permit quelques défis sportifs entre les mouflets et le papy de 64 berges….. victoire du vieux.
Minerve, qui était un castrum, un village fortifié rattaché à un château eut à subir en 1209, juste après Carcassonne, les foudres de Simon de Montfort lors de la croisade contre les Albigeois. C’est à Minerve que la répression contre les habitants fut la plus sévère. Ceux qui refusèrent d’abjurer leu foi finirent sur le bûcher.
A partir du 19ème siècle Minerve, capitale du Minervois, fut un haut lieu de la viticulture.
En fin de matinée nous avons enfin atteint Saint Pons de Thomières et le temps de trouver du pain, il était plus de 13 H. quand nous nous sommes installés sur l’aire de pique-nique de Courniou les Grottes. Nos commencions sérieusement à avoir la dalle et c’est peut-être ce qui a conduit Thomas à se jeter sur un paquet de chips et de nous faire une belle frayeur en s’égratignant l’intérieur de la gorge. J’ai bien cru être obligé de me mettre en quête d’un médecin ou d’une clinique tellement il pleurait….., mais à force de petits morceaux de melon et de mie de pain frais (il a quasiment bouffé le pain à lui tout seul) il réussit à calmer sa douleur et notre peur.
Dès que Thomas, et nous, fûmes rassurés nous avons pris les billets pour descendre au centre de la terre…. Une descente et remontée de 80 m, soit 220 marches. La grotte de la Devèze fut découverte en 1886 à l'occasion de travaux de construction d’une ligne de chemin de fer. Cette grotte comporte plusieurs paliers et six grandes salles. Dans la salle Casteret la guide nous montra deux cigales et une pagode : pourquoi pas, à la réflexion ! Dans la salle bijoux on reconnut plus facilement des bouquets de fleures de roche, le plus beau étant le bouquet de la mariée. Dans la salle Armand les coulées de calcite permettent aussi de reconnaitre tout ce que l'on veut selon son imagination…cascade pétrifiée et pièce montée… mais je regrette qu’un Dupinceau spéléo ait cru bon y laisser des tags colorés qui dénaturent le site.
Dans la salle de l’abbé l’identification d’un autel avec chandeliers est plus réaliste et les coulées de calcite du plafond méritent bien le nom de fileuses de verre….. Enfin la salle Milhaud, la plus grande et la plus belle avec ses grandes draperies stalactites qui tombent le long des parois. Le parcours guidé a duré une bonne heure et c’était féérique mais un peu fatigant pour les jambes des gamins. Il n’était pas question de se lancer dans une randonnée sur le sentier botanique ou sur le sentier des capitelles…. Nous avons même bâclé en dix minutes le musée de la spéléologie. Il aurait fallu passer une journée entière.
Nous avons fait une dernière halte à Saint Pons de Thomières au musée de préhistoire régionale : une erreur ! Les gosses étaient crevés et ne rêvaient plus que d’être au camping au bord de la piscine. Heureusement que le tarif d’entrée n’était pas élevé car le temps de voir un petit film, même pas digne d’Arte, et de regarder deux ou trois machins exposés qu’on sortait du musée pour prendre la direction de Sigean, sans même jeter un coup d’œil au passage du canal du midi.
Le lendemain, vendredi, c’était le dernier jour à Sigean. L'après midi serait consacré au repos et à la piscine pour les enfants et au rangement et à la préparation des valises pour nous. Juste un petit tour sur la route des châteaux cathares, peut-être jusqu'à Tautavel..... Quelques kilomètres pour voir que ces châteaux n'étaient plus que des ruines et que la route de la préhistoire était déjà bien chargée de touristes sur le retour.... Sagement nous sommes revenus au camping pour un après-midi entièrement piscine..... et pour la plus grande joie de nos petits-enfants.
Le lendemain matin dès 9 H nous prenions la route du retour, sans nous presser mais sans étape significative et un peu avant 16 H les trois mouflétaires embrassaient maman.
(A suivre)